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fit part de ses ordres et l'arrêta. Perez conçut aussitôt le dessein de se placer sous la protection de la justice ecclésiastique, et il envoya adroitement un de ses serviteurs consulter à cet égard le cardinal de Tolède. En attendant son retour, il amusa l'alcade. Le cardinal ayant approuvé son projet, et le serviteur qu'il avait dépêché auprès de lui l'ayant fait comprendre par signe à Perez, en présence même de l'alcade, qui ne s'en douta point1, Perez passa, en annonçant qu'il allait revenir, dans une pièce voisine dont la fenêtre donnait sur Saint-Just. Il descendit par cette fenêtre, qui n'avait pas plus de huit à neuf pieds d'élévation au-dessus du sol, et il se réfugia dans l'église, qui fut aussitôt fermée. Les alcades coururent après lui, et firent forcer avec un levier les portes, qu'on ne voulait pas ouvrir2. Ils cherchèrent longtemps Perez, qu'ils finirent par découvrir dans les combles de l'église, blotti sous les toits mêmes, d'où ils le tirèrent tout couvert de poussière et de toiles d'araignée. Malgré les protestations et la résistance des prêtres, ils le firent transporter par leurs alguazils dans la voiture qui le conduisit à la forteresse de Turegano*.

L'affaire n'en resta point là, et il s'éleva un long conflit entre la justice religieuse et la justice séculière. Le fiscal ecclésiastique dénonça les deux alcades comme ayant violé les immunités de l'Eglise, et les fit condamner successivement, par le tribunal du vicaire général et par celui de la nonciature, à replacer le prisonnier dans Saint-Just 5. Mais Philippe II contraignit, par la violence de ses traitements, les juges ecclésiastiques à se dessaisir de la cause, et fit annuler, en 1589, par le conseil de Castille, les censures prononcées contre ses alcades.

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Y lo bueno fue,

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• una chimenea; y le prendiò.» Proceso, ms. que adelante del alcalde con una señal le declarò el criado el parescer del cardenal, y diestramente dexò al alcalde, y lo executò. Relaciones de Antonio Perez, p. 59-60. -Y junto a ella avia una pieza que tenia una ventana a San-Justo no muy del suelo como estado y medio, y el dicho Ant. Perez, se entrò en la pieza, y <dixò al alcalde que luego salia, y se hecho por le ventana, y se entrò en San-Justo; y el alcalde diò voces, diciendo que Ant. Perez se le huia; y luego los dichos alcaldes fueron a Santo-Justo, y estaban cerradas las puertas, y con una palanca las abrieron. » Proceso, ms. — 3«Y andubieron buscandole, y no lo pudieron hallar; y subieron a los desvanes de los tejados de la yglesia, y le toparon escondido en un desvan, y le sacaron todo lleno de telaraños. Ibid. Ibid.

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Y dio el vicario carta de censuras contra dichos alcaldes para dentro de otra dia, que le volviessen à la yglesia. » Ibid. — Y se quedò assi hasta que fue apelado el año 1589 que a 6 de julio el consejo real mandò que el juez apostolico no conosciesse del negocio, y replica; y de por nullo todo lo hecho; y abra las censuras, y absuelva a los notificados; y le mandaron el dicho juez saliesse dentro « de segunda dia de la corte. Ibid. En esso huvo otra violencia mayor que pren

Perez, n'ayant pas pu se placer sous la juridiction protectrice de l'É. glise, essaya de recourir à la juridiction indépendante de l'Aragon dans l'été de 1585. Juan de Mesa, qui avait trempé dans le meurtre d'Escovedo, vint du fond de l'Aragon jusqu'auprès de la forteresse de Turegano pour l'enlever avec deux juments ferrées à rebours 1. Mais ce projet d'évasion, quoique adroitement combiné par don Balthazar de Alamos 2, fut découvert et déjoué. On garda plus étroitement Perez. Afin même de le contraindre à livrer les papiers qu'il avait mis en sûreté et qui pouvaient le justifier en accusant le roi, on enferma aussi sa femme et ses enfants. On menaça dona Juana Coello d'une détention perpétuelle, avec quelques onces de pain par jour, si elle ne livrait pas les papiers demandés. Le confesseur du roi et le nouveau président de Castille, le comte de Barajas, la poursuivirent à ce sujet de leurs instances et de leurs menaces. Elle aurait refusé avec une constance courageuse de se dessaisir ainsi, contre toutes les lois divines et hu maines, des moyens de justification de son mari, si celui-ci ne lui en eût donné l'ordre par un billet écrit de sa main et avec son sang. Après avoir longtemps résisté, Perez le fit pour mettre un terme à la captivité de sa femme et pour adoucir la sienne. Deux malles fermées et scellées, qui renfermaient les papiers si ardemment désirés, furent portées au confesseur, lequel, sans les ouvrir, en envoya immédiatement les clefs au roi. Ce précieux dépôt fut reçu avec d'autant plus de joie, que le maître crut avoir privé le serviteur des moyens de l'accuser et de se défendre. Mais, aussi astucieux que Philippe II.

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dieron despues a los juezes del nuncio de su sanct. con amenazas grandes, sino alçavan la mano de la causa, Relaciones de Ant. Perez, «En el mes 60. P. de mayo de 1585 quando se publicò, que se avia querido huir el secr° Ant. Perez de la fortaleza de Turruagano, donde estaba presso, el declarante..... topò Juan de Mesa en unos olivares fuera del camino, quemado del sol; y no le res⚫pondiò de adonde venia y traia consigo a unos parientes de Ant. Martinez y dos yeguas..... herradas al rebes. » Proceso, ms., déposition de Martin Guttierez, Balthazar de Alamos fut condamné pour cela à six années de bannissement, Ibid. - Voir tous ces détails dans les Relaciones de Perez, p. 61-62. Doña Juana con el valor que ha mostrado al mundo en el discurso de los trabajos de su marido, y suyos... dexara de entregar los tales papeles pues en el tal entrego faltava a la ley divina y humana... sino fuera porque el marido le escriviò, y ordenò que los << entregrasse por villetes escritos de su mano y sangre. » P. 62. Ibid. • Pues mas passò, que recibio el confessor los dos baules cerrados y sellados como se los embiava doña Juana sin abrir los, ny ver loque le entregavan...... no quiso que se los

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« recibir las llaves de los baules el confessor, sino que ordenò al criado, avia entregado, que luego fuesse el mismo à dar las al rey en sus manos, » Ibid.

P. 63.

Perez sut parvenir, à l'aide de mains fidèles et intelligentes1, à détacher des papiers qu'il livra les pièces les plus importantes pour sa justification et beaucoup de billets de la main du roi, qu'il produisit plus tard devant la justice d'Aragon.

Lorsque les papiers eurent été remis, vers la fin de 1587, la captivité de Perez fut adoucie. Après deux ans d'un emprisonnement sévère, il était tombé malade à Turegano, et dona Juana Coëllo obtint qu'il fût transporté à Madrid, où il jouit de nouveau, pendant quatorze mois, d'une demi-liberté dans une des maisons les meilleures de la ville, et y reçut les visites de toute la cour2. La permission même d'assister aux offices de la semaine sainte à Notre-Dame d'Atocha lui fut accordée. Pendant ce temps don Pedro Escovedo était, de son côté, détenu. On lui avait enlevé l'emploi qu'il occupait dans le conseil des finances, et on l'avait mis en prison parce qu'il se plaignait d'un déni de justice, et qu'on lui attribuait l'intention de faire assassiner Perez. Les traitements contradictoires dont ce dernier était l'objet étonnaient ses ennemis, et Rodrigo Vasquez, questionné à ce sujet par don Francisco de Fonseca, lui répondait «Que voulez-vous que je vous dise, tantôt le roi me donne hâte et me rend la main, tantôt il me retient et me la retire; je n'y entends rien, et ne pénètre pas quelle espèce de gages il faut qu'il y ait entre le roi et son sujet 3. »

Cependant l'instruction sur le meurtre d'Escovedo avait été poursuivie mystérieusement dans l'été de 1585; Philippe II étant allé présider les cortès d'Aragon, Rodrigo Vasquez avait saisi cette occasion pour interroger, le 31 août, à Monzon, l'enseigne Antonio Enriquez, qui, une année auparavant, s'était dénoncé comme complice de l'assassinat d'Escovedo et avait offert d'en raconter les détails et d'en nommer les auteurs. C'est alors que cet ancien page de Perez fit, sur la mort d'Escovedo, la déposition que nous avons donnée dans le précédent

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Ce fut par l'entremise de Diego Martinez que les papiers furent portés et triés. Fue le preguntado, que papeles y escrituras tenian en aquellos baules que llevò «al confessor del rey ? Dixò que no lo sabia; mas que su ama D' Juana Coëllo « se los mandò llevar a buen recado. » Proceso, ms., confession de Diego Martinez. ---3« Traydo a la corte a una de las mejores casas de Madrid. Alli estuvo calorze meses medio preso. Visitava le libremente casi toda la corte, grandes señores,y de todos grados de ministros.» Relaciones de Ant. Perez, p. 65. — 3«Rodrigo Vas«quez dixò a don Francisco de Fonseca señor de Coca que le hablava en el encanto «de las cosas de Ant. Perez: Senor, que quereys que os diga? Que unas vezes me da priessa el rey y alarga la mano, otras espacio, y me la encoge? No lo entiendo alcanzo los mysterios de las prendas que deve de aver entre rey y vasallo. • Ibid., p. 67-68. - Proceso, ms.

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article'. Vasquez interrogea encore Géronimo Diaz et Martin Guttierez, dont l'un s'étendit complaisamment sur les relations de Perez avec la princesse d'Eboli, et dont l'autre dit ce qu'il savait sur la fuite des meurtriers d'Escovedo dans le royaume d'Aragon, et notamment sur son voisin Juan de Mesa, qui, après avoir aidé Perez à se débarrasser d'Escovedo, avait essayé de le tirer de la forteresse de Turegano 2.

Le majordome Diego Martinez, que l'enseigne Enriquez avait désigné comme celui qui avait présidé à tous les complots contre la vie d'Escovedo, étant venu d'Aragon, d'où il était originaire, à Madrid, dans l'automne de 1587, pour faire le triage des papiers de Perez, et les remettre au confesseur du roi, Vasquez le fit saisir et l'interrogea. Diego Martinez nia tout avec un extrême sang-froid, et dit même que son maître avait été très-affligé de la mort d'Escovedo, dont il était le grand ami, et qu'il avait fait beaucoup de diligences pour en découvrir l'auteur3. En apprenant, dans la forteresse de Turegano où il était encore, l'arrestation de son majordome, du dépositaire de tous ses secrets, Perez fut alarmé au dernier point, et il écrivit au roi, le 20 novembre 1587 « Sire, dans tout le cours de mes misères j'ai tâché de ne pas dépasser les limites auxquelles doit s'arrêter un humble sujet de Votre Majesté. Quoique je ne sois pas autre chose par moi-même, je suis, en outre, son serviteur.... C'est pour cela que, du fond de ce lit de douleurs, où je me trouve hors d'état de bouger....., je fais choix d'un homme fidèle, qui est mon confesseur, que je charge de cette lettre, afin que Votre Majesté puisse tirer de lui, sans plus d'inconvénient, ce qui pourra être utile à son service. L'incident qui arrive est que, pendant que dona Juana était à Madrid à implorer pour ma guérison et pour ma vie le remède qui dépend de la compassion de Votre Majesté, l'alcade Espinosa a arrêté Diego Martinez, car il paraît qu'Escovedo, afin de justifier la poursuite en meurtre pour laquelle il est détenu, a dit qu'il enverrait des gens en embuscade pour tuer, soit Diego Martinez, soit tout autre des domestiques d'Antonio Perez qui ont assassiné son père". Diego Martinez est venu à Madrid en toute sécurité, comme

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' Voir le numéro du mois de décembre 1844, p. 720 et suiv. 2 Proceso, ms. -3Y disculpa a su amo de la muerte diciendo que le pesò mucho, grande amigo suyo el sec° Escobedo, y que hizò muchas diligencias porque se averiguasse quien le avia muerto. Ibid., confession de Diego Martinez. «Es el caso, que estando D' Juana en Madrid a solicitar el remedio de mi cura y de mi vida, que depende de la misericordia de V. Mag, el alcalde Espinosa ha preso a Diego Martinez, porque dicen que Escobedo en el descargo de la muerte, porque • està preso, dice que el embiara aquellos hombres en busca, õ a matar a Diego Martinez, ō a otro criado de Ant. Perez, que mataron a su padre. Proceso, ms.

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un homme qui n'est point coupable. Or, quoique dona Juana ait eu recours au président pour réclamer en Martinez une personne qui nous appartient, elle en a été pour son intercession. » Perez, qui ne savait pas encore que Diego Martinez était arrêté par suite de la déposition de son ancien page, suppliait le roi de ne pas le laisser entre les mains de l'alcade Espinosa, qui était l'ami particulier des Escovedo, et à la partialité haineuse duquel il attribuait ce nouvel emprisonnement. Mais, étant sorti depuis de Turegano, ayant appris les divulgations du page Enriquez, craignant qu'on ne mît la fidélité de Martinez, sur laquelle il comptait toutefois, à de trop fortes épreuves en l'appliquant à la torture, et ne voulant pas surtout que, par des délais calculés, Vasquez parvint à se procurer d'autres témoins, il écrivit encore au roi, le 3 février 1588 « .... Je conjure Votre Majesté d'ordonner à son confesseur d'aviser sur-le-champ à prévenir ce qui peut arriver. Puisqu'il est au fait de tout ce qu'il y a dans cette affaire, il conseillera, mieux que personne, ce qui sera le meilleur pour éviter des suites préjudiciables au prisonnier, au service de Dieu et au vôtre..... Un tribunal et des juges rigoureux vont quelquefois bien loin; il ne convient pas d'exposer Martinez à ce danger, ni de l'aventurer ainsi. J'oserai dire que le remède serait de tenir la main au juge, mais surtout de ne pas consentir à ce que les délais se prolongent, parce que, si les adversaires produisent un faux complice qui ait sauf-conduit pour ses méfaits, la temporisation leur en fera trouver d'autres. Tout se prévient, au contraire, avec de la promptitude 1.»

Mais, au fond, Philippe II ne voulait rien prévenir. Il laissa Rodrigo Vasquez poursuivre l'affaire Celui-ci confronta, dans la prison royale, Diego Martinez avec l'enseigne Antonio Enriquez, auquel un sauf-conduit avait été accordé. Diego Martinez traita Enriquez avec une mé· prisante hauteur, comme un serviteur ingrat, un témoin suborné, et un odieux scélérat qui avait déjà commis des crimes, comme il saurait le prouver. Entre les assertions de l'un et les dénégations de l'autre, le juge ne pouvait pas se décider. Il fallait un témoin de plus, Vasquez

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El juicio, y rigor de los jueces, suele ser arrojado algunas veces, y no conviene poner a Martinez en aprieto y aventura. Me atrevo a decir, que el remedio seria de tener la mano al juez; pero sobre todo no consentirle, que aya mas dila«ciones en este negocio: porque si trahen un falsario complice con seguridad de sus delitos, mejor con la dilacion hallaran otros todo se ataja con la brevedad. ■ Proceso, ms. Y el dicho Diego Martinez se lo negò todo, dixo era su ene

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migo capital, y sobornado del seco Escobedo, y de sus amigos, y que era hombre facinoroso, y que tenia hechos muchos delitos, y que era testigo falso, lo qual se obligaba a probar.» Ibid.

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