que ce feroit donner lieu beaucoup plus à des foupçons défavantageux. Elles fe plai»gnent enfuite avec modeftic de la conduite qu'on a tenue depuis à leur égard, de tant » d'Arrêts du Confeil dont on les a accablées > fans les entendre, fans leur donner aucune ❞ communication des Requêtes présentées con

tre elles, des accufations de mauvaise doctri→ ne portées contre elles au Confeil de Sa Majefté fans qu'il leur ait été permis de feju»ftifier; de l'entreprise étonnante de leurs → Sœurs de Paris, qui demandent ouvertement

leur deftruction & leur extinction ; de tous » les dénis de juftice qu'elles ont effuyés de » fon Eminence elle-même & de fon Official. » Elles font remarquer avec quelle modéra»tion elles ont ufé du droit qu'elles avoient de » ne pas confentir à leur propre deftruction, » & comment elles ont fouffert pour le bien de » la paix la vifite peu régulière de M. Vivant, quoiqu'il fût leur Partie déclarée. Enfin elles » touchent le grief capital de l'obligation que

fon Eminence leur impofe maintenant, de fe » confeffer à des Prêtres inconnus, & en ou>>tre celui de l'étrange excommunication qui » vient d'être portée contre elles fans aucune » formalité. Elles se jettent aux genoux de

l'Archevêque, lui demandent miféricorde » lui repréfentent que quand même elles fe» roient dans une confcience erronée, ce seroit après tout un fcrupule qui mériteroit quelqu'indulgence; le faint Apôtre n'ayant → jamais condamné les foibles, mais plutôt » ceux qui ne fupportent point les foibles. » Elles finiffent par une forte plainte qu'elles : adreflent à fon Eminence contre le Sieur Pollet fur deux articles; 10. Sur ce qu'il a avancé

que fi l'Eglife a été contente de ce qu'elles ont fait en 1669, elle eft en droit de ne s'en pas contenter aujourd'hui & de demander plus; » parce que, dit-il, c'eft une chofe de pure » difcipline qui peut varier ; comme fi, di» fent-elles, cn pouvoit qualifier de pure dif»cipline une queftion auffi dogmatique que » celle-ci, favoir, quelle forte de foumiffion "les Fidéles doivent aux Décifions de l'Egli»fe, en quoi certes il ne peut y avoir de va» riation » 2o. Sur l'abus perpétuel qu'il fait de l'Ecriture Sainte pour leur prêcher l'obéiffance aveugle contre les enfeignemens contraires dont cette même Ecriture eft remplie, qui déterminent les leçons générales d'obéiflance, à une obéiffance jufte, raisonnable & réglée fur la loi de Dieu. Elles concluent en fuppliant fon Eminence d'agréer l'un des Confeffeurs qu'elles lui ont préfentés, de leur laiffer le libre ufage des Sacremens, de leur déclarer nettement en quoi il les trouve criminelles, enfin de leur envoyer un Commiffaire pour préfider à l'élection d'une Abbeffe.

X.

Il en fut de cette Requête comme de toutes les autres. Elle fut comme non avenue, & Ordonnance du Cardinal demeura fans réponse. A la Fête de la Touffaint qui interdit les Religieufes réfolurent de fe préfenter à la des Religieufes Communion. Le Sieur Chevrolat qui difoit la desSacremens, Meffe, les refufa. Elles drefférent un acte de de voix active ce refus, & préfentérent Requête à l'Official & paffive, &c. pour qu'il leur fût permis de faire affigner cet Eccléfiaftique, en réparation du fcandale. caufé par lui en refufant publiquement la Communion à des perfonnes non chargées. d'aucune cenfure. L'Official fit réponse qu'il falloit qu'il en parlât au Cardinal, garda la Requête quelques jours, & la rendit en difant

que le Cardinal la répondroit lui-même. M. Pollet n'étoit point à P. R. à la Touffaint. Il y revint le cinq avec un nouvel ordre de faire la vifite & de revoir toutes les Religieufes en général & en particulier pour dreffer un procès-verbal de leurs réponses. Il fit la vifite & dreffa le procès-verbal, & leur propofa de le figner. Elles y confentirent à condition qu'il leur en laifferoit une expédition : ce qu'il refufa. Ainfi elles ne fignérent point. Il retourna à Paris le neuf. Les Religieufes lui firent fignifier le même jour un acte Capitulaire figné de toutes les Religieufes, dans lequel elles > repréfentent en bref leurs griefs, la Religion » du Roi & de leur Archevêque furprife; les refus d'élection d'Abbeffe, de Confeffeurs, de » Sacremens,les entreprises des Prêtres de faint » Nicolas, qui n'ont que des menaces en bou» che & des voies de fait en mains. Elles dé>clarent enfuite qu'elles ont fait pour la Conftitution tout ce qui eft prefcrit par le Man» dement, & n'ont rien fait de ce qui y eft défendu. Enfin elles proteftent contre la vifite de M. Pollet, en cas qu'il prétendît la faire valoir comme une vifite juridique, attendu le défaut de toutes les formalités requifes.

Pour réponse aux Requêtes & en conféquence de toutes ces vifites, le Cardinal rendit une Ordonnance le 18. Novembre,par laquelle il interdit aux Religieufes l'ufage des Sacremens, qui ne leur avoit été interdit que verbalement il les prive de voix active & paffive, & leur fait défense de s'affembler pour élire une Abbeffe. Cette Sentence fut fignifiée le 20, & les Religieufes en interjettérent appel le 1. Décembre à la Primatie de Lion,

où il eft demeuré toujours pendant. Dans le même-tems l'Agent des Religieufes de P. R. M. de Saint-Claude le Noir fut enlevé par un Exempt & des Archers, & conduit à la Bastille, & tous les papiers auffi-bien que ceux de la Maison qui fe trouvérent chez lui furent faifis & emportés. Il arriva dans cet événement quelque chofe de femblable à ce qui arriva à la prise de J. C. Les payfans se mirent en devoir de faire comme faint Pierre, & s'armérent non pas d'épées, mais de groffes bûches pour affommer les Archers. Le pieux Solitaire les arrêta, & leur repréfenta qu'il falloit refpecter les ordres du Roi. Il mena enfuite les Archers dans fa chambre où il leur donna à déjeûner. Comme on vit quelques larmes couler de fes yeux, l'Exempt pour le confoler l'affura qu'il feroit bien traité à la Bastille. Il répondit: » Je ne pleure point de ce » que vous pensez, mais de joie & de reconnoiffance de la grace que Dieu me fait de fouffrir pour une fi bonne cause. » Comme l'Ordonnance dont je viens de parler eft une des piéces principales du procès auquel les Religieufes ont fuccombé en 1709, par leur difperfion & la deftruction de leur Monaftére, il eft important de s'y arrêter & de s'en former une idée, tant fur ce qu'elle contient, que fur des réflexions des Religieufes expofées dans un Mémoire dreffé l'année fuivante pour être présenté à la Primatie.

Le Cardinal dans fon Ordonnance prend pour motifs de l'interdit des Religieufes & de tout ce qui s'enfuit, qu'il a reconnu par le vu tant des piéces y énoncées, que des pro», pres actes des Religieufes, que nonobftant les fommations & les monitions réitérées

donnance.

elles perfiftent dans le refus de fe foumettre à la Conftitution de Clément XI, qu'ainfi elles font contumaces & défobéiffantes aux Conftitutions Apoftoliques; que la reftriction qu'il prétend qu'elles ont mife à l'ac,, ceptation de ladite Bulle, eft illufoire, qui ne tend qu'à éluder la loi, téméraire & in,, juricule au faint Siége, parce qu'elle fup,, pofe qu'il y a de la contradiction entre le Bref de Clément IX en 1669 & la Conftitution de Clément XI en 1705: qu'enfin après avoir épuifé inutilement tous les ,, moyens que la charité lui a infpirés, il ne », peut plus espérer, qu'étant fages à leurs propres yeux, elles fe foumettent aux lumiéres & à la fageffe de l'Eglife, à qui elles refusent une foumiffion qu'elles rendent à des Directeurs que Dieu ne leur a point donnés, &c.

"

XI. Le Mémoire des Religieufes après avoir Mémoire des rendu compte par forme de préliminaire de Religieufes tout ce qu'elles ont fait depuis l'arrivée de la fur cette Or-Conftitution jufqu'à l'époque de leur interdit des Sacremens par la préfente Ordonnance, relevent les nullités de l'Ordonnance quant la forme, & fon injuftice quant au fond. Elles obfervent, quant au premier article, ,, que la fentence d'interdiction manque totalement des formalités même les plus effentielles : qu'elle n'a été précédée ni d'informations juridiques par le Promoteur comme Partie publique après les procédures néceffaires; ni de fignifications faites aux Par,, ties, dans les délais convenables, des procès-verbaux dreffés dans les informations; ni de monitions & de fommations canoniques; la vifite de M. Vivant n'ayant été qu'une