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y sont mal distribués, soit enfin parce qu'une édition commencée plus tard à Paris, et déjà terminéc, dispensoit de recourir à une édition étrangère. L'équité ne nous permet pas de taire, que les éditeurs de Venise ont ajouté, sur les ouvrages par eux publiés, des remarques en petit nombre, mais la plupart justes. Nous avons adopté les plus intéressantes, et nous disons plus bas comment on les reconnoîtra.

L'édition de Paris est donc la seconde entreprise d'une collection générale. Il en parut d'abord de 1743 à 1747, douze volumes in-4.o, par les soins d'un estimable éditeur, l'abbé Gabriel - LouisCalabre Pérau. Un autre éditeur non moins habile, Charles-François Le Roi, publia en 1745 la Défense de la Déclaration du clergé, en latin, telle que Bossuet l'avoit écrite, et l'accompagna d'une version française de sa façon : le tout formant cinq volumes in-4°. Enfin le même C. F. Le Roi fit paroître en 1753, sous le titre d'OEuvres posthumes, trois nouveaux volumes, servant de supplément aux dix-sept qui avoient précédé. Ces éditeurs avoient eu la communication des manuscrits de Bossuet, et malgré quelques négligences et quelques fautes réelles, trop sévèrement reprochées au premier, on peut dire en général, qu'ils ont rempli leur tâche avec intelligence et fidélité.

Telle est l'édition de Paris, formant vingt volumes in-4°. Belle, correcte, dirigée par des personnes de mérite, elle fut parfaitement accueillie; et devenue moins commune par le laps de soixante années, elle est aujourd'hui d'un fort grand prix.

Nous devons observer ici, pour les bibliophiles, que les douze premiers volumes ayant été rapidement enlevés, on les réimprima dans le cours des années 1747, 1748 et 1749, et que cette réimpression se distingue de la première, non-sculement par les dates et par de légers changemens dans quelques préfaces, mais par le papier, qui est moins beau, et par les incorrections, qui, dans plusieurs volumes, sont très-multipliées.

Nous dirons encore, que cette première édition de Paris a été contrefaite in-8.° à Avignon, sous le nom de Liége, en 1766 et 1768: et qu'au vingtdeuxième et dernier volume de cette contrefaçon, le libraire a ajouté la Vie de Bossuet, par Burigny, et une table par chapitres des Traités contenus dans chacun des volumes.

Les manuscrits de Bossuet, après la mort de ses neveu et arrière-neveu, ayant été remis entre les mains des Bénédictins des Blancs - Manteaux, et de quelques ecclésiastiques qui leur étoient associés, ces messieurs y trouvèrent une grande quantité de pièces inédites, qu'ils crurent dignes de l'intérêt

public, et formèrent en conséquence le projet de donner une édition beaucoup plus ample et plus complète, que celle de messieurs Pérau et Le Roi: c'est la troisième entreprise de ce genre.

L'abbé Charles Le Queux et dom Jean-Pierre Déforis, nous paroissent en avoir partagé seuls tout le travail. Le premier avoit déjà donné de bonnes éditions de quelques ouvrages particuliers de Bossuet, de l'Exposition de la Doctrine de l'Eglise catholique, 1761, in-12: des Oraisons funèbres, 1762, in-12; il avoit encore préparé celle de l'Histoire des Variations, qui ne parut qu'en 1772, par les soins de C. F. Le Roi, cinq volumes in-12. Mais dès que le plan d'une édition générale fut arrêté, l'abbé Le Queux s'y livra avec un zèle qui peut-être abrégea ses jours; il en distribua le prospectus en 1766, et mourut en 1768. La partie bien importante du travail qu'il avoit préférée, étoit la révision des ouvrages imprimés, leur collation avec les manuscrits originaux, et la rectification de tout ce qui s'y trouvoit corrigé de la main de Bossuet. On doit regretter qu'il n'ait pas achevé cette révision comme il l'avoit commencée; car, dans l'examen que nous avons fait de ce qu'il avoit ainsi préparé, nous n'avons pu qu'applaudir à son exactitude.

Son collaborateur, dom Déforis, s'étoit chargé pour sa part, de déblayer les manuscrits non en

core publiés. Les précédens éditeurs, avoient cru devoir négliger une prodigieuse quantité d'esquisses de sermons trouvées dans les papiers de Bossuet: on sait qu'en effet il n'en écrivit d'entiers, que dans les premiers temps de sa carrière apostolique, et qu'il s'habitua, dans la suite, à les improviser. Ils avoient cru devoir négliger de même d'immenses porte-feuilles remplis de lettres, soit par lui, soit à lui écrites, et qui étoient l'ensemble de ses diverses correspondances. Dom Déforis, ayant affronté la lecture de tous ces papiers, n'en jugea pas conime eux : il rangea, dans un ordre méthodique, les canevas de Sermons; les Lettres, par ordre de dates; et, sans égard pour la distribution générale, il se hâta de les publier.

Par la mort de l'abbé Le Queux, il étoit resté seul éditeur. Cet abbé, comme nous l'avons dit, avoit revu, corrigé et disposé pour cette édition, les principaux ouvrages déjà connus, et plusieurs fois imprimés. Son plan étoit qu'ils fussent distribués en différentes classes: d'abord les traités sur l'Ecriture sainte, à raison de la dignité de la matière: ensuite ceux de controverse, etc. On trouve ce plan tracé à la fin de son édition des Oraisons funèbres. Dom Déforis, n'étant plus gêné par cet associé, publia d'abord trois volumes sur l'Ecriture sainte; puis, impatient de mettre au jour son propre travail, il les fit suivre immédiatement de douze volumes de Sermons et de Lettres.

Nous supposons ici que le triage des sermons lui appartient, contre l'opinion de plusieurs personnes instruites, qui en font honneur à son confrère dom Hippolyte-Augustin de Coniac. Ce qui nous décide en faveur du premier, c'est le silence de l'historien des écrivains de la congrégation de Saint-Maur, de dom Tassin: qui, dans l'énumération des ouvrages de dom de Coniac, ne dit point qu'il se soit occupé des sermons; c'est surtout le silence de dom Déforis lui-même, qui, nous apprenant que l'abbé de la Motte, ancien grand vicaire de Troyes, avoit commencé à les débrouiller, se seroit certainement fait scrupule de ne pas nommer dom de Coniac, si ce travail lui eût appartenu.

De très-bon cœur nous rendons justice à dom Déforis, et louons ce qu'il a fait d'utile; mais aussi nous ne pouvons pas entièrement dissimuler les reproches qu'il a mérités.

Sans doute on doit lui savoir gré de la publication des sermons, dans la plupart desquels, quoique simplement ébauchés, on trouve l'empreinte du génie de Bossuet, ses idées profondes, ses mouvemens d'inspiration, sa mâle éloquence: c'est un beau présent fait à la littérature et à la religion: ce sont des cartons de Raphael; mais on peut blâmer justement l'éditeur, d'avoir enflé ses volumes d'une multitude de fragmens répétés jusqu'à dix fois et presque dans les mêmes termes.

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