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fuivante, comme témé-rité, ou même le mot tout entier, s'il est court, comme celle.

DES LETTRES EN GENERAL.

DES CAPITALE S.

On ne doit mettre de Lettres Capitales ou Majufcules que dans les titres & au commencement des mots les plus confidérables, tels que font les noms propres d'hommes ou de lieux & les adjectifs qui s'en forment, comme Mofaïque de Moyfe, Romain de Rome, &c.

Les noms des Arts, des Dignités, & des Fêtes méritent encore d'avoir une Capitale; ainfi il faut en mettre à ces mots; Rhétorique, Rhétoricien, Imprimerie, Imprimeur, Evêché, Evêque, Noël, Pâque, Dimanche, &c. Mais il y a deux défauts à éviter; le premier eft d'en mettre trop, fans aucune raison légitime; le fecond eft de n'en mettre pas affez, comme on peut le remarquer dans l'Hiftoire Eccléfiaftique de M. Fleury, qui en refufe aux mots Pape, Patriarche, Archevêque, Evêque, Empereur, Roi, Prince, &c. qui certaine

ment en méritent.

On doit encore mettre une Capitale au commencement de chaque phrafe, & de chaque vers, foit en François, foit en Latin. Remarquez auffi qu'on ne doit pas donner de Capitale à des Adjectifs, sans en donner aux Subftantifs avec lefquels ils s'accordent. Par exemple, il ne faut pas écrire la foi Catholique avec une petite f& un grand C; car l'Adjectif n'étant pas plus noble que fon Subftantif, il ne mérite pas qu'on lui donne une Capitale fi fon Subftantif n'en a pas.

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Ayant déjà parlé de la lettre A à l'article des Accents, il ne me refte rien à dire ici, fi ce n'eft qu'on l'employe fouvent mal-à-propos au lieu de la lettre E, & qu'il faut abfolument avoir recours à l'étymologie des mots, pour ne pas tomber dans cette faute, comme je le prouverai ci-après à la lettre E.

Quand la lettre A entre dans la compofition d'un mot, comme prépofition, elle fait ordinairement doubler la lettre initiale du fimple, comme on en peut juger par ces mots accoucher, affamer, alléger, annotation, appaifer, arran

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ger, affocier & attirer; parce qu'ils font compofés de la prépofition à & des mots coucher, faim, léger, note, paix, rang, fociété & tirer. Il faut cependant excepter de cette regle les compofés, dont le fimple commence par un d, une m & un v confonne, que l'ufage ne permet plus de doubler. Tels font les mots adoucir, amener avilir, &c. dont les fimples font doux, mener, vil & autres femblables. Voyez ma Remarque fur le mot Abat-vent.

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DE LA LETTRE B.

Par exemple, fi l'on retranchoit la lettre b du mot Plomb où elle ne fonne pas, on n'y trouveroit plus de rapport avec le Latin plumbum dont il dérive, ni avec plomber, plombier, plomberie, qui en font les compofés.

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Mais, me dira-t-on, il y a quantité d'Auteurs qui doublent cette lettre dans les mots abbatre, abbaiffer, abbréger abboyer, & femblables : quelle en eft la raison? La voici encore une fois.

Les mots abattre, abaiffer, & quelques autres, font compofés des mots dont la lettre initiale eft un B, battre, baiffer devant lefquels on ajoute la prépofition à. Or, felon quelquesuns, l'ufage veut qu'on' double, fans distinction, la lettre initiale du fimple pour en faire le compofé, comme on peut le remarquer en ces mots : Accompagner, affamer, aggrandir alléger, annuller, appéfantir, arranger, affujettir, attirer, &c. qui font compofés de la prépofition à, & des mots compagnie, faim, grandeur, légèreté, nullité, pefanteur, rang, fujet, tirer, &c. Ainfi il faut convenir qu'on peut mettre deux bb dans les mots abbatre & abbaiffer, quoique cette regle ne foit pas généralement reçue. C'eft à l'ufage qu'il appartient de décider. Pour ce qui eft du double bb, ̈ voyez ma remarque fur le mot abat-vent.

Par la même raison on écrivoit autrefois, comme on le voit encore dans quelques Dictionnaires modernes, addonner, addoucir, addreffer, avec deux dd; mais l'ufage n'en veut plus qu'un.

Pour ce qui eft des mots abbréger, abboyer, & leurs femblables, il y en a qui y mettent deux bb, parce que ces mots tirent leur étymologie du Latin, abbreviare, & de l'Italien abbaiare, où il y en a deux ; mais le plus grand ufage adopté par l'Académie, eft de les écrire avec un feul b.

Il y en a d'autres qui écrivent, obmettre, obmission, avec

un b: c'est une faute inexcufable, parce que ces mots viennent du verbe omittere, qu'on trouve fans b chez les meilleurs Auteurs Latins, faute, dis-je, dans laquelle on ne tomberoit pas, fi l'on faifoit, en écrivant, quelque attention à l'étymologie des mots.

DE LA LETTRE C.

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Il en eft de même de la lettre C, que Richelet ofe retrancher des mots où la raison & l'usage l'ont admis double, comme en ceux-ci, accumuler, qui vient d'accumulare, accompagner accoucher & femblables, fuivant l'exemple que nous en donnent les Latins, qui le doublent dans les mots : Accommodare, accrefcere, accubare, accurrere, &c. parce qu'ils font compofés de commodare, crefcere, cubare, currere, &c.

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comme

On doit toujours mettre un ç à queuë ou avec une cédille devant l'a, l'o, & l'u, quand il y emprunte le fon de l'frude, comme en ces mots, il plaça, façon, conçu, pour empêcher qu'on ne prononce en ces mots ca, co си , en ceux-ci, cacher, colere curateur : mais il faut obferver qu'on ne doit jamais placer le c à queue devant l'e & l'i, parce qu'il y conferve toujours le même son.

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Il faut auffi remarquer que ces deux lettres c & g ont un fi grand rapport ensemble, qu'on les met fouvent l'une à la place de l'autre, comme en ces mots : Cigogne, églogue, glas & femblables, qu'on devroit écrire avec un c parce qu'ils nous viennent des Latins ciconia, ecloga, clades, &c. mais il faut fuivre l'ufage. La raifon du rapport que le c & le g ont entr'eux, eft que ces deux lettres ont pour la prononciation le même organe, fçavoir, le palais de la bouche.

La lettre c fe confond encore très-fouvent avec le t devant un i: pour les diftinguer, il faut néceffairement avoir recours à l'étymologie des mots ; & ainfi l'on connoîtra aifément qu'on doit écrire audacieux, non pas audatieux; délicieux, non pas delitieux; & négociant, plutôt que négotiant, parce que mots dérivent d'audace, délice, & négoce, qu'on ne fauroit écrire qu'avec un c.

ces

Par la même raifon, on doit écrire avec un c les compofés & dérivés des mots qui fe terminent en ance ou ence. Exemp. Audiencier, confidenciaire, confciencieux, Licencié, licencieux, pénitenciaux, Pénitencier, &c. Voyez les obfervations que j'ai faites fur chacun de ces mots dans leur ordre alphabétique.

Con

Nos Anciens plus foigneux que nous de conferver l'étymolo gie des mots, écrivoient avec un et, conflict, délict, tract, défunct, diftraict, effect, fainet, traict, liet, toict, & ainfi les autres qui dérivent des Latins: mais ce n'eft plus du-tout l'ufage; on en a absolument retranché le c, auffi-bien que des mots pacquet, abecquer, & femblables, où il eft inutile. Richelet & fes partisans le retranchent auffi des mots acquérir & fceller; mais ils ne font pas approuvés. Enfin il y en a qui l'ôtent encore du féminin Grecque, où d'autres foutiennent qu'il doit être admis. C'est à l'usage à décider : voyez ciaprès mon fentiment aux Adjectifs.

On emploie aufli le c pour qu dans les mots dérivés de ceux en ique ou en quer, comme ceux-ci Africain, Américain Républicain, praticable, communicable, &c. en quoi l'on suit l'Orthographe Latine dont ils tirent leur origine.

DE LA LETTRE D.

Quand le D fe trouve à la fin d'un mot fuivi d'un autre qui commence par une voyelle ou une h fans aspiration, il emprunte le fon du t comme on peut le voir en ces exemples: un grand homme, le froid eft rude, rend-il, & mais il ne faut pas pour cela mettre un t au lieu du d, ce feroit une faute groffiere.

C'est cette prononciation qui eft caufe que plufieurs Savants ont écrit avec un t final les mots courtaud, crapaud, échafaud, fourdaud, & quelques autres femblables, ce qui n'eft pas fondé en raifon; parce que s'il falloit écrire courtaut avec un t le féminin de ce mot feroit néceffairement courtaute. Or il est certain qu'on dit & qu'on écrit courtaude: donc il faut écrire. courtaud avec un d, auffi-bien que crapaud, d'où vient crapau dine; échafaud, dont dérive échafaudage; & fourdaud, dont le féminin eft fourdaude. Ce qui prouve clairement qu'il faut fouvent avoir recours au compofé, pour favoir comment on doit écrire le fimple.

Il y a auffi des mots où cette lettre ne fe prononce point du-tout; tels que font les fuivants, gond, nid, nud, rond verd, & femblables, dont on auroit tort de la retrancher, à caufe des dérivés nudité, rondeur, verdure.

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Il y en a d'autres au contraire où elle étoit admife autrefois dont on la fupprime aujourd'hui, principalement devant l'v & l'j confonnes, comme en ces mots, Advocat, adjourner, & femblables; mais on écrit fort bien adverfaire, adjacente,parce que dans ces mots led se prononce.

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Il faut encore obferver qu'on ne double plus le d dans les mots, adoucir, adonner, adreffer, & femblables, quoiqu'ils foient compofés de la prépofition à, & des mots douceur, donner, dreffer mais on auroit tort de le retrancher des fuivants, addition, reddition, & femblables, où le d doit doubler, parce qu'ils tirent leur étimologie des Latins addere, reddere, &c. & que l'on fait fentir les deux dd en prononçant ces mots François.

DE LA LETTRE E.

Cette fuppreffion de lettre eft tellement devenue à la mode parmi nos Modernes, qu'on ne fait plus à quoi s'en tenir à caufe de la variété qu'on trouve chez les Auteurs. Dans la plupart des nouvelles Éditions, on lit, affidûment, crúment, dénûment, dénoûment, dévoûment, dûment, éperdûment, éternûment, indûment, ingénûment, nûment, remúment, fecoûment, &c. dont on a retranché l'ë Trema qui fuivoit l'u immédiatement. Il eft cependant certain que les adverbes terminés en ment, fe forment fur l'adjectif féminin en y ajoutant la fyllabe ment. Exemp. Fort, forte, fortement; nouveau, nouvelle, nouvellement; dur dure, durement & ainfi des autres. Il faut donc avouer qu'affidue devroit faire affiduement; due, duement, &c. mais l'ufage paroît contrais re, quoique l'Académie écrive plufieurs de ces mots avec un e. On m'objectera peut-être que fi l'on confervoit l'e dans ces mots, ils ne pourroient entrer dans la Poéfie Françoise; ce qui est vrai : auffi font-ils rares dans les bons Poëtes, chez qui cette licence eft plus tolérable qu'en profe, fuivant le témoignage d'Horace en fon Art Poétique :

Pictoribus atque Poëtis

Quidlibet audendi femper fuit aqua poteftas.

Au refte, je n'entreprends point de réformer le goût du Public, mais feulement de prouver qu'il aime la nouveauté comme on peut en juger par ces mots licenciment, manîment, remerciment, ralliment reniment, & femblables dont quelques Ecrivains ont retranché la lettre e, qui fe plaçoit entre l'i & la lettre m; ce que l'Académie n'a pas adopté.

,

Il en eft de même des mots enflure, égratignure, engelure entamure, & femblables, dont on a pareillement retranché l'e qui précédoit la lettre u, fur laquelle l'ufage ne permet pas pour cela de mettre un Circonflexe.

d

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