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›, au Tribunal de Dieu, où tout eft péfé au ,, poids du fanctuaire : qu'après cela elles jouiront en filence de la paix de leur bonne confcience; pouvant fe rendre ce témoignage ,, confolant, que fi l'on détruit leur Monaftére & qu'on les en chaile, ce ne fera ni pour avoir été relâchées dans leurs mœurs & dans la difcipline réguliére, ni pour avoir fait ,, des dépenfes faftueufes & fuperflues, ni » pour avoir eu commerce avec le monde », & les perfonnes mondaines, ni pour ,, avoir foutenu aucune erreur contre la ,, foi, ni pour avoir manqué à la foumiffion ,, qu'elles doivent à leur Supérieur ; à moins » qu'on ne veuille prendre pour défaut de ,, foumiffion l'attachement aux fentimens ap,, prouvés par le faint Siége, par feu M. de ,, Péréfixe Archevêque, & par Sa Majefté: ,, mais, feulement parce que les Religieufes de ,, P. R. de Paris envieufes de la bénédiction qu'il a plu à Dieu de répandre fur leur Maifon, jugent à propos d'employer toute forte d'artifices pour réparer les ruines de la ,, leur par la deftruction de celle de leurs ,, Sœurs. Helas! Monfeigneur, difent-elles, ,, quel trifte partage pour elles que cette ,, graiffe de la terre, quand elles ne reçoivent point la rofée du Ciel, qui ne peut bénir une telle ufurpation!... Pour nous, étant prefque toutes à la de l'Eternité porte infirmités & par notre âge il nous importe affez peu de quelle maniére nous achevions notre courfe, pourvu que Dieu nous faffe la de lui être fidelles jufqu'au bout. » grace Enfin elles réclament les anciennes bontés de fon Eminence, & redemandent la participation aux Sacremens. La lettre eft du 14 Dé

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par nos

cembre 1708, fignée de toutes les Religieufes

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C'est du même jour qu'elles datent leur let tre au Cardinal d'Etrées, dans laquelle après avoir renouvellé leurs fentimens de reconnoiffance pour les foins que ce Cardinal fe donna en 1669, pour confommer la paix de l'Eglife, elles lui racontent qu'étant accufées d'héréfie auprès du Pape par leurs Sœurs de Paris qui veulent envahir leur Maison & ,, leurs biens, elles ont pris la liberté d'écri ,, re à Sa Sainteté pour fe juftifier. Elles re,, marquent qu'elles fe trouvent dans les mêmes termes qu'en 1669, puifque ce n'eft ,, que leur attachement au Bref de Clément ,, IX qui fert de prétexte aujourd'hui à les calomnier: que cette calomnie qui porte d'abord fur elles, retombe naturellement fur ,, toutes les perfonnes illuftres qui ont eu part à cette ancienne négociation : ce qui donne lieu d'efpérer qu'elles ne feront pas defap,, prouvées par ces mêmes perfonnes dans la ,, fermeté qu'elles témoignent pour ne point fe départir des Décifions émanées alors du S. ,, Siége. Elles mettent en oppofition M. de Péréfixe qui les rétablit alors dans l'ufage des Sacremens, & le Cardinal de Noailles qui les leur interdit, précisément pour la même caufe: enforte qu'il fembleroit qu'il faudroit ,, changer de fentimens autant de fois qu'on ,, change d'Archevêque. » Elles ne demandent rien formellement à cette Eminence; elles fe contentent de lui infinuer qu'elle pourroit ,, faire ufage auprès du Roi de leur lettre au ,, Pape, pour les juftifier dans l'efprit de Sa ,, Majefté. Elles efpérent qu'au moins fon équité & fes lumiéres la porteront à leur rendre dans les occafions occurrentes toute la juftice qu'elles ont lieu d'attendre de fa

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,, piété & de fa générofité. » Le Cardinal d'Etrées dit au Cardinal de Noailles qu'il avoit reçu cette lettre; qu'il avoit deffein d'y faire réponse ; mais qu'il ne vouloit pas le faire fans en parler au Roi ; & que comme fa fanté ne lui permettoit point d'aller à Versailles, il le prioit de parler au Roi pour lui. Le Cardinal de Noailles lui donna pour réponse qu'il n'étoit pas néceffaire qu'il écrivît à P. R.

XV.

Lettre ano

Je joindrai ici l'extrait d'une cinquiéme lettre anonime qui fut écrite en Octobre au Car-nime au Cardinal de Noailles, qui a été depuis imprimée dinal de en 1711, dans un volume in-douze intitulé Noailles. Mémoire fur la deftruction de P. R. On effaie dans cette lettre de jetter dans l'ame de ce Cardinal quelques fcrupules fur la part qu'il veut bien prendre à une auffi criante iniquité. On » lui repréfente ce qui eft arrivé à fes deux » Prédéceffeurs qui avoient fait fervir leur miniftére à cette œuvre de ténébres; les regrets » cuifans & les tranfports de douleurdans lefquels le premier eft mort, fe reprochant ce qu'il avoit fait à des Religieufes dont il » connoiffoit parfaitement l'innocence : la » maniére terrible dont le fecond fut frappé & emporté fubitement, lorsqu'il méditoit ac»tuellement la difperfion de cet innocent trou→ peau. L'on conferve encore en original une lettre d'une perfonne de la premiére condi tion de la Cour, qui écrit que le jour même que M. de Harlai mourut fubitement à Confans, il devoit aller en Cour l'après-midi, pour conclure avec le Roi la difperfion des

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filles de P. R.) On le fupplie de penfer ce » que lui-même aura à répondre au jugement » de Dieu, quand le Seigneur lui demandera » compte de l'interdit des Sacremens auquel

XVI.

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» il a condamné des Religieufes, que lui» même, foit en arrivant à Paris, foit en plu » fieurs autres rencontres a qualifiées la plus "faine partie de fon troupeau, quoiqu'il

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n'ignorât point ce qu'elles étoient, & ce qu'elles font aujourd'hui. Car, comme on » le lui fait remarquer, elles n'ont point va»rié elles ont toujours été dans les mêmes difpofitions de foumiffion à l'Eglife & de » répugnance à la fignature du Formulaire par » principe de confcience. S'il y a donc eu quel» que variation, c'eft de fa part; puisqu'il les

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traite aujourd'hui auffi durement qu'il les >> traitoit avec eftime dans les commence» mens. On le prend même par la politique, puifqu'il eft vifible que c'eft la feule chofe qui le faffe agir dans cette affaire d'une maniére fi éloignée de fon caractére bon & équitable, » On lui fait entrevoir que fes ennemis » fe fervent de fes variations pour lui faire

perdre l'eftime du Roi, & le faire pafler & » dans l'efprit de Sa Majefté & devant le pu»blic pour un homme inconftant, tantôt fa»vorable & tantôt contraire aux prétendus » Jansénistes. » Enfin on ne lui laiffe pas igno rer qu'on tient des Mémoires fidéles de tout ce qui le paffe, & des violemens manifestes de la juftice qu'on commet envers ces faintes Filles, & des refforts de duplicité qu'on emploie pour le fuccès de cette scandaleuse entreprise.

Inutilité de Toutes ces lettres étoient des piéces trop toutes les let- importantes pour n'en pas faire ici la longue tres, Appels, analife que j'en ai faite. Elles ne produifirent oppofitions des Religieu-Point cependant l'effet que les Religieufes fes de P.K. des avoient droit d'en attendre. Ce qu'elles s'éChamps. toient propofé c'étoit d'arrêter l'exécution des

Bulles de Rome, & le Roi donna ses Lettres Patentes le 14 Novembre pour l'enregiftrement de la feconde Bulle au Parlement 1708. Elle fut enregistrée le 15 Décembre fuivant, nonobftant tout ce qu'elle renfermoit de con→ traire aux Libertés de l'Eglife Gallicane. Le même jour 15. Décembre, il mourut à P. R. une Religieufe paralitique depuis dix mois. Dans plufieurs attaques d'apoplexie qu'elle eut durant ce tems, elle avoit demandé les Sacremens avec beaucoup d'inftance. Le Cardinal fut ferme à les lui refufer, à moins qu'elle ne fe foumît à fes volontés. Elle mourut cependant dans une paix de confcience, qui montroit bien que la grace fuppléoit à ce qui lui manquoit au-dehors. Il en mourut en→ core une autre le 26 Mars 1709 privée de même des Sacremens.

Le 13 Février 1709 les Religieufes de P. R. de Paris firent fignifier à celles des Champs la Bulle, les Lettres patentes, l'Arrêt d'enregiftrement & une nouvelle Commifion donnée par le Cardinal à M. Vivant, pour aller informer aux deux Maifons de commodo & incommodo. Les Religieufes de celle des Champs formérent oppofition à la nouvelle Commiffion : mais le Cardinal rendit une Ordonnance qui portoit qu'on pafferoit outre. Les Reli gieufes interjettérent appel de cette Ordonnan. ce à la Primatie. Nonobftant l'Appel, le Commiffaire fit fon information dans l'Abbaye de P. R. de Paris. Il indiqua enfuite fa defcente à P. R. des Champs pour le 13 Avril. Malgré une nouvelle oppofition qu'on lui fignifa le 11, il s'y tranfporta pour continuer fon enquête. Mais les Religieufes ne le reçurent point, & renouvellérent leurs oppofitions & leurs appels dont le procès-verbal du Com

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