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« de son droit de dissolution, et de l'ap<< pel qu'elle ferait à un peuple possédé du « démon de l'égalité, et transporté de fu<< reur au seul mot de privilége?

« C'est donc avec raison que la liberté et la << royauté laissées toutes deux sans défense << par les lacunes de la Charte, s'efforcent de << sortir de cette situation si remplie d'alar« mes, et qu'elles cherchent un refuge dans << un nouvel ordre de choses, où elles es<< pèrent dominer sans rivales.

<< Elles se trompent néanmoins l'une et <«<l'autre. Elles ne peuvent, il est vrai, << subsister ensemble dans l'ordre de choses. << particulier que la Charte a établi; mais il « n'est pas vrai qu'elles ne puissent sub<< sister ensemble d'une manière absolue. «Que le pouvoir populaire soit placé, « comme il doit l'être, dans un corps particulier, spécialement intéressé au main

<<< tien du pouvoir royal; que ce corps, in<< vesti de priviléges dont il craigne d'être « dépossédé, se trouve ainsi naturellement

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porté à défendre ceux de la couronne et « de la pairie, et bientôt l'harmonie la plus << franche et la plus entière s'établira entre «< la royauté et la liberté. Les peuples se<<ront libres et heureux sous la protection << d'une classe de citoyens qui n'aura de puissance et de grandeur que par eux; << et le prince, de son côté, n'aura plus à <«< concevoir aucune inquiétude pour son « autorité, quand il la verra loyalement << défendue par cette même classe de ci<< toyens désormais attachés, par les liens <«<les plus forts, au système du gouverne

<<< ment.

<«<Il faut donc se hâter d'établir cette grande garantie avant que la faible trame qui re<< tient encore unies la liberté et la royau

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« ne soit pour jamais rompue, et que tou

<< tes deux ne se séparent brusquement en

«< se jurant une haine éternelle et se mena<< çant de l'univers entier engagé dans leur querelle. »

Je disais enfin, dans la même brochure: <«<Les ministres ne peuvent échapper, << dans un temps très-prochain, à la terri«<ble épreuve d'une élection générale. Qui << peut prévoir les malheurs qu'elle peut «< enfanter, si la nation indignée les trouve << encore à la tête des affaires?

« Jamais, dit M. de Villèle, la France ne << donnera aux Bourbons une chambre fac<<< tieuse. Dieu le veuille! Mais quelle con<«< fiance peut-on prendre à ces propos de «position, qu'un ministre est obligé d'a«voir toujours à la bouche? Les ministres <«<de la république et de l'empire n'affir

<< maient-ils pas aussi à leur gouvernement

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<< que la France ne leur donnerait jamais de << chambres royalistes, et, en dépit de ces << assurances solennelles, n'a-t-on pas vu, «<sous le directoire, le conseil des cinq «< cents prêt à rappeler les Bourbons, et, << en 1814, le sénat de Bonaparte pronon«< cer sa déchéance? Sans doute, on n'a << point à craindre aujourd'hui que des colléges électoraux aient la coupable pensée de former à dessein une chambre <<< hostile à la couronne; mais, dans leurs

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justes ressentimens contre les ministres, <«< il est possible qu'ils s'égarent sur les << moyens de les renverser, et que, trom

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pés par les apparences d'un faux zèle << pour les libertés publiques, ils donnent <«<leur confiance à des hommes secrètement <«< animés de sentimens républicains. Les << souvenirs de l'assemblée législative sont«< ils déjà si loin de nous!

<< Si, malheureusement, il en était ainsi, « que pourrait faire la couronne? Elle dis<«<soudrait la chambre. Très-bien : mais si << la nation, moins éclairée que le prince << sur les intentions criminelles de ses dé« putés, s'obstinait à n'attribuer leur dis« grace qu'à leur généreuse opposition à << un ministère odieux, et continuait à leur << confier le soin de ses intérêts, encore une «< fois, que pourrait faire la couronne? « Qu'aurait-elle à opposer à la force mo<< rale dont la chambre nouvelle serait re« vêtue, et à l'impétuosité de ses ressenti<< mens? Faudrait-il donc alors porter tout à << l'extrême, invoquer le dieu sanglant de la « guerre civile, déchirer le traité d'alliance << entre le trône et la nation, et jouer enfin «<le tout pour le tout, le despotisme con«<tre la république ? »

Voilà les dangers que je prévoyais, et

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