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MADELON.

Ah! mon père, c'est une pièce sanglante qu'ils nous ont faite.

GORGIBUS.

Oui, c'est une pièce sanglante, mais qui est un effet de votre impertinence, infâmes. Ils se sont ressentis du traitement que vous leur avez fait; et cependant, malheureux que je suis, il faut que je boive l'affront.

MADELON.

Ah! je jure que nous en serons vengées, ou que je mourrai en la peine. Et vous, marauds, osezvous vous tenir ici après votre insolence!

MASCARILLE.

Traiter comme cela un marquis? Voilà ce que c'est que du monde; la moindre disgrâce nous fait mépriser de ceux qui nous chérissaient. Allons, camarade, allons chercher fortune autre part; je vois bien qu'on n'aime ici que la vaine apparence, et qu'on n'y considère point la vertu toute nue.

SCÈNE XIX.

GORGIBUS, MADELON, CATHOS, VIOLONS.

UN DES VIOLONS.

Monsieur, nous entendons que vous nous contentiez à leur défaut pour ce que nous avons joué ici. GORGIBUS, les battant.

Oui, oui, je vous vais contenter, et voici la mon

naie dont je vous veux payer. Et vous, pendardes, je ne sais qui me tient que je ne vous en fasse autant. Nous allons servir de fable et de risée à tout le monde, et voilà ce que vous vous êtes attiré par vos extravagances. Allez vous 'cacher, vilaines; allez vous cacher pour jamais. (Seul.) Et vous, qui êtes la cause de leur folie, sottes bellevesées, pernicieux amusemens des esprits oisifs, romans, vers, chansons, sonnets et sonnettes, puissiez-vous être à tous les diables!

FIN DES PRÉCIEUSES RIDICULES.

SGANARELLE,

OU

LE COCU IMAGINAIRE,

COMÉDIE

EN UN ACTE.

ACTEURS.

GORGIBUS, bourgeois.
CÉLIE, fille de Gorgibus.
LÉLIE, amant de Célie.
GROS RENÉ, valet de Lélie.

SGANARELLE, bourgeois, et cocu imaginaire.
LA FEMME DE SGANARELLE.

VILLEBREQUIN, père de Valère.

LA SUIVANTE DE CÉLIE.

UN PARENT DE LA FEMME DE SGANARELLE.

(La scène est dans une place publique.)

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