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raient d'autant plus nécessaires que leur position vis-à-vis de l'Italie diffère, sous un certain aspect, de celle de la France. Nous avons vu avec regret les stipulations de Villafranca et de Zurich ne pas recevoir leur complète exécution, et nous aurions souhaité que la monarchie des Deux-Siciles ne fût pas renversée; néanmoins, la marche des événements, tout en contrariant ces vœux, n'a pas affecté le Gouvernement de l'Empereur d'une façon aussi directe que les cours de Vienne et de Madrid. Sans accorder notre approbation à ce qui s'est passé, sans vouloir couvrir de notre garantie l'existence du nouvel état de choses, aucun intérêt dynastique ne nous empêche de nouer des relations normales avec le Royaume d'Italie, et l'obstacle à sa reconnaissance ne réside pour nous que dans les difficultés inhérentes aux affaires de Rome.

Nous est-il loisible d'espérer que l'Autriche et l'Espagne soient, dès à présent, disposées à se placer à ce point de vue, et que leur sollicitude pour le Saint-Siége l'emporte sur toute autre considération particulière?

Voilà une demande que je me fais plutôt encore que je ne l'adresse à Votre Excellence, mais le doute même qu'elle soulève et les conséquences qui en découlent ne me permettent pas d'apprécier avec autant d'exactitude qu'il le faudrait la nature de l'action commune proposée par le Gouvernement de ....

que le principe de non

Je ne dissimulerai pas, Monsieur intervention qui a sauvé la paix de l'Europe excluant aujourd'hui, comme il y a un an, l'usage de la force, il existe, à nos yeux, une étroite connexité entre la régularisation des faits qui ont si considérablement modifié la situation de la Péninsule et la solution à donner à la question romaine. Le Gouvernement de l'Empereur serait donc très-heureux d'apprendre que l'Autriche et l'Espagne jugeassent possible d'entrer aussi dans la seule voie qui lui semble devoir conduire, sans secousses nouvelles, à un résultat pratique; mais il n'hésite pas, en toute hypothèse, à donner l'assurance qu'il n'adhérera, pour sa part, à aucune combinaison incompatible avec le respect qu'il professe pour l'indépendance et la dignité du Saint-Siége, et qui serait en désaccord avec l'objet de la présence de ses troupes à Rome. Agréez, etc. Signé: THOUVENEL.

Déclaration de neutralité dans la guerre entre les États-Unis et les États confédérés.

S. M. l'Empereur des Français, prenant en considération l'état de paix qui existe entre la France et les États-Unis d'Amérique, a résolu de maintenir une stricte neutralité dans la lutte engagée entre le Gou

vernement de l'Union et les États qui prétendent former une confédération particulière.

En conséquence, Sa Majesté, vu l'article 14 de l'ordonnance de la marine du 16 août 1681, l'article 3 de la loi du 10 avril 1825, les articles 84 et 85 du Code pénal, 65 et suivants du décret du 24 mars 1852, 313 et suivants du Code pénal maritime, et l'article 21 du Code Napoléon,

Déclare :

1o Il ne sera permis à aucun navire de guerre ou corsaire de l'un ou l'autre des belligérants d'entrer et de séjourner avec des prises dans nos ports ou rades pendant plus de vingt-quatre heures, hors le cas de relâche forcée;

2o Aucune vente d'objets provenant de prises ne pourra avoir lieu dans nosdits ports ou rades;

3o Il est interdit à tout Français de prendre commission de l'une des deux parties pour armer des vaisseaux en guerre, ou d'accepter des lettres de marques pour faire la course maritime, ou de concourir d'une manière quelconque à l'équipement ou l'armement d'un navire de guerre ou corsaire de l'une des deux parties;

4o Il est également interdit à tout Français, résidant en France ou à l'étranger, de s'enrôler ou prendre du service, soit dans l'armée de terre, soit à bord des bâtiments de guerre ou des corsaires de l'un ou de l'autre des belligérants;

5o Les Français résidant en France ou à l'étranger devront également s'abstenir de tout fait qui, commis en violation des lois de l'Empire ou du droit des gens, pourrait être considéré comme un acte hostile à l'une des deux parties, et contraire à la neutralité que nous avons résolu d'observer.

Les contrevenants aux défenses et recommandations contenues dans la présente déclaration seront poursuivis, s'il y a lieu, conformément aux dispositions de la loi du 10 avril 1825, et aux articles 84 et 85 du Code pénal, sans préjudice de l'application qu'il pourrait y avoir lieu de faire auxdits contrevenants des dispositions de l'article 21 du Code Napoléon, et des articles 65 et suivants du décret du 24 mars 1852 sur la marine marchande, 313 et suivants du Code pénal pour l'armée de mer.

Sa Majesté déclare, en outre, que tout Français qui ne se sera pas conformé aux présentes prescriptions ne pourra prétendre à aucune protection de son Gouvernement contre les actes ou mesures, quels qu'ils soient, que les belligérants pourraient exercer ou décréter.

9 juin 1861.

NAPOLÉON.

Le ministre des affaires étrangères,
E. THOUVENEL.

Dépêche de M. Thouvenel de Rayneval, chargé des affaires de France à Turin, à l'occasion de la reconnaissance du roi d'Italie par l'Empereur.

Monsieur,

Paris, le 15 juin 1861.

Le roi Victor-Emmanuel a adressé à l'Empereur une lettre qui a pour objet de demander à Sa Majesté de le reconnaître comme roi d'Italie. L'Empereur a accueilli cette communication avec les sentiments de bienveillance qui l'anim ent envers l'Italie, et Sa Majesté est d'autant plus disposée à en donner un nouveau gage, en accédant au vœu du Roi, que notre abstention dans les circonstances actuelles pourrait faire naître des conjectures erronées et être considérée comme l'indice d'une politique qui n'est pas celle du Gouvernement Impérial. Mais si nous tenons à ne pas laisser à ce sujet de doutes sur nos intentions, il est toutefois des nécessités que nous ne pouvons perdre de vue, et nous devons prendre soin que notre reconnaissance ne soit pas interprétée d'une façon inexacte en Italie ou en Europe.

Le Gouvernement de Sa Majesté n'a caché en aucune circonstance ses opinions sur les événements qui ont éclaté l'an dernier dans la Péninsule. La reconnaissance de l'état de choses qui en est résulté ne pourrait donc en être la garantie, de même qu'elle ne saurait impliquer l'approbation rétrospective d'une politique au sujet de laquelle nous nous sommes constamment réservé une entière liberté d'appréciation. Encore moins l'Italie serait-elle fondée à y trouver un encouragement à des entreprises de nature à compromettre la paix générale. Notre manière de voir n'a pas changé depuis l'entrevue de Varsovie, où nous avons eu l'occasion de la faire connaître à l'Europe, comme au Cabinet de Turin. En déclarant alors que nous considérions le principe de non-intervention comme une règle de conduite pour toutes les Puissances, nous ajoutions qu'une agression, de la part des Italiens, n'obtiendrait pas, quelles que pussent en être les suites, l'approbation du Gouvernement de l'Empereur. Nous sommes restés dans les mêmes sentiments et nous déclinons d'avance toute solidarité dans des projets dont le Gouvernement Italien aurait seul à assumer les périls et à subir les conséquences.

Le Cabinet de Turin, d'autre part, se rendra compte des devoirs que notre position nous crée envers le Saint-Siége, et je croirais superflu d'ajouter qu'en nouant des rapports officiels avec le Gouvernement Italien, nous n'entendons nullement affaiblir la valeur des protestations formulées par la Cour de Rome contre l'invasion de plusieurs provinces des États pontificaux. Pas plus que nous, le Gouvernement du roi Victor-Emmanuel ne saurait contester la puissance des consi

dérations de toute nature qui se rattachent à la question romaine et dominent nécessairement nos déterminations, et il comprendra qu'en reconnaissant le Roi d'Italie, nous devons continuer d'occuper Rome tant que des garanties suffisantes ne couvriront pas les intérêts qui nous y ont amenés.

Le Gouvernement de l'Empereur a jugé nécessaire d'entrer, en un pareil moment, dans les explications les plus franches avec le Cabinet de Turin. Nous avons la confiance qu'il en appréciera le caractère et l'objet.

Vous voudrez bien, monsieur, donner lecture et remettre copie de cette dépêche à M. le baron Ricasoli.

Recevez, etc., etc.

THOUVENEL.

GRANDE-BRETAGNE.

Instructions adressées aux Lords de l'Amirauté.

Foreign-Office, le 1er juin 1861.

Milords, le Gouvernement de Sa Majesté est, comme vous le savez, désireux d'observer la plus stricte neutralité dans la lutte qui paraît imminente entre les États-Unis et les États qui s'intitulent États confédérés de l'Amérique septentrionale; dans le but de se conformer à ce principe dans toute sa rigueur, il a l'intention d'interdire aux bâtiments armés et aux corsaires des deux partis d'amener leurs prises dans les ports, havres, rades et eaux du Royaume-Uni ou des colonies et possessions de Sa Majesté.

Je dois donc informer Vos Seigneuries que la Reine a ordonné que des ordres conformes aux principes énoncés plus haut seraient adressés aux autorités du Royaume-Uni et aux autorités maritimes et autres des possessions de Sa Majesté, pour leur gouverne dans les circonstances actuelles. Signé: J. RUSSELL.

ITALIE.

Proclamation de M. Di San Martino à son arrivée à Naples.

Italiens des provinces napolitaines !

Honoré de la confiance du Roi, je prends, sous la direction de son Gouvernement, l'administration de ces provinces.

Maintenant que vous avez trouvé une patrie digne de ce nom, et tandis qu'il existe encore des hommes qui vous contestent le droit d'être Italien, je viens au milieu de vous avec la résolution de prêter force, énergie et unité à l'action de tous les bons citoyens qui aspirent à consolider et à rendre durable l'union des peuples italiens.

La force d'un magistrat constitutionnel réside essentiellement dans le concours que lui prêtent ceux-là mêmes dans l'intérêt desquels il doit faire respecter et exécuter les lois.

Ce concours, je l'invoque, et j'espère qu'il me sera universellement prêté avec la sincérité et la dignité qui doivent présider aux relations d'un peuple libre avec ses magistrats.

Et avec une confiance toute particulière j'invoque la coopération de toutes les gardes nationales, qui, aussi bien dans la ville de Naples que dans les provinces, ont donné tant de preuves éclatantes de leur amour envers la patrie, la liberté et les lois.

Les changements rapides et radicaux opérés dans notre révolution ont inévitablement ralenti les services publics, et produit dans leur sein quelque confusion.

Il importe grandement, pour notre commun intérêt, d'en fortifier la marche avec promptitude; et, en assumant personnellement la direction supérieure de toutes les administrations, je tâcherai d'accomplir mon devoir et de m'assurer que dans toutes les administrations publiques règnent immanquablement cette vie d'ordre et ce travail régulier qui sont nécessaires pour donner en même temps à l'action du Gouvernement un caractère calme et énergique et pour satisfaire les légitimes exigences des citoyens.

J'ai la confiance que chacune de ces administrations voudra concourir efficacement, dans la sphère de ses attributions, à la pleine et entière observation des lois, de telle sorte que je puisse m'enorgueillir d'être placé à la tête du Gouvernement.

Ce sera mon étude constante de favoriser aussi bien que je le pourrai le développement de la prospérité morale et matérielle de ces provinces, en quoi je suivrai les généreuses intentions de ce prince auguste dont le patriotisme et la haute intelligence ont si puissamment aidé à l'administration de notre Italie dans les moments les plus difficiles de sa régénération, et qui était, il y a peu de jours encore, auprès de vous le représentant de notre magnanime Souverain.

Fidèle observateur des lois et des intentions du Gouvernement, je mettrai toute ma sollicitude à respecter et à protéger sans passion, sans faiblesse, les libertés et les droits de tous, et j'espère que, quand ma délicate mission aura pris fin, vous reconnaîtrez que j'ai toujours honnêtement et consciencieusement accompli mon mandat, en travaillant pour vous, pour le Roi et pour l'Italie. Naples, le 21 mai 1861.

DI SAN MARTINO.

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