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parce que dans ces mots oie, aie & uie ne forment qu'une feule fyllabe. J'en attefte tous les Poëtes.

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On ne doit donc pas écrire foy, loy, moy, Roy, foy toy, delay, effay, ennuy, aujourd'huy, & femblables puifque ces diphthongues oi ai & ui ne forment pareillement qu'une feule fyllabe. D'ailleurs le pluriel & le fingulier ne doivent être différenciés que par la finale. Or il eft certain qu'on écrit au pluriel, loix, Rois, délais, effais, ennuis, &c. par conféquent on doit écrire le fingulier avec un i ; & c'est l'ufage de nos meilleurs Auteurs modernes.

Il y a cependant quelques mots à excepter; favoir, y ibi, yeux, où l'y fe trouve placé par le feul caprice de l'usage, auquel il faut obéir quand il eft général. A l'égard des mots, ivoire, ivraie, ivre, & fes dérivés, il faut les écrire fans Voyez-en la raifon dans l'ordre alphabétique; l'ufage de les écrire autrement eft trop ridicule pour s'y conformer.

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Il faut encore obferver que dans la premiere & feconde perfonne du pluriel de l'imparfait de l'Indicatif, & du préfent du Subjonctif des verbes qui ont un y avant la fyllabe ant du participe actif, on ajoute un i après l'y. Ainfi envoyer, dont le participe eft envoyant, fait, nous envoyions, vous envoyiez; fuyant, nous fuyions, vous fuyiez; croyant, nous croyions vous croyiez, &c.

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Il ne faut confulter que l'oreille pour fentir la différence de ces mots, fugimus, nous fuyons; fugiebamus, nous fuyions; videmus nous voyons; videbamus; nous voyions; credimus, nous croyons; credebamus nous croyions, & ainfi des autres. Voyez là-deffus la Grammaire de M. Restaut, qui penfe que par la même raison on doit écrire que nous ayions, que vous ayiez, &c.

DE LA LETTRE Z.

Cette lettre ne doit être admise en François que dans les mots dérivés du Grec ou du Latin, comme topaze, & femblables; & dans la feconde perfonne des verbes au pluriel, comme vous aimez, vous devez, vous lifez, &c. nonfeulement au préfent de l'Indicatif, mais encore dans tous les autres temps & modes.

Je n'excepte de cette regle, qui devroit être générale que les mots nex, nafus, chez & affez, par pure complaifance pour l'ufage, qui autorife en ces mots la lettre

f.

Pour ce qui eft des verbes catéchifer, évangélifer, garga rifer, thefaurifer, tympanifer, & femblables, ils font écrits avec tant de variété chez les Auteurs, qu'on ne fait prefque à quoi s'en tenir. J'aurai foin de marquer les différentes manieres dont ils fe trouvent écrits & chacun fuivra le parti qu'il jugera à propos. Je dirai feulement en paffsant, que fi l'on a égard à l'étymologie de la plupart de ces mots, on trouvera qu'ils doivent être écrits avec un ; & fi l'on fuit l'ufage on les écrira avec une f. Si l'on me demande mon avis fur le choix qu'on doit faire : voici celui qui me paroît le plus raisonnable.

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L'étymologie des mots qui nous viennent du Grec ou du Latin, ne peut changer, parce que ces deux Langues originales font mortes. Au contraire le goût de l'homme est toujours variable; car, comme l'a dit M. Defpreaux il va du blanc au noir. C'est donc l'étymologie que nous devons choifir pour guide, & non pas l'ufage qui peut nous égarer à moins qu'il ne foit général. En fecond lieu, devons-nous rougir d'apprendre à écrire de ceux mêmes qui ont enrichi notre Langue? Que dis-je enrichi? Le Grec & le Latin ne font-ils pas la bafe du François ; & la plus grande partie de nos mots ne doivent-ils pas leur naiffance à ces deux Langues anciennes ? Qui pourra mieux que ces premiers Maîtres nous inftruire dans nos doutes fur l'Orthographe? Serace Richelet qui fe contrarie lui-même en mille endroits; ou les Auteurs des nouveaux Dictionnaires, comme Joubert & Danet, dont les Éditions font pleines de fautes ? C'est néanmoins fur leur autorité & fur celle des autres Auteurs mo

dernes qu'eft appuyé cet ufage fi refpecté, & cependant fi peu digne de l'être, lorfqu'il n'eft pas fondé fur la raison. Outre ces Remarques fur la lettre Z, voyez ci-deffus celles de la lettre S, & ci-après celles du Pluriel.

DU PLURIEL.

Le pluriel fe doit former fur le fingulier : c'eft une regle conftante dont on ne doit excepter que les irréguliers. Du nombre de ces derniers font les mots auftral, boréal, conjugal, fatal, filial, canonial, final, frugal, littéral, naval, Pafchal, pectoral, trivial, paftoral, & quelques autres adjectifs en al, qui n'ont point de mafculin pluriel quoiqu'ils aient un féminin, comme on peut le voir par ces exemples; terres auftrales, heures canoniales, fatales, chan

fons triviales, paftorales, &c. Le mot carnaval, quoique fubftantif, n'a pas de pluriel.

Cependant régulièrement les Subftantifs & Adjectifs en al font aux au pluriel : ainfi cheval, mal, brutal, &c. veulent au pluriel chevaux maux brutaux, &c. De cette regle on ne doit excepter que ces deux Subftantifs, bal & régal, qui au pluriel font bals & régals.

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Les mots terminés en ail, prennent pareillement aux au pluriel: Exemp. travail, émail, font travaux, émaux. Mais cette regle n'eft pas générale; car il y en a qui prennent fimplement une s au pluriel, comme mail, camail, attirail. ferrail, détail, portail, éventail, qui font au pluriel mails, camails, &c. & enfin il y en a d'autres qui n'ont point du tout de pluriel, comme bercail & poitrail.

Les noms terminés en au & en eu au fingulier, prennent ordinairement un x au pluriel, comme beau, Château, &c. qui font beaux, Châteaux, &c. feu, vau, &c. font feux vaux, &c. De cette regle on ne doit excepter que bleu ? qui veut bleus au pluriel. On trouve aveus dans la plupart des Livres, mais aveux me paroît plus régulier avec un x.

autrement

A l'égard des mots terminés par un e fimple ou muet, il eft certain que le pluriel fe forme en ajoutant une s après la finale du fingulier. Ainfi les mots fyllabe, complice, garde, année, Pontife, gage, & femblables, font au pluriel, fyllabes, complices, gardes, années, Pontifes, gages, &c. cela eft fans controverfe; mais on n'eft pas bien d'accord fur le pluriel des mots terminés par un éclair dité Aigu. Quelques Auteurs veulent au pluriel, qualitez, alliez, Abbez, tuez, & généralement tous les mots qui ont leur terminailon en é Aigu au fingulier, ce qui eft une faute que l'Auteur de l'Officina Latinitatis, & plufieurs autres Savants ont remarquée, & dans laquelle on ne tomberoit pas, fi l'on faifoit la réflexion fuivante.

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Les féminins des adjectifs mafculins terminés par un éclair fe forment en ajoutant un e fimple après la finale du mafculin. Exemple, embourbé fait embourbée au féminin; enfoncé, enfoncée; lardé, lardée, & ainfi les autres. Or il eft certain que tous ces féminins prennent une s au pluriel pour finale; par conféquent le mafculin pluriel en doit prendre auffi une, non-feulemeut pour conferver le rapport qui doit se trouver entre le masculin & le féminin, mais encore pour fatisfaire à la regle générale, qui veut que le pluriel foit formé fur le fingulier en y ajoutant une finale, comme on le

verra ci-après. En effet il n'y a prefque que les mots termi→ nés par une diphthongue qui prennent un x au pluriel, encore y en a-t-il qui veulent une s

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par

Les terminés en i & en u & ceux qui le font les con→ fonnes b, c, d, f, g;

h m n, p, q,

و

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&r,

prennent une s au pluriel. En voici des exemples: Fleuri fait fleuris; vertu, vertus; plomb, plombs; fac, facs; lourd, lourds; clef, clefs; long, longs; almanach, almanachs; parfum, parfums; examen examens; loup, loups; coq, coqs ; & dur, durs, &c.

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Ceux qui font terminés en prennent pareillement une s au pluriel, comme cruel, cruels; pareil, pareils; fubtil fubtils, &c. On doit cependant excepter Ciel & ail, qui veulent au pluriel Cieux, yeux, quoiqu'on dife ails de bœuf, ciels de lit. L'Académie & le P. Buffier écrivent arc-enciels ; mais il me femble qu'on devroit plutôt écrire arcs-enciel, parce qu'on y peut voir plufieurs arcs, quoiqu'il n'y ait qu'un feul Ciel visible.

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Pour ce qui eft des mots terminés en s & en x ils ne changent rien au pluriel mafculin, comme on en peut juger par ceux-ci, épars & curieux, bois & voix divers, gros, gras, roux, & femblables, qu'on écrit au pluriel comme au fingulier.

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& ut,

A l'égard de ceux qui font terminés en t ils méritent une attention plus particuliere, pour connoître le caprice de l'ufage & l'irrégularité des Écrivains. Il y a des mots terminés en at, et, it ot, comme plat, fujet, maudit, dévot, attribut, & femblables, dont le pluriel fe forme, en ajoutant une s après la finale du fingulier. Tous les Auteurs en conviennent. Il y en a d'autres qui font terminés en êt, comme refpect, fuspect, &c. d'autres en pt, comme prompt &c. d'autres en rt comme part, ouvert, fort, &c. dont le pluriel fe forme pareillement en ajoutant une s après la finale du fingulier : cela eft encore général & fans difficulté.

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Enfin il y a des mots terminés en ant, ent int ont & unt, comme enfant, content, faint, pont, défunt, & mille autres femblables. Il eft indubitable que les mots terminés en int ont & unt. doivent prendre une s au pluriel après la finale du fingulier; & par conféquent qu'on doit écrire faints, ponts, défunts; & ainfi leurs femblables. Toute la difficulté roule donc fur les mots en ant & en ent.

Danet dans fon Dictionnaire François dit que les mots :

qui finiffent en ant ou ent au fingulier, prennent au pluriel une s au lieu du t final, & qu'ainfi fentiment fait fentimens au pluriel.

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Il faut convenir que cette Orthographe est très-ancienne, comme on le voit par une Grammaire Françoife imprimée à Orleans en 1618, & donnée par Charles Maupas Bloisien. J'ai cependant remarqué qu'on trouve dans tous les meilleurs Livres les mots dents, lents, vents, & quelques-autres avec un t & une s au pluriel. MM. de l'Académie dans leur Dictionnaire confervent encore le t dans plusieurs autres mots, comme différents, & quelques autres. C'eft fur ce modele que les Écrivains de la Chancellerie & les Imprimeurs du Louvre se reglent dans l'Orthographe des Édits, Déclarations & Arrêts du Confeil. J'ofe cependant leur reprocher aux uns comme aux autres, de n'être pas réguliers; car ils admettent le t dans plufieurs mots au pluriel, & le retranchent de quantité d'autres de la même terminaison : irrégularité dans laquelle ils ne tomberoient pas, s'ils faifoient attention à ce que dit l'Auteur de l'Officina Latinitatis dans fon petit Traité de l'Orthographe, où il foutient que le pluriel fe fait du fingulier en y ajoutant une s; ce qui eft très-véritable, & conforme au fentiment de M. Restaut.

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On m'objectera fans doute que l'ufage veut qu'on écrive aujourd'hui de la forte, & que cet ufage eft fondé fur ce que le t ne fe prononce point dans ces mots. Examinons ces deux raisons.

A l'égard de l'ufage, j'ai dit en plufieurs endroits, qu'on doit le refpecter quand il eft général; mais ne l'étant pas cet égard, comme je viens de le prouver, on ne doit pas lui obéir aveuglément.

Pour ce qui eft de l'autre raison, je conviens que le t ne fe prononce point au pluriel des mots terminés en ant & ent; mais cela n'en autorife pas la fuppreffion. Il ne fe prononce pas davantage dans les mots déferts, parts, forts, faints, points, ponts, attributs, attraits, & mille autres où tous les Savants l'admettent. Par conféquent il faut convenir qu'on doit le placer dans les uns comme dans les autres, ou qu'on doit le retrancher de tous également: Abfurdum confequens, ergo & antecedens.

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On prétend que les mots en ant & ent ne doivent confer ver le au pluriel que quand ils font d'une feule fyllabe comme dans gants cents, dents, lents vents, Mais on n'apperçoit rien de folide dans cette raison qui ne tend qu'à

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