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ESPRIT

DES

LIVRES DÉFENDUS,

O U

ANTILOGIES
PHILOSOPHIQUES;

OUVRAGE dans lequel on a recueilli les
Morceaux les plus curieux & les plus inté
reffans fur la Religion, la Philofophie
les Sciences & les Arts, extrait des Livres
Philofophiques les plus modernes, & les
plus connus.

TOME SECOND,

A AMSTERDAM;
Et fe trouve A PARIS,

NYON, aîné, Libraire, rue Saint-Jean-

Chez de-Beauvais ;

LAPORTE, Libraire, rue des Noyers.

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ANTILOGIES

PHILOSOPHIQUES.

LIVRE QUATRIEME.

LA MYTHOLOGIE,

CHAPITRE PREMIER. De l'efprit des Solennités du Paganifme.

S. I. Quel a été dans l'origine l'objet des folennités chez les Payens?

Es grandes folennités de l'antiquité avoient pour objet la mé

moire du déluge, & celles des grandes révolutions de la terre. Nous allons trou

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ver cette même vérité dans le ton lugubre & funebre que nous verrons percer au travers du tumulte & de la joie de la plupart des fêtes anciennes. Nous nous convaincrons que, triftes dans leur origine, elles ne fe font égayées que par l'oubli des caufes réelles qui les avoient fait inftituer; alors nous cefferons d'être furpris, en rencontrant des pleurs au milieu des réjouiffances. On fe forme vulgairement du paganifme une idée d'une religion de plaifirs, de gaieté & de diffolution; rien ne paroît plus contradictoire à ce fentiment, que l'opinion que les payens avoient eux-mêmes des jours folennels confacrés par leur religion. En effet, les Romains regardoient leurs jours religieux, comme des jours funeftes & de mauvais augure; ils étoient tous regardés comme des jours diftingués des autres, & pour ainfi dire mis à part parce qu'ils ne préfageoient rien que de malheureux. Si dans ces tems on fe repofoit, fi on demeuroit dans l'inaction, fi l'on n'entreprenoit ni voyage, ni affaires en ce jour, ce n'étoit point par refpect pour eux ou pour les dieux, c'étoit uniquement par crainte, & par une attente de toutes fortes de malheurs.

S. II.

Examen du Culte & des Fêtes chez les peuples les plus anciens ou les plus célebres, & de leurs usages domestiques.

Une opinion auffi extraordinaire a été commune à prefque tous les peuples de la terre. Les fêtes les plus folennelles chez les Japonois, font réputées les jours les plus malheureux de l'année. Si l'on s'y réjouit, ce n'eft que pour s'ôter de l'efprit ce que ces jours annoncent de funefte; & il femble que les Japonois ne les ont appelés jours de vifite & de félicitations, que parce qu'il eft naturel de fe vifiter dans un jour de danger, & de fe féliciter d'avoir eu le bonheur d'y furvivre, ou d'en être délivré. Le même usage se trouve à la Chine. Les jours de fête font auffi des jours de vifite & de félicitations.

La religion des Grecs n'avoit rien de plus pompeux & de plus folennel que la célébration des jeux publics, connus fous le nom d'Olympiques, de Pythiens, de Néméens & d'Ifthmiques; cependant S. Clément & S. Eufebe appellent ces jeux des affemblées mortuaires, (Sepul

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