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Saint Paul, quoique fort favant d'ailleurs, préféroit à toutes les connoiffances celle de Jefus MAI 3. crucifié. Je n'ai point fait profeffion parmi vous, difoit-il aux Corinthiens, de favoir autre chose que Jefus-Chrift, & Jefus-Chrift crucifié ( 5 ). Chaque jour il tâchoit de fe perfectionner dans cette fublime connoiffance, qui étoit l'unique objet de fes défirs (n). Le même Apôtre s'écrioit dans un transport d'amour pour la Croix: A Dieu ne plaife que je me glorifie en autre chofe, qu'en la Croix de Notre Seigneur Jésus-Chrift (6)! Or fe glorifier en une chofe, c'eft l'aimer, c'eft l'eftimer, c'eft, felon faint Thomas, faire confifter en elle fa grandeur & fon bonheur.

LE MÊME JOUR.

SAINT ALEXANDRE, PAPE. SAINT

AINT Alexandre fuccéda au faint Pape Eva rifte en 109, & occupa le Saint Siege pendant. près de dix ans. Nous ne trouvons dans l'antiquité aucuns détails fur fa Vie. Il mourut en 119, & eft compté parmi les Martyrs dans le Canon de la Meffe. Il a auffi le titre de Martyr dans le Sacramentaire de faint Grégoire le Grand, dans l'ancien Calendrier, publié par le P. Fronteau & dans tous les anciens Martyrologes. On lui donne pour compagnons faint Evence & faint Théodule, qui fouffrirent avec lui ou du moins vers le même temps. Les corps de S. Alexandre, Pape, de faint Evence & de faint Théodule furent

(5) I. Cor. II. 2.

eft fcire Jefum crucifixum, S. Aug、 (n) Etfi hoc folum fciebat, Serm. 161. n. 3. nihil eft quod nesciebat. Magnum | (6) Gal. VI. 14.

enterrés fur la voie Nomentane. On les a depuis MAI 3. transportés dans l'Eglife de fainte Sabine, qui appartient aujourd'hui aux Dominicains. Fulrad, Abbé de S. Denis, obtint de Léon III, une partie des Reliques du Pape faint Alexandre, & les dé pofa dans le Monaftere de Liedre en Alface, qu'il avoit fondé en 770 (a).

Voyez les Bollandiftes, & Tillemont, T. 2.

SAINT JUVENAL, PREMIER ÉVÊQUE DE NARNI EN OMBRIE.

L'ANTIQUITÉ ne

ne fournit pas plus de lumieres fur la Vie de faint Juvenal, que fur celle de faint Alexandre. On croit qu'il occupa le Siege de Narni pendant environ fept ans, & qu'il mourut vers l'an 377. Saint Grégoire le Grand lui donne le titre de Martyr (1). Il est nommé en ce jour dans le Martyrologe Romain; mais on célebre fa Fête à Narni le 7 d'Août. Il s'eft fait plufieurs translations de fes Reliques. Voyez les Bollandiftes.

(a) Voyez M. l'Abbé Grandidier, Hift. de Strasbourg, T. 1. P. 429. & 431.

(1) Hom. 57. in Evang. & Dial l. 4. c. 12.

IV. JOUR DE MAI.

SAINTE MONIQUE,

V EU V E.

Tiré des Ecrits de faint Auguftin. Voyez Tille-
mont, T. 8. p. 455. & Berti, 1. de Rebus geftis
S. Aug. Venetiis, 1756, in Ap. de S. Monica.
L'AN 387.

L'ÉGLISE a eu de tout temps
a eu de tout temps une grande vé-
nération pour fainte Monique ; & cette vénéra- MAI 4.
tion eft principalement fondée fur ce qu'elle re-
connoît lui être redevable, après Dieu, de la
naiffance & de la converfion de faint Auguftin.

Monique naquit en 332, d'une famille où régnoient la piété & la crainte de Dieu. Elle fut élevée par une femme qui étoit depuis long-temps dans la maifon de fes parents, & qui par fa vertu avoit mérité que fes maîtres lui confiaffent l'éducation de leurs filles. La fage gouvernante avoit le plus grand foin de fes éleves. Elle leur infpiroit les maximes de la vraie piété, réprimoit les faillies de leurs paffions naiffantes, & les portoit, autant par fes exemples que par fes difcours, à l'amour du devoir & de la religion. La condefcendance qu'elle avoit pour la foibleffe de leur âge, ne dégénéroit point en cette molle complaifance qui fouffre & permet tout. Non-feulement elle leur faifoit obferver à table une exacte fobriété ; mais elle ne leur permettoit pas même de boire de l'eau, hors de leurs repas, quelque befoin qu'elles puffent prétexter. Elle leur rendoit ainfi

raison de fa conduite : « Vous ne boirez préfen MAI 4. tement que de l'eau, parce que le vin n'eft point » en votre difpofition. Mais quand vous ferez ma »riées, & que vous vous verrez les maîtreffes » de la cave, vous ne vous en tiendrez pas à l'eau, » & vous contracterez l'habitude de boire (1)». Malgré les précautions de fa gouvernante, la jeune Monique prit infenfiblement du goût pour le vin, comme elle l'avoua depuis à fon fils. C'étoit elle qu'on envoyoit ordinairement à la cave. Lorfqu'elle avoit puifé dans la cuve, elle portoit le vafe à fa bouche, avant de verfer la liqueur dans la bouteille, & en avaloit quelques gouttes. Ceci ne venoit pas d'un tempérament porté à l'ivrognerie c'étoit l'effet de la légèreté & de cette impétuofité qu'on a coutume de remarquer dans les enfants. Cependant la quantité de vin que prenoit Monique, augmentoit tous les jours, & l'averfion qu'elle avoit naturellement pour cette liqueur, diminuoit à proportion. Elle en vint jufqu'à aimer le vin, & à en boire avec plaifir toutes les fois que l'occafion s'en préfentoit. Cette intempérance étoit fort dangereufe, quoiqu'elle ne fût pas fuivie d'excès confidérables (a). Mais

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cement à ne jamais fe permettre des chofes qui peuvent avoir des fuites fâcheuses, quoiqu'elles paroiffent dans le commencement n'être que des bagatelles. Ce fut par l'effet d'une grace fpéciale que fainte Moni◄ qué ouvrit les yeux, avant que d'être fur le bord du précipice; & pour une perfonne qui s'eft cor rigée d'une femblable habitude, il y en a mille qui ne s'en corri

(a) Il y a vifiblement de la mauvaife foi à qualifier d'ivrognerie la faute que commettoit fainte Monique. Cela n'empêche pas qu'il ne foit vrai de dire qu'une pareille habitude, fi elle n'eft réprimée de bonne heure, conduira infenfiblement aux derniers excès. Le danger que courut une Sainte, doit rendre furtout les jeunes gens bien pré- geront jamais, & qui, après cautionnés, & les porter effica-javoir abruti leur raison, ruiné

Dieu veilloit fur fa fervante, & il fe fervit, pour la corriger, d'une querelle qu'elle eut avec une MAI 4 domeftique de la maifon. Celle-ci qui fuivoit ordinairement fa jeune maîtreffe à la cave, étoit inf truite de tout ce qui s'y paffoit; elle lui en fit de fanglants reproches, & alla même jusqu'à la traiter d'ivrogneffe. Monique, vivement piquée, rentra en elle-même, & fentit toute la honte du vice dont on l'accufoit. Elle prit une fincere ré folution de fe défaire de la mauvaise habitude qu'elle avoit contractée. Peu de temps après, elle reçut le Baptême, & elle vécut toujours de maniere qu'elle édifioit tous ceux qui la connoiffoient.

Lorsqu'elle fut en âge d'être mariée, fes parents lui firent époufer Patrice, Bourgeois de Tagafte, homme d'honneur, mais Païen de Reli gion. Elle eut toujours pour lui une foumiffion parfaite; elle l'honoroit comme fon Seigneur & fon Maître, & travailloit de toutes fes forces à le gagner à Jéfus Chrift. Le principal moyen qu'elle employoit pour le retirer de fes vices étoit une conduite irréprochable qu'elle foutenoit conftamment. Par-là, elle vint à bout de mériter l'eftime, l'amour & le refpect de fon mari. Elle fupportoit fes infidélités avec patience, fans jamais les lui reprocher avec amertume, efpérant toujours que Dieu auroit pitié de lui. En général, Patrice étoit d'un excellent caractere; mais en même temps il étoit violent & emporté. Lorfque Monique le voyoit en colere, elle obfervoit de ne le contredire, ni par fes actions ni par fes

fante. Voyez la note du savant
& judicieux Martene fur ce pas
fage de la derniere traduction

leur fanté & leur famille, per
dent leur ame pour l'éternité.
On ne tombe dans l'ivrognerie,
que pour avoir négligé les pre- françoife des Confeffions de
miers affauts d'une passion naif- faint Auguftin.
Tome IV.

G

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