Images de page
PDF
ePub

cond

& fa modeftie dans fes habillemens. Lorfqu'elle retourna à Clermont, elle trouva fes deux filles, dont l'une avoit trois ans & l'autre deux, qui étoient fort parées de dentelles, de rubans, & de galons d'argent. Elle commença par leur ôter toute cette vanité, les habilla d'une étoffe toute unie, & défendit à leur Gouvernante de les laiffer fréquenter de petites Demoiselles vêtues d'une maniére mondaine : & quand elle fut obligée en 1651 d'aller à Paris pour la mort de M. Pascal fon pere, elle les emmena avec elle, craignant que leur grand'mere ne gâtât ce qu'elle avoit fait, & ne leur remît les parures. En 1653, elle fit un sevoyage à Paris & y amena encore fes deux jeunes filles pour les mettre penfionnaires à P. R. Dans ces différens féjours de Paris, elle profitoit, autant qu'elle le pouvoit, de la connoiffance qu'elle avoit faite avec les Meres de P. R. La fœur d'un homme tel que M. Pafcal, & d'une Religieufe telle que la Sœur fainte Euphémie, ne pouvoit pas manquer d'être bien reçue dans cette Maifon, & réciproquement d'y être finguliérement attachée. Elle alloit quelquefois à P. R. des Champs paffer quelques jours en retraite & s'édifier des exemples de ces excellentes filles. Ce fut même au-dehors de cette Abbaye qu'elle accoucha en 1653 de fon dernier enfant M. Blaife Perrier qui étoit le cinquième; car outre les deux filles dont je viens de parler, Jacqueline & Marguerite qui eft la miraculée de la fainte Epine, elle avoit deux garçons, Etienne Perrier Confeiller comme fon pere à la Cour des Aides de Clermont, & Louis Perrier, Chanoine de Clermont.

[ocr errors]

En 1664, elle retourna en Auvergne avec M. fon mari, & elle eut la douleur de le perdre

en 1672. Il n'y eut aucun des grands perfonnages qui étoient à P. R. comme Meffieurs Arnauld, Nicole, de fainte-Marthe, la Mere Angélique de faint-Jean, qui ne lui écrivît à ce fujet: & la maniére dont ils la confoloient, fait bien l'éloge de fa piété. Trois ans après elle revint à Paris, pour y mener fes deux fils Louis & Blaife aux grandes études, & elle y demeura pendant tout le tems qu'ils étudiérent la Théologie, jufqu'en 1678. Elle perdit en 1680 fon fils aîné Confeiller de la Cour des Aides, & reçut encore un grand nombre de lettres de confolation de ces mêmes Meffieurs. Après qu'elle eût paffé quarante & un ans dans une vie très-exemplaire & toute remplie de bonnes œuvres, elle mourut fubitement en 1687 à Paris, où elle étoit revenue depuis quelque tems. Elle étoit âgée de 67 ans. Le Curé de faint Jacques du Haut-pas fur la paroiffe du quel elle mourut, voulut qu'elle fût enterrée à faint Etienne du Mont auprès de M. Pafcal fon cher frere:& fit en préfentant le corps au Curé de faint Etienne, un fort bel éloge de la défunte. Il la compare à la femme forte. qui faifoit la gloire de fon époux, & qui étoit la bénédiction de fa famille. Il fait enfuite le paralléle entre le frere & la fœur, & dit que toutes les belles chofes que le frere avoit penfé fur Dieu & fur la Religion d'une maniére fi noblement fentencieufe, in pondere & numero fententiarum, la four les poffédoit par fentiment, & les faifoit paroître dans fes difcours & dans les actions; il auroit pu ajouter, & dans fes écrits. Car dans la vie de M. fon frere qu'elle a écrite,& qui eft imprimée en partie à la tête des Penfées de M. Pafcal, vie qui a mérité les éloges du fameux Beyle, on peut remar

XLIII.

& fcs vertus.

quer comment elle a réuffi dans l'expolé systématique qu'elle y fait du plan fublime de l'ouvrage que fon frere avoit projetté contre

les Athées.

Poursuivons notre regiftre mortuaire. En Mort de la 1689 arriva la mort de la Sour Madeleine de Sœur Chrifti fainte-Chriftine Briquet, l'une des trois prinne Briquet.Ses cipales combattantes : les deux autres étoient belles qualités la Mere Angélique de faint-Jean, & la Sœur de fainte Euftoquie de Bregi, dont j'ai parlé plus haut. La Sœur Chriftine avoit deux oncles en place, l'un Avocat général, l'autre Maître des Requêtes. Ayant perdu fon pere de bonne heure, elle fut élevée à P. R. dès l'âge de trois ans. Le mépris du monde & la piété croifoient avec elle: enforte qu'elle conçut toute jeune le deffein de fe confacrer àDieu dans le Mcnaftére. Une four unique qu'elle avoit étant morte, elle fe trouva feule héritiere d'une riche fucceffion. Mais elle n'en fut point tentée. Elle voulut au contraire pour cimenter fa pieuse résolution fe lier par un vœu qu'elle fit un jour avant que de communier : le vœu en renfermoit trois, le vœu de chafteté, le vœu de le faire Religieufe auffitôt qu'elle auroit l'âge, & le vœu de ne point fortir du Monaftére, fi elle n'y étoit forcée par une autorité fupérieure. Elle avoit écrit de fa main cet engagement & le finiffoit » ainfi Il n'y a plus de monde pour moi. A l'âge de feize ans elle entra au Noviciat. Sa famille accourut pour s'y oppofer. On lui propofoit d'un côté les grandes alliances auxquelles elle pouvoit prétendre à caufe de fes grands biens; de l'autre on lui repréfentoit que rren ne l'empêcheroit dans le monde de mener une vie chrétienne & de s'appliquer à toute for

כל :

té de bonnes œuvres. On employa auprès d'elle l'autorité des perfonnes à qui elle étoit obligée d'obéir felon Dieu,& elle ne put refufer de fortir pour quelque tems de la Maison. Elle paffa quatre mois dans le monde, où elle fe conduifit de telle maniére que le monde fut convaincu que fa vocation étoit ferme & folide. Elle rentra donc dans le Monaftére & reprit les exercices du Noviciat. Elle étoit la derniére Poftulante reçue par la Mere des Anges. Cette Abbeffe mourut dans le tems que la Sœur Briquet achevoit fon Noviciat. Nous avons rapporté ailleurs comment la jeune Sœur qui avoit au genou une loupe qui groffiffoit tous les jours, & qui craignoit que ce ne fût un obftacle à fa Profeffion, fut guérie miraculeufement par des reliques de cette fainte Mere.

[ocr errors]

Depuis la Profeffion elle pratiqua comme auparavant les vertus de fon état, mais furtout l'humilité. Elle s'eft toujours propofé d'être la plus petite & la plus pauvre dans la Maifon du Seigneur. Toute la vie on lui a vu prendre la derniére place autant qu'elle le pouvoit. Je rapporterai ici un trait fort beau de fon humilité. Une perfonne de confidération ayant un jour demandé l'Abbeffe qui étoit la Mere Angélique de faint Jean, comme celleci ne pouvoit pas venir fur le champ, elle envoya la Sœur Christine pour l'entretenir en attendant. La Sœur ne parla dans tout l'entretien que de fa profonde reconnoiffance pour la charité que la Maifon lui avoit faite de la recevoir. Celui à qui elle parloit, s'imagina que c'étoit quelque pauvre fille que l'on avoit reçue par charité & fans dot. L'Abbelle vint au parloir, & la Soeur fe retira. La premiére chofe que lui dit cette perfonne, fut qu'elle étoit

bien édifiée de la reconnoiffance de cette bonne Sœur pour la charité de la Maison envers elle; & qu'elle ne pouvoit que louer auffi la générofité de la Maifon pour recevoir des filles gratuitement. L'Abbeffe d'abord ne comprenoit pas à quoi tout cela venoit. Puis penfant que c'étoit la Sœur Chriftine qui venoit de s'en aller, elle dit à la perfonne en fouriant, que cette prétendue pauvre fille qu'elle avoit vue, étoit la Sœur Briquet, niéce de M. Bignon, qui avoit apporté de grands biens à la Maifon. Nous avons vu comment elle s'eft fait admirer par fa conduite & par fes réponses dans l'affaire du Formulaire. M. de Péréfixe lui-même aimoit à raifonner avec elle, & lorfqu'il vint à la fin de 1664 la faire fortir de la Maison pour la conduire prifonniére dans un Couvent étranger, il ne put s'empêcher de pleurer. Sa Captivité fut très-édifiante, comme on peut s'en aflurer par la lecture du récit que nous en avons fait on y remarquera qu'il fembloit que Dieu eût voulu fignaler d'une maniére plus marquée la puiffance de fa fur celle des Captives qui étoit la plus jeune & d'âge & de Profeffion.Car elle y a joui conftamment d'une paix & d'une tranquillité, que n'ont pas toujours eue les autres qui eurent quelques fâcheux momens pendant la durée de leur prifon. Elle a vécu depuis fa Captivité dans l'état d'une humble Religieufe, fervente pour tous les devoirs, & finguliérement zélée pour la pénitence, la pauvreté & le foulagement des pauvres trois grands points de la perfection dans l'efprit de P. R. Elle aimoit à fervir les pauvres & à les panfer dans les maux les plus dégoûtans. Elle mourut âgée de 46 ans en 1689.

[ocr errors]

grace,

« PrécédentContinuer »