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Qu'il a accepté dans la capitulation la clause en vertu de laquelle les officiers, séparant leur sort de celui de la troupe, étaient autorisés à rentrer dans leurs foyers en prenant l'engagement d'honneur de ne pas servir contre l'Allemagne pendant la

guerre,

Est d'avis que le colonel Turnier mérite le blâme.

PARTIE II.

N° 46.

N° 46.

LA FÈRE.

(Extrait du procès-verbal de la séance du Conseil d'enquête du 18 avril 1872.)

Le Conseil d'enquête,

Vu le dossier relatif à la capitulation de la place de la Fère;

Vu le texte de la capitulation;

Sur le rapport qui lui en a été fait;

Ouï MM. le capitaine de Saint-Guilhem, ex-commandant du génie à la Fère;
Planche, capitaine de frégate, ex-commandant supérieur de la Fère;

Baron Méneval, colonel d'artillerie, ex-directeur de l'artillerie de la Fère;
Commandant Delmas de Lacoste, ex-commandant de la place de la Fère;
Rigaux, ex-commandant de l'artillerie de la place de la Fère;

Après en avoir délibéré,

Exprime comme suit son avis motivé sur ladite capitulation:

L'armement normal de la Fère devait être de 54 bouches à feu; il

80 au 10 août, dont 70 en batterie.

y en avait

Les munitions de guerre étaient en quantité suffisante, les approvisionnements en vivres calculés pour quatre mois.

La garnison, entièrement composée de garde nationale mobile, à l'exception de 40 ouvriers d'artillerie, s'élevait, à la date du 7 octobre à 2,711 hommes, augmentés, le 6 novembre, de 100 hommes formant une compagnie de francs-tireurs de la Somme.

La place fut déclarée en état de siége le 12 août. Jusqu'au 9 novembre, la mise en état de défense fut organisée par les soins du commandant Delmas de Lacoste, commandant de place. A cette date, le capitaine de frégate Planche fut nommé commandant supérieur par le général Bourbaki.

L'ennemi s'est montré aux environs de la Fère le 10 septembre, mais il ne s'y arrêta pas et ne revint que le 12 novembre. Le 13, il somma la place de se rendre et, sur le refus du conseil de défense, il l'investit le 15 novembre.

La garnison opéra quelques sorties pour augmenter les vivres; le 23 novembre, 70 têtes de bétail furent ramenées dans la ville.

PARTIE II.

N° 47.

Le 25 novembre, l'ennemi ouvrit contre la place le feu de 33 pièces de canon et le continua pendant trente-six heures. La ville fut endommagée et les remparts furent un peu écrêtés.

Sur la demande qui lui fut adressée par le conseil municipal, le commandant supérieur, jugeant que les artilleurs de la garde nationale mobile chargés du service des pièces ne pouvaient plus tenir sur les remparts, et que dans ces conditions la résistance ne pouvait être prolongée, se décida, le 26 novembre, d'après l'avis unanime de son conseil de défense, à conclure une capitulation avec l'ennemi.

La commandant Planche mérite d'être loué pour avoir prescrit, avant la signature de la capitulation, de détruire les armes, d'enclouer les canons, de noyer les poudres, de mettre les affûts hors de service, et d'avoir ordonné la distribution aux habitants des vivres qui restaient dans la place. Mais il a eu tort d'admettre, contrairement à l'article 256 du décret du 13 octobre 1863, la clause relative à la faculté laissée aux officiers qui prendraient l'engagement d'honneur de ne pas servir contre l'Allemagne pendant la guerre, de se retirer dans leurs foyers, séparant ainsi leur sort de celui de leurs soldats.

N° 47.
AMIENS.

(Extrait du procès-verbal de la séance du Conseil d'enquête du 18 avril 1872.)

Le Conseil d'enquête,

Vu le dossier relatif à la capitulation de la citadelle d'Amiens;

Vu le texte de la capitulation;

Sur le rapport qui lui en a été fait;

Ouï M. le commandant Woirhaye, ex-commandant de la citadelle;
Après en avoir délibéré,

Exprime comme suit son avis motivé sur ladite capitulation :

Par suite de la retraite de l'armée du Nord, l'ennemi occupa la ville d'Amiens le 28 novembre, et le même jour investit la citadelle. Trois cents hommes de garde nationale mobile, avec une batterie d'artillerie entièrement composée d'habitants de la ville, avaient été laissés comme garnison.

Dès le premier jour, cinquante hommes de la garnison désertèrent.

Le commandant de place, capitaine Vogel, sur la demande que lui fit la municipalité de ménager la ville, s'engagea à ne point tirer sur l'ennemi si celui-ci ne l'attaquait pas.

Une telle détermination mérite le blâme le plus sévère, car l'ennemi en profita pour élever des batteries et placer des tirailleurs sur tous les points qui avaient vue sur la citadelle, et quand, le 29, il ouvrit le feu, ces tirailleurs entravèrent beaucoup la défense.

Dès les premiers instants, le capitaine Vogel fut bléssé à mort et remplacé dans le commandement de la citadelle par M. Wcirhaye, le plus ancien commandant de la garde nationale mobile.

Cet officier, agissant avec la même faiblesse que son prédécesseur, empêcha de tirer sur la ville dans la crainte de faire des victimes et de nuire à la population. Ce même sentiment étant d'ailleurs général dans la garnison, le conseil de défense se résolut à capituler le lendemain, 30 novembre.

Le Conseil est d'avis que le commandant Woirhaye, ayant été investi du commandement dans des circonstances très-difficiles et qu'il ne dépendait plus de lui de modifier, ne saurait être responsable de la perte de la citadelle d'Amiens.

Le Conseil pense que cette responsabilité doit remonter en grande partie au général qui, conformément à l'article 244 du décret du 13 octobre 1863, aurait dû veiller à ce qu'il restât dans la citadelle une garnison suffisante pour en assurer la garde. Si l'on peut demander à des hommes de grands sacrifices pour défendre la ville qu'ils habitent, on ne peut exiger d'eux la ruine de leur famille et de leurs propres foyers.

PARTIE II.

N° 48.

N° 48.

PHALSBOURG.

A.

(Extrait du procès-verbal de la séance du Conseil d'enquête du 12 avril 1872.)

Le Conseil d'enquête,

Vu le dossier relatif à la reddition de la place de Phalsbourg;

Sur le rapport qui lui en a été fait;

Après en avoir délibéré,

Exprime comme suit son avis motivé sur ladite reddition :

La place de Phalsbourg avait une garnison de 1,252 hommes, composée du 4' bataillon du 63° de ligne, du 1" bataillon de la garde nationale mobile de la Meurthe et de 52 artilleurs. A cette garnison se joignirent 28 hommes du 96° de ligne, et environ 200 trainards et malades provenant des corps qui avaient combattu à Froschwiller.

Les remparts étaient en bon état et armés de 65 bouches à feu. La place était bien approvisionnée en munitions d'artillerie et possédait 2,778,000 cartouches d'infanterie. Malheureusement les vivres n'étaient pas en quantité suffisante pour lui permettre une résistance de plus de quatre mois.

Investie le 10 août et sommée de se rendre, elle refusa. Bombardée le même jour, elle tint bon. L'ennemi fit à la garnison l'offre de sortir avec armes et bagages et de rejoindre l'armée française. Le commandant Taillant, soutenu par un conseil de défense énergique, rejeta ces propositions. La place répondit victorieusement

PARTIE II.
N° 48.

au feu de l'ennemi, la garnison fit des sorties heureuses; en vain les bombardements renouvelés détruisirent-ils le tiers de la ville, rien ne put ébranler le courage de ses défenseurs.

Mais les jours de résistance étaient comptés. Après quatre mois de défense, n'ayant plus de vivres pour la prolonger, le commandant Taillant, de l'avis du conseil, et ne s'inspirant que de l'intérêt du pays, détruisit son artillerie, ses munitions, ses fusils, tout enfin ce que l'ennemi pouvait utiliser dans la suite de la guerre ou présenter comme trophée; puis, l'œuvre de destruction complétement terminée, le commandant fit ouvrir les portes de la place et prévint l'ennemi qu'il se rendait à discrétion.

Une telle conduite est on ne peut plus honorable. L'ennemi, pour le reconnaître et sans que rien lui eût été imposé par une capitulation, accorda aux officiers de conserver leur épée et leurs bagages, aux soldats leur sac, et les autorisa à choisir les villes où ils devaient se rendre comme prisonniers.

Le Conseil,

Considérant que, dans la défense de la place qui lui avait été confiée, le commandant Taillant a rempli tous les devoirs prescrits par le décret du 13 octobre 1863: que, par sa fermeté, son énergie, il a su maintenir la discipline dans la garnison; que, par une bonne et judicieuse organisation, il a suppléé à l'insuffisance du personnel d'artillerie,

Est d'avis que le commandant Taillant et son conseil de défense méritent des éloges.

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Le Conseil d'enquête devant lequel l'officier qui exerçait les fonctions de commandant supérieur à Phalsbourg pendant la dernière guerre a été envoyé, en exécution des prescriptions de l'article 264 du décret du 13 octobre 1863, a, dans sa séance du 10 avril dernier, émis au sujet de la reddition de cette place l'avis ciaprès :

Le Conseil,

Considérant que, dans la défense de la place qui lui avait été confiée, le commandant Taillant a rempli tous les devoirs prescrits par le décret du 13 octobre 1863;

Que, par sa fermeté, son énergie, il a su maintenir la discipline dans la garni

son;

Que, par une bonne et judicieuse organisation, il a suppléé à l'insuffisance du personnel d'artillerie,

Est d'avis que le commandant Taillant et son conseil de défense méritent des éloges.

D'après ce qui précède, et conformément aux dispositions de l'article 257 du décret précité du 13 octobre 1863, j'ai l'honneur de vous proposer :

1° De conférer à M. le lieutenant-colonel Taillant le grade de commandeur dans l'ordre de la Légion d'honneur;

Et 2° de décider que l'avis précité du Conseil d'enquête sera mentionné dans les états de service de M. le lieutenant-colonel Taillant et des officiers qui composaient avec lui le conseil de défense de la place de Phalsbourg, savoir:

MM. Darbour, chef de bataillon au 63° régiment d'infanterie de ligne;

er

Villatte, chef de bataillon, commandant le 1" bataillon de la garde nationale
mobile de la Meurthe;

Desmares, capitaine de 1" classe du génie, commandant le génie de la
place;

Thomas, capitaine en premier d'artillerie, commandant l'artillerie de la
place;

Dejean, capitaine en premier d'artillerie;

De Geoffroy, capitaine adjudant-major au 63 régiment d'infanterie de
ligne.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'hommage de mon respectueux dévoue

ment.

PARTIE II.

N° 49.

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(Extrait du procès-verbal de la séance du Conseil d'enquête du 18 avril 1872.)

Le Conseil d'enquête,

Vu le dossier relatif à la capitulation de la place de Montmédy;

Vu le texte de la capitulation;

Sur le rapport qui lui en a été fait;

Oui M. le chef de bataillon Tessier, commandant de la place de Montmédy:
Après en avoir délibéré,

Exprime comme suit son avis motivé sur ladite capitulation :

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