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Allemagne, en 1739, in-folio. Voyez ALBIZI.

II. FRANÇOIS de Paule, (Saint) fondateur de l'ordre des Minimes naquit à Paule en Calabre, l'an 1416. Un attrait singulier pour la solitude et pour la piété le conduisit dans un désert au bord de la mer, où il se creusa une cellule dans le roc. La réputation de sa sainteté attira auprès de lui une foule de disciples, qui bâtirent autour de son hermitage un monastère, le preinier de son ordre. On nomma d'abord ses religieux les Hermites de St. François; mais François voulut qu'ils portassent le no.n modeste de Minimes, et que leur devise fût le mot CHARITÉ. Il leur prescrivit un carême perpétuel, et leur donna une règle approuvée par le pape Alexandre VI, et confirmée par Jules II. François enchérissoit beaucoup sur ce qu'il prescrivoit aux autres, n'usant jamais ni de vin ni de viandes, ni de poisson, ni de laitage; se contentant de pain et d'eau; ne mangeant qu'après le soleil couché; marchant pieds nus; couchant sur le plancher de sa cellule, n'ayant pour oreiller qu'une pierre ou une pièce de bois; portant un rude cilice sous un habit vil et pauvre. Le nom du saint fondateur se répandit en Europe avec le bruit de ses vertus. Louis XI, dangereusement malade, tâcha de le faire venir en France du fond de la Calabre espérant d'obtenir sa guérison par ses prières. Ce prince, très-jaloux de tenir son rang mais petit jusqu'à la bassesse avec ceux dont il espéroit du secours, lui envoya plusieurs

messagers,

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mais inutilement. François, sachant ce que le

roi attendoit de lui, refusa de quitter sa solitude. Louis employa, avec aussi peu de succès, la médiation du roi de Naples. Le saint homme répondit toujours, qu'il n'iroit pas trouver un roi qui commenceroit par lui demander un miracle. Ce refus opiniâtre ne rebuta pas Louis; il s'adressa au pape qui, depuis quelques années ne rejetoit aucune de ses demandes. Sixte ordonna au dévot hermite de déférer en tout à la volonté du roi. François partit donc, passa d'abord par Naples, où il fut visité par les princes et les grands : de là il se rendit à Rome, fut admis à l'audience du souverain pontife, et resta, dit Commines, assis à ses côtés, en belle chaire, l'espace de trois ou quatre heures; ce qui étoit un grand honneur à un si petit homme... Dès qu'il fut sur les terres de France, le roi dépêcha courriers sur courriers pour hâter sa marche et savoir à chaque instant de ses nouvelles. En l'abordant, il se jeta à ses pieds, et lui dit : Saint homme si vous voulez, vous pouvez me guérir. Le saint homme l'exhorta à mettre en Dieu sa confiance, et promit le secours de ses prières. Commines, témoin oculaire, vante la sagesse du dévot personnage, et ne pense, dit-il, avoir jamais vu un homme de si sainte vie ni où semblat mieux que le SaintEsprit parlat par sa bouche; car il n'étoit clerc ni lettré, et n'apprit jamais rien Vrai est, ajoute le même historien, que sa langue italienne lui alloit bien pour se faire émerveiller. ( Garnier HISTOIRE de France. ) François établit quelques maisons en France, appuyé du roi Charles VIII, qui le vénéroit

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III. FRANÇOIS XAVIER (Saint) surnommé l'Apôtre des Indes, né au château de Xavier, au pied des Pirénées, le 7 avril 1506, étoit neveu du célèbre docteur Navarre. Il enseignoit la philosophie au collège de Beauvais à Paris, lorsqu'il connut Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites. Il s'unit étroitement avec lui, et fut un des sept compagnons du Saint Espagnol, qui firent vœu dans l'église de MontMartre, en 1534, d'aller travailler à la conversion des Infidelles. Jean III, roi de Portugal, ayant demandé des missionnaires pour les Indes Orientales, Xavier s'embarqua à Lisbonne en 1541. De Goa, où il se fixa d'abord, il répandit la lumière de l'Evangile sur la côte de Comorin, à Malaca, dans les Moluques, dans le Japon. C'est sur tout dans cette dernière isle qu'il fit briller sa patience, son courage et son zèle; et ce zèle auroit produit des fruits bien plus considérables, s'il avoit connu la langue du pays. Si je savois le Japonois, ditil dans une de ses Lettres, je ne doute pas que plusieurs n'embrassassent la foi Chrétienne. «Quelle différence dans le succès de sa mission, si, à cette mnltitude de miracles que les historiens de sa Vie lui attribuent, Dieu avoit bien voulu joindre le don des

langues! Xavier se voyant traité par ces Indiens comme un insensé 9 sans espérance de faire aucun fruit parmi eux, passa Méaco où il n'arriva qu'à la fin de l'hiver en 1551. Il n'y fut pas mieux reçu et il eut la douleur de s'y voir la risée des Infidelles. Il se hâta de retourner à Amanguéchi, l'une des villes principales du Japon; mais dans un équipage différent que celui où il y avoit paru la première fois. Il changea ses habits pauvres et usés en d'autres tout neufs et de riche étoffe. I prit des valets à sa suite, et prépara des présens pour le roi, qui consistoient en une horloge sonnante, un instrument de musique, et d'autres curiosités que lui avoit données le vice- roi des Indes. Dans ce brillant extérieur, il se présenta devant le roi, et lui remit des lettres du vice-roi des Indes, comme des témoignages de son amitié. Ce prince fut touché des présens que Xavier lui offroit, et permit à ses sujets d'embrasser la religion Chrétienne. Le missionnaire préchoit deux fois le jour. Il baptisa trois mille personnes en moins d'un an qu'il demeura à Amanguéchi. » C'est ce que dit Racine, HISTOIRE Ecclésiatique, tome 9, art. 23, qui a écrit cette partie de son Histoire d'après Baillet et le Père Fabre. D'Amanguéchi, Xavier se rendit dans le royaume de Bungo, et il parut devant le roi avec un éclat extérieur propre à confondre les Bonzes, qui le traitoient de misérable aventurier, mais qui servit peu au progrès de la religion. Le zélé missionnaire conçut le dessein de s'embarquer pour la Chine; mais son voyage étant traversé par toutes sortes d'obstacles, il

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tomba malade, et mourut saintement le 2 décembre 1552, à l'âge de 46 ans dans une isle à la vue du royaume de la Chine, où il brûloit de porter la foi. Grégoire XV le mit au nombre des Saints en 1622. On a de cet Apôtre des Indes: I. Cinq livres d'Eptires, Paris, 1631, in-8.° II. Un Catéchisme. III. Des Opuscules. Ces ouvrages respirent le zèle le plus animé et la pitié la plus tendre. Ses vertus firent autant de conversions que son éloquence. S'il fit moins de Chrétiens chez les nations infidelles, que les historiens de sa société ne l'ont raconté, il servit beaucoup à réformer les mœurs corrompues des Portugais établis aux Indes. Un écrivain a appelé ST. FRANÇOIS-XAVIER le Fernand-Cortés de la Religion. Il auroit pu observer qu'il eut les grandes qualités de ce genéral Espagnol, sans avoir aucun de ses défauts, et qu'il n'employa aucun moyen violent pour adoucir les mœurs de quelques peuples demi-barbares. Il dut tout à son pieux héroïsme, à son esprit, à sa douceur et à son zèle. Les Protestans eux-mêmes ont rendu hommage à ses vertus et à ses travaux. Baldéus, dans son Histoire des Indes, après avoir parlé de Xavier comme d'un autre St. Paul, ajoute que les dons qu'il avoit reçus pour exercer la charge de ministre et d'ambassadeur de Jésus-Christ étoient si éminens, qu'il ne lui est pas possible de les exprimer. Et quel ques lignes après, adressant la parole au Saint même: Plat à Dieu, s'écrie-t-il, qu'ayant été si célèbre par votre ministère, notre religion nous permit de vous adopter, ou que la vôtre ne vous obligeat pas de nous renoncer!

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IV. FRANÇOIS DE BORGIA, (Saint) duc de Candie et viceroi de Catalogne, étoit arrièrepetit-fils du pape Alexandre VI. Il entra chez les Jésuites après la mort de son épouse et en fut le troisième général. (Voyez V. ELIZABETH). Il mourut à Rome le 30 septembre 1572, à 62 ans, après avoir rendu les services les plus signalés à sa compagnie. Il la préféra à tout. François refusa plusieurs fois le cardinalat, et d'autres dignités ecclésiastiques, dont il étoit digne par ses vertus. Ce Saint fut canonisé en 1671 par Clément X. Il laissa plusieurs Ouvrages traduits de l'Espagnol en latin par le Père Alfonse Deza, jésuite, à Bruxelles, 1675, in folio. Voyez sa Vie, publiée en françois, in-12, par le P. Verjus, d'après Ribadeneira et Eusèbe Niéremberg. Le P. Cienfuegos, jésuite Espagnol, mais retiré en Allemagne et depuis cardinal composa une autre Histoire du même Saint, et la dédia à l'Amirante de Castille. Comme l'Epître dédicatoire étoit beaucoup plus longue que le livre même, les plaisans Espagnols dirent que le P. Cienfuegos avoit dédié à St. François de Borgia la Vie de l'Amirante de Castille.

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la mort de Claude Garnier, son oncle, en 1602. Son zèle pour la conversion des Zuingliens et des Calvinistes avoit éclaté avant son épiscopat; il ne fut que plus ardent après. Ses succès répondirent à ses travaux. Il avoit gagné à l'Eglise plus de soixante dix mille hérétiques, depuis 1592 jusqu'en 1602 qu'il fut évêque: il seroit difficile de faire un détail exact de ceux qu'il ramena au bercail, depuis 1602 jusqu'à sa mort. Le cardinal du Perron disoit qu'il n'y avoit point d'hérétique qu'il ne pût convaincre; mais qu'il falloit s'adresser à l'évêque de Genève pour les con vertir.... Quel dommage, disoit Henri IV, qui alla jusqu'à lui offrir le chapeau de cardinal pour le fixer dans ses états, quel dommage qu'un homme de ce mérite soit relégué dans les montagnes! Un jour nouveau luisit sur le diocèse de Genève, dès qu'il en eut prit possession. Il fit fleurir la science et la piété dans le clergé séculier et régulier. Il institua, l'an 1610, l'ordre de la Visitation, dont la baronne de Chantal, qu'il avoit détrompée des faux charmes du monde, fut la première supérieure. Il voulut qu'on y admit les filles d'un tempérament délicat, et meme les infirmes, qui ne peuvent se placer dans le monde ni dans les cloîtres austères. Cette congré gation fut érigée en titre d'ordre et de religion, l'an 1618, par le pape Paul V. La Visitation est, selon le Père d'AVRIGNY, le chef-d'œuvre de l'évêque de Genève. Il l'appeloit lui-même sa joie et sa couronne. Les contradictions qu'il essuya d'abord, ne le rebutèrent pas. « Je sais, ditil dans une de ses Lettres, que j'attirerai des contrôlemens sur

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moi; mais je ne m'en soucie pas car, qui fit jamais le bien sans cela? Cependant plusieurs ames se retireront auprès de Notre-Seigneur, qui, sans cela, demeureroient engagées, avec les autres grenouilles, dans les ma¬ rais et paluds. » Le nouvel institut se répandit avec tant de rapidité, que Mad. de Chantal vit, avant sa mort, quatre-vingtsept maisons fondées en France èt en Savoie, d'où il pénétra en Italie, en Allemagne et en Pologne. Le saint fondateur, aussi considéré des princes que respecté des gens de bien, fut obligé, en 1618, de se rendre à Paris avec le cardinal de Sa voie, pour conclure le mariage du prince de Piémont avec Christine de France. Cette princesse le choisit pour son aumônier. Le saint évêque, qui avoit déjà refusé un évêché en France, et qui refusa vers le même temps la coadjutorerie de l'évêché de Paris, ne voulut accepter cette place qu'à condition, 1.° Qu'elle ne l'empêcheroit point de résider dans son diocèse pour lequel il soupiroit; 2.o Que quand il ne feroit point sa charge, il n'en recevroit point les appointemens. Vous avez, lui dit la princesse des scrupules déplacés. Si je veux vous donner vos appointemens lors même que vous ne servirez pas, quel mal ferez-vous de les accepter?

Madame, répondit

il, je me trouve bien d'être pauvre ; je crains les richesses, elles en ont perdu tant d'autres ! elles pourroient bien me perdre aussi. La princesse fut obligée de consentir à ces deux conditions; et sur-le-champ, comme pour l'investir de sa charge, elle lui fit présent d'un diamant de grand prix, en lui disant; C'est

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à condition que vous le garderez pour l'amour de moi. - Je vous le promets, Madame, lui répondit-il, à moins que les pauvres n'en aient besoin. . En ce cas, dit la princesse; contentez-vous de l'engager, et j'aurai soin de le dégager. Je craindrois, Madame, repartit François, que cela n'arrivát trop souvent et que je n'abussasse enfin de vos bontés.... Quand il fut de retour dans son diocèse. son économe lui annonça qu'il avoit gagné un procès considérable contre plusieurs gentilhommes qui lui disputoient des droits. Il lui proposa d'en exiger les dépens à la rigueur. Dieu me garde, répondit-il, d'en agir ainsi avec qui que ce soit; et encore moins avec mes diocésains, qui sont mes enfans! L'économe insista, en lui disant que ces dépens montoient à une grosse somme dont il avoit besoin pour se dédommager de ce qu'il en avoit coûté à la poursuite de ce procès. Et comptezvous pour un petit gain, repartit le Saint, de regagner des cœurs que ce procès a peut-être rendus mes ennemis ? Pour moi, je le compte pour tout. A l'heure même, il envoya chercher ces gentilhommes, et leur remit les dépens. François, rendu à son diocèse, continua d'y vivre en pasteur des premiers siècles de l'église, en Irenée, en Augustin; visitant les malades, soulageant les pauvres, et donnant des secours spirituels et temporels à tous ceux qui en avoient besoin. Il passoit souvent les journées entières au confessional. On a vu des gens venir de cent vingt lieues pour s'adresser à ce médecin spirituel. Sa douceur attiroit tout le monde à son tribunal; mais cette douceur n'étoit point

cette indulgence excessive qui favorise le relâchement; c'étoit une charité compatissante et éclairée. L'an 1622, ayant eu ordre de se rendre à Lyon, où le duc de Savoie devoit voir Louis XIII, il y mourut d'apoplexie le 28 décembre, à 56 ans. Son corps fut porté à Anneci, et son cœur demeura à Lyon, dans le monastère de la Visitation. Alexandre VII le canonisa en 1665. Sa fête ne pouvant être célébrée le jour de sa mort, qui concouroit avec celui des Saints Innocens, elle fut transférée au 29 janvier. St. François de Sales étoit une de ces ames tendres et sublimes, nées pour la vertu et pour la piété, et destinées par le ciel à inspirer l'une et l'autre. On remarque ce caractère dans tous ses écrits; la candeur, l'onction qu'ils respirent, les rendent délicieux, même à ceux à qui les lectures de piété plaisent le moins. Les principaux sont : I. Introduction à la vie dévote. Le but de ce livre étoit de montrer que la dévotion n'étoit pas seulement faite pour les cloitres; mais qu'elle pouvoit être dans le monde, et s'y accorder avec les obligations de la vie civile et séculière. Il fit des fruits merveilleux à la cour de France et à celle de Piémont ; et l'on ne s'arrêta point aux injustes censures de ceux qui voulurent y trouver des opinions relâchées sur le bal, et sur les bons mots qu'on dit dans la société. St. François de Sales répondit à ces critiques dans la préface du livre suivant. II. Un Traité de l'amour de Dieu, mis dans un nouvel ordre par le Père Fellon, jésuite, en 3 volumes, et abrégé en un seul par l'abbé Tricalet. III. Des Lettres spirituelles et d'autres ouvrages de

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