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ris, où l'Abbeffe, Madame de Montpéroux offroit de les recevoir très-volontiers. Nous dif cuterons dans un moment ce point particulier. Or voici comment s'expriment ces quatre Sœurs dont je parle, Sainte Celinie Benoife, Sainte Catherine Iffali, Sainte Agathe Le Juge, & une Converse Sainte Bafiliffe Noifeux; conjointement avec les Sœurs Sainte Anne Le Cou→ turier, Sainte Sophie Fleffelles, Sainte Lucie Pepin, dont nous avons déja vu les rétractations en bonne forme, & la Sœur Sainte Gertrude du Valois qui a eu le bonheur de ne jamais céder: voici, dis-je, comment elles s'expriment dans cette piéce que j'ai nommée. »Nous ,, ne nous fouvenons qu'avec une extrême douleur de cœur & dans les gémiffemens & les ,, larmes, dela fignature qu'on nous a contrain,, tes de faire, & où notre foibleffe a fuccom5, bé par un juste jugement de Dieu pour nous ,, punir de nos infidélités. C'est dans ce vif fentiment de notre faute que nous avons plufieurs fois' demandé à nos ainis, qu'on rendît ,, publique notre rétractation.,, 11 eft donc vrai que toutes ces Religieufes nommées cideffus fe font repenties de leur fignature, & l'ont toutes révoquée. Ce font elles-mêmes qui l'atteftent en termes bien précis: & comme la Sœur Sainte Lucie Pepin eft du nombre, cette déclaration eft un bon fupplément, comme je l'ai dit plus haut, de l'acte particulier de rétra &tation de fa part qu'on n'a pas produit. Nous avons encore une nouvelle piéce fur une de ces quatre, favoir la Soeur Sainte Célinie Benoife : d'eft la relation de fa mort à Sainte-Perrine de la Villette. L'Auteur eft le même P. Rouffeau de l'Oratoire qui avoit fait celle de la Sœur Fleffelles que nous avons vue plus haut. Hrap

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porte que la Sœur Benoise avoit dans les derniéres années de fa vie de grandes infirmités, & qu'on étoit édifié de la patience avec laquelle elle les portoit, les regardant comme le fupplémenc de la pénitence qu'elle croyoit mériter pour la faute qu'elle avoit faite. Sur quoi elle s'exprimoit ainfi :,, Les confolations ne font point pour une péchereffe qui n'a point ,, profité de la vifite du Seigneur. C'est un ,, grand crime d'en avoir abufé & d'avoir agi contre les lumiéres de fa confcience. Confidérez, mon Pere, (c'est au P. Rousseau fon -,, Confeffeur qu'elle parle) que j'ai besoin d'être humiliée le refte de mes jours. Ces paroles atteftent également & la défaveu qu'elle faifoit de fa fignature, & le regret qu'elle en

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avoit.

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De toutes les Religieufes qui avoient figné dans leur exil, il en refte encore quatre dont nous n'avons point de rétractation, parce qu'une de ces quatre a perfévéré dans fa fignature, .qu'il n'eft rien venu à notre connoiffance fur deux autres, & que pour la quatrième, la chofe demeure très-douteufe. Celle qui a vraifemblablement perfévéré dans la fignature, c'est la Sour Françoife-Madeleine de Sainte Ide Le Vavaffeur, exilée à la Vifitation de Moulins, où elle eft demeurée; on a cependant quelques lettres d'elle en original, qui montrent qu'elle perfévéroit dans l'union avec fes Sœurs, & qu'elle n'avoit pas rompu avec elles. Les deux dont l'état nous eft demeuré inconnu, font la Sœur Sainte Apolline Le Begue exilée aux Filles de Sainte-Marie de Compiègne, & la Sœur Agnès de Sainte Marguerite de Sainte-Marthe exilée aux Véroniques de Blois, où elle eft morte: peut-être en découvrira-t'on un jour

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quelque chofe. La quatrième, fur laquelle f refte des doutes, eft la fous-Prieure, la Sour Julie de Sainte Synclétique de Remicourt, exilée aux Bénédictines de Bellefont dans la Ville de Rouen: voici ce qu'on en fait. Elle fut fort refferrée dans la maifon de Bellefont, & réduite à une captivité parfaite. Elle ne voyoit que celles des Religieufes qui étoient les géoliéres, & un Eccléfiaftique nommé par l'Archevêque (M. d'Aubigni) pour la catéchifer. Elle combattit long-tems; & l'Archevêque défefpérant de la gagner, difoit,, qu'elle avoit la tête », quarrée, & que ceux qui l'ont de cette forme font moins changeans que les autres. Elle fe rendit cependant, à ce que l'on dit, & figna en Novembre 1710, dans un état d'affoibliffement de corps & de tête où l'avoient fait tomber les infirmités, jointes aux rigueurs de la prifon, dont voici un échantillon. On avoit pris le parti, voyant qu'on ne gagnoit rien avec elle par les paroles, de la fubjuguer par le filence. On ne lui parloit point du tout, & elle ne voyoit, pour ainfi dire, que des muettes, qui affectoient même de la fuir comme une excommuniée. Depuis fa fignature, vraie ou prétendue, (car on ne l'a jamais produite ) elle est demeurée dans la même captivité, au moins par rapport au dehors. Jamais on n'a voulu la faire parler à qui que ce foit, quoique quelques perfonnes fe foient présentées pour la voir. Une bonne Sœur de la maifon qui la fervoit, lui ayant une fois prêté fon miniftere en fecret, pour lui procurer quelque

communication avec d'anciens amis de P. R. fut malheureusement découverte & mife en pénitence: depuis ce tems-là on ôta le papier

l'ancre à la prifonniére. En 1716, au com

mencement de la Régence, on obtint un ordre du Roi & une obedience de M. le Cardinal de Noailles pour transférer la Sœur de Remicourt à l'Abbaye de Gif. Mais les Religieufes de Bellefont refuferent de la rendre ; & on ne put jamais venir à bout de la ravoir. Elle eft morte en Janvier 1718. De tout ce réçit il résulte que j'ai eu raifon de dire que tout demeure douteux par rapport à la Sœur Synclétique de Remicourt. Il eft douteux qu'elle ait figné le Formulaire : les parties intéreffées n'en ont rien produit au dehors. I eft douteux qu'elle n'ait pas rétracté, ou dans fa vo lonté, ou même par quelque acte, la figna-, ture qu'elle aura faite. On n'a jamais pu pé nétrer jufqu'à elle pendant les huit années de vie qu'elle a eues depuis l'époque de la figna ture prétendue. Il falloit bien qu'on fut en défiance fur fon fujet, puisque nonobftant des ordres de la Cour & un confentement de fon Supérieur l'Archevêque de Paris, le Couvent de Bellefont a fi bien fait, qu'il l'a gardée juf qu'à fa mort; dans la crainte fans doute ou qu'elle ne manifeftât fa rétractation, fi elle, l'avoit faite, ou qu'elle ne la fit, fi elle ne l'avoit pas encore faite. Tout ceci fait aflez en tendre que les difpofitions de la Soeur n'étoient bien favorables au Formulaire.

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XLVIII.

A la mort de Louis XIV les chofes ayant, changé de face, les amis de P. R. fe remué- Dernier état rent pour procurer aux Sœurs exilées un fort des 15 Religieufes de P. plus doux. Le premier projet fur de les réunir, R. exilées. toutes enfemble dans une même maifon. On, Pourquo elen avoit trouvé une qui étoit déja prefque toute les n'ont pas prête. On auroit pu les remettre à P. R. des voulu rentrer dans P. R. da Champs dans la maifon voifine du monaftere Paris. détruit, qui s'appelloit les Granges. Mais on

comprit que cela n'étoit pas faifable à caufe de l'oppofition infurmontable qu'il y auroit eu de la part de P. R. de Paris & du Cardinal de Noailles. On fit préfenter un placer à M. le Duc d'Orleans Régent, pour obtenir la permiffion de raffembler les Religieufes de P. R. exilées. Ce Prince qui avoit déja ouvert toutes les prifons où étoient enfermés plufieurs des prétendus Janféniftes, & révoqué toutes les Lettres de cachet qui en avoient exilé d'autrës, n'eut pas de peine à donner fon confentement à ce qu'on lui demandoit pour les Religieufes de P. R. mais il renvoya l'affaire au Cardinal de Noailles comme chef du confeil de confcience, & comme Archevêque. Le Cardinal n'entra nullement dans le projet de réunion des Religieufes dans une même maison nou vellement formée. Il avoit une autre idée : c'étoit de les faire revenir à P. R. de Paris. Ik y trouvoit un double avantage. 1°. Il couvroit en quelque forte l'odieux de fa conduite paffée, en procurant la réconciliation des Religieufes anciennes des Champs avec les nouvelles de Paris. 2°. Il fe propofoit de rétablir par cette réunion la bonne difcipline dans la maifon de Paris; efpérant que les bons exemples des anciennes rameneroient la Communauté de Paris à l'efprit de la régularité. Comme chacun étoit arrêté à fon sens des deux côtés, le Cardinal ne voulant point confentir à un nouvel établissement, & les Religieufes refufant de rentrer dans P. R. de Paris, il fallut prendre le parti mitoyen qui étoit de les rappeller dans le Diocèfe de Paris, & de les placer en différentes bonnes maifons. Et c'est ce qui fe fit. Il ne restoit des quinze Sœurs de chœur exilées que douze Souis vivantes. La Prieure

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