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la lettre h n'eft point afpirée au commencement d'un mot, elle mange l'a ou l'e muet qui la précede; & qu'on doit par conféquent écrire l'homme, non pas le homme; l'habitude, non pas la habitude. Il s'agit préfentement de favoir dans quels mots elle eft afpirée, & dans quels mots elle ne l'eft pas. L'h n'eft point afpirée dans les mots François qui dérivent des Langues Grecque & Latine, & qui commencent par une h dans ces trois Langues, comme heure, hora homme, homo, & femblables. De cette regle générale, il n'en faut excepter que trois; favoir, héros, harpie, hennir dans lefquels l'h eft afpirée, comme en ceux-ci, habler hacher, haie, haillon, haïr, haire, halle, hallebarde, hameau hanche, hanneton, hanter, hareng, haras, harceler, hardes, hardi, haricot, harpe, hate, haut, hafard, héraut d'armes, hérifer, hétre, heurter, hibou, hideux, hola, Hollande, Hongrie, & plufieurs autres qu'on trouvera chacun dans leur ordre alphabétique, marqués de deux virgules que les Imprimeurs nomment guillemet. Il faut auffi obferver que quoique l'h foit afpirée dans le mot héros, elle ne l'eft pas dans fes dérivés, & qu'on écrit l'Héroïne Moufquetaire, l'héroïque valeur, &c. quoiqu'on écrive & qu'on prononce le héros, non pas l'héros. Il y a auffi quelques phra fes dans lesquelles on n'afpire pas l'h des mots Hollande & Hongrie car on dit fort bien du fromage d'Hollande, du vin d'Hongrie ; quoiqu'on prononce la Hollande, la Hongrie.

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Il faut encore avoir égard aux mots qui nous viennent du Grec, & qui dans cette Langue originale font marqués d'un efprit rude: on n'en doit pas retrancher la lettre h quoiqu'elle n'y fonne pas ainfi il faut écrire Rhodes, Rhétorique, arrhes, rhinocéros, rhume, & femblables : c'est le fentiment de M. de Vaugelas.

DE L A LETTRE I.

Je n'ai rien à dire ici de cette lettre en ayant fuffisamment parlé ci-deffus à l'article des Accents. Voyez outre cela la Remarque de la lettre G, & ci-après celle de la lettre Y.

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Quoique cette lettre ne fe prononce pas à la fin des mots, outil, fufil, gentil, foul, &c. on doit cependant l'y admettre: c'eft l'ufage de tous les Savants.

On ne doit pas non plus la retrancher des mots appeller,

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fyllabe, Sibylle, imbécillité, inalliable, inftaller, intervalle méfalliance, & femblables, dans lefquels elle doit doubler; parce qu'ils tirent leur étymologie des mots appellare, fyllaba, Sibylla, imbécillitas, alligare, inftallare, intervallum &c. qui fe trouvent écrits avec deux chez les Auteurs Latins , que nous devons imiter dans leur Orthographe puifque nous faifons paffer leurs mots dans notre Langue. Outre ces exemples il y en a d'autres où l'l ne double que pour favorifer la prononciation, & dans lefquels elle eft autorisée par l'ufage, comme on peut le voir en ceux-ci : Chancellerie, chandelle, Châtellenie, fidelle, fidellement, & femblables, quoiqu'il n'y ait qu'une feule / dans le fimple d'où dérivent ces compofés, comme Chancelier, chandelier, Châtelain, fidélité, &c.

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Il y en a d'autres au contraire dont l'usage l'a retranchée, quoiqu'elle y fût admise autrefois, & même autorisée par l'étymologie, comme en ces mots : Aune, faucon, paume, paumier, poumon, pupitre, faumon, taupe, fouffre, & femblables.

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A l'égard des noms propres qui ont été compofés de quelques-uns de ces derniers mots il faut obferver qu'on doit les écrire felon l'ancienne Orthographe; parce qu'en la quittant, il arriveroit que la fignature du fils ne feroit pas conforme à celle du pere; ce qui feroit ridicule & blâmable.

Il faut encore remarquer que dans les mots compofés de la prépofition à, dont le fimple commence par une l, on doit doubler cette lettre initiale. Ainfi l'ufage veut qu'on écrive, allier, alléger, allouer, allumer, parce que ces mots font compofés de la prépofition à, & des mots lier, leger, louer & lumiere. Par la même raison l'on devroit écrire allialligner & allaiter, avec deux ll, comme les écrit le P. Joubert, puifqu'ils font compofés de la prépofition à, & des mots lit, ligne & lait.

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DE LA LETTRE M.

Quoique la lettre m emprunte à la fin de plufieurs mots le fon de la lettre n comme on peut le voir en ceux-ci, dam daim, faim, nom , pronom, renom, furnom, parfum, &c. cependant on doit l'y admettre, & ne pas la changer en n; ce feroit une faute groffiere contre l'étymologie & l'ufage. Elle emprunte pareillement le fon de la lettre n devant une autre m, un b, & un p, comme on le voit en ces

mots

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mots évidemment, membre, jambe, timbre, combler hum ble, &c. camper, Temple, grimper, rompre & femblables. Ainfi il ne faut pas imiter Richelet, qui de fon autorité privée écrit confidenment, éléganment, éloquenment, éminenment, enmailloter excellenment, fervenment, incidenment, indécenment, indépendanment, indifférenment, indulgenment, innocenment, puissanment, récenment, &c. Ce font des innovations qu'il faut éviter en fe conformant à l'usage, qui veut qu'on écrive avec deux mm, confidemment, élégamment, & ainfi les autres.

La lettre m prend encore le fon de la lettre ǹ dans les mots folemnel, condamner, damnation, damner; mais il ne faut pas pour cela écrire avec deux nn, folennel, condanner, dannation, danner. Ce font des erreurs où Richelet eft tombé le premier, & dans lesquelles il a été fuivi par quelquesuns dont le fentiment ne fauroit faire loi. Voyez les Remarques particulieres fur chacun de ces mots dans leur ordre alphabétique.

Devant le telle emprunte auffi quelquefois le fon de la lettre n, principalement dans Comte, Comteffe, Comté; & qui écriroit en François, Conte pour Comes, feroit une faute impardonnable.

Outre ces remarques, il faut auffi obferver que la lettre m doit doubler dans les mots où l'étymologie le requiert, quoiqu'on n'y en prononce qu'une, comme en ceux-ci, Commende, anagramme, Grammaire, commun, flamme, & femblables, parce que ces mots tirent leur origine des Latins Commenda, anagramma, Grammatice, communis flamma & femblables, qu'on trouve écrits avec deux mm chez tous les bons Auteurs.

DE LA LETTRE N.

Quoique la lettre n ne fe prononce point dans le pluriel des verbes, il faut cependant l'y placer, parce que c'eft un ufage général, comme on en doit juger par ces mots, ils penfent, elles difent, &c.

Il faut remarquer qu'on double cette lettre dans plufieurs mots François, où fuivant l'étymologie elle devroit être fimple comme en ceux-ci, perfonne, couronne, qui font imités des Latins, perfona corona, &c. La raifon de ces doubles nn, eft que ces pénultiemes fyllabes font breves en François. Les exemples de cet abrégement de fyllabes font trèsfréquents..

Au contraire on retranche l'n de quantité de mots où elle doit doubler fuivant l'ufage, & dans lefquels les partifans de la nouveauté n'en veulent qu'une. Voyez à ce fujet mes Remarques fur les terminaisons ci-après, aux Adjectifs & aux Adverbes.

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Voyez les Remarques fur cette lettre, ci-deffus aux Ac

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Nous avons plufieurs mots dont on a retranché cette lettre, fans aucune autre raison que parce qu'elle n'y fonne pas. J'ai fait voir en plufieurs endroits que ce prétexte n'est pas recevable, en voici encore une preuve convaincante. Tous les Savants & l'Académie écrivent foul, fatur; cependant on ne prononce que fou, la lettre / ne fe fait point entendre. Cette raison n'eft donc pas fuffifante pour autorifer le retranchement que font quelques Modernes de la lettre p dans les mots temps, appeller, fuppofer, fept, feptieme, apprendre, pouppe & femblables, qui tirent leur origine du Latin. Richelet eft le premier qui ait inventé cette maniere d'écrire; mais il me femble que l'étymologie doit l'emporter fur le caprice.

Je remarque au contraire que la plupart des Auteurs admettent le .P dans plufieurs mots où il ne devroit pas avoir d'entrée ils écrivent dompter, exempt, exempter, exemp tion, feptier, &c. contre la prononciation & l'étymologie de ces mots, dont je prie le Lecteur de lire les Remarques particulieres dans leur ordre alphabétique.

Quel parti prendre dans une contrariété fi bizarre ? Le voici. Il faut avoir recours à la racine des mots, & fe conformer, autant qu'il eft poffible, à l'Orthographe de la Langue dont ils font dérivés. Ainfi pour imiter les Latins dans ceux qu'ils nous ont appris, il faut à leur exemple doubler lep dans les mots compofés des prépofitions à & fuper, comme apparoître & fupplanter, qui font dérivés de parere, plantare, & femblablement les autres. Voyez ci-dessus les Remarques des lettres B & C.

DE LA LETTRE Q.

Cette lettre n'a rien de particulier qui foit digne de remar

que, fi ce n'est qu'elle ne fe met jamais au commencement ni au milieu d'un mot, qu'elle ne foit fuivie d'un u. A la fin d'un mot elle emprunte le fon du c, comme on le voit dans le mot coq.

DE LA LETTRE R.

clorre

Nos Modernes, comme Richelet & quelques-autres, ont jugé à propos de retrancher une r du mot Mercredi. Au contraire, on trouve dans leurs Dictionnaires clorre avec deux rr, fans aucune raison; ce qui me donne lieu de faire la réflexion fuivante. Ces Meffieurs ont dû confulter la prononciation ou l'étymologie. S'ils ont eu égard à la prononciation, ils font blâmables d'avoir écrit avec deux rr conclurre, charrette, charroi, charrue, carroffe, &c. puifqu'il ne fonne qu'une r dans tous ces mots. S'ils ont eu égard à l'étymologie, ils ont également tort de ne fouffrir qu'une feuler dans le mot chariot, puifqu'il tire auffi-bien que charrette, fon origine du Latin carruca. D'où il eft aifé de conclure qu'on devroit écrire charriot, puifqu on écrit charrette & charrier; mais la coutume d'écrire chariot a paffé en usage contre l'étymologie.

On m'objectera peut-être que ces Meffieurs ont fuivi l'ufage. Pour y répondre par avance, je dis que lorfqu'on doute d'un mot, on a recours à un Dictionnaire; mais ce ne font pas des Dictionnaires particuliers qui doivent former un ufage, parce que les Auteurs n'y fuivent ordinairement que leur propre goût, qui n'eft pas toujours le plus für ni le plus fuivi. Le feul Dictionnaire auquel on puiffe s'en rapporter, eft celui de l'Académie ; & quand il y a des doutes fur l'Orthographe de quelques mots, la regle de l'étymologie eft celle qui doit avoir la préférence.

Par cette même raifon on doit doubler la lettrer dans les mots arranger, arrenter & femblables; parce qu'ils font compofés de rang & rente, & de la prépofition à, qui a la vertu de faire doubler la lettre initiale du fimple dans le compofé, comme je l'ai fait voir ci-deffus aux lettres B,€, & ailleurs.

DE LA LETTRE S.

Cette lettre a été retranchée de quantité de mots dans lefquels elle a été remplacée par le Circonflexe & l'Aigu comme on peut le voir ci-deffus aux Accents. Mais outre cette

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