Études historiques et statistiques au point de vue du commerce et de l'industrie belges

et sociales de l'Amérique, il me restera un constraste bien frappant à retracer.

D'un côté, je montrerai le majestueux spectacle de fédération, d'assimilation, de développement continu que présente la grande République des États-Unis, œuvre immortelle de Georges Washington, de Benjamin Franklin, se perpétuant dans Abraham Lincoln et le général Grant; et, de l'autre côté, je déroulerai l'espèce de mosaïque offerte par les différentes colonies du nouveau monde, qui dépendent encore de divers États de l'Europe.

Ce sera comme une protestation contre la fameuse doctrine de James Monroe: « L'Amérique aux Américains. »

Toutefois, sans chercher à soulever le voile qui couvre l'avenir, sans aspirer au rôle de prophète, mais afin de compléter l'évocation du passé, aidant à comprendre, par ce qui a été, ce qui est, ce qui doit advenir, je tracerai un résumé des principaux voyages d'explorations et de découvertes se rapportant aux îles et au continent des deux Amériques.

Cette revue rétrospective, indispensable sous le rapport des progrès modernes et contemporains de la géographie, deviendra le trait-d'union entre l'ancien et le nouveau monde, qu'il ne suffit pas de relier par la navigation à voiles et à vapeur, et par le câble sous-marin qui court et se prolonge à travers les profondeurs de l'océan; il faut encore y joindre une chaîne vivante, dont les anneaux se personnifient dans autant de discubridores: Christoph Colomb, Améric Vespuce, Fernand de Magellan, Vasco Nunez de Balboa, P. Alvarez Cabral, Jean Cabot, Sir Walter Raleigh, Lewis, Clarke, Freeman, Pike, Quadra, van Couver, Parry, et leurs dignes successeurs jusqu'à nos jours, jusqu'à Châteaubriand et Alexandre de Humboldt.

Les conquistadores de la trempe de Fernand Cortès, de

Pizarre et d'Almagro, que je suis loin de comparer au vainqueur des Mexicains, bien d'autres encore auront leur place marquée dans cette revue rétrospective, malheureusement ternie par des flots de sang et par des monceaux de ruines car, au delà de la ligne, les peuples chrétiens et civilisés ne tenaient plus compte du droit des gens. Sur mer comme sur terre, la force brutale se substituait à l'humanité, à la justice. Mais, enfin a prévalu un système réparateur, manifesté par la commission arbitrale réunie à Genève, depuis le 15 juin 1872, pour l'affaire de l'Alabama.

Maintenant, pour revenir au but spécial de ces Études d'histoire et de statistique, écrites au point de vue de l'industrie et du commerce belges dans leur essor transocéanique, j'ai peu de chose à dire sur les derniers événements accomplis dans le groupe des cinq États de Guatemala, Costa-Rica, Nicaragua, Honduras, San-Salvador.

Je ne m'arrête point aux détails publiés par les journaux; je n'ai point à raconter les modifications qui viennent d'avoir lieu à Honduras, où le général don Juan Lopez a remplacé au pouvoir le président Médina.

Ce qui m'occupe avant tout, c'est l'ensemble des Républiques de l'Amérique centrale.

C'est surtout l'importance de leur esprit de concorde et d'union. Dieu a prodigué à ces belles et vastes contrées les dons les plus riches, les plus multipliés; ces dons, que la situation primitive des populations indigènes ne pouvait pas utiliser, la domination des rois d'Espagne ne sut pas en profiter dans le mutuel intérêt des colonies et de la métropole.

La liberté a mieux à faire; mais les Républiques, quoique émancipées, ne naissent pas adultes; elles ont à traverser une période plus ou moins longue de luttes et d'épreuves.

A l'Amérique latine à prouver qu'en brisant les liens qui

l'enchaînaient au vieux monde, elle sait, elle peut devenir l'arbitre de ses destinées, et marcher d'un pas ferme, sans s'interrompre ni se hâter, vers cette civilisation pacifique et meilleure, ne coûtant à l'humanité ni une goutte de sang, ni une seule larme.