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dont la noble physionomic annonçoit autant de vertus que de talens, dont la piété si vive et si tendre, plus éloquente encore que ses discours, captivoit tous les cœurs. Il sembloit que Eossuet lui eût communiqué sa majesté, Fénelon son onction, saint François de Sales sa douceur et sa piété. Mais appartient-il à ma foible plume de tracer un tel portrait ?

Le vicariat apostolique de l'Est, en Ecosse, étoit vacant depuis la mort de M. Paterson, évêque de Cybistra, arrivée subitement le 30 octobre 1831. Le saint Siége a nommé à cette place l'année dernière. Son choix est tombé sur M. André Carruthers, curé de Dalbeattie, dans le district de l'Est, qui a été fait évêque de Céram in part. et vicaire apostolique. M. Carruthers est d'une ancienne famille de Gallway en Irlande. Il a été sacré à Edimbourg le 13 janvier dernier par M. Thomas Penswick, évêque d'Europum et vicaire apostolique du district du Nord en Angleterre, qui étoit assisté de MM. André Scott, évêque d'Eretrie, résident à Glasgow, et Jacques Kyle, évêque de Germanicie et vi-caire apostolique du Nord, résident à Aberdeen. Quatorze prêtres étoient présens. M. André Carruthers est éditeur d'une Histoire de l'Ecosse durant la vie de la reine Marie, qui a paru l'année.dernière à Edimbourg, in-8°, et qui est de M. Jacques Carruthers, son frère, aussi missionnaire catholique. Unjournald'Edimbourg a fait l'éloge de cet ouvrage qui est au fond l'histoire de la réformation en Ecosse. M. J. Carruthers avoit publié précédemment deux volumes sur l'Histoire d'Ecosse dans les anciens temps jusqu'aux Stuarts.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Nous avions eu connoissance le vendredi soir de la dépêche télégraphique mentionnée dans le journal ministériel de ce jour. Nos lecteurs comprendront aisément les motifs qui nous ont engagé à ne pas nous presser de leur faire part de cette dépêche. Aujourd'hui nous ne pouvons nous dispenser d'en donner le contenu. Cette dépêche, expédiée de Blaye par le général Bugeaud, porte que madame la duchesse de Berry est accouchée d'une fille le même jour 10 mai, à trois heures et demie du matin, et que la santé de la princesse est satisfaisante, ainsi que celle de son enfant. Depuis, le journal ministériel a dit qu'au moment d'accoucher, madame la duchesse avoit déclaré qu'elle étoit mariée au comte Hector de Lucchesi-Palli. Nous ne ferons en ce moment aucune réflexion sur ces dépêches officielles; il est plus sage d'attendre la publication des documens qui doivent arriver, dit-on, d'un moment à l'autre.

A la suite des glorieuses journées, un secours de trente millions fut jugé nécessaire pour cacher les premières plaies du commerce. La librairie n'en obtint sa part qu'en déposant pour nantissement une masse de livres considérable qui ne fut acceptée par le gouvernement que pour le tiers de sa valeur. Cette

branche de commerce a tellement prospéré depuis, que les libraires se voient réduits à demander comme une grâce qu'on veuille bien garder la triple valeur qu'ils ont mise en gage, et leur donner quittance. Ceci dénote assez que, si nous n'avons pas obtenu le gouvernement à bon marché que la révolution de juillet nous avoit promis, au moins nous aurons des livres dont le prix ne sera pas en proportion avec le montant de nos budgets. On n'imagineroit pas, d'après cela, qu'approvisionnés comme nous le sommes de tant de marchandise au rabais, il se trouveroit encore des spéculateurs qui entreprendroient d'en faire baisser le prix. C'est cependant ce qui arrive. On cite un imprimeur qui travaille à monter en Normandie une fabrique de livres, où les in-octavo seront manufacturés à raison d'un franc le volume, et où tout le génie de M. Viennet, par exemple, pourra être donné pour quinze sous.

Tandis que les politiques graves s'effraient des pas de géant de la Russie, et que l'Orient menace de s'écrouler sous le poids de ce colosse, un de nos journaux révolutionnaires estime dans sa sagesse que cette puissance n'a plus que trois ans à vivre. La raison qu'il en donne, c'est que l'écho de juillet a déjà retenti jusqu'à Francfort, et qu'il n'est pas arrivé où il s'arrêtera. Effectivement, l'écho de juillet porte avec lui de douces vibrations qui doivent chatouiller bien agréablement les oreilles des peuples. Cependant, s'il leur répète fidèlement les sons et les variantes dont il est accompagné; s'il leur dit tout ce qu'il sait de nos émeutes, de nos forçats libérés, et de leurs nouvelles expéditions contre les églises ; de nos états de siége, avec accompagnement de garnisaires et de chasse aux hommes; de notre régime d'arbitraire et d'anarchie; de notre profonde misère, de nos dettes, de nos emprunts et de nos budgets..... S'il leur dit enfin les choses comme elles sont, ne craignez rien pour les pays où sa charmante voix se fera entendre. Vous lui faites dire que la Russie n'a pas trois ans à vivre. Hélas! il est bien à craindre que l'écho de Francfort ne nous renvoie cette prédiction, et qu'elle ne devienne plus vraie pour nous que pour les autres.

Le rapport du budget du ministère de l'intérieur et des cultes est confié à M. Duvergier de Hauranne. M. Dumon fera le rapport du budget de l'instruction publique, M. Passy celui de la guerre, M. de Rambuteau celui des travaux publics, M. Charles Dupin celui de la marine et M. Gillon celui des finances.

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La commission du budget s'est unanimement prononcée contre l'augmentation de 20 millions sur l'impôt des boissons, et on croit que le ministre des finances a renoncé à ce projet. Il reste à savoir sur quelle partie des dépenses devra porter cette diminution des recettes. Quelques membres ont proposé de réduire encore le budget de la guerre.

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On assure que la commission de la chambre des pairs, chargée de l'examen du projet de loi sur l'instruction primaire, a rétabli l'intervention des curés dans les comités communaux, retranchée à la chambre des députés malgré les observations de M. Guizot.

A

On se rappelle que les gérans du National et du Charivari ont été condamnés, par les membres de la cour royale qui avoient siégé dans l'affaire du coup de pistolet, à un mois de prison, 3,000 fr. d'amende et à ne point publier des débats judiciaires, pour avoir rendu un compte inexact et injurieux de ce procès. Les juges ayant repoussé les réclamations préjudicielles, ces journalistes se sont pourvus en cassation. La cour, présidée par M. de Bastard, s'est d'abord occupée de l'affaire du National: elle y a consacré trois séances. Le 9, M. Crémieux a exposé neuf moyens de cassation. Le 10, M. l'avocat Parant les a combattus. La cour a délibéré ce jour pendant quatre heures et demie ; et le 11, pendant près de six heures, sur ces observations contradictoires; elle n'a pas accueilli les moyens tirés de l'inconstitutionalité des lois de 1822 et de 1830, et de l'adjonction de M. Portalis qui n'avoit pas siégé au premier procès; mais elle a admis celui qui étoit fondé sur ce que l'on avoit passé outre au jugement, malgré un pourvoi déjà formé sur le rejet des exceptions proposées. En conséquence l'arrêt a été cassé; et M. Paulin, gérant du National, a été renvoyé devant la cour d'assises de Versailles. La cause du Charivari, qui est un peu différente, sera jugée vendredi prochain.

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M. Hyvert, éditeur de l'ouvrage intitulé: Madame, Nantes, Blaye, Paris, a été traduit de nouveau, le 11 mai, devant la cour d'assises. Défendu avec talent par M. Bouhier de l'Ecluse, il a été acquitté.

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M. de Tallenay, premier secrétaire d'ambassade de France à Rome, est parti le pour se rendre à son poste.

·Les patriotes de Lyon ont renoncé au nombreux banquet que l'on persistoit à préparer malgré les mesures prises par l'autorité. Le préfet de Lyon s'est empressé de rassurer le gouvernement à ce sujet.

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-La cour d'assises de Maine-et-Loire s'est occupée le 6 du procès intenté à la Quotidienne et au Revenant, pour avoir parlé en août 1832 des mauvais traitemens exercés envers les quatre enfans d'un tisserand arrêté avec des Vendéens. MM. de Brian et Albert de Calvimont, gérans des feuilles se sont rendus à Angers; M. Gain a plaidé pour eux. Il a soutenu que les journaux avoient le droit de censurer les actes de l'autorité, et que si le sous-préfet de Segré avoit réclamé, on auroit accueilli ses explications. Le jury a néanmoins déclaré les prévenus coupables de diffamation, et la cour les a condamnés à un mois de prison et 1,500 fr. d'amende.

Quelques désordres ont eu lieu à Toulouse le 30 avril, à l'occasion d'un charivari que l'autorité a cru devoir empêcher. La tranquillité a été rétablie sans accident.

M. Biraud, gérant du Vendéen, a été condamné à deux mois de prison, 200 francs d'amende, et 300 francs de dommages-intérêts, pour diffamation envers M. de Bureau, notaire aux Herbiers.

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Un incendie a éclaté, le 5, dans la forêt d'Orléans, près du village de

Séchebrière. Malgré les efforts des populations voisines, trois cents arpens de bois environ ont été réduits en cendrés.

Les hannetous font tant de ravages dans l'Ouest où ils sont devenus fort nombreux, que le conseil général du Mans a voté 6,000 fr. pour leur destruction. Chaque boisseau de ces insectes détruits est payé 50 centimes.

Le gouvernement du canton de Soleure ayant décidé que les Polonais en évacueroient le territoire, un détachement de ces réfugiés s'est porté à Wangen, canton de Berne, mais ils ont reçu aussitôt l'ordre de se retirer. Le gouvernement d'Uri, par une délibération du 24 avril, a demandé expressément que les Polonais fussent chassés de la Suisse.

- D'après les journaux ministériels, le gouvernement a reçu la nouvelle qu'une conspiration dont les ramifications étoient assez étendues vient d'être découverte par le gouvernement de Savoie : un grand nombre d'arrestations ont eu lieu à Turin et à Gênes. On assure que beaucoup de Français sont compromis, et surtout des habitans de Grenoble.

- Le duc d'Orléans a été présenté le 8 au roi d'Angleterre par le prince de Talleyrand et lord Palmerston. Ils ont eu un long entretien.

- Dans la séance de la chambre des lords du 10 mai, lord Grey a déposé sur le bureau les pièces relatives à l'expédition française d'Alger, réclamés dernièrement par lord Aberdeen. Celui-ci étant absent, le ministre a déclaré qu'il s'abstiendroit de toute observation susceptible de soulever une nouvelle discussion. A la chambre des communes, l'alderman Thompson a appelé l'attention de l'assemblée sur les affaires de la Hollande, et sur l'influence fâcheuse que causoit l'embargo. Lord Palmerston a répondu que le gouvernement n'ignoroit pas combien cette mesure étoit funeste pour les deux pays, mais qu'il n'entrevoyoit pas encore l'époque où elle cesseroit. Il a fait d'ailleurs remarquer que l'on n'avoit recouru à ce moyen qu'après avoir épuisé toutes les voies de conciliation et de diplomatie, et qu'il ne faut s'en prendre qu'à l'obstination du roi de Hollande, dont l'idée fixe est de reconquérir la Belgique.

Un des principaux députés de l'opposition en Wurtemberg, M. Pfittzer, dont la motion sur la résolution de la diète a amené la dissolution des états, a été réélu à Tubingen à une grande majorité.

Sept cents Bavarois ont été envoyés prendre possession d'Athènes et de l'île de Négrepont. Il paroît qu'Athènes va devenir la capitale du royaume grec, et qu'elle sera pourvue de murs d'enceinte sur une étendue qui pourra contenir des maisons pour 40,000 habitans.

- D'après un décret de la régence grecque, tous les Grecs indistinctement sont obligés de porter la cocarde nationale, composée de deux couleurs, blanc et bleu céleste.

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Le général comte Orloff, qui a rempli une mission en Angleterre et en Hollande, est envoyé par l'empereur de Russie auprès du sultan en qualité d'ambassadeur extraordinaire.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 1o, ou continue la discussion du projet de loi sur l'expropriation pour cause d'utilité publique. M. Tripier défend le système de M. Portalis, tendant à substituer, pour l'appréciation des indemnités, un arbitrage aux jurés proposés par la loi. M. Villemain s'étonne de la défiance du préopinant dans l'impartialité et la capacité du jury. M. le ministre de l'intérieur combat le mode d'arbitrage. M. Portalis réplique. M. le ministre des affaires étrangères présente de nouvelles observations en faveur du système proposé par le gouvernement. L'amendement est rejeté. M. Villemain étoit d'avis que l'on renvoyât alors à la commission tous les articles relatifs aux juréş; mais on passe outre.

L'amendement de M. de Fréville, tendant à confier au président du conseil général et au procureur du roi le choix des jurés, est combattu par le ministre de l'intérieur et par le rapporteur, et rejeté. La chambre adopte l'art. 33, attribuant au conseil-général le choix des jurés, dont le nombre est réduit, sur la proposi tion de M. de Fréville, pour chaque arrondissement, à trente-deux au moins, et. à soixante-douze au plus.

Le 11, on continue la discussion de la loi sur l'expropriation pour cause d'utilité publique. M. Aubernon propose de faire tirer au sort le nom des jurés chargés de statuer sur l'indemnité, au lieu de les laisser désigner par l'autorité judiciaire. MM. Villémain et Molé appuient cet amendement, qui est combattu par M. Legrand, commissaire du gouvernement. M. le ministre de l'intérieur soutient qu'il est préférable que les magistrats choisissent sur la liste des jurés les citoyens les plus aptes à apprécier les circonstances locales. L'amendement est rejeté. M. de Fréville retire celui qu'il avoit présenté sur le choix des jurés.

Les art. 34 à 59 sont successivement adoptés, après avoir décidé que le nombre des jurés devra toujours être de douze, avec ou sans récusation. La chambre, șur la proposition de M. Molé et l'adhésion du ministère, supprime l'art. 50, introduit par la chambre des députés, et qui autorisoit le renvoi au jury d'un autre arrondissement, pour cause de suspicion légitime.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 10, on continue la discussion du projet de loi sur les attributions munici pales. L'exception proposée par M. Thiers aux votes autorisés par les conseils municipaux est adoptée; elle est relative aux objets qui seroient réglés par des lois ou ordonnances. L'art. 1 1 de la commission, qui laisse à ces conseils la faculté d'exprimer un vœu sur les objets d'intérêt local, passe avec une disposition qui pro-› hibe toute délibération étrangère aux attributions, ainsi que les protestations, adresses, etc.

L'art. 12 de la commission donne aux conseils municipaux la nomination des membres des bureaux de bienfaisance et la proposition des administrateurs des

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