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en général, au x11° siècle. Le tome V s'ouvre par les chroniques de peu d'étendue,
Annales minores, concernant l'Allemagne, et écrites soit dans ce pays même, soit en
France ou en Italie, avant la mort de l'empereur Lothaire II (1138). Plusieurs de
ces chroniques intéressent aussi l'histoire de France. Ce sont les annales d'Elnon
ou de Saint-Amand (les additions que donne M. Pertz, d'après le manuscrit de Va-
lenciennes, ont déjà été publiées, il y a deux ans, dans le Recueil des historiens
de Flandre de M. de Smet); les chroniques de Saint-Pierre de Gand, de Vormezeele,
près d'Ypres, Annales Formoselenses, et surtout celles de Saint-Bénigne de Dijon, dont
l'éditeur est M. Waitz. Le manuscrit qui a fourni à Labbe et à D. Bouquet les par-
ties déjà publiées de ce dernier ouvrage s'arrête à l'année 1214. M. Waitz en donne
ici une édition nouvelle, et, de plus, une continuation inédite jusqu'en 1285, d'après
un manuscrit provenant de l'abbaye de Saint-Bénigne et qui, de la bibliothèque de
Bouhier (B. 48), a passé dans celle de la ville de Montpellier, où il est conservé
sous le n° 48 fol. Nous citerons encore la petite chronique de Lambert de Saint-
Omer, imprimée sur un manuscrit de la bibliothèque de Gand. Le reste du volume
est rempli par des ouvrages plus considérables, dont la plupart traitent spéciale-
ment de l'histoire d'Allemagne, comme les chroniques d'Hermannus Augiensis, de
Lambert d'Hersfeld, de Berthold, de Brunon, de Bernold, après lesquelles on re-
marque des annales romaines de 1044 à 1188, publiées pour la première fois sur
le manuscrit du Vatican, n° 1984 fol., et la chronique de Marian Scot, avec deux
continuations. Les historiens qui forment le tome VI n'ont pas moins d'importance.
C'est d'abord la chronique inédite d'Ekkard, moine de Bamberg, puis celle de Si-
gebert de Gemblours, si précieuse pour notre histoire. Au texte de celle-ci, l'éditeur,
M. Bethmann, a joint plusieurs continuations, dont la plus intéressante, due aux
moines d'Anchin, reprend le récit à l'année 1149 et le poursuit jusqu'en 1237. Les
deux derniers ouvrages du tome VI sont les chroniques d'Erfurt, Annales Erphesfur-
denses, de 1125 à 1137, et l'Annaliste saxon, de 741 à 1139. Les soins donnés à la
correction de tous ces textes, les notes historiques et philologiques qui les accom-
pagnent, les tables et les glossaires, placés à la fin de chaque volume, sont tout à
fait dignes de la renommée d'érudition que ce grand recueil s'est acquise dans le
monde savant.

Novelle constitute (XVIII) imperatorum Theodosi II, Valentiniani III, Maximi,
Majoriani, Severi, Anthemii, quas J. Sirmundus divulgavit, ad librorum manuscrip-
torum et editorum fidem recognovit, et annotatione critica instruxit Gust. Haenel.
Bonnæ, 1844, in-4°. Se trouve à Paris, chez Renouard. Prix: 12 francs.

TABLE.

Antonio Perez et Philippe II (3o article de M. Mignet)...

Page

5

Documents philosophiques tirés de différentes bibliothèques (3° article de M. Cou-
sin)....

33

Sur les nacshatras, ou mansions de la lune, selon les Hindoux; extrait d'une des-
cription de l'Inde par un voyageur arabe du x1° siècle (Article de M. Biot)....
Nouvelles littéraires...

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FIN DE LA TABLE.

JOURNAL

DES SAVANTS.

FÉVRIER 1845.

NOTICE des découvertes les plus récentes opérées dans le royaume de Naples et à Rome.

PREMIER ARTICLE.

Dans un voyage que je viens de faire à Naples et à Rome, afin de revoir les peintures de Pompéi, dont j'ai entrepris de publier un choix, j'ai eu occasion de recueillir, sur l'état des fouilles exécutées en plusieurs endroits du royaume de Naples et aux environs de Rome, les informations les plus récentes. Je pense qu'il peut être agréable à nos lecteurs de connaître ce que ces fouilles ont produit de plus intéressant. Tel est le but de cette notice, que je tâcherai de rendre aussi succincte que possible, en la réduisant aux objets les plus dignes d'attention par leur nouveauté ou par leur importance.

Je commencerai par Pompéi, dont les fouilles, continuées d'après le système que l'on connaît, avec une lenteur qu'il est permis de trouver désespérante, et qui semble avoir moins pour objet de ménager les édifices antiques, que de prolonger l'intérêt qui s'attache à leur découverte, ont mis à jour une portion considérable de terrain, en plusieurs localités distinctes, voisines les unes des autres. Dans la visite que j'ai faite à Pompéi, j'étais accompagné de M. C. Bonucci, l'habile architecte qui préside à ces fouilles et qui en a la direction. J'ai donc pu, grâce à son expérience, apprécier aisément sur place les résultats les plus importants des fouilles exécutées dans les dernières années jus

qu'au moment actuel; et ce sont ces résultats que je vais indiquer aussi brièvement qu'il me sera possible.

La méthode que l'on suit actuellement dans les excavations de Pompéi, et qui date déjà de plusieurs années, consiste à suivre la direction des rues principales et à les déblayer, afin de les mettre en communication entre elles, en réservant pour d'autres temps la découverte des maisons situées de chaque côté de ces rues. Ce système offre l'avantage de pouvoir parcourir sans empêchement les parties déjà fouillées de la ville, au moyen des rues qui les traversent, et, en même temps, de reconnaître, d'après la façade des édifices, quels sont ceux qui, par leur destination à des usages publics ou sacrés, ou bien par le caractère et le mérite de leur architecture, paraissent mériter qu'on les découvre, de préférence à d'autres d'une moindre importance apparente. C'est d'après ce plan, judicieusement arrêté par le ministre de l'inté rieur, D. Nicolà Santangelo, sous la haute surveillance duquel sont placées toutes les fouilles du royaume des Deux - Siciles, qu'il fut convenu, dès l'année 1841, d'entreprendre le déblayement entier de la rue de la Fortune. On appelle ainsi la grande rue qui, longeant un des côtés du temple de la Fortune-Auguste, se prolonge jusqu'aux murs de la ville et aboutit directement à la porte de Nola. Une grande partie de cette rue, la plus belle certainement et la plus large de Pompéi, était depuis longtemps découverte, c'est à savoir la portion la plus considérable, qui commence au temple même de la Fortune, à l'embranchement de la rue de Mercure, et qui comprend une foule de maisons toutes plus ou moins remarquables par l'étendue et la variété de leurs dispositions intérieures, ou par le mérite de leurs peintures, et l'extrémité de cette rue, celle qui avoisine la porte de Nola. Mais la partie intermédiaire restait encore ensevelie sous la terre; et c'est dans cet état que je l'avais vue moi-même en 1838, en regrettant que la communication entre ses deux extrémités se trouvât ainsi interrompue dans une portion considérable de son cours. Cet état de choses avait été extrêmement préjudiciable aux maisons situées près de la porte de Nola, les quelles, séparées du reste de la ville par des monticules de terre et laissées à l'abandon, ont perdu presque tous leurs ornements, et m'ont apparu dans un délabrement déplorable. Il était donc véritablement urgent de remédier à une pareille situation, en ouvrant la communication entre la partie supérieure du cours de la rue de la Fortune, située près du Forum, et son extrémité inférieure, voisine de la porte de Nola. C'est ce qui a eu lieu vers le milieu de l'année 1841; en sorte que j'ai pu parcourir la rue entière, et observer, des deux côtés de la large voie

qui la constitue, celles des maisons récemment découvertes, dans l'espace intermédiaire, qui ont pu être fouillées jusqu'à présent.

La plus grande partie de ces maisons consiste en boutiques, et, sous ce rapport, elles offrent généralement moins d'intérêt que les maisons situées vers le haut de la rue, qui sont des habitations privées, quelques-unes appartenant à des propriétaires riches ou aisés, conséquemment ornées avec plus ou moins de goût et de richesse. Mais ces boutiques ont offert plus d'une particularité neuve et curieuse pour la connaissance des usages antiques. Ainsi la plupart avaient leur ouverture sur la rue fermée au moyen de panneaux de bois, qui s'encastraient dans une double rainure pratiquée dans le seuil et dans l'architrave, et laissaient au milieu un espace libre pour la petite porte qui donnait entrée à la boutique 1. Tout cet appareil de clôture était resté imprimé dans la cendre volcanique qui recouvrit Pompéi, de manière qu'on put en prendre des dessins exacts, qui serviront à le reproduire et à en conserver la connaissance. Grâce à la même circonstance, on a pu constater, dans la même rue, une autre particularité du même genre, celle de la clôture d'une fenêtre, dont les deux contrevents, avec la petite règle de bois qui en recouvrait l'interstice du milieu, avaient laissé leur empreinte dans la cendre volcanique. Cette règle de bois paraît être, au jugement d'un savant antiquaire napolitain2, ce qui se nommait en latin replum, mot qui ne se lit que dans Vitruve3, et dont l'interprétation avait exercé vainement jusqu'ici la sagacité des commentateurs. Une autre particularité, qui a été observée dans cette même rue, c'est qu'il existait, en avant de plusieurs des boutiques qui la bordent des deux côtés, des appuis, en forme de pilastres et de colonnes, destinés à soutenir des espèces de balcons de bois, avançant en saillie du premier étage des maisons sur la voie publique. Des restes de ces balcons s'étaient déjà rencontrés en quelques endroits de Pompéi, sans aucune trace des soutiens qui s'y adaptaient; et la notion de cette partie curieuse des habitations antiques acquiert, par la découverte dont je viens de parler, une grave autorité de plus à l'appui des témoignages antiques 4.

1

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4

Voyez, à ce sujet, de curieux détails déjà donnés par M. Avellino, dans sa docte Descriz. di una casa Pompeiana (la seconda alle spalle del tempio della Fortuna Augusta, Napoli, 1840, 4°), p. 5 sgg. - Bullet. archeol. Napolet. ann. I, n. 1, p. 2. — Vitruv. De architect. lib. IV, c. vi, $ 5. Entre autres, le passage d'Asconius, ad Ciceron. Divinat. in Verr., c. xv, dont Saumaise, ad Spartian. in Pescenn., c. xII, t. I, p. 675-678, n'a pas tenu assez de compte. Voy. les autres textes cités par M. Avellino, l. 1., p. 2, 1) et p. 3, 2).

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Mais ce que la partie intermédiaire récemment découverte de la grande rue de la Fortune a offert de plus intéressant, ce sont, d'une part, les nombreuses inscriptions tracées au pinceau, en divers endroits des murailles, sur les deux côtés de la rue, de l'autre part, les peintures exécutées à l'extérieur des maisons, quelques-unes remarquables par leur sujet autant que par leur exécution, et par cette place même, en dehors des habitations, conséquemment, avec l'intention évidente de les faire servir à l'ornement de la voie publique. En ce qui concerne les inscriptions qui ont été recueillies avec soin et publiées par M. Avellino1, je me contenterai de dire que ces inscriptions, qui contiennent, en général, des salutations en l'honneur de divers citoyens de Pompéi, candidats aux charges municipales, renferment beaucoup de particularités curieuses pour la langue et pour la paléographie latines; et j'ajouterai qu'il serait important de les faire connaître, d'après un fac-simile exact, avant qu'elles ne fussent tout à fait évanouies; ce qui est déjà arrivé pour plusieurs, et ce qui ne tardera pas à avoir lieu pour tout le reste. Quant aux peintures, je crois qu'il ne sera pas hors de propos de donner ici une courte description de celles qui m'ont paru les plus curieuses, telles que j'ai pu les observer sur place.

La première de ces peintures, qui se rencontre dans le côté droit de la rue, en remontant vers la porte de Nola, consiste en deux tétes colossales de femme, vues de face et placées à la même hauteur, en regard l'une de l'autre. De ces têtes, celle qui est à la gauche du spectateur est coiffée d'une peau d'éléphant avec la trompe relevée et des épis qui paraissent sous cette peau; elle a des pendants d'oreille, et elle porte sur le dos un arc et un carquois attachés au moyen d'une courroie qui descend de l'épaule gauche vers la droite. L'autre tête a sur son sommet un ornement composé de trois tours; manière abrégée de représenter une couronne murale, avec des épis et des plantes qui semblent sortir de cette couronne, et d'autres épis qui se voient aussi des deux côtés, au-dessus des oreilles. Mais ce que cette seconde tête offre surtout de singulier, ce sont deux jambes humaines, l'une droite, l'autre gauche, qui descendent symétriquement de son sommet, et restent suspendues à quelque distance au-dessus des épaules. Ces deux têtes colossales, auxquelles je ne connais rien d'analogue dans ce qui nous reste des monuments de l'antiquité figurée, ne se distinguent pas

1

La plupart de ces inscriptions ont été données dans le Bulletin archéologique qui se publie à Rome. Mais la collection qui s'en trouve dans plusieurs numéros du Bulletino archeologico Napoletano, qui paraît sous la direction de M. Avellino, doit être, sous tous les rapports, plus complète et plus exacte.

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