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DE L'INCOMPATIBILITÉ DE LA LOI ACTUELLE DES ÉLECTIONS AVEC LA ROYAUTÉ.

Tout gouvernement est le produit de la force, et commence toujours par la conquête ou par l'usurpation. Il n'en saurait être autrement (1).

(1) L'homme ayant été créé pour vivre en société, et la formation des familles ayant nécessairement précédé la réunion des hommes en corps de nation, il est possible que les premiers gouver

Lorsqu'un gouvernement s'établit, la force qui le crée renverse les anciennes institutions sur lesquelles s'appuyait la souveraineté vaincue, et les remplace par des institutions conçues dans un autre esprit, et destinées à maintenir et à défendre la souveraineté nouvelle.

Mais bientôt ces nouvelles institutions, lorsqu'elles ne sont pas brisées à leur tour par une seconde révolution, se dénaturent entre les mains des officiers du prince; et, créées dans l'intérêt de son autorité, elles s'éloignent insensiblement de leur but, et donnent naissance à des forces rivales qui s'affermissent par le laps du temps, de

nemens aient été dirigés par l'assemblée des chefs de famille, mais cet état n'a pas subsisté longtemps, et le plus entreprenant de ces chefs de famille a dû bientôt forcer les autres à se soumettre à son autorité.

viennent de jour en jour plus exigeantes, et finissent par vouloir positivement entrer en partage de la souveraineté.

Pendant que ces forces s'élèvent, le peuple, de son côté, prospère sous la protection des lois; de nombreuses fortunes se forment, et constituent, dans l'État, des situations indépendantes du gouvernement. L'instruction, compagne de l'aisance, se répand dans les diverses classes de la société; la raison s'enhardit, elle ose lever les yeux vers le pouvoir, et l'interroger sur son origine. C'est alors qu'elle découvre la source d'où il est sorti, c'està-dire la force qui l'a fondé; et que, désormais fixée sur ce que le prince appelle sa légitimité, elle ne consent plus à reconnaître de droit au gouvernement établi, qu'autant qu'il est plus propre qu'aucun autre à faire le bonheur du pays. Bientôt

aussi le peuple commence à avoir honte de son obéissance qu'il appelle servitude, il ne veut plus se composer de sujets, mais de citoyens; il réclame le droit de remontrances, celui de voter les subsides et d'en surveiller l'emploi; et enfin celui d'être consulté sur tous les actes de l'administration.

C'est ainsi que le principe primitif de chaque gouvernement s'altère chaque jour par le cours naturel des choses; et que la force du prince, n'étant plus désormais la seule force existante dans l'État, il n'a plus à choisir qu'entre l'un de ces deux partis; ou de ramener le gouvernement au principe de la conquête par des mesures destructives de toutes les forces qui se sont formées depuis, ou de transiger au contraire avec ces forces nouvelles, en leur cédant une partie de son autorité.

Les princes de l'Orient, plus particulièrement protégés par les idées religieuses de leur pays, qui les présentent à leurs peuples comme les descendans des prophètes et les organes sacrés de la volonté du ciel, sont les seuls qui aient osé maintenir dans leurs États, le principe primitif du gouvernement. Ils sont aujourd'hui ce qu'était l'auteur de leur race; et leur sceptre, encore vierge, s'est transmis de sultans en sultans, avec son premier éclat.

Les princes de l'Europe, au contraire, ne pouvant s'attribuer une mission divine que par l'entremise d'un prêtre étranger, qui leur vendait son secours aux conditions les plus humiliantes, se sont vus réduits à la nécessité de modifier leur pouvoir, et d'entrer dans une carrière de concessions successives dont il ne leur est plus possible de prévoir le terme.

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