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FAVRAS, (Thomas MAHI DE) naquit à Blois, d'une famille ancienne de magistrature, et fit la campagne de 1761 dans les Mousquetaires. Il quitta ce corps, pour passer dans le régiment de Belsunce en qualité de capitaine, et acquit ensuite la charge de lieutenant des Suisses de la garde du frère de Louis XVI. Il s'en démit en 1786, pour aller à Vienne y poursuivre devant le conseil aulique, la légitimation de sa femme, et la faire reconnoître pour fille unique du prince d'Anhalt. Favras, avec une tête ardente et fertile en projets, ne cessoit d'en proposer dans tous les temps et dans toutes les circonstances. Il en avoit fait sur les finances, et avoit composé un plan volumineux pour la liquidation en vingt années des dettes de l'état; mais comme il ne connoissoit pas la théorie des logarithmes, il avoit eu l'incroyable patience de faire par la méthode ordinaire, tous les calculs du remboursement successif, année par année, avec les intérêts. Il s'étoit fait financier avant la révolution; depuis, il proposa des plans politiques. Ceux-ci le rendirent bientôt suspect; et en 1790, il fut accusé d'avoir proposé au gouvernement de lever sur les frontières de France une armée de cent quarante-quatre mille hommes, pour détruire la nouvelle constitution, en commençant par assembler douze cents cavaliers bien armés et portant en croupe douze cents fantassins déterminés. Ces deux mille quatre cents hommes, suivant le projet qu'on lui attribua, devoient entrer à Paris par les trois portes principales, assassiner Bailly et la Fayette, enlever le roi et sa famille pour les conduire

à Péronne, où une armée de vingt mille hommes devoit les attendre. Favras, traduit devant le Châtelet, s'y défendit avec calme, et nia tous les complots qu'on lui imputoit. « Cet accusé, dit un historien, parut devant ses juges avec tous les avantages que donne l'innocence, et qu'il sut faire valoir, parce qu'à un esprit orné, il joignoit la facilité de s'exprimer avec graces. Ses paroles avoient même un charme dont il étoit difficile de se défendre. Il avoit de la douceur dans le caractère, de l'aménité dans les manières, de la décence dans le maintien. Il étoit d'une taille avantageuse et bien proportionnée, d'une physionomie noble et qui prévenoit en sa faveur. L'extrême propreté dans ses habits, et la croix de Saint-Louis dont il étoit décoré, contribuoient à rehausser sa bonne mine. Ses cheveux commençoient à blanchir; il avoit alors 46 ans; ses yeux étoient grands et noirs, son teint un peu basané, son nez saillant et aquilin. Il étoit naturellement froid et réservé parloit peu et réfléchissoit beaucoup. » Dans tout le cours de sa défense, il ne perdit jamais cette attitude noble qui convient à l'innocence. Favras répondit à toutes les questions avec netteté et sans embarras. Les juges restèrent pendant six heures aux opinions, et condamnèrent l'accusé à être pendu et à faire préalablement amende honorable. A trois heures du soir, le 18 février 1790, ce dernier fut conduit au lieu de son supplice. Les cheveux épars, les mains liées, assis dans l'infame tombereau, il n'en conserva pas moins le calme et la majesté de sa figure. Arrivé devant l'église de Notre-Dame, il

descendit, prit des mains du greffier l'arrêt qui le condamnoit, et en fit lui-même la lecture à haute voix. Lorsqu'il fut à l'hôtel de ville, il demanda à dicter une déclaration, dont voici un court extrait : «< En ce moment terrible, prêt à paroître devant Dieu, j'at teste en sa présence, à mes juges et à tous ceux qui m'entendent, que je pardonne aux hommes qui

contre leur conscience m'ont accusé de projets criminels qui n'ont jamais été dans mon ame.... J'aimois mon roi; je mourrai fidelle à ce sentiment; mais il n'y a ni jamais eu en moi ni moyen, volonté d'employer des mesures violentes contre l'ordre des choses nouvellement établi... Je sais que le peuple demande à grands cris ma mort; eh bien ! puisqu'il lui faut une victime, je préfère que le choix tombe sur moi, plutôt que sur quelque innocent, foible peut-être, et que la présence d'un supplice non mérité jeteroit dans le désespoir. Je vais donc expier des crimes que je n'ai pas commis. » Il corrigea ensuite tranquillement les fautes d'orthographe et de ponctuation faites par le greffier, et dit un éternel adieu à ceux qui l'entouroient. Lorsqu'il fut sur l'échafaud, la douceur de son regard et la sérénité de son visage, en chaînèrent la rage des spectateurs et commandèrent le silence. Il se tourna vers le peuple, et s'écria: «< Braves citoyens, je meurs sans être coupable, priez pour moi le Dieu de bonté. » Il conjura ensuite le bourreau de faire

son devoir, et de terminer ses jours. Le public plaignit sa mort, et le crut une victime immolée à la sureté publique, et pour appaiser l'effervescence du peuple. On a publié en 1790 la correspon

dance de Favras et de son épouse pendant leur détention, in-8.o Cette dernière fut mise en liberté après la condamnation de son mari.

I. FAVRE et non FAURE, en latin Faber, (Antoine) né à Bourg en Bresse l'an 1557, fut successivement juge - mage de Bresse, président du Genevois

pour

le duc de Nemours, premier président du sénat de Chambéri, et gouvernement de Savoie et de tous les pays de deçà les monts : il mourut en 1624, à 67 ans. Ses ouvrages contiennent Io vol. in-folio. Jurisprudentia Papinianæa ; Lyon, 1658, 1 vol. De erroribus interpretum Juris, 2 vol. Comment. in Pandectas, seu De erroribus Pragmaticorum, 1659, 5 vol. Codex Fabrianus, 1661 1 vol. Conjectura Juris civilis, 1661, 1 vol. On y joint H. Borgia investigationes Juris civilis in conjecturas A. Fabri; Naples, 1678, 2 vol. in-folio. Dans les Quatrains de Pibrac, on en trouve de Favre. Il est aussi auteur d'une tragédie, intitulée : les Gordians ou l'Ambition, 1596 in-8.o Favre a éclairci plusieurs opinions obscures; mais! il a poussé trop loin les subtilités dans l'examen de certaines questions de droit: il s'éloigne quelquefois des principcs. C'étoit un esprit vaste, propre aux affaires comme à l'étude. Ce fut lui qui fut chargé de négocier le mariage de Mad. Christine de France avec le prince de Piémont, VictorAmédée. Le roi de France lui offrit inutilement la première présidence du parlement de Toulouse; il voulut rester au service du duc de Savoie.

II. FAVRE, (Claude) seigneur de Vaugelas et baron de Peroges, naquit, en 1585, à

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Bourg en Bresse, du précédent. Son père étoit consommé dans l'étude de la jurisprudence; le fils ne fut point indigne de lui; mais son esprit fut plus juste. Le jeune Vaugelas vint à la cour de bonne heure. Il fut gentilhomme ordinaire, puis chambellan de Gaston, duc d'Orléans, qu'il suivit dans toutes ses retraites hors du royaume. Il mourut pauvre en 1650, à 65 ans. La cause de sa mort fut un abcès dans l'estomac, qui le tourmentoit depuis quelque temps. II fut soulagé par les remèdes, et se crut guéri. Mais, son mal l'ayant repris un matin avec plus de violence il envoya un de ses valets chercher du secours. Un autre domestique étant survenu le trouva qui rendoit l'abcès pår la bouche et lui demanda, tout étonné, ce que c'étoit. Vaugelas lui répondit froidement, et sans émotion : Vous voyez, mon ami, le peu que c'est que l'homme ! Il expira peu de temps après. On peut être surpris que Vaugelas, estimé à la cour réglé dans sa dé pense, et n'ayant rien négligé pour sa fortune, soit presque mort dans la misère; mais les courses de Gaston, et d'autres accidens, avoient fort dérangé ses affaires. Louis XIII lui donna une pension de deux mille livres en 1619. Cette pension, qu'on ne lui payoit plus, fut rétablie par le cardinal de Richelieu, afin de l'engager à travailler au Dictionnaire de l'académie. Lorsqu'il alla le remercier de cette grace, Thichelieu lui dit en riant : Vous n'oublierez pas du moins dans le Dictionnaire le mot de PENSION.

Non, Monseigneur, répondit Vaugelas, et encore moins celui de RECONNOISSANCE.... Ce

littérateur étoit un des acadé miciens les plus aimables, comme des plus illustres; il avoit une figure agréable, et l'esprit comme la figure. Vaugelas étudia toute sa vie la langue Françoise, et travailla à l'épurer. Il disoit souvent qu'une mauvaise raison faisoit ordinairement moins de tort qu'un mauvais mot, parce qu'il n'y a que les à réflexion qui s'apperçoivent de la fausseté d'un raisonnement, au lieu qu'un mauvais mot est remarqué par tout le monde.... Vaugelas regardoit comme des modèles de bon style l'Histoire Romaine de Coeffeteau, et les traductions de Perrot dAblancourt. La sienne de QuinteCurce, imprimée en 1647 in-4o, fut le fruit d'un travail de trente

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gens

années. Cette version, de laquelle Balzac disoit dans son style emphatique, «L'Alexandre de Quinte-Curce est invincible, et celui de Vaugelas est inimitable, » passa pour le bon livre le plus correctement écrit en françois. Quoique le style manque un peu de cette souplesse, de cette aménité de cette grace qu'on a données depuis à notre langue, il y a peu d'expressions qui aient vieilli. Vaugelas ne rendit pas moins de service aux écrivains de notre nation, par ses Remar— ques sur la langue Françoise dont la première édition est in-4° : ouvrage moins nécessaire qu'autrefois, parce que la plupart des doutes qu'il propose, ne sont plus des doutes aujourd'hui; mais ouvrage toujours utile, surtout si on le lit avec les remarques dont Thomas Corneille et d'autres l'ont enrichi, en 3 vol. in-12. Voltaire dit que Vaugelas réus→ sissoit à faire des vers italiens sans en pouvoir faire de françois. Voyez I. DUPLEIX, vers la fin.

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I. FAURE, ( Charles ) abbé de Sainte-Geneviève, et premier supérieur général des chanoines réguliers de la congrégation de France, vit le jour à Luciennes proche Saint-Germain-en-Laye, en 1594, d'une famille noble. Il entra dans l'abbaye de SaintVincent-de-Senlis, et la réforma par ses conseils et par ses exemples. Cette réforme fut suivie de celle de l'abbaye de SainteGeneviève de Paris, et de près de cinquante autres maisons. Le réformateur fut nommé général de cette nouvelle congrégation. Il travailla avec des peines et des fatigues incroyables à rétablir l'ancienne discipline. Il mourut saintement à Paris, le 4 novembre 1644, à 50 ans, laissant un Directoire des Novices et d'autres ouvrages. Le Directoire a été réimprimé à Paris en 1711. Le Père Chartonnet a publié la Vie du Père Faure, en 1698, in-4.° Elle renferme l'histoire des Chanoines réguliers de la congrégation de France, et l'esprit de leur fondateur. Elle est écrite d'une manière édifiante. On y loue beaucoup, avec raison, le saint réformateur. Mais l'auteur est-il louable de faire mourir par des morts funestes, tous les rereligieux qui furent opposés au Père Faure?

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Infandum, REGINA, jubes renovare

dolorem.

On a de lui plusieurs Oraisons funèbres, dont l'une, qui n'eut pas de succès à l'impression, lui attira cette épigramme :

Ce Cordelier mîtré, qui promettoit merveilles,

Des hauts faits de la Reine Orateur

ennuyeux,

Ne s'est pas contenté de lasser nos oreilles,

Il veut encor lasser nos yeux.

FAURE, Voyez III. DURAND. —GUICHARDIN.— Versoris.

FAUST, Voyez FUSTн.

FAUSTA (Flavia-Maximiana) fille de Maximien-Hercule et ďEutropia, étoit sœur de Maxence. Elle naquit à Rome, et y fut élevée d'une manière digne de sa condition. Son père ayant repris la pourpre avec le titre d'Auguste, en 306, la mena l'année suivante dans les Gaules, où régnoit Constantin et la donna en mariage à cet empereur. Les qualités que cette princesse fit paroître dans les premières années de son règne, la firent considérer comme un modèle accompli. Attachée à la gloire de son époux, elle engageoit ce prince à soulager ses peuples et à leur faire des libéralités. Fausta, engagée par Maximien son père à trahir Constantin, lui promit tout ce qu'il voulut : mais, pleine de tendresse pour son mari, elle lui découvrit les noirs desseins de son père, qui fut arrêté et mis à mort. L'attachement de Fausta à ses devoirs, et le soin qu'elle prenoit de l'éducation de ses enfans, faisoient le bonheur de sa vie. Elle chérissoit d'autant plus la vertu, qu'elle avoit embrassé le Chris

tianisme. Mais, par une fatalité qu'on auroit de la peine à concevoir, si la foiblesse de l'humanité n'en fournissoit que trop d'exemples, toutes les passions s'allumèrent tout-à-coup dans son cœur. Elle s'abandonna aux personnes les plus viles, jeta des regards incestueux sur Crispe fils de Constantin, et ne put l'attendrir. Irritée de sa résistance, elle joignit la calomnie à l'inceste, et l'accusa auprès de l'empereur d'avoir voulu la violer. Elle fit mettre à mort, par cette imposture, celui qui avoit refusé de se souiller d'un crime horrible. Constantin, instruit trop tard de ses débauches et de sa scélératesse, vengea la mort de son fils

et son propre honneur si cruellement outrage il la fit mourir dans un bain chaud, l'an 327 de J. C. Ainsi périt cette princesse, fille, femme, sœur d'empereurs, et mère de trois princes qui parvinrent à l'empire. Mais la famille dont elle sortoit, étoit aussi souillée de crimes que comblée de grandeurs, et dans l'intrigue détestable qui lui mérita la mort, on reconnoît la fille de Maximien-Hercule et la sour de Maxence. « Il n'étoit pas possible, dit Crevier, qu'une scène aussi tragique se passat dans la maison impériale, sans y faire bien des coupables. Aussi Eu trope rapporte-t-il qu'il en coûta la vie à plusieurs amis de Constantin; et il courut dans le public un distique sanglant, qui taxoit en même temps le prince de luxe et de cruauté, dont le sens est: Pourquoi desirerionsnous le siècle d'or de Saturne? Celui où nous vivons est de perles, mais dans le goût de Néron. Il est fachenx que, dans la vie du premier empereur Chrétien,

il se trouve des actions aussi contraires, non-seulement à la sainteté du Christianisme, mais aux lois d'une vertu toute humaine. » Constantin, qui avoit d'ailleurs de très-grandes qualités, eut le malheur d'être, comme tant d'autres princes, la dupe des préventions qu'on lui inspira, et de ne pas résister toujours aux premiers mouvemens d'un caractère vif et impétueux.

FAUSTE, évêque de Riez, né vers l'an 390 dans la GrandeBretagne, quitta le barreau où il brilloit, pour s'ensévelir dans le monastère de Lérins. Il en fut abbé vers l'an 433, lorsque St. Maxime quitta ce poste pour gouverner l'église de Riez. Il lui succéda dans cet évêché vers 455, fut exilé en 481, et mourut vers l'an 485. On a de lui un Traité du libre Arbitre et de la Grace, où il relève trop les forces de la nature (Claudien Mamert l'a réfuté;) et d'autres ouvrages, dans la bibliothèque des Pères. Le nom de Fauste étoit autrefo's dans le Martyrologe; Molan fut le premier qui s'avisa de l'òter. Simon Bartel, auteur d'une Histoire chronologique des Evêques de Riez, a mis à la fin de son ouvrage une Apologie de Fauste, que les curieux pourront consulter. Quoique les écrits de Fauste

aient été flétris. dit le P. Longueval, sa mémoire ne l'a point été

, parce qu'il écrivoit avant que l'église eût condamné comme une hérésie les sentimens qu'il a enseignés. Il est honoré comme saint à Riez, où il y a une église dédiée en son honneur. Ses ouvrages, à ces erreurs près, sont estimables, par la réunion de la force de l'éloquence, et de l'onction de la piété. Sidoine Apolli- .

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