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peut en déduire que le relâchement du contrôle par le Trésor a donné de bien mauvais résultats. Et encore, qu'on ne pense pas que le service volontaire rendu par un grand nombre de personnes aux munitions, nous échappe; mais cela ne compense pas le manque de contrôle par le Trésor.

Page X de ce même rapport, nous trouvons ce paragraphe :

« 40. En 1912, 70 000 liv. st. furent payées pour achat d'une propriété d'environ 2 000 acres. Un bail de sept ans et demi fut accordé au vendeur à un prix équitable en égard aux droits probables de l'occupant militaire, et à la compensation aussi pour perte du droit de locataire. En 1913, 10 400 liv. st. furent accordées par arbitre en vērtu des droits de locataire, le prix équitable de location étant déterminé à 625 liv. st. par an. En avril 1914, on a payé au vendeur 6 000 liv. st. comme indemnité pour n'avoir pas eu le foin d'une certaine partie de ses propriétés à cause des besoins militaires. Enfin, en septembre 1915, le même arbitre qu'en 1913 accorda 18580 liv. st. comme indemnité pour la perte de tout le rendement en foin pendant le restant du bail du vendeur. Les conditions de vente, et la forme du bail paraissent avoir été d'un caractère ordinaire, et on ne pouvait guère prévoir que, d'après leur texte, on pourrait formuler ou soutenir des réclamations aussi exorbitantes. Voilà un autre exemple de la façon dont les services gouvernementaux souffrent constamment aux mains des arbitres locaux, et il y aurait lieu de demander si des démarches ne sont pas à prendre pour la nomination d'arbitres officiels, nommés peut-être par le service d'agriculture. >>

Ces deux exemples sont pauvres de caractère si on les compare à d'autres que le Comité des comptes publics est censé approuver. Sir Robert Williams, M.P., disait au cours de l'enquête : « La chose commença en 1912 pour la formation d'un nouvel aérodrome, et Mr Josett, M. P., d'ajouter d'un ton plaintif et decouragé : « C'est un des grands désavantages de ce Comité en général, nous sommes bien loin derrière nos faits en règle générale (1917). » Que le lecteur ne perde pas de vue cette observation. Quant à cet achat de propriété, il fut admis que les choses avaient été faites irrégulièrement par un officier, que l'arbitrage local avait été employé pour trois sur les quatre questions soulevées, avec le résultat, en trois années, 1912-1915, que pour ces 2 200 acres, le gouvernement paya 104 900 liv. st. au propriétaire et fermier. Le prix et les indemnités sont de plus de 47.10.6 liv. st. par acre; et le Trésor déclara qu'on ne pouvait faire autrement que de payer ce qui était réclamé dans ce cas. Je me permets de croire que cela ne sera pas jugé raison suffisante par le contribuable qui fournit la somme; une pareille vente, et une pareille série d'indemnités, ne sauraient, ne pourraient survenir dans la vie privée, pour particuliers.

Si de telles choses se passent au commencement, que sera ce lorsque la guerre commence à prendre de l'âge? Nous allons le voir.

Le Comité select de la Défense nationale a publié quatre rapports jusqu'à ce jour, savoir ceux du 1 août, 24 octobre et 13 décembre 1917. et celui du 5 février 1918; un débat eut lieu à ce sujet à la Chambre des communes et le Comité a été réélu pour la nouvelle session; il poursuit ses enquêtes. On ne saurait donner ici que quelques spécimens des jugements obtenus. Voici une belle conclusion dans le premier rapport du Comité (p. vIII) au sujet du service des munitions :

« Nous sommes d'avis que le Trésor, tel qu'il est actuellement orga. nisé, ne peut exercer le contrôle que nous jugeons nécessaire, mais que, convenablement aidé par les hommes expérimentés dans l'industrie et la finance, qui sont actuellement employés au ministère (des Munitions) ou ailleurs, on pourrait développer une organisation qui aurait les connaissances et l'autorité nécessaires. »

Ensuite, le Comité suggère des points principaux de meilleur contrôle par le Trésor, surtout un plus grand soutien des services financiers de chaque département, et la coordination entre les différents départements achetant des matériaux pour les munitions de guerre. Mais, ainsi que nous le fait voir la citation ci-dessus, c'est le Trésor qui est le point faible de tout ce système délabré de contrôle. Au début de la guerre, le 17 août 1914, le Trésor prit, par une résolution, des pouvoirs lui permettant de disposer de ceci ou de cela dans les dépenses de la guerre, et cette augmentation du pouvoir est la source du grand filtrage dont souffre si sévèrement le Royaume-Uni. Sur l'avis du Trésor, aussi le Comité des évaluations, qui avait été établi après des années agitées par M. T. Gibson Bowles et autres, fut dissous, et il ne resta plus, pour restreindre l'action, que le Comité des comptes; et celui-ci, ainsi que nous l'avons vu, sent qu'il arrive trop tard pour faire grand bien. Il ne saurait remplacer le Comité des évaluations, le Trésor a été débordé de travail, et chaque service, ancien ou nouveau, poursuit sa propre route avec dérèglement, faisant un trou de plus en plus irréparable à la poche du contribuable. Il est clair que le Trésor a une grande responsabilité en vue du conseil qu'il donna aux ministères; mais les ministres de ce jour, et surtout M. Asquith et M. Lloyd George doivent regretter d'avoir consenti aux mesures prises, qui ont eu pour résultat inévitable une perte, une perte énorme, bien au delà de tout ce que peut justifier la plus gigantesque des guerres. L'attitude présentée par les ministres dans la Chambre des communes, lorsque M. Herbert Samuel, M. P., exposa son rapport sur la question des dépenses, fut lamentable et constituait, en fait, un aveu de leur impuissance à lutter contre la tempête.

Je pourrais mentionner encore la Commission du blé dont il est

parlé sur la même page du « premier » rapport du Comité des dépenses nationales, mais qu'il suffise de rappeler au lecteur que le grand tambour ayant été battu sur le marché fait avec mon compatriote, W. M. Hughes, d'Australie, 26 millions de liv. st. payés ou payables. pour 14 millions quarters de blé, nous découvrons plus tard que ce blé, ou une grande partie de ce blé, est en train de pourrir dans des dépôts d'Australie, tandis qu'ici nous mangeons du pain au prix déterminé de 9 d. par pain de 4 livres, ce qui coûte au Trésor 40 millions de liv. st. par an. Cette dernière perte résulte du manque de moyens de transport pour amener le blé chez nous, de l'augmentation des réserves de blé, et de la vente du pain au-dessous du prix de revient. Mais n'avons-nous pas les poches sans fond des votes de crédit où nous pouvons puiser? jusqu'au jour où il faudra songer à payer!

Ce même rapport contient des paragraphes frappants sur cet enfant né avant le temps, le ministère du Service national, M. Arthur Henderson, M. P., et M. Geo Barnes, M. P., qui, tous deux, sont sous ces auspices dans le Comité de publicité, et dont le premier est actuellement occupé à rapiécer une autre politique nationale, n'ont pas lieu d'être bien fiers de leurs brochures, affiches, et essais de publicité. On dépensa 107 804 liv. st. pour la campagne de publicité. Ceci n'est donné qu'à titre de spécimen, mais c'est un cruel soufflet qu'inflige le Comité des dépenses, plus loin :

« Il paraît douteux que le Trésor ait exercé un contrôle quelconque sur les dépenses de ce service. Nous sommes d'avis que les résultats obtenus n'étaient pas en proportion avec les preparatifs faits et les frais préliminaires très élevés. »

Il serait très facile de cueillir un grand nombre d'exemples de relâchement et de prodigalité dans ces rapports, ceux du Comité de la Défense nationale, ceux du Comité des comptes publics, mais je serai bienveillant et n'en produirai plus qu'un seul, pris sur la page 22 du second rapport du Comité des dépenses, traitant d'un contrat du War Office pour la fabrication des tourbes combustibles. On devait en faire soit à Dumfries, soit en France ou dans les deux endroits. Aprés des négociations prolongées, un contrat fut passé entre le War Office et une Compagnie en septembre 1917. Quelques milliers de livres avaient déjà été gaspillées pour un commencement à Dumfries, et on dépensa davantage pour transporter les installations de Dumfries en France. Dans ce cas, la somme qui avait été perdue, lorsque le rapport fut rédigé le 13 décembre 1917, était petite com. parée aux pertes énormes des munitions et d'autres services, mais cette affaire des tourbes montre avec évidence les méthodes dilatoires et inefficaces des services dont le résultat est un rendement imparfait et une perte considérable, en général.

J'écris dans le but de faire ressortir les responsabilités du Trésor et du Parlement, la Chambre des communes en l'espèce. Comme je l'ai écrit maintes fois à ce point de vue, et n'étant moi-même qu'une personne inconnue et obscure, je me réjouis de pouvoir en cette occasion citer des paroles du Comité des dépenses nationales qui adoptent le même ton. Dans le deuxième paragraphe de son second rapport, il dit :

«Le système des dépenses en temps de guerre a, à plusieurs points de vue importants, été différent du système des temps de paix. Les services de guerre ne présentent à la Chambre des communes aucune évaluation. Au lieu que la dépense soit déterminée par les sommes votées par le Parlement, c'est le contraire qui se pratique, et le montant des sommes votées par le Parlement est déterminé par les dépenses. Le contrôle du Trésor sur les services dépensiers est beaucoup moins efficace qu'en temps de paix. La demande dépassant, dans le cas de beaucoup de denrées, toutes les disponibilités, la sauvegarde offerte par les concurrences de vendeurs qui peuvent les offrir, a disparu. » Toute la Section des évaluations, et celle du contrôle du Trésor, pourrait être citée avec avantage, mais les quatre rapports peuvent être obtenus pour la somme de 8 1/2 d., et tout contribuable qui désire savoir pourquoi le soulier national lui serre le pied, devrait les lire. Il ne lui sera peut être pas immédiatement possible de mettre le doigt sur le défaut de l'organisation de la Chambre des communes dans le traitement des affaires financières. Ceux qui ont étudié la question, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de la Chambre, seront d'accord pour lui dire que deux choses devront être rétablies. D'abord il faudra de nouveau restreindre le pouvoir dispensateur du Trésor, et cela sur une large échelle; car ce fut un acte fatal lorsque le Trésor par une résolution (minute) d'août 1914 fut autorisé et le Comité des évaluations démis de ses fonctions. La seconde réforme sera la reconstitution et l'autorisation du Comité des évaluations, avec des sousdivisions, trois ou quatre, — autorisées à examiner les évaluations, à en fournir des rapports, avant que le crédit ne soit voté par les Communes. Les objections faites à cette procédure sont sans valeur et devraient être mises de côté. Aucun système ne saurait être plus gaspilleur que celui qui existe actuellement, et rester encore médiocrement honnête. Les évaluations, naturellement, devraient être rétablies, au. moins le squelette entier, examinées rapidement par des souscomités du Comité des évaluations, volées par la Chambre se basant sur les recommandations du Comité. Actuellement, une fois un vote de crédit passé, il n'existe aucun contrôle efficace pour la limitation des dépenses de crédits ainsi fournis. De là le gaspillage, gaspillage souvent honteux. L'auditeur général arrive trop tard en scène ; il en

est de même pour le Comité des comptes publics; en chaque cas la porte de l'écurie est restée grande ouverte, et le cheval est parti. Seul un remaniement ferme de toute la dépense, en temps de paix comme en temps de guerre, peut rendre la confiance aux contribuables et aux citoyens en ce qui concerne le contrôle et la conduite régulières, pour ne pas dire efficaces, de nos finances publiques, car tous et chacun des partis dans l'État est à blâmer pour la négligence et le gaspillage à cet égard. La fonction caractéristique de la Chambre des communes est le soin et le contrôle des finances. Actuellement, ce soin et ce contrôle sont remarquables par leur absence, et le plus tôt ces fonctions seront sérieusement remplies, mieux ce sera pour le crédit du gouvernement parlementaire.

Je termine cette communication par un résumé de notre perspective immédiate au point de vue financier. Au moment où j'écris, les tambours battent, et les acteurs et actrices pirouettent sur ou autour des tanks à Trafalger Square, cherchant à persuader aux citoyens de souscrire aux différents emprunts de guerre. Tout cela est fort bien, et nous espérons tous que leurs efforts seront couronnés d'un grand succès. Mais nous ne pouvons nous passer d'un budget courant encore plus grand, et d'un revenu encore plus élevé. Nous avons, et devons envisager une dépense monumentale et toujours grandissante. Nous dépensons environ 2600 millions liv. st. par an, notre revenu pour 19171918 jusqu'à fin mars sera d'environ 650 millions liv. st., ou mettons de 20 millions à 50 de plus que les 638 millions liv. st. auxquelles l'avait évalué M. Bonar Law. La dette nationale est en chiffres ronds d'environ 6000 millions liv. st., et elle augmente au taux d'environ 2000 millions liv. st. par an, ou plus, et nous aurons besoin immédiatement de 320 millions liv. st. environ pour le service, l'intérêt et le fonds d'amortissement de la dette. De là, résulte notre besoin d'un revenu encore plus grand, car nous devons faire face aux dépenses civiles courantes, et au service de la dette, en les prélevant sur le revenu, même pendant la guerre. Mais pour encourager les sujets du royaume à contribuer aux emprunts, et à supporter des impôts encore plus lourds, il est nécessaire que les négligences, les gaspillages (parfois) dépourvus de loyauté soient empêchés, et empêchés sans délai. Les votes de crédit ne devraient pas être votés par la Chambre des communes avant d'avoir été soumis au Comité des évaluations pour un rapport prochain, la pratique de soumettre les évaluations devait être reprise, au moins en ses grandes lignes, et pour l'usage du Comité que nous venons de nommer; les pouvoirs du Trésor devraient être restreints, surtout en ce qui concerne les pouvoirs spéciaux accordés aux services leur permettant de faire des contrats ou d'acheter sans connaissance comparative des coûts. Aucune personne compétente ne

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