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pour suivre la parallèle qui passant en ce point de la côte (environ 13°36′ nord), coupe la Gambie dans le grand coude qu'elle fait vers le nord, en face d'une petite ile située à l'entrée de Sarmi Creek, dans le pays de Niamena.

A partir de ce point la ligne frontière suivra la rive droite jusqu'à Yarbatenda, à une distance de 10 kilomètres du fleuve :

2o Au sud (rive gauche), le tracé partira de l'embouchure de la rivière San Pedro, suivra la rive gauche jusqu'au 13°10′ de l'altitude nord. La frontière sera établie ensuite par la parallèle qui, partant de ce point, va jusqu'à Sandeng (fin de Vintang-Creek, carte anglaise).

Le tracé remontera alors, dans la direction de la Gambie, en suivant le méridien qui passe par Sandeng jusqu'à une distance de 10 kilomètres du fleuve.

La frontière suivra ensuite la rive gauche du fleuve, à une même distance de 10 kilomètres, jusqu'à et y compris Yarbatenda.

V

Pendant cette période, les gouverneurs du Sénégal avaient donc non seulement assuré la paix dans le Cayor, le Baol, le Djolof, le Fouta et sur la rive droite, mais aussi étendu l'occupation de la colonie dans le sud et en Casamance. Mais la principale poussée fut celle de l'est : elle fera l'objet du chapitre suivant.

Quelques mots restent à dire ici du développement administratif et économique du Sénégal pendant cette période.

Tant que la colonie avait été réduite à quelques comptoirs, ses services publics avaient pu demeurer à l'état embryonnaire, mais avec les progrès de la pacification et l'extension du territoire, il devint peu à peu nécessaire de créer des cadres administratifs.

L'ordonnance du 7 septembre 1840 sur le gouvernement du Sénégal et dépendances, avait prévu l'institution d'un Conseil général, mais en réalité cette assemblée ne fut régulièrement constituée et organisée que par le décret en date du 4 février 1879 qui lui attribuait 16 membres (1). Quelques mois plus tôt, la colonie avait été appelée à élire un député (loi du 8 avril 1879); depuis sept ans déjà les villes de Saint-Louis et

1. Elle en compte aujourd'hui 20.

de Gorée, les deux plus anciens centres (1), étaient dotées d'institutions municipales (décret du 10 août 1872). La commune de Gorée embrassait alors dans son périmètre Dakar qui fut érigé en commune distincte en 1887. La municipalité de Rufisque date de 1881.

Mais c'est surtout au point de vue économique que les progrès du Sénégal furent rapides.

De tout temps fonctionnaires et commerçants avaient eu à souffrir de la difficulté des communications entre Gorée et SaintLouis. Jadis le courrier mettait trois jours à pied pour porter les correspondances d'une ville à l'autre ; par mer, les jours de beau temps, le trajet n'était pas long, mais la barre du Sénégal n'est pas toujours praticable; l'établissement de la ligne télégraphique qui souleva les difficultés politiques que nous avons exposées ci-dessus, améliora grandement la situation, mais seule la construction d'une voie ferrée pouvait fournir au pays les moyens de se développer et à la production locale les facilités de transport nécessaires à sa complète expansion.

L'idée de relier Saint-Louis à Dakar par un chemin de fer fut émise pour la première fois par Pinet-Laprade, qui commandait alors l'arrondissement de Gorée (2) et qui faisait valoir à l'appui de son projet, non seulement des avantages économiques mais encore les facilités que sa mise à exécution donnerait à l'administration locale pour assurer notre influence politique sur le Cayor toujours turbulent. Faidherbe n'eut pas le temps de s'en occuper, ni ses successeurs immédiats et c'est à Brière de l'Isle, à qui le Sénégal doit tant, que revient l'honneur d'avoir fait exécuter les premières études de la ligne Dakar-Saint-Louis. L'avant-projet de l'administration date de novembre 1878. Au début de chacune des années 1880 et 1881 la Société de constructions des Batignolles, qui sollicitait la concession de la ligne, en faisait étudier le tracé par ses ingénieurs. Une loi du 21 juin 1882 approuva la convention intervenue entre la compagnie et l'Etat, et quelques mois plus tard les travaux

1. La création de la ville européenne de Dakar ne date que de 1863. 2. Pinet-Laprade: Projet de chemin de fer au Sénégal; Rev. maritime et col,, 2e série, t. XVII, 1857, p. 5.

commençaient. Conduits avec activité, ils furent terminés en trois campagnes et le 6 juillet 1885 — date importante dans l'histoire de la domination française en Afrique Occidentale — la ligne entière (264 kilomètres) était inaugurée par le gouverneur intérimaire et livrée à l'exploitation (1).

De tout temps, à des intervalles plus ou moins rapprochés, la côte de Sénégambie a été ravagée par des épidémies de fièvre jaune. Au xvIIe siècle cette terrible maladie s'est montrée plusieurs fois et en 1778 elle dépeupla Saint-Louis et Gorée; au xixe siècle, avant 1870, on cite de même six épidémies dont la dernière, en 1866, était limitée à Gorée. Douze ans plus tard le fléau réapparaissait; le 10 juillet 1878 le premier cas fut constaté à Gorée encore, en juillet Bakel était atteint, en septembre Saint-Louis; l'épidémie se termina en décembre; mais en 1881 elle renaissait, débutant cette fois par Saint-Louis. Jamais la maladie n'avait fait encore autant de victimes: 734 personnes en 1878, 425 au minimum en 1881, soit près de la moitié des Européens résidant alors dans la colonie, y trouvèrent la mort.

1. Le prix de revient de la ligne Dakar à Saint-Louis n'a pas dépassé 70.000 francs le kilomètre.

CHAPITRE II

L'ARRIVÉE DES FRANÇAIS SUR LE NIGER

SOMMAIRE :

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II.

La reprise de l'expansion soudanaise sous Brière de l'Isle.

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Soleillet

à Ségou. Les idées africaines en France en 1879; transsaharien et transsénégalais. Les travaux de la Commission supérieure. L'amiral Jauréguiberry dépose le projet de loi du chemin de fer vers le Niger. Hésitation du Parlement; vote limité. Vote du projet, loi du 26 décembre 1881. L'avis de Lenz et de Nachtigal.

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L'anarchie soudanaise: musulmans et fétichistes. Le sultanat de Ségou. La mission Gallieni (1880); traité de Kita, guet-apens de Dio, séjour à Nango et traité avec Ahmadou.

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Les trois campagnes du colonel Borgnis-Desbordes. Occupation de Kita et destruction de Goubanko (1880-1881). - Consolidation de l'occupation de Médine à Kita; combat contre Samory à Kéniéra (1881-1882). Etablissement à Bammako et combats contre Fabou (1882-1883). Les explorations.

IV. La campagne Boilève (1883-1884). Le commandant Combes débloque Nafadié (1884-1885). La campagne du colonel Frey contre Samory

et contre Mahmadou Lamine (1885-1886).

V. Les deux campagnes du colonel Gallieni. Prise de Diana et refoulement de Mahmadou-Lamine (1886-1887). — La mission Péroz auprès de Samory et le traité de Bissandougou. Le traité de Gouri avec Ahmadou. Reconnaissances géographiques. Campagne de 1887-1888: défaite et mort de Mahmadou-Lamine. - Création du fort de Siguiri. Nouvelles explorations, étude des relations avec le sud.

-

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Le colonel Brière de l'Isle, dès sa nomination au gouvernement du Sénégal, en 1876, reprit très résolument le plan de pénétration dont Faidherbe avait jeté les bases dans sa célèbre lettre d'instructions à Mage. L'œuvre qui s'imposait était double : refouler ou soumettre les Toucouleurs d'Ahmadou-Cheikhou,

sultan de Ségou, fils d'El Hadj Omar qui avait menacé le Sénégal et dont l'assaut avait été brisé en 1857 grâce à la résistance de Paul Holl dans Médine et à la campagne de Faidherbe; et pénétrer enfin dans le bassin du Niger.

La marche en avant s'ouvrit par la prise de Sabouciré, village fortifié à 16 kilomètres de Médine, et qui, prenant parti pour les Talibès d'Ahmadou, commettait des actes d'hostilité contre notre vieil allié Sambala. Une colonne commandée par le colonel Reybaud, l'enleva d'assaut (22 septembre 1878). Le général Faidherbe, dans son ouvrage Le Sénégal. La France dans L'Afrique occidentale, note que cette expédition ne fut pas approuvée par le commerce du Sénégal. « Il en est ainsi, écrit-il, chaque fois qu'une mesure prise dans le but d'obtenir des résultats avantageux pour l'avenir trouble momentanément sur un point les relations commerciales ». En même temps, un nouveau regard était jeté sur le pays visé grâce à l'exploration de Paul Soleillet. Déjà connu par un voyage jusqu'aux abords d'In-Salah en 1871, Soleillet avait l'intention d'étudier une voie de communication entre le Sénégal et l'Algérie. L'opinion en France était à ce moment toute au Transsaharien. Soleillet voulait en étudier le plan en partant du sud. Quittant SaintLouis le 10 avril 1878, il suivit à peu près l'itinéraire de Mage, atteignit le Niger à Nyamina et gagna en pirogue Ségou-Sikoro où il arriva le 1er octobre 1878. Ahmadou le reçut gracieusement, mais s'opposa formellement à la continuation du voyage vers Tombouctou, prétextant que les routes n'étaient pas sûres, mais en réalité, d'après Soleillet, dans le but de garder pour lui seul le prestige que lui valaient ses relations avec les Français et tenant « à ce que nous n'en liions pas de pareilles avec son cousin et rival Tidiani, roi du Macina, qui désire vivement se mettre en rapport avec le gouvernement du Sénégal ». Soleillet demeura quatre mois à Ségou, et rentra par la même route. Il n'eut pas un meilleur succès quand l'année suivante il tenta d'aller de Saint-Louis à Alger par l'Adrar. Mais en revenant de Ségou, Soleillet proclama hautement la nécessité d'une voie ferrée destinée à relier le Sénégal au Niger.

L'idée avait été déjà posée en France. On y discutait avec

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