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QUATRIÈME PARTIE

L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
D'AUJOURD'HUI

Les dix dernières années ont été pour l'Afrique occidentale française une période d'organisation et de développement.

Son histoire politique et militaire, si active de 1870 à 1900, s'achève par la délimitation de ses frontières et par la mise en défense de son front saharien, œuvre presque terminée aujourd'hui et qui compte, elle aussi, bien des pages émouvantes et glorieuses.

Par contre, son histoire économique et administrative ne fait que de commencer. Un essor soudain entraîne toutes les colonies du groupe vers une prospérité que les plus chaleureux partisans de l'expansion africaine n'auraient jamais crue aussi rapide et aussi générale.

C'est de cet essor qu'il nous reste à retracer le tableau.

Nous montrerons d'abord comment les frontières de l'Afrique occidentale française, conquises pendant la période de rivalité internationale, ont été définitivement fixées sur le terrain et comment notre police est faite tout le long de l'immense marche saharienne qui va de l'Océan Atlantique au bassin du Nil. Le développement économique de l'Ouest africain servira de conclusion logique et éloquente à ces dernières pages de notre récit.

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II.

-

III.

Convention franco-anglaise du 8 avril
Délimitation franco-portugaise: mis-

La délimitation de la Guinée française. Délimitation franco-portugaise missions Payn et Maclaud.

-

sion Passaga; annexion des îles de Los.

Délimitation franco-anglaise mis

- Délimitation franco-libérienne :

troubles de 1905 et colonne Mourin; arrangement franco-libérien du 18 septembre 1907; mission Richaud.

La délimitation de la Côte d'Ivoire. Mission Delafosse et mission Peltier. IV. La délimitation du Dahomey. Délimitation franco-anglaise : missions Plé et Toutée. Les enclaves du bas Niger. · Délimitation francoallemande missions Plé et Fourn.

V.

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La délimitation du troisième territoire militaire. La colonne Péroz et l'arc de cercle de Sokoto.- Convention franco-anglaise du 8 avril 1904 et mission Moll. Convention franco-anglaise du 9 avril 1906 et mission

Tilho.

On a pu remarquer que la plupart des traités et arrangements de frontières que nous avons publiés comportent une clause prévoyant que les lignes tracées par les diplomates sont surtout des directions générales dont l'application sur le terrain était réservée à des commissions mixtes chargées de la délimitation et de l'abornement. Ce travail complémentaire a été régulièrement poursuivi et aujourd'hui, sauf à la frontière franco-libérienne et sur quelques points de la frontière Dahomey-Togoland, il est achevé. Les missions qui l'ont accompli, pour avoir été moins brillantes que celles dont nous avons retracé l'histoire, ont été

remarquables par la précision des documents scientifiques sur lesquelles elles ont établi leurs travaux et par l'abondance des renseignements politiques, ethnographiques et économiques qu'elles ont mis à la portée de nos administrateurs.

I

La délimitation de la colonie du Sénégal s'est faite au regard de la Gambie anglaise et de la partie septentrionale de la Guinée portugaise.

En ce qui concerne la Gambie anglaise nous avons déjà vu que la commission mixte composée pour la France de l'administrateur Aubry-Lecomte et du capitaine Pineau et pour l'Angleterre du capitaine Kenny avait procédé sans difficulté, dès 1891, à la vérification sur le terrain des clauses de l'arrangement franco-anglais du 10 août 1889 visant la Casamance. Le travail, repris un instant en 1896, fut achevé en 1899 par l'administrateur Adam et le lieutenant Payn.

Une modification importante fut apportée à la frontière de la Gambie anglaise par la convention franco-anglaise, signée le 8 avril 1904, à Londres, par lord Lansdowne, secrétaire d'Etat des affaires étrangères, et notre ambassadeur M. Paul Cambon, manifestation diplomatique de l'Entente cordiale, qui, en réglant les positions de la France et de l'Angleterre dans les questions du Maroc et de l'Egypte, a liquidé un certain nombre de leurs litiges coloniaux.

La colonie britannique, à laquelle nous avions accordé par l'accord du 10 août 1889 le cours de la Gambie jusqu'à Yarboutenda et dix kilomètres sur chaque rive, est comme un coin poussé dans notre Sénégal. Le fleuve, navigable jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres pour les vapeurs, eût formé pour nous la meilleure voie d'accès vers le Niger. Aussi, depuis cet accord le parti colonial ne cessait de signaler l'utilité qu'offre pour nous cette voie de pénétration et de rappeler qu'il avait été question en Angleterre, en 1876, de l'échanger contre nos établissements

naissants du Gabon. Il avait repris ce projet pendant la période de négociations qui précéda la signature de l'accord franco-anglais du 8 avril 1904. Mais celle-ci ne lui apporta pas la solution large qu'il espérait. Son article 5 était ainsi conçu :

Convention franco-anglaise du 8 avril 1904

ART. 5. La frontière existant entre la Sénégambie et la colonie anglaise de la Gambie sera modifiée de manière à assurer à la France la possession de Yarboutenda et des terrains et points d'atterrissement appartenant à cette localité.

Au cas où la navigation maritime ne pourrait s'exercer jusque-là, un accès sera assuré en aval au gouvernement français sur un point de la rivière Gambie qui sera reconnu d'un commun accord comme étant accessible aux bâtiments marchands se livrant à la navigation maritime.

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Les conditions dans lesquelles seront réglés le transit sur la rivière Gambie et ses affluents, ainsi que le mode d'accès au point qui viendrait à être réservé à la France, en exécution du paragraphe précédent, feront l'objet d'arrangements à concerter entre les deux gouvernements.

Il est, dans tous les cas, entendu que ces conditions seront au moins aussi favorables que celles du régime institué par application de l'acte de la Conférence africaine du 26 février 1885 et de la Convention franco-anglaise du 14 juin 1898 dans la partie anglaise du Niger.

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Cette concession anglaise n'est considérée du côté français que comme une indication, car c'est en aval de Mac-Carthy même, probablement à Niani-Marou que devrait être placé le point terminus de la navigation maritime prévu par le paragraphe 2 de l'article 5. Les négociations ultérieures que cet article prévoit n'ont pas encore eu lieu. Peut-être sont-elles subordonnées au projet de cession totale de la Gambie anglaise à la

1. Voir p.. 134.

France, projet qui demeure parmi les aspirations du parti colonial français.

En ce qui concerne la Guinée portugaise, la question fut en partie liée à celle de la frontière orientale et méridionale de cette colonie. Les premiers travaux de la mission Brosselard-Faidherbe avaient donné lieu à des divergences de vues et ceux des deux missions remplies en 1900 et en 1901 par le capitaine Payn avaient abouti du fait des pouvoirs des commissaires portugais à de simples abornements. La frontière entre Casamance et Guinée française fut enfin réglée par la mission remplie en 1903 par le docteur Maclaud au cours de la série d'opérations qu'il dirigea pour terminer la délimitation franco-portugaise.

Réunies le 17 janvier 1904 à Soukko, la commission française, composée du docteur Maclaud, de l'administrateur Leprince, du lieutenant Brocard et de l'adjoint des affaires indigènes Zimmer, et la mission portugaise, composée du lieutenant de vaisseau Musanty, de l'enseigne Fortes et du lieutenant d'infanterie Balmiro, suivirent d'abord le parallèle 12°40' qui forme frontière jusqu'à son intersection avec le méridien 17°30', puis afin de déterminer la ligne médiane entre la Casamance et le Rio-Cacheo, elles levèrent, dans un pays marécageux, difficile, habité par des populations souvent hostiles, un polygone appuyé sur la rive droite du Cacheo et sur la rive gauche de la Casamance et d'un développement total de 356 kilomètres. Les opérations, interrompues au mois de mai à Kolibentan, à cause de la mauvaise saison, furent reprises au mois de décembre 1904 et durèrent jusqu'en avril 1905. Elles aboutirent à un échange de notes, datées des 6 et 12 juillet 1906, et consacrant l'accord parfait des deux pays.

II

La délimitation de la Guinée française s'opéra de même tant au nord au regard de la Guinée portugaise qu'au sud au regard de la Sierra-Leone britannique.

Nous venons de rappeler les difficultés qui empêchèrent la

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