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ACTE III

SCÈNE VI.

P. 230, 1. 7. DE méchans momens. On diroit mieux de mauvais momens.

SCÈNE VIII.

P. 234, I. 13. Que d'entrer au monde. On dit aujourd'hui entrer dans le monde.

P. 236, 1. 12. Et les chagrins perpétuels que vous concevez contre moi, ne se dit pas.

Ib. 1. 16.

Ils en feront sur votre personne toute la punition, etc. Toute cette phrase a paru mal écrite.

SCÈNE XII.

P. 239, l. 11. Pour faire témoins. On diroit aujourd'hui pour vous rendre témoins.

SUR

GEORGE DANDIN, OU LE MARI CONFONDU.

POUR

OUR se former une idée des talens supérieurs de Molière, il faut, dit M. Riccoboni, le comparer avec lui-même, « et « l'on apprendra dans le Prince Jaloux, le Cocu imaginaire « et George Dandin, à tirer d'une seule passion une si « grande diversité de sujets. »>

Les caractères de M. de Sotenville et de sa femme sont d'un comique excellent; le respect naïf qu'ils ont pour euxmêmes et qu'ils veulent imposer à leur gendre roturier, est d'un ridicule parfait; et Molière a trouvé dans le sot orgueil de l'ancienne et pauvre noblesse campagnarde une source intarissable de plaisanteries, qui contrastent merveilleusement avec la grossièreté et le ton rustique de George Dandin. Il n'y a personne qui ne se soit aperçu que la petite comédie de l'Impromptu de campagne n'a présenté que la contre-épreuve des caractères de M. et de madame de Sotenville.

ACTE PREMIER.

SCÈNE II.

'LE gendre de M. de Sotenville se trouve dans la même situation d'Arnolphe, lorsque, sans connoître ce dernier, le jeune Horace l'instruit de ce qui se passe contre ses projets. Mais, comme on l'a déjà dit, Molière a toujours dans la fécondité et la variété de son génie des moyens d'être différent de lui-même, comme il l'est de Plaute lorsqu'il l'imite.

La naïve indiscrétion de Lubin est si éloignée de l'agréable et légère imprudence d'Horace, que le comique résultant d'une de ces scènes, n'est pas celui de l'autre. Dancourt a plus d'une fois mis à contribution le caractère original de Lubin.

SCÈNE IV.

Dans cette scène madame de Sotenville parle de la maison de la Prudoterie, dont elle a l'honneur d'être issue et où le ventre anoblit. Le célèbre La Fontaine s'est souvenu de cette excellente plaisanterie dans son conte de la Matrone d'Ephèse, dont il fait la souche de cette maison:

D'elle descend de la Prudoterie

L'antique et célèbre maison.

SCÈNE V.

3 M. de Sotenville dit qu'il a eu « un aïeul si considéré << en son temps, que d'avoir permission de vendre tout son « bien pour le voyage d'outre-mer. »

Nous observerons d'abord

que si considéré.... que d'avoir, n'est pas françois, et que cela est échappé aux remarques précédentes. On diroit aujourd'hui, considéré au point d'avoir permission, etc.

On fit dans le temps l'application de ce trait comique à M. de La Feuillade, qui avoit sollicité et obtenu la permission de mener en Candie, à ses dépens, une centaine de gentilshommes, pour combattre les Turcs au siége qu'ils avoient formé de la capitale de cette île. C'est un des derniers traits de la chevalerie françoise.

SCÈNE VI.

4 La menace que fait George Dandin à Claudine de lui faire payer la folle enchère de tous les autres, en lui disant: Vous n'avez point de père gentilhomme, est un modèle de plaisanterie simple, vraie, et prise dans la chose. Peutêtre n'y a-t-il pas dans tout le théâtre françois un trait

plus heureux. S'il y en a un qui puisse égaler sa précision et sa gaîté, c'est dans Molière qu'il faut le chercher.

SCÈNE VIII.

5 Cette scène où M. de Sotenville force son gendre à demander excuse à l'amant de sa femme, est l'extrême de l'orgueil d'une noblesse antique. Le beau-père ne voit dans son gendre que la roture, qui dans son esprit doit la satisfaction la plus ample à Clitandre, gentilhomme comme lui. C'est dans le respect ridicule que M. de Sotenville a pour sa qualité de noble qu'est fondée la vraisemblance de cette scène, qui ne seroit pas supportable avec d'autres caractères donnés. Molière a toujours l'art de monter ses caractères au point qui doit le porter aux scènes les plus plaisantes. C'est en avilissant son gendre jusqu'à demander pardon à un homme qui cherche à séduire sa femme, que M. de Sotenville assure ce même gendre qu'il est « entré « dans une famille qui ne souffrira pas qu'on lui fasse le « moindre affront. >>

ACTE II.

SCÈNE I.

JE me sens tout tribouiller le coeur. Le petit Dictionnaire du P. Labbe explique encore le mot tribulare, par celui de tribouler, qui n'est plus en usage, et dont celui de tribouiller est un dérivé populaire. Le ton rustique et plaisant que donne Molière à Lubin, lui permettoit l'usage de ce mot, et nous dirons en passant que le caractère de ce valet paysan a été imité par plus d'un successeur de Molière.

7 Je n'aime point les patineurs. Ce mot, que l'Académie Françoise a décidé libre lorsqu'il signifie autre chose que manier indiscrètement des fleurs ou des fruits, ne passeroit aujourd'hui que dans nos parades tout au plus. Nos oreilles sont devenues plus délicates, et sans avoir plus de mœurs

qu'il n'y en avoit du temps de Molière, la société s'est fait un dictionnaire plus décent, et ce doit être celui des honnêtes gens qui écrivent parmi nous.

8 Claudine, je t'en prie, sur l'et tant moins. Cette dernière expression, peu connue et peu d'usage, est empruntée de la pratique, et signifie en déduction. Je vous donnerai cela sur et tant moins de ce que je vous dois. Voyez le Dictionnaire de l'Académie Françoise au mot Moins.

a

SCÈNE IV.

9 Angélique apprend ici au public que son bourru de mari n'a pas même consulté ses sentimens en la prenant pour femme. « Pour sa punition, dit-elle, elle veut voir le « beau monde, et goûter le plaisir de s'ouïr dire des dou« ceurs. » C'est à cela qu'Angélique borne sa vengeance. « Rendez grâces au ciel, ajoute-t-elle, de ce que je ne suis « pas capable de quelque chose de plus. » Cette déclaration précise d'Angélique ne rassure-t-elle pas notre délicatesse, et devoit-elle faire soupçonner à M. Rousseau de G.... du crime dans sa conduite ? Angélique, à la vérité, n'est pas un exemple à suivre; elle reçoit des lettres, fait des réponses, accepte des rendez-vous; sa coquetterie est trop forte; mais la leçon que donne cette même conduite aux gens qui seroient tentés de se marier aussi sottement que George Dandin, ne l'est pas trop, et c'étoit là l'objet de Molière.

SCÈNE XIII.

1° Chez quel poète comique trouvera-t-on un trait aussi gai, aussi original que celui qui termine cet acte? Il n'appartenoit qu'à Molière de conduire un homme à demander de bonne foi au ciel la grace de pouvoir faire voir aux gens qu'on le déshonore.

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