Ce sont les deux premieres classes qui composent les propriétaires d'aujourd'hui, ce qui donne envie de s'en préserver, loin de se reposer sur eux et met ceux de la troisieme classe dans une position aussi fausse que critique. La vileté de prix résulte encore des dangers. que courent les acquéreurs, et de la pénurie de moyens des trois quarts d'entre eux; aussi, plus d'un acheteur a-t-il obtenu l'objet vendu pour moins que le quart de sa valeur. Lorsque le gouvernement s'érige en vendeur des biens nationaux, il en résulte encore l'inconvénient, qu'il en consomme le prix en fonc tions, sans en faire un moyen de reproduction, comme feroit un particulier qui l'emploieroit en travaux. Les dévastations des biens vendus sont la suite inévitable de l'avidité des acquéreurs pressés de jouir par épuisement. L'état de la fortune publique est celui d'une banqueroute continuelle " où les impôts produisent de moins en ́moins et le crédit public s'éteient. Ainsi, vainement un acte constitutionnel énoncera des maximes pures et sacrées; l'esprit du gouvernement et les moeurs nationales seront dans une contradiction constante. L'expropriation des biens du clergé n'a pré senté pendant un tems qu'une foible båse de crédit pour les assignats, dont la valeur n'a cessé de décroître relativement à leur quantité et au prix d'adjudication de ces biens, Ceux de la Couronne n'ont nullement renforcé l'hypothèque des assignats, que la confiscation des biens des émigrés a totalement annullés, parce qu'elle annonçoit un pillage universel et une dissolution complette du corps social. Il n'est donc resté de toutes les métamorphoses du papier-monnoie, que la banqueroute qu'elles devoient produire, et la certitude que les détenteurs actuels des biens nationaux ne les ont payés qu'en valeurs illusoires. Il falloit sauver la France avant de sauver les émigrés mais ceux-là ne sont pas libres, que l'on force d'être injustes contre le vœu prononcé de leur cœur on peut de plus prédire à tous les persécuteurs implacables, qu'il viendra un jour où nul juge n'osera condamner à mort tout Fran- ›› çais rentré dans sa patrie, qui, depuis le jour de sa rentrée, y aura vécu dans la soumission aux loix établies. Hommage soit rendu aux martyrs de vendémiaire, qui traînés de tribunaux en tribunaux ; et de prisons en prisons, songeoient plus à combattre l'oppression qu'à la flèchir, et dont la voix long-tems éteinte dans le silence des ca chots, n'en a retenti qu'avec plus de force contre dans l'instant même où ils ont été les tyrans, La loi du 3 brumaire et l'amnistie du 4, ont dû leur existence au 13 vendémiaire, jour de la victoire des Jacobins, qui crurent alors pouvoir rétablir la terreur et le gouvernement révolution-> naire, quoique diaméiralement opposés à la cons-titution qu'on venoit de jurer. L'ensemble des loix maintenant en vigueur loin d'être une œuvre de justice, n'est qu'un systême d'iniquité le plus incontestable, le plus scandaleux, le plus universel, le plus absolument incapable de supporter tout ce qui est bien, et le plus nécessairement condamné à perpétuer tout ce qui est mal. Que l'on commente à volonté les loix de Roberspierre, de Collot-d'Herbois et de leurs successeurs; on n'y trouvera que le vol et l'assassinat; elles ne sont pas moins scandaleuses qu'injustes, puisqu'on ose les publier après les oppositions connues qu'y forment en vain quelquesuns des membres du corps législatif, doués d'une moralité reconnue. Les mots piller et proscrire semblent être la base de la plupart des décrets, et sont présentés 1 à la République comme étant son principe, son soutien et son but: mais il résulte un danger égal pour tous les partis et les individus, d'en proscrire un indéfiniment; car dès que la proscription est admise comme moyen politique, elle passe d'un parti à l'autre, et n'a plus de terme. Aussi l'infortune est-elle par-tout, parce que la justice n'est nulle part: l'injustice fait même plus qu'exclure tout ce qui est bon et pur; elle le corrompt; c'est elle qui par une seule clause, a trouvé le secret d'annuller vingt articles de l'acte constitutionnel, dignes des hommages de l'univers; c'est par elle encore qu'en vertu d'une loi, les tribunaux ont, en pleurant, assassiné le malheureux Cussy! Enfin, ce systême d'injustice étant au moins transitoire, est irréparable; on ne peut rectifier son action qu'en détruisant son principe. Pour tracer une route nouvelle, il faut avoir comblé le précipice; autrement l'abîme appellera toujours l'abime. (1) On peut avec ce systême mettre le monde en combustion, mais non s'en tirer soi-même; tout (1) Abyssus abyssum invocat. 1 a été épuisé en machiavelisme, en terreur, en scélératesse. Il ne reste plus de moyens à tenter que la justice et la morale; elles seules sauveront la France. La suite au numéro prochain. SUR LES RÉUNIONS DE CLICHY ET DE L'HÔTEL DE NOAILLES. Tout le monde sait que les membres du Corps législatif composent ces deux Sociétés. Là, chacun, dans l'esprit qui l'anime, prépare les travaux pour sauver ou perdre la République. Les habitués de Clichy sont surnommés Chouans; mais comme on n'ignore plus que ce terme équivaut à celui de républicain, on attache peu d'importance à cette qualification,ou peut-être mieux on s'en honore; ceux qui la portent s'occupent sans relâche des mesures qui peuvent faire prospérer l'Etat. S'agissoit-il du choix d'un Directeur ? ils n'ont présenté pour candidats que des hommes honorés de la confiance publique. S'agit-il de porter le flambeau dans ce ramas de loix révolutionnaires, dans cette législation. proscriptive en masse des citoyens qui n'ont qu'à |