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LE GRAND

VOCABULAIRE FRANÇOIS

PAR

ARALOGISME; fubftantif mafculin. Paralogifmus. Faux raifonnement. Tous ceux qui ont cherche la quadrature du cercle ont fait des paralogifmes. PARALYSIE; fubftantif féminin. Pa

ralyfis. Maladie qui confifte dans une privation ou diminution confidérable du fentiment & du mouve ment volontaire, ou de l'un des deux..

Lorfque cette maladie affecte tout le corps, on l'appelle paralyfie uni verfelle, & hémiplégie, lorfqu'elle n'affecte qu'un feul côté. Quelquefois elle n'attaque qu'une feule par tie, comme le bras, la jambe, les paupières, la langue, &c. On aura une jufte idée de la paralyfie, fi l'on examine avec quelque attention ce qui fe paffe dans les nerfs qui ont fouffert un certain degré de comTome XXI.

PAR

preffion on peut encore tirer bien des lumières des effets finguliers que produit fur nous ce poiffon de mer qu on nomme torpille, comme de quelques autres faits qui n'échappent point aux yeux des Médecins inftruits & attentifs.

La paralyfie eft rarement primitive; mais elle fuccède communément à l'apoplexie, quelquefois à l'épilepfie., & autres maladies convulfives, à la néphrétique violente, à la colique & à la dyffenterie, à la goutte & au rhumatifme: c'eft encore un produit de la vieilleffe, de l'affection hypochondriaque, fcorbutique & fcrophuleufe, de la cachexie & de la vérole; de l'épuifement, tant par les pertes de lang, que par celles de la femence; des vapeurs métalliques & furtout mercurielles; de l'ivrefle & du vin frelaté par la litharge, du long ufage

A

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du café.

L'hémiplégie, dont l'œil, la langue & la bouche fe reffentent communément & qui eft une espèce de paralyfie la plus commune, n'est pas beaucoup à craindre, lorfque la tête eft libre, & l'on peut vieillir dans cet état. La paralyfie univerfelle qui n'enlève pas bientôt les malades, peut durer long-temps: on augure bien du tremblement, du fourmillement, des picotemens & des douleurs qui fe font fentir aux membres paralytiques : on fonde encore quelque efpérance fur la fievre qui furvient à la paralyfie, provenant de l'apoplexie féreufe. Lorfqu'il n'y a que perte de mouve ment, ce qui eft affez familier aux hypochondriaques & aux fcorbutiques, la paralyfie eft moins à craindre & plus guériffable: celle qui a été précédée par l'apoplexie, ou toute autre affection du cerveau, eft la plus rebelle; celle qui occupe le bas-ventre & les parties inférieures, eft mortelle. La paralyfie ancienne deffèche les parties: il n'y a plus de guérifon à espérer pour les membres atrophiés & qui ont perdu beaucoup de leur chaleur naturelle. La paralyfie fe termine quelquefois par des convulfions, mais le plus fouvent par la gangrène, qui eft communément précédée par l'enflure de la partie; on doit encore

s'attendre à la gangrène dans la pa
ralyfie caufée par le froid. La réci-
dive de la maladie dont nous par-
lons, eft plus à craindre que la pre-
mière attaque, & rarement en a-
t-on une troisième. L'engourdiffe-
ment, dans les maladies aiguës, eft
un très mauvais figne, furtout fi la
tête est affectée: on a peu à crain-
dre de celui qui attaqué fouvent les
hypochondriaques & les hyftéri-
ques. Enfin la paralyfie de l'anus
& de la veffie eft regardée comme
mortelle.

La paralyfie au refte, fe diffipe
quelquefois, ainfi que l'apoplexie,
fans fecours; & comme il est très-
rare qu'on n'y faffe point de remè-
des, on ne manque jamais de leur
attribuer cet heureux événement:
on a même vu plufieurs fois que
la paralyfie contre laquelle on avoit
employé tout ce que l'art peut inf-
pirer, s'eft diffipée sur le champ par
une grande frayeur, par une colère
exceffive, ou toute autre paffion
vive & l'on n'en manque pas
d'exemples. Variola faifant la Mé-
decine à Arles, rapporte qu'un pa-
ralytique qui gardoit le lit depuis
plufieurs années, ayant appris que
le feu étoit à sa maison, en eut une
fi grande frayeur, qu'oubliant pour
ainfi dire fon état, il eut la force de
fortir brufquement de fon lit & de
fe
courir chez fes voifins, tant pour
dérober aux flammes, que pour leur
demander du fecours. Ce que racon-
te Bartholin n'eft pas moins fingu-
lier. Un muet fouffroit depuis long-
temps les mépris d'une femme qui
ne l'aimoit point. Il dévoroit fon
chagrin, lorfqu'en ayant été plus
maltraitée qu'à l'ordinaire, il fut fi
transporté de colère & de fureur,
que la langue fe délia, & il eut la
fatisfaction de vomir toutes les

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injures imaginables contre fon ennemie, qui en fut, comme on le penfe bien, un peu décon

certée.

Outre les remèdes généraux que les circonftances peuvent demander dans cette maladie, on recommande les fortifians, les céphaliques, les fudorifiques, les antifcorbutiques & les apéritifs: les remèdes les plus employés, pris dans toutes ces claffes, font la fauge, le ftoœchas, & la méliffe, la fleur de fouci, la camphrée, les baies de genièvre, le gaïac, l'aloës, les écreviffes, les cloportes & les vipères; le fuccin, les martiaux, le bézoard minéral, l'antimoine diaphorétique, l'aquila alba, & autres préparations mercurielles: l'eupatoire de Méfué, plante peu connue, & encore moins employée, mérite de l'être ; on donne tous les jours des remèdes qui ne valent pas celui-là. On doit ajouter aux remèdes internes la coloquinte dont Boerhaave faifoit beaucoup de cas, mais qu'il donnoit à très petite dofe, c'est-à-dire depuis la dixième partie d'un grain jufqu'à la fixième. On ne parle pas du ginfeng, trop rare parmi nous pour être employé. On recommande auffi beaucoup l'ufage, tart interne qu'externe, de la térébenthine de Chio, de celle de Venife, &c. mais on doit mettre au-deffus de tous les autres remèdes les eaux minérales

chaudes prifes tant intérieurement qu'employées en bain, en douches, &c. les plus fréquentées font celles de Bourbon-Lancy & Archambaut, de Vichy, de Bourbonne, du Mont-d'Or, de Balaruc, de Plombières, de Dignes, d'Aixla-Chapelle, de Bagnères, de Barège, &c. On recommande furtout les douches fur l'épine: on donne

la préférence à celles de BourbonLancy pour les paralyfies fcorbutiques. La paralyfie enfin qui a des intermiffions régulières, eft foumife au traitement des fièvres intermittentes.

Les remèdes externes ne doivent pas être négligés dans une maladie qui donne le temps de tout effayer. On peut faire ufage de l'application des animaux vivans ou nouvellement tués, de leur peau, tant qu'elle conferve fa chaleur; des linimens avec l'huile de pétrole, avec celle de laurier ou de fourmi, avec l'onguent martiatum & autres fortifians; des fomentations aromatiques & fpiritueufes; des frictions sèches, ou faites avec de l'efprit de vin canphré & autres liqueurs fpiritueufes; de la flagellation avec des orties, des finapifmes, des véficatoires, du féton & du cautère: on doit mettre au même rang les bains aromatiques & ceux de vapeur. On peut encore, au défaut des eaux Thermales, préparer un bain artificiel avec quatre livres de chaux vive & deux de foufre, qu'on fait bouillir dans la quantité convenable d'eau : le bain de fable & celui du marc des raifins; les feuilles d'iéble paffées au four, dont on enveloppe les parties, &c. font encore des topiques dont on a vu de bons effets. Il est important, pendant l'ufage de tous ces remèdes, de fe garantir du froid par des fourures ou par tout autre moyen. On a eu recours enfin à la machine électrique: il fembloit qu'on devoit tout attendre d'une commotion qui ne paroît épargner aucune partie; cependant il ne paroît pas jufqu'à préfent que le fuccès ait répondu à cette at

tente.

PARALYTIQUE; adjectif des

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deux genres. Paralyticus. Atteint de paralyfie. Son mari eft paralytique.

Il s'employe quelquefois fubftantivement. Le paralytique dont parle l'Evangile.

Les quatre premières fyllabes font brèves, & la cinquième trèsbrève.

rabole eft égal à quatre fois la diftance du foyer de la parabole au fommet, & le paramètre du grand axe d'une ellipfe eft la troisième proportionnelle au grand axe & au petit. PARAMMON; fubftantif mafculin & terme de Mythologie. Surnom de Mercure comme fils de Jupiter Ammon. Selon Paufanias, les Éléens lui faifoient des libations fous ce

nom.

PARAMÈSE; fubftantif féminin & terme de Musique ancienne. C'étoit chez les Grecs le nom de la première corde du tétracorde dié- | PARAMONAIRE; fubftantif mafcuzeugménon. Il faut se souvenir que le troisième tétracorde pouvoit être conjoint avec le fecond; alors fa première corde étoit la mèfe ou la quatrième corde du fecond, c'eftà-dire, que cette mèfe étoit commune aux deux.

Mais quand ce troisième tétracorde étoit disjoint, il commençoit par la corde appelée paramèse, laquelle au lieu de fe confondre avec la mèfe, fe trouvoit alors un ton plus haut, & ce ton faifoit la disjonction ou diftance entre la quatrième corde ou la plus aiguë du tétracorde mèfon, & la première ou la plus grave du tétracorde diézeugménon.

Paramèfe fignifie proche de la mèfe; parcequ'en effet la paramèse n'en étoit qu'à un ton de distance quoiqu'il y eût quelquefois une corde entre deux.

PARAMÈTRE; fubftantif mafculin

& terme de Géométrie. Parameter.
Il fignifie en général une ligne conf-
tante & invariable qui entre dans
l'équation ou dans la conftruction
d'une courbe. Il a d'ailleurs diffé-
rentes acceptions, felon les diffé-
rentes courbes auxquelles on l'ap-
plique. Ainsi le paramètre d'une pa

lin & terme d'antiquité eccléfiafti-
que. On appeloit ainfi autrefois ce-
lui qui tenoit à ferme les biens d'une
Églife.

PARANA; province de l'Amérique
méridionale, dans le Paraguay. Elle
eft ainfi appelée de la rivière qui
l'arrofe, le long de laquelle eft le
pays qu'on nomme la Terre de la
Miffion, ou la Conquête Spirituelle
des Jefuites. Il eft peuplé de bour-
gades d'Indiens qui étoient épars de
côté & d'autre & fort barbares. Ces
Pères les ont réunis & les ont fi
bien policés, qu'ils ont introduit
parmi eux une forme de républi-
que gouvernée par des Magiftrats
& des Officiers choifis parmi les
plus capables d'entre ces Indiens.
Ils leur ont affigné à chacun une
certaine quantité de terres à culti-
ver, & leur ont appris tous les mé-
tiers néceffaires à la vie. Ces In-
diens qu'on nomme Tapes ou
Tapas, font les meilleurs foldats
monde. Ils font
du nouveau
tributaires du Roi d'Efpagne ;
mais ils n'ont aucun commerce
avec les Espagnols, ni avec aucun
peuple d'Europe. Leurs mœurs trop
différentes des nôtres, fortifient
l'aversion naturelle qu'ils ont pour
nos lois. L'indépendance fait leurs

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