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Edits de nos Rois, depuis 1270 jusqu'à la fin du XVIe siècle, temps où cet auteur florissoit ; en 4 vol. in-fol., Paris, 1611.

FONTE-MODERATA, dame Vénitienne, née en 1555, morte en 1592, à 37 ans, avoit une mémoire si heureuse, qu'elle répétoit mot pour mot un sermon, après l'avoir entendu une fois. On a delle divers ouvrages en vers et en prose. Les plus connus sont: Un éloge de son sexe, en vers, intitulé: Il merito delle Donne, imprimé à Venise, 1600, in-4o, et Il Floridoro, poëme en 13 chants imprimé dans la même ville en 1581 in-4. Fonte-Moderata est un surnom qu'elle s'etoit donné. Elle s'appeloit Modesto Pozzo, et étoit mariée à un gentilhomme Vénitien nommé Philippe Georgi. Sa Vie a été écrite par Nicolo Doglioni.

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II. FONTENAY, (PierreClaude) Jésuite, né à Paris en 1683, mort à la Flèche en 1742, continua l'Histoire de l'Eglise Gallicane après la mort du Père Longueval, et donna les Ixe et xe volumes de cet ouvrage. Son style est moins coulant et moins historique que celui de son confrère; mais on y voit un homme qui connoît son sujet. Ce Jésuite étoit d'un caractère trèshumain et très-affable; et il joignoit, dit le P. Berthier, à des manières faciles toutes les vertus de son état. Il avoit travaillé au Journal de Trévoux.

FONTENAY, Voyez

COLDORÉ.

༡.

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FONTENELLE (Bernard le Bovier de) naquit, le 11 février 1657, à Rouen, d'un père avocat et d'une mère sœur du grand Corneille. Cet enfant, desdit tiné à vivre près d'un siècle foiblesse le jour même de sa naisl'abbé Trublet, pensa mourir de sance. Le jeune Fontenelle fit Jésuites, qu'il a toujours aimés.. ses études à Rouen, chez les En rhétorique à 13 ans, il composa, pour le prix des Palinods, une pièce en vers latins, qui fut jugée digne d'être imprimée, mais non d'être couronnée. Il fit dans la suite le cas qu'il de→ voit de ses productions enfan→ tines. J'ai fait dans ma jeunesse, disoit-il un jour, des vers latins et grecs, aussi beaux que ceux d'Homère et de Virgile; vous jugez bien comment; c'est que je Les avois pris chez ces deux poëtes. Fontenelle passoit dès-lors pour un jeune homme accompli il l'étoit, et du côté du cœur, et

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du côté de l'esprit. Après sa physique, il fit son droit, fut reçu avocat, plaida une cause la perdit, et promit de ne plus plaider. 11 renonça au barreau pour la littérature et la philosophie, entre lesquelles il partagea sa vie. En 1674, à 17 ans, il vint à Paris; son nom déjà célèbre, l'y avoit précédé. Plusieurs pièces de vers, insérées dans le Mercure Galant, annoncèrent à la France un poëte aussi délicat que Voiture, mais plus chatié et plus pur. Fontenelle avoit à peine 20 ans, lorsqu'il fit une grande partie des opéra de Psyché et de Bellerophon, qui parurent en 1678 et 1679, sous le nom de Thomas Corneille son oncle. En 1681, il fit jouer sa tragédie d'Aspar. Elle ne réussit point; il en jugea comme le public, et jeta son manuscrit au feu. Ses Dialogues des Morts, publiés en 1683, reçurent un accueil beaucoup plus favorable. Ils offrent de la littérature et de la philosophie; mais l'une et l'autre trop parées des charmes du bel esprit. Il y a sans doute beaucoup de choses agreables et fines, mais tout, au moins autant de fausses et de futiles; et les personnages qu'il met en scène, sont si disparates, qu'ils semblent n'avoir eté choisis que pour débiter, sous leur nom des paradoxes subtils et souvent même ridicules. C'est ce que dit la Harpe. Cependant cet ouvrage commença la grande réputation de Fontenelle; les ouvrages suivans la confirmèrent, On rapportera le titre des principaux, suivant l'ordre chronologique. I, Lettres du Chevalier d'Her..., 1685. Elles sont pleines d'esprit, mais non pas de celui qu'il faudroit dans des lettres ;

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on sent trop qu'on a voulu y en mettre, et qu'elles sont le fruit d'une imagination froide et compassée, et d'une galanterie précieuse, et maniérée. II. Entretiens sur la pluralité des Mondes, 1686. C'est l'ouvrage le plus célèbre de Fontenelle, et un de ceux qui méritent le plus de l'être. On l'y trouve tout entier il y. est tout ce qu'il étoit, philosophe clair et profond, bel esprit fin, enjoué, galant, etc. Ce livre, dit l'auteur du Siècle de Louis XIV, fut le premier exemple de l'art délicat de répandre des graces jusque sur la philosophie: mais exemple dan¬ gereux, parce que la véritable parure de la philosophie est l'ordre, la clarté et sur-tout la vérité; et que, depuis cet ouvrage ingénieux, on n'a que trop souvent cherché à y substituer les pointes, les saillies, les faux ornemens. Ce qui pourra empêcher que la postérité ne mette les Mondes au rang de nos livres classiques, c'est qu'ils sont fondés en partie sur les chimériques tourbillons de Descartes. Quant au fond du systême de la pluralité des Mondes, plusieurs philosophes ne l'adoptent point: puisqu'il est prouvé, disent-ils, que ni l'homme, ni aucun animal connu ne sauroit subsister hors de la terre, qu'ils seroient brûlés dans Vénus et Mercure, glacés dans Jupiter et Saturne, que la lune n'a point d'atmosphère, ou du moins qu'elle est insuffisante à la respiration et à la vie des êtres terrestres, etc. Le grand argument de l'analogie ne subsiste plus, et toutes les conséquences qu'on en tire en faveur de la pluralité des mondes, sont anéanties. III. Histoire des Oracles, 1687 livre instructif

⚫t agréable, tiré de l'ennuyeuse compilation de Vandale, sur le même sujet. Cet ouvrage précis, méthodique, très-bien raisonné, et écrit avec moins de recherche que les autres productions de Fontenelle, a réuni les suffrages des philosophes et des gens de goût. « C'est une chose digne de remarque, dit un écrivain, que cette histoire, qui aujourd'hui seroit un ouvrage presque religieux, fut regardé lorsqu'il parut, comme un livre très-hardi. Mais cet ouvrage qui indique beaucoup plus qu'il ne développe, servit à faire penser, et accoutuma du moins à soumettre à l'examen des choses que l'on confondoit trop avec celles qui sont au-dessus de la raison. » Il fut attaqué, en 1707, par le Jésuite BALTUS, Voyez ce mot. Son livre a pour titre Réponse à l'Histoire des Oracles. Fontenelle crut devoir, par prudence, laisser cette réponse sans réplique, quoique son sentiment fut celui du Père Thomassin, homme aussi savant que religieux. On prétend que le Père Tellier, confesseur de Louis XIV, ayant lu le livre de Fontenelle, peignit l'auteur à son pénitent comme un impie. Le marquis d'Argenson, depuis garde des sceaux, écarta, dit-on, la persécution qui alloit éclater contre le philosophe. Le Jésuite auroit trouvé beaucoup plus à reprendre dans la Relation de l'Isle de Bornéo, dans le Traité sur la Liberté, et dans quelques autres écrits attribués à Fontenelle, et qui ne sont pas peut-être tous de lui. IV. Poésies Pastorales, avec un Discours sur l'Eglogue, et une Digression sur les Anciens et les Modernes, 1688. Les gens de goût ne veulent pas que ces Pastorales soient mises, pour la

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naïveté et le naturel, à côté de celles de Théocrite et de Virgile; et ils ont raison. Les bergers de Fontenelle, disent-ils, sont des courtisans. Qu'on les appelle comme on voudra, répondent les partisans du poëte François ; ils disent de très-jolies choses. Ces Pastorales peuvent être de mauvaises Eglogues; mais ce sont des poésies, foibles à la vérité, mais délicates. On convient qu'il y a plus d'esprit que de sentiment; mais si on n'y trouve pas le style du sentiment, dit l'abbé Trublet, on y en trouve la vérité : le philosophe a bien connu ce qu'un berger doit sentir. C'est un nouveau genre pastoral, dit un des plus grands adversaires de Fontenelle, (l'abbé des Fontaines) qui tient un peu du Roman et dont l'Astrée de d'Urfé, et les comédies de l'Amynte et du Pastor-Fido, ont fourni le modèle. Il est vrai que ce genre est fort éloigné du goût de l'antiquité mais tout ce qui ne lui ressemble point, n'est pas pour cela digne de mépris. V. Plusieurs volumes des M¿moires de l'académie des Sciences. Fontenelle en fut nommé secré taire en 1699. Il continua de l'être pendant 42 ans, et donna chaque année un volume de l'Histoire de cette compagnie. La Préface générale est un de ces morceaux qui suffiroient seuls pour immortaliser un auteur. Dans l'Histoire, il jette trèssouvent une clarté lumineuse sur les matières les plus obscures : faits curieux bien exposés, réflexions ingénieuses, vues nou→ velles ajoutées à celles des auteurs, soit par de nouvelles conséquences de leurs principes, soit par des applications de ces principes à d'autres sujets, soit même

par de nouveaux principes plus étendus et plus féconds. Il n'y a personne qui l'ait égalé dans l'art de mettre en œuvre les matériaux de la physique et des mathéma tiques. Les Eloges des Académiciens, répandus dans cette Histoire, et imprimés séparément en 2 volumes, ont le singulier mérite de rendre les sciences respectables, et ont rendu tel leur auteur. Il loue d'autant mieux, qu'à peine semble-t-il louer. Il peint l'homme et l'académicien. Si ses portraits sont quelquefois un peu flattés; ils sont toujours assez ressemblans. Il ne flatte qu'en adoucissant les défauts, et non en donnant des qualités qu'on n'avoit pas, ni même en exagérant celles qu'on avoit. Son style élégant, précis, lumineux dans ces Eloges comme dans ses autres ouvrages, a quelques défauts trop de négligence, trop de familiarité; ici, une sorte d'affectation à montrer en petit les grandes choses: là, quelques détails puérils ༡ indignes de la gravité philosophique; quelque fois, trop de raffinement dans les idées souvent trop de recherche dans les ornemens. Ces défauts, qui sont en général ceux de toutes les productions de Fontenelle, blessent moins chez lui qu'ils ne feroient ailleurs, nonseulement par les beautés qui les effacent; mais parce qu'on sent que ces défauts sont naturels en lui. Les écrivains qui ont tant cherché à lui ressembler, n'ont pas fait attention que son genre d'écrire lui appartient absolument, et ne peut passer, sans y perdre, par une autre plume. Au reste, le style des éloges de Fontenelle est l'image de sa conversation, infiniment agréable, semée de traits plus fins que

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frappans, et d'anecdotes piquantes sans être méchantes, parce qu'elles ne portoient jamais que sur des objets littéraires ou galans, et des tracasseries de société. Tous ses contes étoient courts, et par cela même plus saillans; tous finissoient par un trait : conditions nécessaires aux bons contes, C'est ce que dit le marquis d'Argenson. VI.L'Histoire du Théâtre François jusqu'à Corneille, avec la Vie de ce célèbre dramatique, Cette Histoire, très - abrégée, mais faite avec choix, est pleine d'enjouement; mais de cet enjouement philosophique, qui, en faisant sourire, donne beaucoup à penser. VII. Réflexions sur la Poétique du Théatre et du Théatre Tragique : c'est un des ouvrages les plus profonds, les plus pensés de Fontenelle, celui peut-être où, en paroissant moins bel esprit, il paroît plus homme d'esprit. VIII. Elémens de Géométrie de l'infini, in—4°, 1727 livre dans lequel les géomètres n'ont guères reconnu que le mérite de la forme. IX. Une Tragédie en prose et six Comédies; les unes et les autres peu théâtrales, et dénuées de chaleur et de force comique. Elles sont pleines d'esprit, mais de cet esprit qui n'est saisi que par peu de personnes, et plus propres à être lues par des philosophes que par des lecteurs ordinaires. Voyez l'article de Catherine BERNARD. X. Théorie des Tourbillons Cartésiens; ouvrage qui, s'il n'est pas de sa vieillesse méritoit d'en être. Fontenelle étoit grand admirateur de Descartes; et, tout philosophe qu'il étoit, il défendit jusqu'à la mort les erreurs dont il s'étoit laissé prévenir dans l'enfance. XI. Endy mion, pastorale; Thétis et Pélée,

Enée et Lavinie, tragédies lyriques, dont la première est restée au théâtre. Il eut un rival dans la Mothe, son ami, sur la scène lyrique et dans d'autres genres, mais rival sans jalousie. C'est ce qui nous engage à placer ici le parallèle ingénieux, que d'Alembert a fait des talens de ces deux écrivains. «Tous deux pleins de justesse, de lumières et de raison, se montrent par-tout supérieurs aux préjugés, soit philosophiques, soit littéraires. Tous deux les combattent avec une timidité modeste dont le sage a toujours soin de se couvrir en attaquant les opinions reçues timidité que leurs ennemis appeloient douceur hypocrite, parce que la haine donne à la prudence le nom d'astuce, et à la finesse celui de fausseté. Tous deux ont porté trop loin leur révolte contre les Dieux et les lois du Parnasse mais la liberté des opinions de la Mothe, semble tenir plus intimement à l'intérêt personnel qu'il avoit de les soutenir; et la liberté des opinions de Fontenelle, à l'intérêt gé néral, peut-être quelquefois mal entendu, qu'il prenoit au progrès de la raison dans tous les genres. Tous deux ont mis dans leurs écrits cette méthode si satisfaisante pour les esprits justes, et cette finesse si piquante pour les juges délicats. Mais la finesse de la Mothe est plus développée celle de Fontenelle laisse plus à deviner à son lecteur. La Mothe, sans jamais en trop dire, n'oublie rien de ce que son sujet lui présente, met habilement tout en œuvre et semble craindre de perdre par des retenues trop subtiles quelques-uns de ses avantages. Fontenelle, sans jamais être obscur, excepté pour

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ceux qui ne méritent pas même qu'on soit clair, se ménage à la fois le plaisir de sous-entendre, et celui d'espérer qu'il sera pleinement entendu par ceux qui en sont dignes. Tous deux, peu sensibles aux charmes de la poésie et à la magie de la versification, ont cependant été poëtes à force d'esprit; mais la Mothe un peu plus souvent que Fontenelle, quoique la Mothe eût fréquemment le double défaut de la foiblesse et de la dureté, et que Fontenelle eût seulement celui de la foiblesse ; c'est que Fontenelle dans ses vers est presque toujours sans vie et que la Mothe a mis quelquefois dans les siens de l'ame et de l'intérêt. L'un et l'autre ont écrit en prose avec beaucoup de clarté, d'élé➡ gance, de simplicité même; mais la Mothe avec une simplicité plus naturelle, et Fontenelle avec une simplicité plus étudiée car la simplicité peut l'être, et dèslors elle devient manière, cesse d'être modèle. Ce qui fait que la simplicité de Fontenelle est manière, c'est que pour présenter sous une forme plus simple, ou des idées, fines, ou même des idées grandes, il tombe quelquefois dans l'écueil dangereux de la familiarité du style, qui contraste et qui tranche avec la délicatesse ou la grandeur de sa pensée; disparate d'autant plus sensible, qu'elle paroît affectée par l'auteur: au lieu que la familiarité de la Mothe, car il y descend aussi quelquefois, est plus sage, plus mesurée, plus assortie à son sujet, et plus au niveau des choses dont il parle. Fontenelle fut supérieur par l'étendue des connoissances, qu'il a eu l'art de faire servir à l'ornement de ses écrits, qui rend

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