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MAI 2.

SAINTE GUIBORAT, VIERGE, RECLUSE ET MARTYRE EN SUISSE; ET SAINTE RACHILDE

W.

fa Compagne.

IBORADE, vulgairement appellée Guiborat (a), étoit d'une ancienne famille de la Souabe, dans la haute Allemagne. Elle parut dès fes premieres années, finguliérement prévenue des graces du ciel. Ses parents admiroient fon éminente vertu, & lui laiffoient une liberté entiere de vaquer à tous fes exercices de religion. Ils lui accorderent encore la permiffion de vivre dans le célibat qu'elle leur avoit inftamment demandée.

Guiborat reffentit une grande joie lorfque fon frere Hitton entra dans l'état eccléfiaftique. A peine le vit-elle Prêtre, qu'elle fe retira chez lui, dans l'efpérance qu'elle y trouveroit encore plus de facilité pour fervir Dieu & le prochain. Rien n'étoit fi édifiant que le zele avec lequel le frere & la fœur fe portoient à la pratique de tout ce qu'il y a de plus parfait. Ils firent l'un & l'autre un pélerinage à Rome, afin de vifiter les tombeaux des faints Apôtres.

La Sainte parla fi fortement à fon frere des périls auxquels on eft expofé dans le monde, qu'il fe détermina à l'abandonner pour toujours. Il alla prendre l'habit dans l'Abbaye de faint Gal.

Guiborat refta dans le fiecle, mais fans en fuivre les maximes. Elle y macéroit fon corps par le moyen des abftinences, des veilles & des jeûnes.

(a) Les Allemands la nomment Weib-Rath,

Les épreuves auxquelles la calomnie mit fa fidétité, ne fervirent qu'à purifier de plus en plus MAI 2. les affections de fon cœur.

Ayant fait un voyage à l'Abbaye de faint Gal avec Salomon, Evêque de Conftance, elle réfolut de renoncer à fon ancienne demeure. Elle s'arrêta fur une montagne voifine de l'Abbaye, & se renferma dans une cellule bâtie près de l'Eglife de faint George. Les diftractions, occafionnées par les fréquentes vifites que lui attiroit fa vertu, lui infpirerent le deffein d'embraffer l'Inftitut des Reclufes.Ce fut l'Evêque de Conftance qui lui bénit une cellule près de l'Eglife de faint Magne, à quelque diftance de faint Gal, & qui fit la cérémonie de la renfermer. Ses miracles & fes prédictions rendirent fon nom bientôt célebre.

Elle fe fit amener une fille de qualité, nommée Rachilde, qui étoit attaquée d'une maladie qu'on jugeoit incurable. Elle la confola, & lui obtint de Dieu une parfaite guérifon. Rachilde, que fa mere fpirituelle avoit accoutumée aux exercices de la contemplation, mena auffi la vie d'une Reclufe.

Guiborat reçut encore Wendilgarde, petite-fille de Henri, Roi de Germanie, que l'on croyoit veuve, dans la perfuafion que le Comte Uldaric fon mari avoit été tué à la guerre. Celle-ci eut d'abord beaucoup de peine à fe faire aux auftérités de la vie qu'elle vouloit mener. A la fin pourtant, elle vint à bout de fe vaincre, & de pratiquer avec joie les plus rigoureufes mortifications. L'Evêque de Conftance lui donna le voile, & la confacra entiérement à Dieu. Cependant Uldaric, que l'on avoit fauffement cru mort, reparut lorfqu'on ne s'y attendoit point. Il avoit obtenu fa liberté des Hongrois ou Efclavons qui l'avoient fait prifon

niet. Les Evêques affemblés en Synode, décis MAI . derent que la profeffion religieufe ne devoit point empêcher qu'on ne lui rendit fa femme. Wendilgarde retourna donc dans le monde, promettant toutefois de garder fes vœux, fi elle furvivoit à fon mari. Elle mourut en couche d'un fils qui fut confacré à Dieu, & qui depuis devint Abbé de faint Gal.

Les Hongrois ayant recommencé leurs incurfions dans le pays, Guiborat ne voulut point prendre la fuite, comme on le lui confeilloit. Il lui en coûta la vie. Les Barbares, irrités de net point trouver d'argent chez elle, lui déchargerent fur la tête trois coups de hache, dont elle mourut le 2 Mai 925. Rachilde lui furvécut de 21 ans. Mais fa vie ne fut qu'une mort continuée par les maladies qu'elle eut à fouffrir. Les Reliques de ces deux Saintes furent dépofées dans l'Eglife de faint Magne. Sainte Guiborat eft nommée dans les Mar tyrologes d'Allemagne & dans le Bénédictin.

La Vie de fainte Guiborat fut écrite 33 ans après fa mort, par Hartman, Moine de faint Gal. Hépidanne, autre Moine de faint Gal, en donna une feconde plus ample, environ 100 ans après. Ces deux Vies ont été publiées avec des remarques par Henfchénius, & par Mabillon, Sec. 5, Ben. Voyez Baillet, &c.

111. JOUR DE MA 1.

L'INVENTION

OU LA DÉCOUVERTE DE LA SAINTE CROIX. Tiré de faint Cyrille de Jérufalem, Cat. 10. de faint Paulin, Ep. 31. p. 193. de faint Sulpice Severe, de faint Ambroife, de faint Chryfoftome de Rufin, de Théodoret, de Socrate & de Sozomene. Voyez Tillemont, fur fainte Hé lene, T. 7. p. 5.

voit pour

L'AN 326.

L'EGLISE jouiffoit d'une paix profonde fous la protection de l'Empereur Conftantin le Grand. MAI 3. Ce Prince, qui avoit triomphe de fes ennemis par le pouvoir miraculeux de la Croix, conferJésus-Chrift la plus vive reconnoiffance. De-là cet empreffement à marquer fa vénération pour les lieux où s'étoit opéré le falut du genre humain. Il forma même le projet de bâtir une Eglife magnifique dans la ville de Jérufalem, qui avoit été particulièrement honorée par la préfence, les inftructions & les miracles du Fils de Dieu.

Sainte Hélene, mere de ce Prince, avoit, comme lui, une grande dévotion pour les lieux faints. Ce fut pour la fatisfaire, qu'elle paffa dans la Palestine en 326, quoiqu'elle fût âgée de près de quatre vingt ans. A fon arrivée à Jérufalem, elle fe fentit animée d'un ardent défir de trouver la Croix fur laquelle Jésus-Chrift avoit fouffert pour nos péTome IV.

F

chés; mais rien ne défignoit où elle pouvoit être. MAI 3. La tradition même ne donnoit aucunes lumieres fur ce fujet.

Les Païens, en haine du Chriftianifme, avoient mis tout en œuvre pour dérober la connoiffance du lieu où le Corps du Sauveur avoit été enféveli. Non contents d'y avoir amaffé une grande quantité de pierres & de décombres, ils y avoient encore bâti un temple à Vénus, afin qu'il parût que les Fideles venoient honorer cette fauffe Divinité, lorsqu'ils alloient rendre leurs adorations à Jésus-Chrift. Ils avoient auffi profané le lieu où s'étoit accompli le myftere de la Réfurrection, en y élevant une ftatue de Jupiter, qui fubfista depuis le regne d'Adrien jufqu'à celui de Conftantin (a).

Hélene, réfolue de ne rien épargner pour réuffir dans fon pieux deffein, confulta les habitants de Jérufalem, & tous ceux dont elle pouvoit tirer quelque lumiere. On lui répondit que fi elle pouvoit découvrir le Sépulcre du Sauveur, elle ne manqueroit pas de trouver les inftruments de fon fupplice. En effet, c'étoit la coutume chez les Juifs de creufer une foffe auprès du lieu où le corps des perfonnes condamnées à mort étoit enterré & d'y jetter tout ce qui avoit fervi à leur exécution. Ces fortes de chofes étoient devenues un objet d'horreur, & l'on fe hâtoit d'en dérober la vue pour toujours.

La pieufe Impératrice fit auffi-tôt démolir le temple & abattre la ftatue de Vénus, ainfi que celle de Jupiter. On nettoya la place, & l'on fe mit à creufer. Enfin l'on trouva le faint Sépulcre. Il y avoit auprès trois Croix, avec les clous qui

(a) Nous apprenons ceci de faint Jérôme.

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