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men de laquelle l'ouvrage de M. Élie de Beaumont me servira de base, comme je l'ai déjà dit.

FLOURENS.

FÜNF INSCHRIFten und fünf STEDTE IN KLEINASIEN, etc. Cing inscriptions et cinq villes en Asie Mineure, etc., par Johannes Franz, avec une carte de Phrygie, par H. Kieppert.

DEUXIÈME ARTICLE 1.

Il nous reste à rendre compte du mémoire de M. Kieppert, qui suit celui de M. Franz. Ce mémoire, relatif à la géographie de la Phrygie, contient principalement l'analyse d'une carte comparative dressée par l'auteur. C'est un fort bon travail, que sans doute le savant géographe aurait étendu à d'autres contrées de l'Asie Mineure, si le voyage de M. Hamilton lui eût été connu autrement que par les extraits publiés dans le Journal de la société géographique de Londres. Tel qu'il est, ce mémoire contient des discussions judicieuses qui fixent plusieurs points incertains, et pourront mettre sur la voie d'autres déterminations. Les difficultés que présente la géographie comparative de cette région, difficultés dont nous avons présenté un aperçu dans notre premier article, rendent nécessaire que l'on reconnaisse de temps en temps l'état où les découvertes et les recherches successives ont amené la science. C'est ce qui fait l'utilité du mémoire dont nous allons indiquer les principaux résultats, en y ajoutant quelques obser

vations.

La question des limites des contrées occupe d'abord le savant géographe. Quoiqu'elles paraissent être en général les mêmes depuis l'époque des successeurs d'Alexandre jusqu'au temps d'Adrien, elles ont varié en quelques points de détail. Strabon se plaint plusieurs fois de l'incertitude de ces limites2, particulièrement de celles des provinces de Lydie, de Phrygie, de Mysie et de Bithynie: ainsi il place Cadi, actuellement Kedous, dans la Phrygie Épictète; mais il ajoute que, selon quelques-uns, cette ville appartenait à la Mysie; de son

1 Voir le cahier de juillet pour le premier article.-P. 504, 572, 576, 579, 628.

côté, Pline place les Cadueni (Kadunvoí), qui sont les Kádor de Strabon, dans la Lydie. Strabon ne sait si toute la Méonie ou la Catakékauménè doit être en totalité attribuée à la Lydie, à la Phrygie ou à la Mysie; plus anciennement, au temps de Xénophon, elle paraît avoir fait partie de la dernière contrée. Toute l'Olympène, primitivement dépendante de la Mysie, forme, sur la carte de Ptolémée, une partie de la Bithynie. Les limites de cette dernière province et de la Phrygie sont aussi très-incertaines. On pourrait étendre ces observations à d'autres parties de l'Asie Mineure. Mais c'en est assez pour montrer que la même ville peut avoir été, en divers temps et par divers auteurs, attribuée à deux provinces différentes; considération qui n'est pas inutile dans la discussion de quelques points obscurs, comme nous le verrons à l'égard de quelques villes situées sur la limite de deux de ces provinces.

M. Kieppert commence par la Phrygie méridionale et le pays limitrophe de la Carie et de la Pisidie. Dans cette région, les villes dont la situation est bien déterminée à la fois par des inscriptions et des ruines, sont Laodicée (Eski-Hissar), Tripolis (Yenidché), Hierapolis (Pambouk-Kalessi), Eumenia (Ischekli), Apamée Cibotos (Dineir), Attuda (Ipsili-Hissar). En partant de ces points on peut fixer quelques positions intermédiaires. Hiéroclès, après Laodicée et Hiérapolis, cite Móovva, Ατ1υδα, Τραπεζούπολις et Κολασσαί (Κολοσσαί). Comme non loin d' Attada coule un petit fleuve, le Mosynos, qui tombe dans le Méandre, près d'Antioche, on a lieu de croire que Méovva était placée près des sources de ce fleuve, au nord d'Aphrodisias, qui appartient déjà à la Carie; Trapézopolis, que Ptolémée met au nord d'Aphrodisias, était un peu à l'est de Mosyna, d'après diverses considérations que M. Kieppert indique; quant à Colossæ elle a été fixée, par la découverte qu'a faite M. Hamilton du Catabothron du Lycus, à 3 milles au nord-ouest de Chonos, lieu situé sur l'emplacement de Chone, connu principalement pour avoir donné naissance à l'historien Nicetas Choniates.

L'analyse de la route de Laodicée à Perge, que donne la table, permet à l'auteur de fixer d'une manière très-satisfaisante, sinon définitive, plusieurs lieux d'une importance secondaire.

La région au sud d'Apamée Cibotos et de Celænæ contenait un assez grand nombre de lieux dont la position reste encore très-incertaine, malgré les efforts judicieux de l'auteur du mémoire.

Nous nous bornerons à la partie occidentale et septentrionale de la Phrygie, aux points où elle confine avec la Lydie, la Mysie et la

'Researches, etc., t. I, p. 508, 510.

Bithynie; c'est là que se présente une question géographique curieuse, que, dans un de ses savants rapports, notre confrère M. Lebas a résolue d'une manière qu'il nous paraît difficile d'admettre.

Une ville dont la position est fort problématique est celle de Clanudda, qui est placée, dans la Table de Peutinger, à xxxv milles de Philadelphie. M. Hamilton a cru que Clanudda était la même ville que celle de ΒΛΑΥΝΔΟΣ. Trouvant peu de différence entre ΚΛΑΝΙΔΑ et BAAYNAOE, le K pouvant se confondre avec B1, il pense que, dans la Table, Clanuda est une pure faute de copiste 2. Mais les médailles prouvent qu'il n'en peut être ainsi. D'une part, on connaît des médailles de Blaundos portant la legende ΒΛΑΥΝΔΕΩΝ ου ΜΛΑΟΥΝΔΕΩΝ, ce qui revient au même, avec l'addition MAKEAONON, qui indique que cette ville, sous Alexandre ou ses successeurs, avait reçu une colonie de Macédoniens. D'un autre côté, il existe d'autres médailles portant au revers le nom KAANOYAEQN, dont l'authenticité ne saurait être douteuse3. Ainsi il y avait réellement deux villes distinctes dont l'existence est attestée à la fois par l'histoire et les médailles. C'est un point désórmais hors de contestation, et que M. Hamilton lui-même ne conteste sans doute plus à présent.

La position de Clanudda est placée par la Table entre Eumenia (Ischekli) et Philadelphie (Alah-Scher), deux villes dont l'emplacement

est connu.

Quant à Blaundos, la situation en est fixée à Suleimani par cette inscription que M. Hamilton a trouvée à Gobeck, tout près de là. Elle commence par les mots :

ΒΛΑΥΝΔΕΩΝ

ΜΟΚΕΔΟΝΩΝ
ΗΒΟΥΛΗΚΑΙΟ
ΔΗΜΟΣ

'Plusieurs médailles inédites de cette ville ont été publiées par M. Samuel Birch (Numismatic chronicle, april 1844). Sur l'une d'elles, on lit au revers: KAAYΔΙΟΣ ΦΟΙΝΙΞΩΝ ΜΑΚΕΔΟΝΩΝ ΒΛΑΥΝΔΕΩΝ, d'ou le savant numismatiste conclut que la colonie macédonienne avait une certaine connexion avec les Phéniciens qui, peut-être, y fondèrent plus anciennement une colonie. Nous pensons que ÓINIEN n'a aucun rapport avec les Phéniciens, et que c'est un nom propre (Κλαύδιος Φοινίξων) dérivé de Φοίνιξ, à moins que la finale ΩΝ n'existe pas sur la médaille, et qu'il faille lire simplement Dovi, comme sur une autre de Vespasien, citée par M. Lebas (Revue de philologie, p. 219), TI. KAAYAIOƐ.00INIE, qui peut être le même personnage. - T. I, p. 126-130. - Voir une notice de M. de Longpérier, dans la Revue de numismatique, 1843, p. 243 sq.- La leçon MOKE ONON est singulière, si elle est réelle, et si l'alpha mal formé n'a

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Cette position est confirmée par le témoignage de Ptolémée, qui place une Bhalavspos (pour Bλauvdos) au sud d'Akmonia, et par les médailles de Bλauvdos (Bλavvdéwv), que M. Arundell a trouvées dans ce canton.

M. Kieppert a très-bien vu qu'il est impossible de confondre cette ville avec la Bλaudos que Strabon place au voisinage de l'Ancyre de Phrygie, près des sources du Macestus, et dont Hiéroclès, sous le nom de Blados, fait une ville de Mysie. Celle-ci, comme le pense M. Kieppert, ne peut être que Bolat ou Balat, ville un peu au nord de KilischKeui (Ancyre de Phrygie) et de Simav (Synaos).

Cette distinction si simple explique tout, et c'est faute de l'avoir faite que notre savant confrère M. Lebas s'est jeté dans des difficultés dont il ne peut sortir qu'en corrigeant le texte de Strabon, et en créant une troisième ville d'Ancyre, qui n'a jamais existé.

D'abord, aucun auteur ne parle d'une troisième ville d'Ancyre. L'antiquité n'en a connu que deux, à savoir celle de Galatie et celle de Phrygie, que Strabon appelle en un passage Ancyre de l'Abasitide, et, dans un second, petite ville phrygienne, woklyn Opuyiann; cette double désignation paraît à M. Lebas désigner deux villes différentes, et il en conclut que Strabon reconnaissait de ce côté deux villes du nom d'Ancyre; cette raison ne serait suffisante que si les deux désignations s'excluaient l'une l'autre; mais, si l'Abasitide a pu être attribuée à la Phrygie, il n'y a nulle contradiction, et l'on n'est pas forcé d'en conclure l'existence, dans cette région, de deux villes d'Ancyre, dont Strabon nous parlerait tout seul. Mais la preuve que cet auteur ne comptait qu'une Ancyre de ce côté, c'est le passage où, parlant de celle de Galatie, il dit : Άγκυρα ὁμώνυμος τῇ πρὸς Λυδίαν περὶ Βλαϊδον... «Ancyre (de Galatie) porte le même nom que celle qui avoisine la Lydie, vers Blaudus. » S'il en avait connu une troisième, il n'aurait pu manquer de dire «... Ancyre porte le même nom que celle... et que celle... etc. »> Il est évident que cet auteur ne connaissait qu'un seul point de comparaison avec l'Ancyre de Galatie.

Que Bolat soit la Blaudos de Strabon, comme le pense M. Kieppert, pas été confondu avec un O. Cette inscription a été publiée dans le Corpus, no 3866, par M. Hamilton (t. II, p. 407), et M. Lebas l'a reproduite dans son troisième rapport, p. 349. Elle se termine par les mots ETTIMEAHZAMENOY AYP. гAYKWNOM B TOY NITTOY. Ce dernier mot a été lu par M. Böckh, ou M. Franz, Nívov, et par M. Lebas Nixíov. Nous pensons que la vraie leçon est NITPOY (Níypov); car rien de plus facile à confondre que le П avec г et P. Et l'on sait que les Grecs ont traduit le Niger des Latins, tantôt par Niyep (yepos), tantôt par Niypos (pov). « Par les soins d'Aurélius Glycon, fils et petit-fils de Niger, c'est-àdire que le père et l'aïeul de Glycon se nommaient Niger. (Böckh, t. II, p. 1058.)

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M. Lebas le reconnaît aussi de son côté, et il prouve très-bien (sans avoir su qu'on avait eu cette opinion avant lui) que ce ne peut être Bogaditza, comme l'avait pensé M. Böckh1; c'est encore là un point qui ne laisse plus de doute. Mais, par cela même, cette Bλaudos ne peut être la Bhavdos des médailles et de l'inscription trouvée près de Suleimani. C'est à cette localité, et non pas à Bolat (Bλaudos), que doit se rapporter la circonstance géographique que font connaître seules les médailles des Blaundéens, à savoir l'existence d'un fleuve Hippurios (İллоúρios) représenté sur ces médailles. Ce fleuve doit être le Kobekli-su, qui coule en cet endroit, et qui va se rendre dans le Méandre. C'est donc à tort que les cartes de MM. Leake et Lapie en font un des affluents du Macestus, et que M. Lebas regarde ce fleuve comme étant le Selké-sou, qui, après avoir arrosé la vallée de Balat, se jette dans l'Adranas-sou ou le Rhyndacus 2.

Nous avons vu que, d'après son hypothèse des trois Ancyres, il divise en deux l'unique Ancyre de Strabon. La wónus puyan, il la place, comme MM. Hamilton et Kieppert, à Kilisch-Keuï, situé très-près à l'O. de Simav, que M. Hamilton a le premier démontré être l'ancien Synaos, d'après l'inscription chrétienne qu'il y a découverte3: Éπì ΣTeQávov ἐπισκόπου Συνάου τὸ ἔργον ἐγένετο, «Sous Étienne, évêque de Synaos, ce travail (l'église) a été fait.» M. Lebas qui, pendant son voyage, n'avait point l'ouvrage de M. Hamilton sous les yeux, a cru avoir le premier vu l'inscription et découvert l'emplacement de Synaos. « Cette découverte, dit-il, m'était réservée; » elle avait, comme on voit, été faite avant lui 5. Du reste, il est juste de remarquer que M. Kieppert n'avait pas eu besoin de connaître cette inscription décisive, pour placer Synaos à Simav, comme on le voit par sa carte. Or la position de Synaos étant connue, l'Ancyre de Phrygie ne peut être que Kilisch-Keuï, ainsi que le reconnaît aussi M. Lebas; en effet, ces deux villes étaient si voisines, qu'Ancyre est appelée Ayxupa Zuvdov dans les actes des conciles.

Quant à l'Ancyre de l'Abasitide dont M. Lebas fait une ville différente, il la reporte près de l'embouchure du Rhyndacus, au lieu appelé Mouhalitch, dont la dénomination ancienne n'est pas connue; et il croit que les médailles attribuées à l'Ancyre de Phrygie se rapportent

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* M. Lebas propose de lire τῇ πρὸς Λυδίαν ΚΑὶ περὶ Βλαϊδον. Le και est inutile. Corp. inscr., t. II, p. 1127. - Revue de philologie, p. 224. Append., no 30. - Tò éрyov éyévero. C'est la même expression dont se sert l'évêque Théodore pour exprimer les travaux exécutés au temple de Philes, pour faire du pronaos une église chrétienne. (Voy. mes Matériaux pour servir à l'hist. du christian., p. 87 et 88.) Revue de Philologie, p. 225.

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