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« L'administration vénitienne aurait pour président un archiduc, vice-roi, qui résiderait à Venise en qualité de lieutenant de l'empereur. L'État vénitien paierait ses propres dépenses et contribuerait à celles de l'empereur pour 200,000 livres par an. Il prendra pour son compte une partie de la dette nationale. L'armée vénitienne sera entièrement nationale, mais soumise au ministre de la guerre. »

Ces conditions étaient d'autant plus acceptables que le gouvernement britannique, faisant taire ses sympathies pour les plus nobles efforts des Vénitiens, avait répondu aux appels réitérés du gouvernement provisoire de Venise qu'il ne pouvait rien faire pour le rétablissement de la république de Saint-Marc, attendu que les grands principes de la politique devaient être suivis aux prix des sentiments les plus pénibles et des plus vifs regrets. Dans cette circonstance lord Palmerston avait déclaré de la manière la plus explicite, que Venise ne devait et ne pouvait pas compter sur les forces de la GrandeBretagne.

Au point de vue de la nationalité italienne le rejet de ces négociations qui prouvaient la condescendance et la bonne foi du cabinet autrichien, est une faute énorme dont le parti républicain de la jeune Italie sera seul responsable aux yeux de la postérité. Les prétentions de ce parti, déclarant que l'Europe était trop grande et l'Italie trop petite, sera pour l'avenir un sujet perpétuel d'étonnement. Et il faut bien le dire, jamais parti ne s'est montré plus inca

pable, plus ignorant, plus au-dessous des circonstances. Composé d'éléments multiples, hétérogènes, recrutés par l'ambition dans la phalange des avocats, des médecins, des poëtes et des rhéteurs, ce parti, en haine de la religion et de la monarchie, a perdu l'Italie.

Dans ce même temps un aventurier, Garibaldi, et un homme, dont le nom devrait être exécré pår tous les Italiens, Mazzini, firent un chaleureux appel à la jeunesse italienne. « Venez, venez, s'écriait celui-ci, accourez tous des provinces de Comasco, de Brescia, de Bergame, en un mot, de toute la Lombardie, Génois, hommes de Piémont, de Parme, de Modène, de Toscane, allons, marchons au camp de l'Italie, au boulevard des Alpes; nous saurons le défendre et, s'il le faut, le franchir. »

Ainsi disait cet homme qui osait avouer hautement que le renversement de la papauté et la destruction des monarchies italiennes était le but suprême de ses efforts, le terme de ses espérances. Il agissait ainsi, alors que son parti mettait tout en œuvre à Rome pour compromettre Pie IX dans une lutte si suspecte dans son but et dont les résultats sinistres étaient connus de quiconque ne se laissait point aveugler par la folie de l'orgueil et par les extravagances de l'ambition.

Les armées de l'Italie, si braves qu'elles fussent, devaient être inévitablement vaincues, non point seulement, parce que la force motrice de l'unité manquait à l'ensemble de leur pensée et de leur ac

tion, mais surtout, parce que les chefs qui s'étaient mis à leur tête, s'étaient fait de l'autel et du trône pour arriver à l'indépendance de la patrie un piédestal qu'ils auraient brisé le lendemain de la victoire. La preuve, que ces hommes voulaient autre chose que l'indépendance du territoire italique, se trouve clairement énoncée dans leur refus des conditions honorables que leur avait offertes le cabinet de Vienne. Le dieu des bataillons, ce dieu, qu'ils prenaient sans cesse à témoin de la justice de leur cause, ne pouvait bénir leurs efforts suprêmes, car leurs lèvres hypocrites d'accord avec leur cœur mentaient audacieusement dans les rapports de l'homme avec la divinité, dans ce que la conscience a de plus saint et de plus sacré, la prière.

Les Mazziniens, rêvant la république, ont perdu l'Italie que Pie IX seul à la tête de l'élément monarchique pouvait sauver.

CHAPITRE VIII.

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Les

Chute du ministre Mamiani.-Nouveau ministère. - Proclamation du souverain Pontife. - Menaces d'un gouvernement provisoire. — Nouvelle invasion des Etats Romains. Mouvement populaire. révolutionnaires à l'ambassade de France. - Enrôleinents. tions. Derniers actes de la Chambre des députés. - Prorogation. Le comte Rossi ministre. Courageux efforts. - Désintéressement du clergé et des corporations religieuses. - Premiers actes du ministère

Négocia

Sinistre projet des sociétés secrètes.

Inter scyphos.

Trou

Rossi. bles au Ghetto. - Fermeté de Rossi.-Marche de la révolution en Eu

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Le 2 août, le comte Mamiani renouvela formellement et irrévocablement sa démission de ministre, après avoir subi un dernier échec dans le rejet de ses propositions belliqueuses.

Après de mûres réflexions le pape, pressé par la rapidité des événements, le remplaça par un nommé Fabri, ancien exilé libéral et reconstitua son ministère de la manière suivante :

Le comte Lauro Lauri, aux finances;

Le comte Pietro Guerini, aux travaux publics et par intérim à l'agriculture et au commerce;

Francesco Perfetti, à la police;

Pasquale de Rossi, grâce et justice;

Et Camillo Gaggiotti, par intérim à la guerre. Mamiani ne se retira point sans étaler dans le journal qui subissait ses inspirations son propre panégyrique. Porté au ministère non par le choix libre du pape, mais par l'impulsion irrégulière des clubs, il prétendait avoir mis de la mesure dans ses rapports avec le souverain, tandis qu'il s'était constamment trouvé en dissidence avec lui. Pour que le gouvernement constitutionnel soit une vérité, il importe que chaque pouvoir ait le libre exercice de l'autorité que la loi lui confère. Au chef irresponsable appartient le choix des ministres, ce droit est tellement incontestable que dans le pays le plus sagement constitutionnel de l'Europe, en Angleterre, on a vu le souverain le conserver intact, malgré les exigences du parlement.

Le règne de Georges III en fournit un exemple dans la personne du célèbre W. Pitt. Il en est de même quant au droit de paix ou de guerre; le souverain seul dans le régime constitutionnel en est le dépositaire. Mamiani en méconnaissant ce double droit était en rébellion flagrante contre le système politique que la générosité du pontife avait accordé aux exigences des temps. Mamiani en subissant les conditions que les clubs lui imposaient n'était plus, au terme de la loi écrite, l'homme du pouvoir, mais le séide de la révolution : il n'était plus le chef responsable d'un gouvernement régulier, mais le jouet

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