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més dans l'Ordonnance de M. de Péréfixe & dans les Actes ; que je n'ai jamais cru & ne crois point avoir été dans une mauvaife voie, ni hors de l'obéiffance que tous les fidéles doivent à l'Eglife, durant le tems ,, que j'ai refufé la fignature, &c. Je vous demande très-humblement pardon & à mes fœurs, &c. Fait au Monaftére des Urfulines ,, du Fauxbourg S. Valier à Nevers, où je fuis ,, reléguée par ordre du Roi; le 26 Janvier ,, 1711. Signé, Sour Marie de Sainte Anne Couturier. Elle dit les mêmes chofes & s'explique dans le même efprit, dans la lettre qu'elle écrit à fes fœurs, pour détruire les mauvaifes impreffions de la premiére.

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XLVI.

Retractation

Fleffelles.

Nous avons vu plus haut que la fœur Sainte Sophie de Fleffelles, exilée aux Urfuli- de la nes de Montcénis Diocèfe d'Autun, s'étoit sou- Madeleine de mife après bien des follicitations de toutes Sainte Sophie patts. Elle avoit comme les autres écrit deux lettres, l'une à M.leCardinal de Noailles pour lui notifier la fignature qu'elle avoit faite du Formulaire & de la Conftirution Vineam; l'autre, pour en faire la notification à fes compagnes les autres fœurs de P. R. Nous avons obfervé que fa fignature eft un peu fufpecte pour le fens qu'elle a prétendu y donner, qui felon toutes les apparences étoit exclufif de la créante intérieure. Quelle qu'elle foit, elle eft excufable par un endroit ; c'eft. par le caractére de fimplicité de la perfonne, qui n'ayant jamais été curieufe de s'inftruire d'autre chofe que des devoirs de fon état, & s'en remettant pour le refte fur les lumiéres des perfonnes en qui elle avoit confiance, s'eft trouvée plus en prife à la féduction, n'étant plus foutenue par T'exemple & les confeils de fes Meres & de fes

Directeurs. Long-tems auparavant la Mere Angélique avoit appréhendé pour les Filles cet inconvénient, de s'accoutumer à ne pratiquer le bien que par l'impreffion des bons exemples & par l'eftime des Meres par qui on avoit été formé, & par qui on étoit foutenu. Elle ne l'entendoit alors que de la fidélité à la difcipline réguliére & à la pratique des vertus du cloître. Cela s'eft trouvé véritable fur un autre article, où la conviction & la connoiffance perfonnelle de ce qui eft dû à la vérité, manquoit en bonne partie.

La four Fleffelle ne demeura pas long-tems tranquille après fa fignature. Sa confcience en conçut d'abord quelques fcrupules, qui peu à peu la conduifirent à un regret fincére de s'être rendue contre le cri fecret de fa droiture naturelle. Elle eut la liberté de confulter quelques amis, par les bons offices d'une Religieufe de Montcénis, qui l'aimoit & l'aidoit a paffer & recevoir des lettres. Dès qu'elle s'eft vue en pleine liberté, elle a fait une rétractation nette & ample de fa fignature. L'acte est du 8 Septembre 1714. Il y a apparence qu'elle l'a fait à Soiffons, où elle avoit été conduite d'abord au fortir du Montcénis, avant que d'être transférée à fainte Perrine de la Villette où elle eft morte. En cette année M. le Cardinal de Noailles touché, quoiqu'un peu tard, de pitié pour les Filles de P. R. captives, à qui leur foumiffion n'avoit procuré aucun adouciffement dans leur captivité, avoit confenti de les faire revenir pour la plupart dans fon Diocèfe. L'acte de rétractation contient en fubftance, que c'eft pour fatisfaire aux juftes reproches de fa confcience qu'elle renonce à l'acte qu'elle a figné à Montcénis, & à la

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, lettre qu'elle a écrite du même endroit à M. le Cardinal de Noailles : qu'elle s'en tient ,, aux autres actes antérieurs qu'elle avoit fi,, gnés autrefois à P. R. avec la Communau;, té; qu'elle condamne les cinq Propofitions ,, condamnées par l'Eglife; & quant à l'attribution de ces Propofitions à Janfénius, elle ,, s'en tient à ce qui a été réglé par le Pape Clément IX & à l'Ordonnance de M. de Pé,, réfixe, qui rétablit les Religieufes dans la , participation des Sacremens: qu'elle entend ,, qu'on n'ait aucun égard à ce qu'on lui a ,, fait figner par fuggeftion & fans avoir affez », compris ce qu'on exigeoit d'elle. (Ce fontlà les deux points par où nous avons fufpecté la fincérité de fa fignature.) Elle finit », en déclarant qu'elle remet la préfente déclara ,, tion entre les mains de perfonnes fages, pour la faire paroître, lorfqu'ils le jugeront à » propos. » Les troubles que la Conftitution Unigenitus commençoit à exciter ont été caufe que les dépofitaires de cette rétractation n'ont pas jugé à propos de la rendre publique du vivant de la foeur. Elle a été depuis imprimée dans le fupplément du Nécrologe de P. R. avec une lettre circulaire du P. Rouffeau de l'Oratoire, Confeffeur de la Religieufe, qui annonce aux fœurs de P. R. vivantes, la mort de cette bonne fille arrivée le 27 Janvier 1724. dans leCouvent de la Villette. Il y rapporte le témoignage que rend toute la Communauté à la conduite édifiante de la défunte, pendant les dix ans de féjour qu'elle a fait en cette Maison, & furtout aux fentimens de piété qu'elle a fait paroître dans fa derniére maladie. Elle y étoit fort occupée de la faute qu'elle avoit faite, & fe reprochoit d'avoir éteint la lampe

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XLVII. Retractation

que la vérité elle-même lui avoit mise en main pour aller au-devant de l'Epoux. L'humiliation qu'elle en reffentoit, ne l'empêchoit pas de concevoir une ferme confiance dans l'infinie miféricorde du Seigneur ; & c'eft dans ce double fentiment qu'elle a rendu fon efprit au Seigneur, munie des derniers facremens & affiftée des priéres de la Communauté.

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La Sour Marguerite de Sainte Lucie Pepin de la Sœur Ste avoit été reléguée chez les Filles de SainteLucie Pepin & Marie d'Autun. Elle y figna le Formulaire : de s. autres. mais elle le fit par pure foibleffe, ne fçachant

pas fi ce qu'elle faifoit, étoit bien; c'eft ce qu'elle déclare pofitivement au Cardinal de Noailles dans la lettre qu'elle lui écrivit pour lui notifier fa fignature. Il a bien paru par la fuite qu'elle n'avoit point agi par conviction & pour fuivre les mouvemens de fa confcience. Car ayant été transférée dans la fuite à la Vifitation d'Orleans, elle y fit une rétractation de fa fignature par écrit ; & elle l'a depuis renouvellée à Paris. Elle fut de nouveau transférée dans la maifon de Notre-Dame de Lieffe à Paris, & depuis on la fit passer chez les Chanoineffes de Picpus où elle eft morte le 25 Février 1720. Ce fut la mauvaise santé qui

lui fit accorder ces différentes tranflations. Dans ces diverfes maifons elle fit plufieurs actes de rétractation qu'elle mit entre les mains de fes Confeffeurs, & témoigna d'ailleurs le regret qu'elle avoit de fa fignature par la pénitence qu'elle embraffa pour l'expier. Les Religieufes Chanoineffes de Picpus & les autres rendent témoignage à fa grande régularité, & entre autres à la grande retraite qu'elle pratiquoit, jointe à un filence prefque abfolu en efprit de pénitence. Aucune de ces rétractations réitérées n'a

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va le jour; la Providence ne l'a pas permis. Mais nous trouverons dans ce qui va fuivre, un fupplément qui en tiendra bien lieu. La premiére des cinq que je vais nommer, eft la Sœur Marie-Madeleine de Sainte Cécile Bertrand qui accepta en 1716 l'offre faite par Madame de Montpéroux, de rentrer à P. R. de Paris. Elle y fut Maîtreffe des Novices, & y demeura ey plufieurs années. Elle avoit écrit fa rétractation, & la portoit toujours dans fa poche. Un jour le papier tomba de fa poche, foit que cela fut arrivé par hazard, foit qu'il y eût un deffein prémédité de la part de la Sœur. Une Religieufe le ramaffa, & le porta à fon Abbeffe; celle-ci en fit grand bruit: la chose alla aux oreilles de M. le Cardinal, qui voulut faire entendre raifon à l'Abbeffe.N'y ayant pas réuffi, il transféra la Sœur Bertrand à l'Abbaye de Malnoue en 1723, où elle eft morte en 1729. Elle fut protégée par la Princeffe de Conti dans la querelle qu'elle cut à P. R. parce que la Princeffe demeuroit alors dans cette maison. Elle a laiffé à Malnoue en mourant une odeur de vertus très-grande, qu'on n'y a point oubliée Tant qu'elle a pu marcher, elle a été d'une exa→ Atitude entiére à toutes les obfervances. L'amour de la pauvreté lui faifoit remettre tout en com. mun, comme fi elle eût été dans fa propre mai fon. Dans les plus petites chofes elle vouloit dépendre de l'Abbeffe, & des Officiéres de la maison. Dans fa derniére maladie qui fut longue, elle a édifié par fa patience, & furtout par un grand défir d'aller à Dieu.

La rétractation des quatre autres Sœurs eft contenue dans une confultation qu'elles font au P. Quefnel fur la propofition qu'on leur faifoit de rentrer dans la maison de P. R. de Pa

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