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haute dignité, il redoubla fes efforts pour être utile à l'état, & remporta de grands
avantages dans la province de Guyenne, dont il étoit lieutenant general. Le roi
Henry III. ayant créé l'ordre du S. Efprit, pour honorer les plus grands feigneurs
de ton royaume, mit le marêchal de Biron au nombre des commandeurs de cet
ordre. Aprés la mort funefte de ce roi, le maréchal de Biron fut le premier qui
fe declara pour fon legitime fouverain, malgré les fureurs de la ligue & le torrent
funefte qui avoit entraîné dans le mauvais party la plupart des grands du royaume,
il cut l'avantage de combattre utilement pour fon roi aux journées d'Arques &
d'Yvry, & de foumettre une partie de la province de Normandie. Ce grand roi avoit
promis de reconnoître des fervices fi importans au retour de la campagne de 1592.
& d'ériger la baronie de Biton en faveur d'Armand de Gontaut, en auché-Pairie
s'il eût eu affez de temps pour accomplir fa promeffe; Charles-Armand de Gontaut
de Biron, qui defcend en ligne directe mafculine d'Armand de Biron, n'auroit
pas befoin de nouvelle grace pour être duc & Pair, puifqu'il auroit été appellé nom-
mément dans les premieres lettres: mais Armand de Biron ayant voulu reconnoître
lui-même la ville d'Epernay, devant laquelle il avoit mis le liege, fut tué d'un coup
de canon le vingt-fix de juillet de la même année 1592. Charles de Gontaut son
fils aîné fut fait maréchal de France deux ans aprés la mort, il fut auffi pourvû du
gouvernement de Bourgogne, & reduifit cette grande province au pouvoir du roi
Henry IV. il reçut en diverfes occafions trente-deux bleffures, & ce grand roi pour
recompenfer les fervices du pere & du fils, voulut bien accorder à ce dernier les
lettres de duc & Pair, qu'il avoit promises à fon pere; dont la mémoire lui étoit C
toujours chere, & qu'il difoit fouvent lui avoir donné la main pour monter au
trône, & le lui avoir affermi par fon courage & fes confeils: Aprés avoir donc joint,
uni, annexé & incorporé à la baronie, terre & feigneurie de Biron, celles de Mon-
taut & de Montferrant, circonftances & dépendances, il les érigea en titre, nom,
dignité & prééminence de duché-Pairie de France, fous le nom de Biron, en faveur
dudit Charles de Gontaut de Biron, marêchal de France, qu'il voulut lui-même
prefenter au parlement avec cette expreffion obligeante qui eft tranfcrite dans les
regiftres de cette compagnie : Que le maréchal de Biron étoit l'homme de fon
royaume qu'il prefentoit le plus volontiers à fes ennemis & à fes amis. Depuis le
deceds de Charles de Biron le roi Henry IV. témoigna qu'il vouloit continuer ce
duché-Pairie en faveur de Jean de Gontaut, frere de Charles, & ayeul de Charles-
Armand de Biron; mais differentes circonftances malheureuses, & la mort préci-
pitée du roi Henry IV. empêcherent l'accompliffement de ce jufte deflein. Fran-
çois de Gontaut de Biron, fils aînê de Jean de Gontaut, fuivant les traces de fes
illuftres ayeux rendit au feu roi notre trés-honoré feigneur & bifayeul pend. nt fa
minorité, des fervices importans dans la province de Guyenne, il merita d'être
nommé, quoiqu'encore jeune, lieutenant general des armées du roi, & il commanda
en cette qualité l'armée qui fut envoyée en Italie au fecours du duc de Modene;
fes fervices furent fi agreables au feu roi, qu'il promit de lui donner le titre de duc
& Pair de France, qui avoit déja été dans fa maifon, mais le mauvais état de fes
affaires domeftiques l'ayant obligé de fe retirer dans fes terres pour long-temps, le
roi fit pendant fon abfence une promotion. Charles-Armand de Biron, fils aîné
de François, n'a rien negligé pour meriter les bonnes graces du feu roi & les nôtres,
il a fervi avec diftinction dés fa plus grande jeuneffe, & depuis quarante-deux ans
il n'a negligé aucune occafion qui pût marquer fon attachement à notre service, &
à celui de notre état, il a reçû plufieurs bleffures, & entr'autres il a perdu un bras
au fiege de Landau, dont le feu roi notre trés-honoré feigneur & bifayeul lui donna
le gouvernement, & fe reffouvenant de la parole, qu'il avoit donnée à François de
Biron fon pere, de faire revivre en fa faveur le duché de Biron, il lui promit
de lui faire cette grace, dont la mort feule de ce grand roi l'a empêché de profiter.
Depuis ce temps-là, il n'a pas laiflé de nous fervir utilement dans nos confeils,
& dans la place importante que nous lui avions confiée pour faire en chef le détail
de notre infanterie, & en rendre compte à notre trés-cher & trés-amé oncle le duc
d'Orleans regent, auquel il a donné depuis long-temps des marques de fon attache-
ment inviolable, & qui nous a rendu compte de fes longs & importans services,
& du zele qu'il a toujours témoigné pour notre fervice, & pour le bien de notre
royaume. A ces caules, & autres bonnes confiderations à ce nous mouvans de
l'avis de notre trés-cher & trés-amé oncle le duc d'Orleans regent, & de notre
grace speciale, pleine puiffance & autorité royale, avons de nouveau joint, uni &
incorporé,

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A incorporé, joignons, uniffons & incorporons à la baronie de Biron les terres & feigneuries de Montaut & de Montferrant, circonftances & dépendances fituées en Perigord & Agenois, reffort de notre parlement de Bourdeaux, laquelle baronie' avec les fiefs & arriere-fiefs, ainfi augmentée & accrue par le moyen desdites jonctions, unions & incorporations, avons de nouveau par ces prefentes fignées de notre main créé & érigée, créons & érigeons en titre, nom, dignité & prééminence de duché-Pairie. Voulons & Nous plait qu'elle foit dorénavant appellée duché de Biron & Pairie de France, pour par ledit Charles-Armand de Gontaut de Biron, fes enfans & defcendans mâles nez & à naître en loyal mariage, proprietaires dudit duché-Pairie de Biron, joüir du nom, titre, qualité & dignité de duc & Pair de Б France, aux honneurs, autoritez, rangs, féances, privileges, prérogatives prééminences, franchises, libertez & autres droits qui appartiennent à ladite qualité & dignité, & dont les autres ducs & Pairs de France ont joui ou dû jouir de tout temps & ancienneté, tant en justice, jurifdiction, féance en notre cour de parlement de Paris & autres nos cours, avec voix déliberative tant à l'audience que chambre du confeil, qu'en tous autres endroits quelconques, foit en affemblées de noblesse, faits de guerre, qu'autres lieux, & actes d'honneur, de féance & de rang. Voulons & Nous plaît que toutes les caufes civiles & criminelles, mixtes & réelles qui concerneront tant ledit Charles-Armand de Gontaut de Biron, que les droits dudit duché & Pairie, foient traitées & jugées en notre cour de parlement de Paris en C premiere inftance, & que les caufes & procés d'entre les vaffaux & jufticiables dudit duché & Pairie reflortiffent par appel en notre cour de parlement de Bordeaux. Et à cet effet avons diftrait & exempté ledit duché & les dépendances, & par ces prefentes diftrayons & exemptons du reffort de tous juges & jurifdictions où les appellations desdits officiers avoient coutume de reffortir, fans préjudice néanmoins des cas royaux, dont la connoiflance demeurera à nos juges qui avoient coutume d'en connoître, le tout à la charge d'indemniser nos officiers, fi fait n'a été. Voulons que ledit Charles-Armand de Gontaut de Biron tienne ledit duché & Pairie de nous nuëment & en plein fief à cause de notre couronne, & qu'il releve de notre tour du louvre fous une feule foi & hommage, que ledit Charles-Armand de Gontaut de Biron nous fera & prêtera le ferment de fidelité ainfi qu'il eft accoutumé. Voulons auffi que tous fes vaffaux le reconnoiflent comme duc de Biron & Pair de France, & lui rendent en cette qualité les devoirs aufquels ils font tenus. Voulons auffi que lui & tous fes fuccefleurs audit duché-Pairie puiflent établir un fiege de duché-Pairie audit lieu de Biron, dans lequel il y aura un fenêchal ou bailly, un lieutenant, un procureur, un greffier & le nombre de notaires, procureurs & fergens accoutumés pour y exercer la juftice, fans néanmoins qu'en confequence de la prefente érection en duché-Pairie ladite baronie de Biron, fes dépendances & annexes puiffent au défaut d'enfans & defcendans males dudit Charles-Armand de Gontaut de Biron, être par nous ou les rois nos fuccefleurs réunies à la couronne, en confequence des édits, déclarations & ordonnances des années 1566. 1579. 1582. & 1587. & toutes autres faites fur l'érection des duchez-Pairies, aufquelles & aux dérogatoires des dérogatoires y contenus, avons dérogé & dérogeons par ces prefentes en faveur dudit Charles-Armand de Gontaut de Biron & de fes fucceffeurs ; pourquoi nous avons difpenfé & difpenfons ledit duché de la rigueur defdits édits & déclarations, mais à la charge qu'au défaut de fucceffeurs mâles en ligne directe & en loyal mariage dudit Charles-Armand de Gontaut de Biron, le titre de duché fera éteint, & la terre de Biron & autres y unies retourneront en leur premiere naE ture, titre & qualité. Si donnons en mandement à nos amez & feaux confeillers, les gens tenans nos cours de parlement & chambre des comptes à Paris, & à tous nos autres officiers & jufticiers qu'il appartiendra, que ces prefentes nos lettres d'érection en duché-Pairie de Biron, ils faffent lire, publier & registrer, & du contenu en icelles jouir & ufer ledit Charles-Armand de Gontaut de Biron, fes enfans & delcendans mâles en loyal mariage, pleinement, paifiblement & perpetuellement, ceffant & faifant ceffer tous troubles & empêchemens, nonobftant toutes choses à ce contraires, aufquelles nous avons dérogé par ces prefentes. Car tel eft notre plaifir, & afin que ce foit chofe ferme & ftable à toujours, nous avons fait mettre notre fcel à cefdites prefentes. Donné à Verfailles au mois de fevrier l'an de grace 1723. Et de notre regne le huitiéme. Signé, LOUIS. Par le roi, le duc d'Orleans regent present. Signé, PHELYPPEAUX. Et fcellé du grand sceau de cire verte en lacs de foyo rouge & verte. Vifa FLEURIAU.

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Reçu en Parlement le 22. dudit mois de fevrier.

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ES terres & feigneuries de Lurcy-le-Sauvage, de Poligny, de la Braudiere & de Champroux, avec neuf autres,toutes fituées en Bourbonnois, ont été réunies & érigées en un feul & même fief, fous le nom de duché de Levis, Pairie de France, en faveur de CHARLES-EUGENE, marquis de Levis, de fes enfans

& defcendans mâles, par lettres patentes données à Paris au mois de fevrier 1723. D

registrées le 22. du même mois, le roi féant en fon lit de juftice pour la declaration de fa majorité. Voyez les pieces qui fuivent concernant cette érection, & tome IV. de cette hiftoire, p. 11. & fuivantes, où la genealogie de la maison de LEVIS est rapportée, à l'occafion du duché & Pairie de VENTADOUR en 1589.

PIECES CONCERNANT LE DUCHE PAIRIE

DE LEVIS.

Erection du duché & Pairie de Levis, du mois de fevrier 1723.

LOUIS,

la

par grace de Dieu, roi de France & de Navarre: A tous prefens & à venir, Salut. Tous les motifs qui ont porté les rois nos prédeceffeurs

à élever à la dignité de duc & Pair de France, ceux de leurs fujets qui ont merité ce titre éminent, le réuniffent en faveur de Charles-Eugene, marquis de Levis, comte de Charlus, lieutenant general de nos armées & au gouvernement de Bourbonnois , gouverneur de nos ville & citadelle de Mezieres, & commandant pour nous en chef dans notre comté de Bourgogne. La grandeur de la naiffance, les alliances confiderables, les fervices importans rendus à l'état, le defir que nous devons avoir de remettre dans une maison illuftre une dignité qu'elle a poffedée pendant plus de cent quarante ans, nous portent à ériger en duché & Pairie, fous le nom de duché de Levis, les terres & feigneuries de Lurcy-le-Sauvage, Poligny, Champroux, circonftances, dépendances & annexes, en faveur dudit Charles-Eugene de Levis. Sans rechercher l'origine de la maifon de Levis dans les temps les plus recu

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lez: perfonne n'ignore que les feigneurs de Levis étoient en grande confideration dans le douziéme fiecle, que Guy fire de Levis, fut un des principaux chefs qui accompagnerent Simon comte de Montfort, à la guerre contre les Albigeois, qu'il y merita par fes hauts faits & par fes grands fervices le titre de marêchal de la foy, que lui donna le roi Louis VIII. au commencement du treiziéme fiecle, & qui eft demeuré hereditaire dans fa maifon. Louis de Levis, l'un des defcendans de Guy, marêchal de la foy, époula en 1492. Blanche de Ventadour, fille unique de Louis comte de Ventadour, & de Catherine de Beaufort, dame de Charlus, dont il cut deux fils Gilbert & Jean de Levis, qui ont fait les deux branches de Ventadour & de Charlus. Gilbert de Levis I. du nom, comte de Ventadour, eut un fils nommé Gilbert comme lui, qui eut lui-même un fils nommé comme fon pere & fon ayeul. Gilbert de Levis III. du nom, comte de Ventadour, en faveur duquel le roi Henry III. érigea en 1578. le comté de Ventadour en duché. Dans les lettres d'érection, il paroit que le comte de Ventadour étoit chevalier de l'ordre du roi & gouverneur du Limousin; qu'en faifant cette érection le roi avoit principalement confideré la noblefle, la grandeur, l'antiquité de la maifon de Levis, les hauts, grands, vertueux & magnanimes faits des nobles & excellens perfonnages qui en étoient iffus, & qui pour foutenir les droits & la cause de sa Majesté, avoient laissé perdre, brûler & taccager leurs maisons, villes, places & châteaux, que même dans les guerres que la France avoit eues contre les Anglois, les ancêtres de Gilbert de. Levis demeurerent toujours fideles, le château de Ventadour ayant été le feul qui tint pour la France dans le Limousin & ayant été affiegé pendant une année entiere; qu'ils s'étoient depuis signalez dans toutes les occafions qui s'étoient préfentées, & qu'ils avoient mérité par leurs fervices que le comté de Ventadour, l'un des plus beaux & des plus anciens comtez du royaume, fut érigé en duché, en faveur de Gilbert de Levis, comte de Ventadour, & de fes defcendans mâles. Cette grace ayant animé de plus en plus le duc de Ventadour à rendre des fervices importans au roi & à l'état, il merita que fon duché fût érigé en Pairie par des lettres du même roi données au camp de Baugency au mois de juin 1589. mais comme la mort de ce roi arriva peu de temps aprés l'expedition de ces lettres, & que Gilbert D de Levis ne furvêquit pas long-temps, le roi Henry III. Henry le grand de glorieufe mémoire, aprés être parvenu à la couronne, voulut bien récompenfer de nouveau les fervices d'Anne de Levis, duc de Ventadour, fils de Gilbert, & lui accorda des lettres pour le faire jouir de la grace qui avoit été faite à fon pere par. le roi Henry III. & en confequence de ces fecondes lettres, celles du mois de juin 1589. portant érection du duché de Ventadour en Pairie, furent registrées au Parlement, féant à Tours le 13. mai 1594. Depuis ce temps, les defcendans d'Anne de Levis, duc de Ventadour, Pair de France, & de Marguerite de Montmorency fon époule, ont joui des droits de Pairie jufqu'en l'année 1719. que Louis-Charles de Levis, dernier duc de Ventadour, eft decedé fans pofterité mafculine, n'ayant laiflé qu'une fille unique, mariée dans la maifon de Rohan. Que la branche de Levis-Charlus, qui fort de la même tige que celle de Levis-Ventadour, c'est-à-dire, de Gilbert de Levis I. du nom, comte de Ventadour; & qui s'eft continuée de mâle en mâle depuis Jean de Levis, feigneur de Charlus, qui époula Françoise de E Poitiers-S.-Vallier, par Charles de Levis, baron de Charlus, qui fut grand maître des eaux & forêts de France, par Jean de Levis II. du nom, Jean de Levis III. du nom, Charles de Levis II. du nom, capitaine des gardes du corps du roi Louis XIII. notre trifayeul, par Roger de Levis, comte de Charlus, & par Charles-Antoine de Levis, auffi comte de Charlus, tous deux lieutenans generaux en la Province de Bourbonnois, & par ledit Charles-Eugene, marquis de Levis, lieutenant general de nos armées, à prefent l'aîné de fa branche, ne s'eft pas moins diftinguée que la branche de Ventadour, par les grands fervices qu'elle a rendus aux rois nos prédeceffeurs & à l'état; deforte que nous avons crû ne pouvoir mieux les récompenter qu'en remettant dans leur mailon la dignité de duc & Pair de France, qu'ils ont perdue par la mort fans enfans mâles du dernier duc de Ventadour: Et nous nous y fommes portez d'autant plus volontiers que celui qui fe trouve à prefent Painé de cette mailon auroit merité par les fervices d'y faire entrer cette dignité, quand même elle n'y auroit point été dés le feizième fiecle. Il a commencé de trés-bonne heure à fervir dans les armées du feu roi notre trés-honoré feigneur & bifayeul, il eut l'honneur de fuivre le Dauphin de France notre ayeul, lorfqu'en l'année mil fix cent quatre-vingt-huit, il entra en Allemagne, & y prit les villes de

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Philisbourg, Manheim, & Frankendal depuis l'année 1689. jufqu'en 1697. il a A fervi à la tête d'un regiment de cavalerie, tant en Flandres que fur le Rhin. Il s'eft trouvé aux batailles de Fleurus, de Steinkerque & de Nerwinde, aux fieges de Mons, de Namur, de Charleroy, & dans les autres occafions importantes qui fe font prefentées pendant cette guerre. En 1701. la guerre ayant recommencé, il fut fait brigadier de nos armées, & fervit en cette qualité pendant deux ans. En 1703. il commanda la cavalerie dans l'armée qui alla joindre notre trés-cher & trés-amé oncle l'électeur de Baviere, & y ayant eu la même année une bataille confiderable, il s'y signala, de maniere que le feu roi le fit, marêchal de fes camps & armées, il a fervi en cette qualité fans aucune interruption, il s'eft trouvé à toutes les batailles qui ont été données; les generaux fous lefquels il a fervi, lui ont fouvent confié le commandement de corps feparez qu'il a toujours conduits à leur fatisfaction. En l'année 1708. il fut fait feul par diftinction lieutenant general de nos armées, & a continué de fervir en cette qualité jusqu'à la paix. Au commencement de notre regne ayant établi un confeil de guerre, nous crumes devoir l'y faire entrer, il y a tou- B jours travaillé à notre fatisfaction, & aprés que ce confeil a ceflé de fe tenir, nous lui avons confié le commandement en chef dans notre comté de Bourgogne, où il s'est parfaitement acquitté de fes devoirs, deforte que nous ne fçaurions lui donner des marques trop éclatantes de notre bienveillance. A ces caules & autres confiderations à ce nous mouvans, de l'avis de notre trés-cher & trés-amé oncle le duc d'Orleans regent, & de notre grace fpeciale, pleine puiffance & autorité royale, avons par ces prefentes fignées de notre main, créé & érigé, créons & érigeons en titre, nom, dignité & préeminences de duché & Pairie de France, les terres & feigneuries de Lurcy-le-Sauvage, Poligny, de la Braudiere, Champfromental, de la C Chauffée, de Plailance, de Lepaud, de Champroux, de Blancfoflé, des grands & petits Bouquetreauds, de la Poiffonnerie, de la Chapelle & des quatre Vents, que nous avons ensemble toutes leurs appartenances, dépendances & annexes fituées en notre province de Bourbonnois, unies en un feul & même fief fous le nom de duché de Levis, en faveur dudit Charles-Eugene marquis de Levis; à l'effet de quoi avons de nos mêmes graces & autorité que deflus, changé & commué, & par ces presentes changeons & commuons les noms defdites terres & feigneuries en celui de Levis, pour par ledit Charles-Eugene de Levis, fes enfans & defcendans mâles nez & à naître en legitime mariage, jouir à perpetuité comme feigneurs proprie taires dudit duché & Pairie de Levis, des nom, titre, qualité & dignité de duc & Pair de France, aux honneurs, autoritez, rangs, féances, privileges, prérogatives, préeminences, franchises, libertez & autres droits qui appartiennent à ladite qualité & dignité, & dont les autres Pairs de France ont joui ou dû jouir de tout temps D & ancienneté, tant en juftice, jurifdiction, féance en notre cour de parlement de Paris & autres nos cours, avec voix deliberative, qu'en tous autres endroits quelconques, foit és affemblées de nobleffe, faits de guerre, qu'autres lieux & actes de féance, d'honneur & de rang. Voulons & nous plaît que toutes les causes civiles & criminelles, mixtes & réelles qui concerneront tant ledit Charles-Eugene de Levis, fes enfans & defcendans mâles, que les droits dudit duché-Pairie, foient traitées & jugées en notre cour de parlement de Paris en premiere inftance, & que les caufes & procés d'entre les vaffaux & jufticiables dudit duché & Pairie y reffortiffent nuement par appel, & à cet effet avons diftrait & exempté, diftrayons & exemptons par ces prefentes ledit duché & Pairie & fes dépendances du reffort de tous juges & jurifdictions, où les appellations dudit duché avoient coutume de reffortir, fans préjudice néanmoins des cas royaux, dont la connoiffance demeurera à nos juges qui E avoient coutume d'en connoître, le tout à la charge d'indemnifer nos officiers. Voulons que ledit Charles-Eugene de Levis tienne ledit duché & Pairie de nous nuement en plein fief à cause de notre couronne, & qu'il releve de notre tour du louvre, fous une feule foi & hommage qu'il nous a faite & dont il nous a prêté le ferment de fidelité, ainfi qu'il eft accoutumé. Voulons auffi que tous fes vaffaux & tenanciers le reconnoiflent comme duc & Pair de France, qu'ils lui rendent en ladite qualité les devoirs aufquels ils font tenus, & qu'il puiffe établir audit lieu de Lurcy-le-Sauvage un fiege de duché-Pairie, fans néanmoins qu'en confequence de la prefente érection lefdites terres & feigneuries à prefent unies en un feul corps de fief, leurs dépendances & annexes, puiffent au défaut d'enfans & defcendans mâles dudit CharlesEugene de Levis, être par nous, ou par les rois nos fuccefleurs réunis à la couronne, en confequence des édits, declarations & ordonnances des années 1566. 1579. 1582.

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