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par une grace puiffante, dont l'organe fut fa très-fainte époufe.

Il avoit langui pendant 40. ans dans la vie toute mondaine des gens de Cour. Il fut touché dans une maladie qu'il eut, & commença à revenir à Dieu. Mais faute de trouver des guides capables, il mena une vie affez commune dans les premiers tems de fa converfion. La Providence lui fournit dans la fuite ce qui lui avoit manqué, comme nous l'avons vu cideffus dans la vie de Madame de Liancour. La connoiffance intime qu'il fe procura des Mrs de P. R. acheva l'ouvrage..

Il devint un exemple de vertu, & fe piquoit d'une fecrette émulation pour fuivre Madame fon époufe dans la pénitence & dans toutes les bonnes œuvres. Une union qui avoit duré 54. ans fans aucune altération, & qui depuis un nombre d'années étoit devenue toute fainte

fut rompue, comme nous venons de le voir, par la mort de la Ducheffe. On tâcha de la cacher au Duc qui étoit très-malade dans le même tems: mais on ne put pas tenir longtems la chofe fecrette. L'illuftre pénitent accepta cette féparation avec une foumiffion & une humilité parfaite. Bien loin d'éloigner de fon efprit cet objet de fa douleur, il ne parloit que de fa chere époufe; on le confoloit en lui en parlant, mieux qu'en lui parlant de toute autre chofe. » Ah mon Dieu ! "difoit-il ; vous m'a» mufez; ne parlons que de ma femme..... Que je lui ai coûté pour me convertir fans qu'elle fe foit jamais rebutée ! Je n'étois pas digne d'elle. Il n'y avoit donc Seigneur, que la féparation d'avec elle, pût être une pénitence proportionnée à mes péchés; vous l'avez voulu, Seigneur ; vo

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tre jugement eft jufte, je l'adore. » Il ai moit à raconter aux affiftans toutes les actions heroïques de cette chere époufe. Il voulut même finir sa maladie dans la chambre & dans le lit où elle étoit morte. Cependant les douze derniers jours de fa maladie, Dieu pour le purifier de ce qu'il y avoit peut-être de trop humain dans fes regrets, changea tellement fon cœur à cet égard, qu'il ne voulut plus parler d'elle du tout. Il paffa ce tems à entendre de bonnes lectures, & à donner les ordres à fon Intendant, furtout en faveur des pauvres. Au refte, la trifteffe avoit fait une fi forte impreffion fur lui, que felon toutes les apparences ce fut ce qui avança fa mort. Il mourut dans de grands fentimens d'une humble pénitence. Il en fit preuve par un article de fon teftament, par lequel il ordonnoit que toute la pompe des obféques qu'on fait aux perfonnes de fa condition, fût fupprimée, & que les fommes qui y auroient été dépensées fuffent employées à vêtir les pauvres; & il vouloit qu'il y eût un de ces pauvres qui marchât devant le corps, portant une torche ardente, en sigue de l'amende honorable qu'il auroit défiré faire lui-même, pour tous les fcandales que fes péchés avoient donnés au public.

XXI.

Mort de la

En 1675. la Maison perdit une de les plus refpectables Religieufes, la Mere Madeleine Mere de Ligni de fainte-Agnès de Ligni, ancienne Abbeffe, Abbelle, & de que Dieu appella à lui le 11. Mai. Elle mourut quelques Relid'une maladie de langueur précédée de plu-gieufes ou Dafieurs attaques d'apoplexie. Durant le cours de fa maladie qui dura neuf mois, elle perdit l'ufage de les fens l'un après l'autre, l'ouïe, la vue, &c. Elle fupporta cette épreuve avec la même foi & la même réfignation qu'elle

mes attachées à P. R.

avoit fupporté la grande perfécution de P. R étant Abbeffe. Je n'ai aucun récit particulier à faire de fa vie, parce que les événemens un peu marqués qui la compofent, font partie de I'Hiftoire de P. R. & y ont deja trouvé place. Il me fuffira donc de rappeller au Lecteur que Mademoiselle de Ligni étoit niéce par fa mere du Chancelier Seguier & de l'Evêque d'Auxerre, fœur de M. de Ligni Evêque de Meaux ; qu'elle étoit poftulante, lorfque la Mere Angélique alla établir l'Inftitut & la Maifon du S. Sacrement ; qu'elle accompagna la Mere, & qu'elle y fit preuve de fermeté & d'un amour généreux pour la vérité, lorfque Mrs fes oncles voulurent par une politique humaine la faire fortir de la Maifon; qu'étant devenue Religieufe à P. R. elle fe forma pour la plus grande perfection fous les yeux de la Mere Angélique, & fous la direction de M. de S. Ciran: enforte qu'on ne tarda pas à la faire paffer par toutes les Charges, Maîtreffe des Penfionnaires, Maîtreffe des Novices, Sous-Prieure, Prieure, enfin Abbeffe en 1661. jufqu'en 1669. après la Paix. Elle fe conduifit pendant ces années orageufes avec un courage & une fageffe admirables. On a vu comment elle faifoit face à tous les affauts qu'on livroit à fa Communauté ; comment elle foutint chrétiennement fon exil aux Filles de fainte Marie de Meaux; enfin comment elle confentit généreufement à fe réunir à fes Sœurs dans la Maifon des Champs, pour y partager avec elles la captivité, la privation des Sacremens, & plufieurs autres vexations pendant quatre ans ; quoiqu'on eut laiffé à fon choix de de meurer toujours à Meaux, fi elle le vouloit.*

La Maison fit encore une perte en 1676.

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par la mort de la Sour Françoife-Paule de:
Chantreau, qui étoit veuve de M. de Bour-
nonville Confeiller au Parlement. Elle avoit
vécu dans le mariage d'une manière très-édi-
fiante. Etant devenue veuve, elle penfa à fe
faire Religieufe. Elle entra aux Carmelites
dont elle ne put pas foutenir la Régle. Elle
prit donc le parti de vivre en veuve chrétien-
ne, & de s'appliquer aux œuvres de charité,
furtout dans la campagne. Ayant eu l'occasion
& le bonheur de retirer chez elle de bons Ec-
cléfiaftiques perfécutés, ellé connut par eux
P. R. & elle comprit que c'étoit-là que Dieu
la vouloit. Il fallut attendre la paix de l'Egli
fe. Dès que la porte fut ouverte par la pacifi-
cation des troubles, elle fe présenta. On la
reçut au Noviciat à l'âge de 45. ans. Elle s'y
comporta avec une ferveur pour toutes les ob-
férvances, qui ne lui permettoit point de fe-
diftinguer des jeunes Novices par aucune in-
dulgence. Elle entra fort dáns l'efprit de la
Maison fur l'oubli du fiécle & de fa famille.
Perfuadée que l'amitié n'eft jamais plus pure
que quand elle eft plus fpirituelle, elle n'a-
jamais fait d'avances pour demander des nou-
velles de fes freres & fœurs, qu'elle aimoit ce-
pendant très-tendrement. Comme on lui re
préfentoit que l'entreprife qu'elle.faifoit, étoit
forte; & que fes infirmités ne lui permettroient
pas d'afler loin ; elle répondit qu'elle ne
craignoit point les maladies, puisque tout
» au plus elles la meneroient à la mort, qui
» étoit tout ce qu'elle défiroit. » Auffi après fa
profeffion elle étoit à tout: après fes maladies,
elle ne prenoit point de tems pour la conva-
lefcence. Elle mourut en 24. heures d'un vie
lent accès de fiévre.

XXII.

dame la Du

vie.

ne fe foutient

pas.

Ce fut en cette même année que mourut une Dame Arragonoife, héritiere du Duché d'Atrio, Marie-Angélique Aquaviva qui vécut quelque tems retirée au dehors de la Maifon de Paris dans un logis qu'elle s'étoit fait bâtir. Elle y avoit été élevée Penfionnaire. Elle fut obligée dans le tems des troubles de fe choisir une autre retraite, où elle eft morte, & où elle avoit vécu avec une grande édification.

En 1678.Madame de Souvré, veuve duMarquis de Sablé, mourut à l'âge de 79. ans, dans le logis qu'elle s'étoit fait bâtir à P. R. de Paris. Il a été fait mention d'elle dans l'Hiftoire, comme d'une Dame de piété amie de la Mere Angélique & de la Maison, dont elle a été auffi bienfaitrice.

Enfin en 1679. arriva la mort la plus douMort de Ma- loureufe de toutes pour la Maifon, puifque chefle de Lon- ce fut l'époque & en quelque forte la caufe du gueville. Sa renouvellement de la perfécution, dont nous Grande verrons le détail dans la fuite. Je parle de Mapiété dans fa dame la Ducheffe de Longueville. Anne-Gejeunefle, qui neviève de Bourbon étoit fille de Henri II. de Bourbon-Condé, premier Prince du Sang fous Henri IV. & fous Louis XIII. fœur du grand Prince de Condé, époufe du Prince d'Orleans Duc de Longueville, de la branche qui avoit pour fouche le célébre Comte de Dunois. Sa mere étoit Charlotte-Marguerite de Montmorenci, fœur du fameux Montmorenci décapité à Toulouse. Elle nâquit en 1619. dans le Donjon de Vincennes, où fon pere étoit prifonnier d'Etat, & où l'on avoit permis à fa femme de s'enfermer avec lui. Son éducation fut confiée à des mains très-capables, mais qui n'eurent pas grande peine,» parce que, dit l'é

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