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qu'il en fit une semblable. Me Lius avoit dû cette invention en partie au hasard; Galilée ne la dut qu'à la force de son génie. Aidé de cet instrument, il vit, le premier, plusieurs étoiles inconnues jusqu'alors: le Croissant de l'astre de Vénus, les quatre Satellites de Jupiter, appelés d'abord les Astres de Médicis ; les taches du Soleil et de la Lune, etc. Il auroit été à sonhaiter pour son repos, qu'il se fût borné à faire des observations dans le Ciel; mais il voulut absolument ambrasser un système: il se détermina pour celui de Copernic. Cet astronome avoit discuté ce système avec la simplicité et le sang froid Teutoniques. Il s'étoit bien gardé de faire intervenir dans cette hypothèse, aucun passage des Livres saints. Plus vif, plus dissertateur, plus amoureux de renommée, Galilée ne se contenta point de l'adopter il s'échauffa pour mettre d'accord ses opinions astronomiques et l'Ecriture-sainte. Déféré à l'inquisition de Rome, en 1615, il répandit mémoires sur mémoires, pour que le pape et le saint Office déclarassent le système de Copernic fondé sur la Bible. Mais une congrégation, nommée par le pontife, décida précisément le contraire. Galilée, dont on respectoit les talens en attaquant ses idées, en fut quitte pour une défense de ne plus soutenir, ni de vive voix, ni par écrit , que l'opinion du mouvement de la Terre s'accordoit avec les Livres saints. Le cardinal Bellarmin, chargé de lui faire cette défense, lui donna un écrit par lequel il déclaroit

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qu'il n'avoit été ni puni, ni même obligé à se rétracter; mais qu'on avoit seulement exigé de

lui qu'il abandonnât ce senti ment, et qu'il ne le soutînt plus à l'avenir.» Galilée promit tout ce qu'on voulut : il tint sa parole jusqu'en 1632; mais, cette an née, ay at publié des Dialogues pour établir l'immobilité du soleil et le mouvement de la terre autour de cet astre, l'inquisition le cita de nouveau. Il y parut avec comfiance. On lui rappela ses promesses; ou prétend qu'il se défendit mal, et il fut condamné, le 21 juin 1633, par un décret, signé de sept cardinaux, à être emprisonné, et à réciter les sept Pseaumes pénitenciaux une fois chaque semaine, pendant trois ans, comme relaps. Son système fut déclaré absurde et faux en bonne Philosophie, et erroné dans la Foi, en tant qu'il est expressément contraire à la sainte Ecriture.... Galilée, à l'âge de 70 ans, demanda pardon d'avoir soutenu ce qu'il croyoit la vẻrité, et l'abjura, les genoux à terre et les mains sur l'Evangile, comme tine absurdité, une erreur et une hérésie... Corde sincero et fide non fictà, abjuro, maledico et détestor suprà-dictos errores et hereses. Au moment qu'il se releva, agité par les remords d'avoir fait un faux serment les yeux baissés vers la terre on prétend qu'il dit en la frappant du pied Cependant elle se meut, (E pur si move) ! Les cardinaux inquisiteurs, contens de sa soumission, le renvoyèrent dans les états du duc de Florence. La sévérité dont ils usèrent à søn égard, fut adoucie par les traitemens les plus honnêtes. II eut la liberté de la promenade; il fut logé au palais de la Minerve non comme un captif, mais comme un étranger distingué. H souffrit si pen pendant

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ta détention, que, malgré son âge, il fit à pied une partie de la route de Rome à Viterbe. Il est donc faux que le saint Office l'ait traité aussi durement que le prétendent plusieurs historiens modernes. On voit par l'exemple de Galilée, dit l'abbé Ladvocat, jusqu'à quels excès les corps les plus respectables sont capables de se laisser emporter, même à l'égard des plus grands hommes, lorsqu'ils sont aveuglés par leurs préjugés, et qu'ils se mêlent de décider sur des matières qu'ils n'entendent pas et qui ne sont pas de leur compétence. » Mais on voit aussi par l'opiniâtreté et la vivacité de Galilée, combien il est dangereux et ridicule de vouloir faire dégénérer en question dogmatique la rotation du Globe sur son axe.... La

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vieillesse de cet astronome fut affligée par un autre malheur; il perdit la vue trois ans avant sa mort, arrivée à Florence le 8 janvier 1642, à 78 ans. Il fut enterré dans l'église de SainteCroix où on lui a élevé un mausolée en 1737, vis-à-vis celui de Michel-Ange. Ce grand homme étoit d'une physionomie prévenante, et d'une conversation vive et enjouée. Il cultivoit tous les arts agréables. Les excellens poëtes de sa nation lui étoient familiers. Il savoit de mémoire les plus beaux morceaux de l'Arioste et du Tasse. Il comparoit le premier à une melonière, où il faut chercher pour trouver an fruit excellent; mais qui vous dédommage bien par son odeur et son goût, des peines que vous avez prises. Il comparoit le second à une orangerie, dont tous les fruits sont à peu près égaux. Il aimoit beaucoup l'architecture et la peinture, et il dessinoit

assez bien. L'agriculture avoit des charmes pour lui. Sensible à l'amitié, il sut l'inspirer. Qu'on en juge par l'attachement que conserva pour lui le célèbre Viviani. « Ce mathématicien, diť Fontenelle, fut trois ans avee Galilée, depuis dix-sept ans jusqu'àvingt. Heureusement né pour les

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sciences, plein de cette vigueur d'esprit que donne la première jeunesse, il n'est pas étonnant qu'il ait extrêmement profité des leçons d'un si excellent maître; mais il l'est beaucoup plus, que malgré l'extrême disproportion d'àge, il ait pris pour Galilée une tendresse vive et une espèce de passion. Par-tout il se nomme le disciple, et le dernier disciple du grand Galilée; car il a beaucoup survécu à Toricelli collègue. Jamais il ne met son nom à un titre d'ouvrage, sans l'accompagner de cette qualité; jamais il ne manque aucune occasion de parler de Galilée, et quelquefois même ce qui fait encore mieux l'éloge de son cœur, il en parle sans beaucoup de né cessité. Jamais il ne nomme le nom de Galilée sans lui rendre un hommage, et l'on sent bien que ce n'est point pour s'associer en quelque sorte au mérite de ce grand homme, et en faire réjaillir une partie sur lui. » Dès que Galilée excitoit une telle sensibilité dans le cœur de ses disciples, il falloit qu'il eût toutes les qualités qu'exige l'amitié. Considéré comme philosophe, il étoit supérieur à son siècle et à son pays. Si cette supériorité lui inspira une présomption, qui fut en partie la source des inquiétudes qu'il éprouva pendant sa vie, elle a été le principe de sa gloire après sa mort. On le regarde comme un des pères de

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la physique nouvelle. La géographie lui doit beaucoup, pour les observations astronomiques; et la mécanique, pour la theorie de l'accélération. On prétend qu'il puisa une partie de ses idées dans Leucippe. Peut-être ne connutil jamais ni Leucippe, ni sa doctrine mais les admirateurs des anciens les veulent retrouver, à quelque prix que ce soit, dans les plus illustres modernes. Les Ouvrages de cet homme célèbre ont été recueillis à Florence en 1718, en 3 vol. in-4.o Il y en a quelques-uns en latin, et plusieurs en italien; tous annoncent un homme capable de changer la face de la philosophie, et de faire goûter ss changemens, nonseulement par la force de la vérité, mais par les agrémens que son imagination savoit lui prêter. Il écrit aussi élégamment que Platon; et il eut presque toujours sur le philosophe Grec, l'avantage de ne dire que des choses certaines et intelligibles. A un savoir très-étendu, il joignoit la clarté et la profondeur deux qualités qui forment le caractère d'homme de génie. L'édition de ses ouvrages est ornée d'une Vie curieuse et in

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téressante de ce grand homme. Plusieurs de ses écrits, quoiqu'ils n'offensassent en rien la religion, ont été malheureusement perdus pour la postérité. L'un de ses neveux, très-peu philosophe quoique parent d'un philosophe, les donna à son confesseur pour les livrer aux flammes.... (Voyez le Parallèle de Galilée avec Bacon, art. BACON n° IV).

II. GALILEE, (Vincent) fils du précédent, soutint, avec honneur, la réputation de son illustre père. C'est lui qui a, le

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1. GALILEI, (Vincent) père du célèbre Galilée, gentilhomme Florentin, savant dans les ma→ thématiques, et surtout dans la musique, fit instruire son fils avec le plus grand soin. Il lui inspira son goût pour les mathé matiques; mais il ne put jamais Jui donner celui de la musique. Ses ouvrages prouvent ses connoissances. Les plus estimés sont cinq Dialogues en italien sur la Musique; Florence, 1581 et 1602, in-fol. Il attaque, dans le dernier, Joseph Zarlin, et y traite de la musique ancienne et moderne. Descartes a confondu plusieurs fois le père avec le fils.

II. GALILEI, (Alexandre architecte, né à Florence en 1691, mort à Rome en 1737. orna cette capitale de la belle façade de Saint-Jean-de-Latran . et de quelques autres édifices.

GALINDON, plus connut sous le nom de PRUDENCE le Jeune, célèbre évêque de Troyes, assista au concile de Paris en 846 et à celui de Soissons en 853, Il mourut l'an 861. On a de lui quelques Ouvrages, dans lesquels il défend la doctrine de St. Augustin sur la grace et la prédestination. On les trouve dans la bibliothèque

bibliothèque des Pères, et dans le recueil intitulé: Vindiciæ prædestinationis et gratiæ, 1650, en 2 vol. in-4. Breyer, chanoine de Troyes, á écrit la Vie de Calindon én 1725, in-12. Ce prélat, aussi pieux qu'éclairé, étoit lié par les noeuds d'une amitié sainte avec Loup, abbé de Ferrières: Voy. II. LOUP.

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GALIOT, (Jacques) de Genouillac, grand écuyer et grand maître de l'artillerie de France sous François I, se distingua par sa bravoure. Dans le temps des recherches faites en 1541, contre ceux qui s'étoient enrichis aux dépens de l'état, il fut dénoncé au roi comme ayant fait bâtir son superbe château d'Assier dans le Querci, des profits illicites qu'il avoit faits dans ces deux charges. Le roi lui demanda des éclaircissemens. « Il est bien certain SIRE, répondit Galiot, que quand je vins à votre service, je n'étois nullement riche; mais par les places que vous m'avez accordées, je me suis fait tel que je suis c'est vous qui m'avez élevé. J'ai épousé deux femines fort riches, dont l'une de la maison d'Archiac; le reste est venu de mes gages et profits., Bref, c'est vous qui m'avez fait, c'est vous qui m'avez donné les biens que je tiens; vous me les avez donnés librement, aussi librement que vous pouvez me les ôter, et je suis prêt à vous les rendre. Quant à aucun larcin que je vous aie fait, faites-moi trancher la tête, si je vous en ai fait » Ces paroles, ajoute Brantôme, attendrirent si fort le cœur du roi, qu'il lui dit ; « Mon bon homme, oui, vous dites vrai dans tout ce que vous avez dit; aussi ne vous veux-je Tome V

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GALISSONNIÈRE, (Rolland-Michel Barrin, marquis de la) lieutenant-général des armées navales, naquit à Rochefort, le 11 novembre 1693. Il entra au service en 1710, comme gardemarine, et fut fait capitaine de vaissseau en 1738. Son activité, son intelligence et sa bravoure le firent nommer, en 1745, gouverneur-général du Canada: colonie qu'il tâcha de rendre florissante. Appelé en France en 1749, il fut nommé chef d'escadre, et choisi, l'année d'après, pour régler, avec mylord Stanlei, les limites du Canada. La guerre s'étant allumée entre la France et l'Angleterre, il remporta une célèbre victoire navale sur l'amiral Byng, devant Minorque, en 1756. Après cette expédition glorieuse, il se rendoit à Fontainebleau, où étoit alors la cour; mais sa santé, déjà très-dérangée, succomba entiè rement dans la route, et il mourut à Nemours le 17 octobre à l'âge de 63 ans. Louis Xv sensible à sa mort, témoigna des regrets de ne lui avoir pas envoyé le bâton de maréchal de France en ajoutant qu'il l'attendoit à la cour pour le lui don ner lui-même. Le marquis de la Galissonnière aimoit les sciences; et dans ses voyages, il faisoit rechercher, avec soin, tout ce qui intéressoit l'Histoire naturelle

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Aux talens supérieurs de son état, à des connoissances trèsvariées cet illustre marin joignoit un zèle et une bonté de cœur rares. D'une exacte probité et de mœurs austères, il n'étoit sévère qu'envers lui-même. Dans son gouvernement du Canada , il montra de grandes vues, et eréa des moyens pour rendre cette colonie florissante et utile au royaume les citoyens les plus obscurs trouvoient en lui un père; aussi s'étoit-il acquis l'estime et l'amitié de tous les Canadiens, même des sauvages.

GALITZIN, Voyez GAL

LITZIN.

GALLA fille de l'empereur Valentinien et de Justine, fut mariée, l'an 386, à Théodose; et fut mère de Galla Placidia, (dont on parlera au mot PLACIDIE) et de Gratien, mort jeune. Philostorge dit qu'elle étoit arienne: il est vrai que sa mère l'avoit fait élever dans les principes de l'arianisme. Mais il y a lieu de croire que l'épouse de Théodose et la mère de Placidie étoit bonne catholique; d'autant plus que, selon Flechier, Théodose la retira des erreurs de son enfance. Elle mourut en couches à Constantinople, vers le mois de mai de l'an 394. Il ne faut pas la confondre avec GALLA, femme de Jules Constance, qui étoit frère de Constantin le Grand; et mère de Gallus, frère de Julien l'Apostat.

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François I. Il mourut en 1559. On a de lui divers Ouvrages en latin, qui ne sont pas assez bons pour en donner le catalogue.

II. GALLAND (Auguste ) procureur-général du domaine de Navarre, et conseiller d'état, étoit très-versé dans la connoissance des droits du roi, et dans celle de notre histoire. Ses ourieuse et recherchée, en sont un vrages, pleins d'une érudition cutémoignage. Les principaux sont: Navarre et de Flandres, 1648, I. Mémoires pour l'Histoire de in-folio. II. Plusieurs Traités sur les Enseignes et Etendards de France, sur la Chappe de saint Martin, sur l'Office de Grand Sénéchal, sur l'Oriflamme, etc. III. Discours au Roi sur la naissance et accroissement de la ville de la Rochelle, in - 8.° 1628 2 IV. Un Traité contre le Francalleu sans titre, dont la meilleure édition est de 1637, in-4.° On croit que Galland mourut vers l'an 1644.

III. GALLAND (Antoine) né à Rollo dans la Picardie en 1646, de parens pauvres, mais vertueux, se tira de l'obscurité par ses talens pour les langues orientales. Il obtint une chaire de professeur en arabe au collége royal, et une place à l'académie des Inscriptions et BellesLettres. Le grand Colbert l'envoya dans l'Orient. Il en revint avec une moisson abondante; il copia des inscriptions, il dessina des monumens, et il en leva même. Il rapporta deux inscriptions remarquables, l'une en caractères ioniens, et datant vraisemblablement du temps de la guerre du Péloponnèse; l'autre qu'Hérodes Atticus fit graver sur deux colonnes élevées sur la voie

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