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I devint supérieur de SaintMagloire en 1699, et fut quel que temps grand vicaire auprès de Foucquet, son oncle, évêque d'Agde. Les abbés Bignon, Daguet Boileau et Couet furent très-liés avec lui. Il eut l'amitié et la confiance du cardinal de Noailles. Cet homme estimable mourut à Paris, dans la maison de Saint-Magloire, le 18 septembre 1734, dans sa 77 année. Après la mort du Père de la Tour, général de l'Oratoire, le Père Foucquet lui auroit infailliblement succédé, si son nom, inscrit sur la liste des Appelans et des Réappelans, ne l'avoit fait

exclure.

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III. FOUCQUET, (CharlesLouis-Auguste) comte de BelleIsle, petit-fils de l'infortuné surintendant des finances, naquit à Villefranche en Rouergue, l'an 1684, de Louis Foucquet et de Catherine-Agnès de Lévis. Les livres qui traitent de la guerre de la politique et de l'histoire, furent dès son enfance ses lectures favorites; il ne les quittoit que pour se livrer aux mathématiques, dans lesquelles il fit des progrès sensibles. A peine fut-il sorti de l'académie, que Louis XIV lui donna un régiment de Dragons. Il se signala au siége de Lille, y reçut une blessure, et devint brigadier des armées du roi en 1708, et mestre de camp général des Dragons en 1709. Dès que la paix fut signée, le comte de Belle-Isle se rendit à la cour, fut très-bien accueilli de Louis XIV; et les services du petit-fils firent oublier les fautes du grand-père. La mort de ce monarque ayant changé le système des affaires, la guerre fat déclarée à FE Tome V

pagne; le comte de Belle-Isle mérita alors d'être créé maréchal de camp et gouverneur de Huningue. Il eut la première place en 1718, et la seconde en 1719. Le duc de Bourbon ayant succédé dans la place de premier ministre au duc d'Orléans, le comte de Belle-Isle, lié avec le controleur général le Blanc fut entraîné dans sa disgrace, et enfermé à la Bastille. Il n'en sortit que pour être exilé pendant quelque temps dans ses terres. Ce fut dans le calme de la solitude qu'il travailla à son entière justification. Il reparut à la cour; et depuis ce moment, ayant l'art de se rendre nécessaire, les dignités, la fortune, la faveur et les graces volèrent au-devant de lui. Il fut fait lieutenant général en 1731, et gouverneur de la ville de Metz et du pays Messin en 1733. La guerre venoit d'éclater; il obtint le commandement du corps d'armée qui devoit agir sur la Moselle, et s'empara de la ville de Trèves. Après avoir joué un des principaux rôles devant Philisbourg, il eut, le reste de la campagne, le commandement des troupes en Allemagne. Il se rendit, l'année suivante 1735, à Versailles, moins pour y être décoré de l'ordre du Saint-Esprit, auquel le roi l'avoit nommé, que pour y être consulté par le cardinal de Fleury. Les puissances belligérantes avoient beaucoup négocié pour la paix dès le commencement de 1735, Ce fut BelleIsle qui engagea le cardinal à ne point se désister de ses prétentions sur la Lorraine. Ce guer rier, rendu à lui-même ploya le loisir de la paix à écrire des Mémoires sur les pays qu'il avoit parcourus, et sur les dif

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férentes parties du gouvernement. C'est à lui qu'on dut presque toutes les ordonnances militaires qui parurent en 1737. On l'employoit dans toutes les affaires. La confiance que le cardinal de Fleury avoit dans ses talens étoit telle, que le comte ayant desiré d'être envoyé en ambassade dans une des premières cours de l'Europe, le cardinal lui répondit: Je me garderai bien de vous éloigner, j'ai trop besoin de quel qu'un à qui je puisse confier mes inquiétudes. Cependant, malgré la confiance du ministre, BelleIsle n'étoit, à la mort de l'empereur Charles VI, en octobre 1740, ni maréchal de France ni duc et pair. << La guerre seule pouvoit achever sa fortune : un lieutenant général peut rester long-temps avec ce grade, dit Duclos, pendant la paix; et la mort du cardinal, qui ne pouvoit pas être éloignée, auroit privé Belle-Isle de son principal appui. Il en étoit très-inquiet; et consultant un jour sur sa fortune avec Chavigni, qui a passé pour un grand négociateur, celui-ci lui dit qu'il ne devoit rien attendre que de la mort de l'empereur, s'il savoit en profiter. » Il ne laissa pas échapper l'occasion; et il sollicita tant le cardinal par lui-même ou par d'anciens amis; il fit tant valoir les craintes qu'avoit l'Espagne, et que devoit avoir la France, de la formation d'une nouvelle Maison d'Autriche, qu'il décida le ministre à la guerre. Il ne tarda pas de recueillir les fruits de ses démarches ambitieuses. En 1741, il fut honoré du titre de maréchal de France. Les faiseurs de Vaudevilles ne l'épargnèrent pas. Le maréchal de Belle-Isle méprisa leurs plates saillies; et quand ses

flatteurs vouloient l'irriter contre les chansonniers, il répondoit froidement Je remplirois les vues de ces faiseurs de Vers, si j'avois la petitesse de me facher de leurs bons mots. Le cardinal de Fleury lui rendit plus de justice, en lui disant: M. le Maréchal, le baton que le Roi vous a remis aujourd'hui, ne sera pas dans vos mains un ornement inutile. Il le nomma peu de temps après ambassadeur plénipotentiaire à la diète de Francfort, pour l'élection de l'empereur Charles VII, qui fut effectivement élu le 24 janvier 1742. La magnificence qu'il étala dans cette occasion, sera long-temps célèbre; il sembloit être plutôt un des premiers électeurs, qu'un ambassadeur. Il avoit ménagé toutes les voix et dirigé toutes les négociations. Le roi de Prusse, informé de tout ce qu'il avoit fait, ne put s'empêcher de s'écrier avec admiration: Il faut convenir que le Maréchal de Belle-Isle est le Législateur de l'Allemagne. Charles VII eut d'abord quelques succès, suivis de grands malheurs; les Fran çois furent abandonnés des Prussiens ensuite des Saxons. Le maréchal de Belle-Isle se trouva enfermé dans Prague. Il fallut évacuer cette place, et cette opération n'étoit pas facile. Il sur¬ monta tous les obstacles, et la retraite se fit à la fin de 1742. A la troisième marche il fut atteint par le prince de Lobkowitz, qui parut à la tête d'un corps de cavalerie, au-delà d'une plaine où l'on pouvoit donner bataille. Le prince tint un conseil de guerre, dans lequel il fut résolu de lui couper la retraite d'aller rompre les ponts sur la rivière d'Egra, par où les Fran

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Jois devoient passer. Le maré chal de Belle Isle choisit un chemin qui eût été impraticable en toute autre saison: il fit passer son armée sur des marais glacés. Le froid fut l'ennemi le plus redoutable; huit cents soldats en périrent; un des ôta ges, que le maréchal de BelleIsle avoit amené de Prague avec lui, mourut dans son carrosse. Enfin, on arriva, le 26 décembre, à Egra, par une route de 38 lieues. Le même jour, les troupes restées dans Prague, au nombre de trois mille hommes, dont le tiers étoit malade, firent encore une capitulation glorieuse par l'intrépidité de Chevert, demeuré dans la ville pour y commander: (Voyez CHEVERT). Cependant le maréchal de Belle Isle se rendit à Francfort, où l'empereur Charles VII, qui l'avoit déjà déclaré prince du SaintEmpire, le décora de l'ordre de la Toison d'or. De retour en France, il partagea ses momens entre les affaires et les soins qu'il devoit à sa santé. Il passa de nouveau en Allemagne, et il fut fait prisonnier le 20 décembre 1743, en allant prendre des relais à la poste d'Elbingerode, petit bourg enclavé dans le territoire d'Hanovre. Quoique cette détention fût contre le droit des gens, il fut conduit en Angleterre, où il resta jusqu'au 17 août de l'année suivante. Revenu en France, il fut envoyé en Provence pour repousser les Autrichiens qui l'inondoient. Il n'avoit presque ni argent ni armée. « C'étoit à lui, dit Voltaire, de réparer les maux d'une guerre universelle, que lui seul avoit allumée. Il ne vit que de la désolation des miliciens effrayés, 'des débris de régimens sans discipline, qui s'arrachoient

le foin et la paille. Les mulets des vivres mouroient faute de nourriture. Les ennemis avoient tout rançonné du Var à la rivière d'Argens et à la Durance. Les ressources étoient encore éloignées; les dangers et les besoins pressoient. » Le maréchal eut beaucoup de peine d'emprunter, en son nom, cinquante mille écus, pour subvenir aux plus pressans besoins. Il fut obligé de faire les fonctions d'intendant et de munitionnaite. Ensuite, à mesure que le gouvernement lui envoyoit quelques bataillons et quelques escadrons, il repoussoit de poste en poste les Autrichiens et les Piémontois. Enfin, après avoir couvert Castellane, Draguignan et Brignoles il chassa peu à

peu les ennemis de Provence, et leur fit repasser le Var en février 1747. Après quelques succès le vainqueur partit pour concerter à Versailles les opérations de la campagne de 1748. Le roi, qui l'avoit fait duc de Gisors en 1742, le créa pair de France : honneur qui fut le prix de ses services, et dont il se rendit digne par des services nouveaux. Il étoit sur le point d'exécuter un plan qui devoit le rendre maître de Turin, lorsqu'il apprit la mort de son frère, tuẻ à la malheureuse affaire d'Exiles. Cette nouvelle l'accabla; mais ayant su surmonter sa douleur, il dit à ceux qui le consoloient Je n'ai plus de frère; mais j'ai une patrie; travaillons pour la sauver. Après la paix de 1748, qui mit fin aux hostilités, sa faveur ne fit qu'augmenter; il devint ministre principal en 1757. Nous étions alors en guerre avec le roi de Prusse ; il suspendit, à la vérité, dit Duclos, l'incli nation secrète qu'il avoit toujours

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eue pour ce prince; mais son indiscrétion habituelle nuisit souvent à des plans, dont le succès dépendoit du plus grand secret. L'assiduité au travail, les craintes d'être traversé, les malheurs de la France, les soins qu'il prit pour les réparer et pour se maintenir en place, le consumèrent peu à et il monpeu; rut le 26 janvier 1761, à 77 ans. L'académie Françoise et celle des Sciences avoient orné leur liste de son nom. Voici les portraits qu'en tracent Voltaire et le marquis d'Argenson. « Le maréchal de Belle-Isle, dit le premier, sans avoir fait de grandes choses avoit une grande réputation. Il n'avoit été ni ministre, ni général en 1741, et passoit pour l'homme le plus capable de conduire un état et une armée. Il voyoit tout en grand et dans le dernier détail; c'étoit parmi les hommes de la cour l'un des mieux instruits du maniement des af→ aires intérieures du royaume, et presque le seul officier qui établit la discipline militaire : amoureux de la gloire, et du travail sans lequel il n'y a point de gloire; exact, laborieux, il étoit aussi porté par goût à la négociation, qu'aux travaux du cabinet et à la guerre; mais une santé très-foible détruisoit souvent en lui le fruit de tant de talens. Toujours en action, tou jours plein de projets, son corps plioit sous les efforts de son ame. On aimoit en lui la politesse d'un courtisan aimable et la franchise d'un soldat. Il persuadoit, sans s'exprimer avec éloquence, parce qu'il paroissoit toujours persuadé; il écrivoit d'une manière simple et commune, et on ne se seroit jamais apperçu, par le style de ses dépêches, de la force

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et de l'activité de ses idées. ». «M. de Belle-Isle, dit le marquis d'Argenson, est grand et maigre. Son tempérament a paru jusqu'à présent délicat, son estomac foible, sa poitrine attaquée depuis la blessure qu'il reçut au siége de Lille. Il paroît obligé à de grands ménagemens de santé, et les observe en effet, lorsque les circonstances ne le forcent pas y renoncer. Mais dès qu'il se sent animé par le desir d'acquérir de la gloire, et de faire réussir un plan d'ambition ou d'intrigue, l'activité de son ame lui fait trouver des forces que lui refuse la foiblesse de son corps. Il travaille continuelle→ ment, ne dort point, lasse les secrétaires les plus infatigables dictant à plusieurs à la fois. Enfin, il est tout de feu, dévore tout, et résiste à tout. Il fait marcher de front plusieurs intrigues, ne perd pas de vue un seul de ses fils, et a soin qu'aucun ne se croise. Dans un siècle où l'exacte probité, le mérite réel et les vues sages et solides ne sont pas les meilleures recommandations un homme qui sait user à la fois de souplesse et de jactance, ne peut manquer de réussir. La preuve cependant que ses idées ne sont ni bien lumineuses, ni réellement grandes, c'est que son style est foible et même plat; il n'a point d'éloquence en parlant. Mais il paroît toujours assuré du succès; il en répond sans hésiter; et il persuade, d'autant plus qu'on croit qu'il n'y met point d'art. Il sait encore mieux faire valoir ce qu'il a fait que ce qu'il veut faire. Quand on a suivi ses avis, si l'on s'en trouve bien on croit lui en avoir obligation; si l'on s'en trouve mal, on s'en prend à soi-même. » On a re

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leur à l'affaire d'Hastembeck. Le roi, qui connoissoit son mérite, le plaça à la tête des Carabiniers, corps distingué depuis long-temps par sa bravoure et par ses succès. Cet avantage lui devint funeste à la malheureuse journée de Cre→ velt. Jaloux de vaincre, il s'avança à la tête de son corps pour charger l'ennemi; mais cette action généreuse coûta la vie au duc de Gisors. Ce jeune héros n'avoit pas été élevé dans cette mollesse qui faisoit des seigneurs François des femmes délicates.

matin, faisoit exercer son régiment tous les jours, et donnoit, le premier, l'exemple du bon ordre et de la discipline. Un anonyme l'a peint ainsi :

Cultiver tous les arts, protéger le génie ;

Joindre au goût le savoir, et les

proché au maréchal de BelleIsle de s'attacher trop aux petits détails, et d'entrer dans tous les projets. Son esprit systématique l'engagea à recevoir tous les plans qu'on lui présentoit, et à protéger trop d'aventuriers; mais il retiroit ses bontés, dès qu'il s'appercevoit qu'on l'avoit surpris. J'ai fait des fautes, disoitil quelquefois; mais je n'ai jamais eu l'orgueil ridicule de ne pas en convenir. Haut avec les grands, il portoit dans les cours étrangères toute la dignité qu'exigeoit la grandeur du maître qu'il se levoit à quatre heures du représentoit; mais affable et prévenant avec ceux qui étoient au-dessous de lui, il ne leur faisoit point sentir le poids de son autorité. Il aima les talens en homme éclairé, mais non pas en ministre qui ne protége les arts que par air. Né sobre, il n'aima jamais ni le jeu, ni la table; mais on ne peut dissimuler qu'il eut beaucoup de penchant pour le beau sexe. Par son testament, il donna au roi tous les biens qu'il avoit reçus en échangede Belle Isle, à la charge de payer ses dettes qui étoient considérables. Chevrier a donné sa Vie et son Testament politique, où l'on trouve quelques bonnes vues. —Le maréchal de BelleIsle avoit été marié deux fois. Il eut de son second mariage avec Marie-Casimire-Thérèse-Geneviève-Emmanuelle de Béthune, un fils unique, Louis-Marie, né le 27 mars 1732, appelé le comte de GISORS, tué en 1758 à l'armée du Rhin. Ce seignet, digne fils d'un illustre père, fit ses premières armes. en Provence. Après s'être distingué dans le comté de Nice, il fut nommé colonel du régiment de Cham pagne. Il fit des prodiges de va

graces aux mœurs ; Combattre pour son roi,

sa patrie,

Regretté des vaincus,

vainqueurs,

mourir pour

admiré des

Et même en succombant digne de la

victoire ;

Telle fut de GISORS et l'étude et fa

gloire.

FOUGEROUX, (Auguste Denys) membre de l'académie des Sciences, naquit à Paris, le 10 octobre 1732. Neveu du célèbre Duhamel, il prit sous la direction de son oncle le goût de l'é~ tude et d'appliquer son travail à des objets utiles. Il parcourut l'Anjou et la Bretagne pour y observer les carrières d'ardoise il passa ensuite à Naples, où il fit de curieuses observations sur la solfatare, les alumières de la Tolsa, le jaune de Naples. A son retour, il eut le malheur de perdre son guide, et il hérita de

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