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SCÈNE VII.

6 Rien n'est si plaisant que de voir M. de Pourceaugnac, dans cette scène, joué, raillé, excédé, volé de toutes les manières, par les intrigues de Sbrigani, dire de lui en le quittant, voilà le seul honnéte homme que j'aie trouvé en cette ville.

SCÈNE IX.

? Ce n'étoit point assez d'avoir fait disparoître enfin l'amant Limosin par le ministère d'un faux exempt, ou d'un exempt malhonnête, complot dans lequel sont entrés Éraste et Julie; il falloit encore abuser de la crédulité du père de la jeune personne à qui Éraste ramène sa fille, qu'il suppose avoir arrachée des mains de Pourceaugnac, par qui Julie se laissoit enlever. Tout cela est peu décent, peu délicat sans doute; mais Molière tire de toute cette intrigue des scènes et des traits si comiques, qu'il fait oublier des écarts qu'il ne se permet d'ailleurs que dans une

farce.

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La confiance avec laquelle Julie, en présence de son père, feint de prendre le parti de Pourceaugnac, et dit à son amant et à son complice que tous les crimes dont on accuse le gentilhomme de Limoges, « sont des pièces qu'on « lui a faites, et que c'est peut-être lui, Éraste, qui a << trouvé cet artifice pour en dégoûter son père, » est du comique le plus singulier et le plus sûr de son effet.

Éraste, enfin, dont les intérêts ont tout conduit, va jusqu'à se faire solliciter vivement par le père d'épouser ce qu'il aime, et ne cède qu'en disant plaisamment à Julie, « ne croyez pas que ce soit pour l'amour de vous que je « vous donne la main; ce n'est que de monsieur votre père << que je suis amoureux, et c'est lui que j'épouse.

Il étoit difficile de conduire plus loin la raillerie, et ce

jeu qui de notre temps s'est renouvelé sous le nom singulier de mystification; amusement dans lequel il est rare de se maintenir dans les bornes de la décence et de l'innocente gaité, comme Molière l'a éprouvé dans la fable de Pourceaugnac.

LES

AMANS MAGNIFIQUES,

COMÉDIE-BALLET EN CINQ ACTES.

SUR

LES AMANS MAGNIFIQUES.

CETTE Comédie-ballet en cinq actes et en prose fut représentée devant le roi à Saint-Germain-en-Laye, sous le titre de Divertissement royal, le 7 septembre 1670.

Elle ne parut point à Paris, et Molière la garda sans la faire imprimer. Le public ne la vit dans le recueil de ses ouvrages qu'en 1682, dans l'édition que les sieurs Vinot et La Grange augmentèrent, au profit de la veuve, de sept pièces que notre auteur n'avoit point publiées lui-même.

Les Tablettes dramatiques et le Dictionnaire portatif des Théâtres donnent tous deux à cette pièce le titre de comédie héroïque, que le grand Corneille avoit hasardé le premier pour Don Sanche, mais que Molière n'avoit pu donner aux Amans magnifiques, parce que les rôles de l'Astrologue et du Plaisant de Cour balançoient quelquefois la dignité de l'intrigue, ainsi que Moron dans la Princesse d'Elide. Les anciennes éditions ne lui donnent pour titre que Comédie mêlée de musique et d'entrées de ballet.

M. de Voltaire remarque, d'après Vittorio Siri, qu'on n'avoit pas manqué de faire tenir un astrologue dans la chambre d'Anne d'Autriche au moment qu'elle accoucha de Louis XIV. On connoît dans le xvII° siècle

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