Images de page
PDF
ePub

la tranquillité des autres, ni qu'on troublat la sienne. Il fut heureux, autant qu'un ministre peut l'être. Il conserva dans l'âge le plus avancé, et dans les embarras des affaires, la sérénité et la gaieté de ses premières années. Jamais ministre n'a moins coûté à l'état. Il n'eut ni le faste de Richelieu, ni l'avidité de Mazarin. Tout son revenu n'alloit pas à cent mille livres. Il en employoit la moitié à faire du bien en secret, et l'antre étoit pour l'entretien d'une maison modique et d'une table sans profusion. Son ambition, plus adroite qu'impétueuse, née des circonstances plutôt que du caractère, sut se contenir dans les bornes les plus étroites. Le cardinal de Fleury étoit de l'académie Françoise, honoraire de celle des Sciences et des BellesLettres; il ne fit pas pourtant, pour les hommes à talens, tout ce qu'il auroit pu faire. Son âge et son caractère le portoient à penser qu'il n'y avoit plus en France d'hommes de génie, et que quand même il y en auroit, on pouvoit s'en passer. - Dans la Vie du maréchal de Fillars, écrite par lui-même, le cardinal de Fleury est représenté comme une tête saine plutôt que forte; comme un courtisan souple, sans énergie dans le caractère, sans attachechement sincère pour l'état, et beaucoup plus propre à concilier des cabales de cour, qu'à veiller sur les intérêts politiques de la monarchie. Il raconte qu'un jour dans le conseil, le cardinal ayant dit que les ministres ne devoient compte qu'au roi de leur conduite, il lui répondit : Ils en doivent une plus sévère à Dieu et à leur propre gloire. Ce portrait, tracé par Villars, est un peu différent de celui que nous avons

fait de Fleury dans cet article. Mais la rigueur qu'il a exercée contre ce ministre, prit vraisemblablement sa source dans le refus qu'il fit d'employer les me→ sures vigoureuses proposées par le maréchal : mesures qui auroient replongé la France dans une guerre d'autant plus fàcheuse que ses finances étoient épuisées. Dans l'état de désordre où les profusions de Louis XIV, et les opérations de la régence, avoient jeté les ressources du gouvernement et des particuliers, il fut heureux que l'humeur pacifique de Fleury balançât l'impétuosité belliqueuse de Villars. Ši le cardinal avoit été cru, il auroit aussi épargné à la France la guerre de 1741. Il disoit que le roi ayant, par les préliminaires de la paix signés le 3 octobre 1735, garantí l'exécution de la pragmatique sanction, qui assuroit à la reine de Hongrie l'indivisibilité des états de l'empereur la France devoit être fidelle à ses engagemens. Il fut entraîné au-delà de ses desirs par les sollicitations du roi et de la reine d'Espagne, et par les importunités continuelles des principaux scigneurs de la cour, et sur-tout du comte de Belle--Isle, qui attendoit, ainsi que les autres, son avancement de la guerre. Voyez III. FouQUET. Enfin, les ennemis du cardinal de Fleury lui ont reproché d'avoir favorisé les premiers penchans qui détachèrent Louis XV de la reine. Mais les gens instruits savent que, loin d'avoir formé ces nœuds, il osa faire des remontrances au roi, qui lui répondit: Je vous ai abandonné la conduite de mon royaume, j'espère que vous me laisserez maître de la mienne. Marie de FLEURY, sœur du cardinal, et épouse de

Bernardin de Rosset, eut un fils déclaré duo de Fleury en 1736, mort en 1748, et dont la posté

rité subsiste.

III. FLEURY, (François Thomas) avocat de Paris sa patrie, se fit moins connoître au barreau que dans la société. Il y portoit une humeur gaie et un caractère indulgent. Ses Folies ou Poésies diverses, 1760, in-12, ses Chansons maçonnes, ne prouvent pas beaucoup d'imagination poétique; mais elles décèlent dans l'auteur, un esprit naturel et agréable, qui devient tous les jours plus rare. Il travailla pour l'opéra comique, et il faisoit facilement les chansons de société: On a encore de lui le Dictionnaire de l'ordre de la Félicité, in-8.o Il mourut en 1775.

IV. FLEURY, (N.) mort en 1746, a donné à l'Opéra Bi→ blis et le Ballet des Géniés.

V. FLEURY-TERNAL, (Charles) né à Thein en Dauphiné, le 29 janvier 1692, se fit Jésuite, et professa long-temps avec distinction. Il mourut vers 1750, après avoir publié une Histoire du cardinal de Tournon, et une Vie de St. Bernard, 1728,

in - 12.

VI. FLEURY, ( Jean-OmerJoly de) mort le 25 novembre 1755, fut chanoine de la cathé drale de Paris. Il publia, en 17465 un ouvrage de piété qui a eu du succès, et qui est intitulé Science du Salut, tirée des Essais de Morale de Nicole.

parens l'ayant mis chez un peintre, il fit, dans cet art, des progrès rapides. Lorsqu'il se vit en état de travailler seul, il alla à Amsterdam. Le goût général étoit alors pour la manière de Rembrant. Flink se mit, pendant un an sous la direction de ce fameux peintre. On assure qu'il ne fallut pas plus de temps pour

FLINK, (Godefroi) peintre, né à Clèves en 1616, eut, des, sa plus tendre jeunesse, une forte inclination pour le dessin. Ses

[ocr errors]

que

l'élève imitat parfaitement le maitre. Il abandonna ensuite sa manière, pour prendre celle des Italiens qu'il saisit parfaitement. Les ouvrages qu'il fit depuis, lui acquirent une si grande estime, que les bourgmestres d'Amsterdamle choisirent, préférablement à tout autre, pour faire hut grands Tableaux historiques, et quatre de moindre grandeur. Il mourut au milieti de ce travail, le 22 décembre 1660, àgé seulement de 44 ans.

[blocks in formation]

Italie

3

et tout à la fois se plaignant de ges ennemis devant Grétri; celui-ci lui dit : « Je ne vous conseille pas d'avoir un second succès; car vous verrez qu'ils vous empoisonneront comme Fergolèze.» Flocquet qui prit au sé rieux cette plaisanterie et qui la répétoit avec complaisance, se mit à l'abri de la prédiction. Malgré un voyage qu'il fit en aux frais de M. de Maillebois pour y perfectionner ses talens, Azolan, Hellé et la Nouvelle Omphale qu'il fit représenter à son retour, n'eurent qu'un succès médiocre. Le Seigneur bienfaisant fut plus généralement applaudi. Mais un tableau de vendanges, la vue d'un embrasement produit par la foudre assurèrent plus la réussite de cette pièce que ses vers et sa musique. Une Chaconne brillante et expressive, due à Flocquet, lui mérita plus de renommée que la plupart de ses autres compositions. M. de Saint-Marc, ayant retouché l'Alceste de Quinault, lui avoit confié cette pièce pour la mettre en musique, l'Opéra lui préféra l'Alceste de Gluck; cette espèce de réprobation le mit au tombeau. Trop avide de gloire, Flocquet avoit d'excellentes qualités. Il fut bon fils, bon frère, bon ami. Il applaudissoit même à ses ennemis. Les beautés de

l'ouvrage me font oublier, disoitil, la haine de l'auteur. Il portoit dans la société beaucoup de candeur et une gaieté franche et naïve.- Il ne faut pas le confondre avec un de ses compatriotes, Jacques - André FLOCQUET, ingénieur, mort en 1771, qui entreprit le canal de Provence, sur lequel il publia plusieurs Mémoires et Devis depnis 1742 jusqu'en 1752. Ce canal trouva des obstacles qu'on n'a

voit pas prévus: c'est le sort ofdinaire de ces sortes d'ouvrages. Mais s'il ruina quelques actionl'ennaires, il n'appauvrit pas trepreneur.

FLODOARD ou FRODOARD, historien, étoit originaire d'Epernai. Il demeura long – temps dans le clergé de Rheims, où il posséda des bénéfices. Il les quitta ensuite pour embrasser la vie religieuse dans un monastère près de Rheims, où il mourut en 966, à 73 ans. On croit qu'il en fut abbé; car on marque dans son épitaphe qu'il fut un Clerc chaste, un bon Heligieux et un meilleur Abbé. Nous avons de lui une Chronique et une Histoire de l'Eglise de Rheims. Sa Chronique, généralement estimée des savans, commence à l'année 919, et finit en 966. Filhou et Duchesne l'ont publiée. Son Histoire comprend toute la suite historique de l'église de Rheims, depuis sa fondation jusqu'en 949. La meilleure édition de cet ouvrage, curieux et intéressant pour les Rhémois, est celle de George Couvenier, in-8°, 1617. Flodoard étoit aussi poëte, et il composa en vers l'Histoire des Papes jusqu'à Léon VII, et les Triomphes de J. C. et des Saints, en dix-neuf livres. Il avoit été sur les rangs pour l'évêché de Noyon, et il fut affligé d'avoir manqué cette place. Adelgage, évêque de Brême, son ami, le consola par ces mots d'un Saint qu'il ne nomme point: Hélas! je serois peut-être du nombre des réprouvés, si j'avois été de celui des Evêques.

FLOID, (le Père) Jésuite, Voyez II. SMITZ.

FLONCEL, (Albert-François) né à Luxembourg en 1697,

censeur

avocat en parlement, royal de plusieurs académies d'Italie, s'est fait un nom par son amour pour la langue Italienne. Nommé secrétaire d'état de la principauté de Monaco en 1731, il joignit à cette charge celle de secrétaire des affaires étrangères en 1735, sous MM. Amelot et d'Argenson. Il fut enlevé aux lettres le 15 septembre 1773, à 76 ans. Sa bibliothèque, composée de huit mille articles de livres Italiens, a été vendue après sa mort Elle a donné lieu d'en faire un Catalogue curieux, 1774, 2 vol. in-4.0 Mad. Floncel,

Jeanne-Françoise de Lavau ) morte en 1764, à 49 ans, avoit traduit les deux premiers actes de l'Avocat Vénitien de M. Gol doni, 1760, in-12..

FLOOD, (Jean) Voyez GRIFFITH.

9

[ocr errors]

FLORA, fameuse courtisane fut tendrement aimée du grand Pompée, et ne voulut jamais répondre à la passion de Geminius. Il fallut que Pompée la priât de ne point le rebuter. Elle céda à ses prières; mais son premier amant, fâché, je ne sais par quelle bizarrerie de ce qu'elle s'étoit rendue à ses instances, ne voulut plus la voir. Cette perte plongea cette beauté dans une telle affliction, qu'elle en fut long-temps malade. Sur le déclin de son âge, elle prenoit plaisir à conter les favenrs qu'elle avoit reçues de Pompée. Cæcilius - Metellus la fit peindre, et consacra portrait dans le temple de Castor et Pollux.

Son

FLORE, (Mythol.) Déesse des fleurs, nommée chez les Latins FLORA, et chez les Grecs

[ocr errors]

CHLORIS, épousa Zephire, qui lui donna l'empire sur toutes les fleurs et la fit jouir d'un printemps perpétuel. Son culte passa des Grecs aux Sabins, et des Sabins aux Romains. On Ia représentoit ornée de guirlandes et couronnée de fleurs. Lactance raconte que Flore étoit une femme débauchée, qui, ayant amassé des richesses immenses, fit le peuple Romain son héritier, à condition qu'il feroit célébrer tous les ans, le jour de sa fête, des jeux en son honneur qui s'appelleroient Florales, Floraux. Dans la suite, le sénat réfléchissant sur l'origine de ces jeux, et voulant leur en donner une plus honorable, fit de Flore une Déesse, lui bâtit, un temple, et institua des fêtes qui se célébroient dans le mois de mai avec une licence si outrée, qu'on y faisoient paroître des courtisanes toutes nues aux yeux des spectateurs. Varron dément ce récit de Lactance, et soutient que les Sabins reconnoissoient Flore pour Déesse avant qu'ils vinssent s'établir à Rome; puissur le que leur roi Tatius, point de livrer bataille aux Romains, fit un vœu à cette divinité..

[blocks in formation]

rement Le travail est ma vie, et le jeu est ma mort. Il mourut en 1570, à 50 ans.

FLORENCE, (le Cardinal de) Voyez I. ZABARELLE.

I. FLORENT V, comte de Hollande, fils de Guillaume, roi des Romains, perdit son père dès son jeune âge. Livré à divers tuteurs, il y eut beaucoup de divisions dans son état. Dès qu'il put gouverner par lui-même, il fit la guerre aux Frisons rebelles. Ayant enlevé à un gentilhomme, nommé Gérard de Velsen, son épouse, il fut assassiné et percé de trente-deux coups d'épée par ce mari jaloux et irrité. Le meurtrier ayant été pris, fut conduit à Leyde, où on le mit dans un tonneau herissé de cloux. On le roula ainsi dans toute la ville, et il finit sa vie par ce cruel supplice. Florent mourut en 1296, après avoir régné quarante ans. Il laissa sept fils et quatre filles, (Voyez IV. GUILLAUME, et X. MARCUERITE) de Béatrix fille de Gui de Dampierre comte de Flandre, qu'il avoit épousée après la mort de sa première femme, de la maison de Chatillon.

[blocks in formation]

croît avoir souffert la mort pour la Foi vers 406.

FLORIAN, (Jean-Pierre CLARIS de) de l'académie Françoise et de plusieurs autres sociétés littéraires, lieutenant-colonel de cavalerie, naquit le six mars 1755, au château de Florian , près de Sauve dans les basses Cévennes, d'une famille noble et distinguée dans les armes. Il dut à Gilette de Salgue sa mère qui étoit Castillane d'origine, le goût très-vif qu'il montra tou→ jours pour la littérature espaguole, et cette tournure d'esprit qui semble tenir à l'ancienne chevalerie, et qui se trouve dans tous ses ouvrages; mais ce fut particulièrement à Ferney qu'il puisa l'amour de la poésie et des lettres, et qu'il reçut en quelque sorte sa première éducation. L'un de ses oncles avoit épousé une nièce de Voltaire; son père étoit aimé de cet écrivain célèbre ; il conduisit son fils auprès de lui, et l'auteur de la Henriade se plut à en cultiver les dispositions naturelles. Le jeune Fiorian ne quitta Ferney que pour entrer dans les pages du duc de Pen thièvre, qui bientôt après le nomma son gentilhomme ordinaire, et le plaça dans son régiment. D'Argental, ami de Voltaire, et qui se plaisoit à rassembler chez lui les hommes de lettres et les artistes en tout genre, avoit fait bàtir un petit théatre ; les premiers travaux littéraires de Florian lui furent consacrés. Il y sut donner au rôle ly d'arlequin une sensibilité, une finesse qu'il n'avoit pas eu jusqueslà. Ces petits drames, donnés ensuite au théâtre Italien, y res¬ suscitèrent le genre de pièces qui en avoit fait souvent la fortune,

« PrécédentContinuer »