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marcher ces malheureux au supplice pour l'œuvre qu'ils avaient commencée, n'aient pas servi à une meilleure cause qu'au progrès du papisme. Le philanthrope chrétien doit déplorer qué tant de temps et tant de travaux, tant de courage et de vies aient été sacrifiés dans un but que repousse l'esprit de l'Evangile. Si cette dépense de zèle et de force. eût servi au grand et saint projet de venir au secours du malheureux peuple abyssin en lui faisant connaître la bienheureuse doctrine du salut, qui oserait parler de sacrifice inutile, quand bien même il aurait fallu pour l'atteindre immoler des centaines de victimes? Mais tous ces essais de missions n'avaient qu'un but temporel et égoïste, savoir: celui d'étendre l'autorité du pape sur l'église d'Abys sinie et de lier celle-ci par les chaînes de l'esclavage au char de triomphe de l'Eglise romaine, et, comme moyen d'atteindre ce but, une superstition religieuse devait être substituée à une autre. Mais cet essai, dirigé par un intérêt sordide, ne pouvait réussir, parce qu'il ne s'agissait pas simplement de répandre et de faire connaître en Abyssinie la Parole de Dieu, mais qu'il était question d'y importer une plante qui avait pour racine l'ambition des hommes, et que la Providence, loin de donner l'accroissement à une pareille oeuvre, permet qu'elle rentre tôt ou tard dans le domaine du néant.

Dès lors il s'écoula un siècle entier avant que les chrétiens d'Occident s'occupassent de nouveau

de l'état de déchéance de l'Eglise d'Abyssinie pour chercher à l'en sortir. Les protestans n'avaient encore fait aucun essai dans ce but. Il était réservé à ces derniers temps de voir les Communautés chrétiennes évangéliques jeter sur l'Ethiopie un regard de pitié et d'amour. C'est en apparence un heureux hasard qui, en 1808, fit naître au vice-consul français au Caire l'idée d'utiliser un savant Ethiopien, Abraham (qui avait quelques années auparavant accompagné l'écossais Bruce dans son voyage en Abyssinie et qui était alors abandonné en Egypte), en lui faisant traduire le Nouveau-Testament en langue amharique. Abraham n'était pas seulement un savant, mais aussi un homme pieux et actif qui travailla pendant dix ans avec une joie parfaite dans la maison de M. Asselin, à cette traduction de la Bible. Il eut enfin le bonheur de l'achever, puis il reprit son bâton de pélerin pour faire un Voyage à Jérusalem à Jérusalem, où la peste l'enleva peu de

temps après son arrivée.

En 1818, M. Jowet, missionnaire anglais, découvrit dans la maison de M. Asselin ce précieux manuscrit qui fut acheté par la Société biblique britannique. Peu de temps après, cette société entreprit, dans l'intérêt de l'Eglise d'Abyssinie, l'impression en langue amharique des quatre évangiles, ainsi que des Actes des apôtres; cette impression fut suivie de celle des autres livres du Nouveau-Testament. Puis la Société des missions de l'Eglise anglicane, voyant que cette portion des Saintes-Ecritures était prête à

être répandue, se décida à un nouvel essai en expédiant quelques missionnaires en Abyssinie pour

y faire connaître la Parole de Dieu qui y avait été oubliée. Elle s'adressa à cet effet à la Société des missions évangéliques de Bâle, pour savoir si on ne pourrait pas trouver dans son institut quelques jeunes gens disposés à entreprendre cette œuvre importante. Après de ferventes prières, Samuel Gobat de Cremine, dans le canton de Berne, et Christian Kugler de Schopfloch, dans le Wirtemberg, furent appelés en 1825 à cette belle vocation. Ils commencèrent par se rendre à Paris et à Londres pour s'y perfectionner dans la langue arabe, et arrivèrent au Caire en septembre 1826. Comme après un séjour de six mois ils ne trouvèrent aucun moyen de pénétrer en Abyssinie, ils partirent en février 1827 pour la Syrie et pour Jérusalem, où ils se perfectionnèrent dans la langue amharique et dans celle du Tigré, toujours en vue de leur mission en Abyssinie.

Revenus en Egypte en août 1827, ils furent obligés d'y séjourner jusqu'en octobre 1829, attendant avec impatience que l'état de guerre où était alors l'Abyssinie leur permît de s'y rendre. Ils utilisèrent cet intervalle en cherchant à acquérir les connaissances préliminaires que nécessitait leur vocation prochaine et en prêchant l'Evangile en arabe, en anglais et en français. Enfin arriva l'heure qu'ils avaient tant désirée et qui devait les rapprocher des travaux auxquels ils étaient spé

cialement appelés; ils quittèrent le Caire le 22 octobre 1829, accompagnés d'un frère chrétien le charpentier Aichinger, et arrivèrent le 18 décembre de la même année à Massowah, sur la côte d'Abyssinie. Après un court séjour, ils entreprirent, le 15 janvier 1830, leur dangereux voyage dans l'intérieur du pays et arrivèrent heureusement, après une marche de quatre semaines, à Adigrat, dans le royaume de Tigré, où ils furent reçus amicalement par Sabagadis, prince souverain du pays. Peu de temps après, nos deux frères se décidèrent à se séparer; Kugler et son collègue Aichinger restèrent dans la province du Tigré dont ils venaient d'apprendre la langue, pour y préparer, avec l'aide de Dieu, les bases d'une station permanente. Le missionnaire Gobat, qui possédait parfaitement la langue amharique, crut convenable de se rendre seul à Gondar, capitale du royaume d'Amhara, pour aviser, en sa qualité de messager de Christ, aux moyens de répandre la Parole de Dieu et de se rendre utile à ce peuple plongé dans la plus profonde ignorance.

Nous terminons cette introduction au journal du missionnaire Gobat, en faisant observer que l'éditeur a abrégé les conversations religieuses souvent très longues qui y étaient rapportées; il les aurait même complètement supprimées, comme au reste il l'a fait quelquefois, s'il n'avait pas eu un motif pour en agir autrement. Il a cru trouver dans ces entretiens, qui étaient presque toujours

être répandue, se décida à un nouvel essai en expédiant quelques missionnaires en Abyssinie pour y faire connaître la Parole de Dieu qui y avait été oubliée. Elle s'adressa à cet effet à la Société des missions évangéliques de Bâle, pour savoir si on ne pourrait pas trouver dans son institut quelques jeunes gens disposés à entreprendre cette œuvre importante. Après de ferventes prières, Samuel Gobat de Cremine, dans le canton de Berne, et Christian Kugler de Schopfloch, dans le Wirtemberg, furent appelés en 1825 à cette belle vocation. Ils commencèrent par se rendre à Paris et à Londres pour s'y perfectionner dans la langue arabe, et arrivèrent au Caire en septembre 1826. Comme après un séjour de six mois ils ne trouvèrent aucun moyen de pénétrer en Abyssinie, ils partirent en février 1827 pour la Syrie et pour Jérusalem, où ils se perfectionnèrent dans la langue amharique et dans celle du Tig ré, toujours en vue de leur mission en Abyssinie.

Revenus en Egypte en août 1827, ils furent obligés d'y séjourner jusqu'en octobre 1829, altendant avec impatience que l'état de guerre où était alors l'Abyssinie leur permît de s'y rendre. Ils utilisèrent cet intervalle en cherchant à acquérir les connaissances préliminaires que nécessitait leur vocation prochaine et en prêchant l'Evangile en arabe, en anglais et en français. Enfin arriva l'heure qu'ils avaient tant désirée et qui devait les rapprocher des travaux auxquels ils étaient spé

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