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Je suis venu changer cette liqueur fatale,

Et je ne vous tiens pas plus trépassé que moi.

Je renais.

ROSALI E.

HAMILTON.

O bonheur !

SIDNEI.

A peine je le croi...

Rosalie!... Hamilton !... et toi, dont l'heureux zele Me sauve des excès d'une erreur criminelle,

Comment puis-je payer...?

DUMON T.

Les

gens de mon pays

Vivez, je suis payé : font tout par amitié,

Ils n'envisagent point d'autre reconnoissance;
Le plaisir de bien faire est notre récompense.

SIDNEI.

O vous, dont la vertu, les graces, la candeur,

Vont fixer sur mes jours les plaisirs et l'honneur ;
Vous, par qui je reçois une plus belle vie,
Oubliez mes fureurs, ma chere Rosalie;
Ne voyez que l'amour qui vient me ranimer.
Le jour ne seroit rien sans le bonheur d'aimer;
Partagez mes destins: je vous dois tout mon être;
C'est pour vous adorer que je viens de renaître.

DUMONT.

Ne savois-je pas bien que l'on en venoit là? Ennui, haine de soi, chansons que tout cela : Malgré tout le jargon de la philosophie, Malgré tous les chagrins, ma foi, vive la vie !

FIN DE SIDNEI.

DISCOURS

PRONONCÉ

A L'ACADÉMIE FRANÇOISE

Par l'auteur, le jour de sa réception, à la place de M. DANCHET, le 4 avril 1748.

MESSIEURS,

Le sentiment est trop au-dessus des couleurs qu'on lui prête et de l'art qui veut le peindre pour que je puisse me flatter de vous bien exprimer ma reconnoissance; tous les agréments, toute la nouveauté, toute la richesse du discours, ne sont que l'éloquence de l'esprit : il en est une plus persuasive, plus chere à ma sensibilité, et plus digne de vous: justifier ici vos bienfaits par leur usage, effacer des essais passagers par des travaux durables; voilà, messieurs, le véritable hommage qui vous est dû, l'éloquence du cœur, vos droits, et mes engagements.

Pourrois-je former d'autres projets et d'autres vœux en entrant dans ce temple de l'éloquence, de la poésie, de l'histoire, de la science des mœurs, et de tous les arts consacrés à l'instruction et au plaisir de l'esprit humain? temple immortel, où les talents sont encouragés et récompensés, où la grandeur elle-même, non contente d'être associée aux talents, les partage et les embellit; où enfin la critique, toujours aussi utile que sage, les éclaire et les perfectionne. A la vue de ce lieu respectable et des noms célebres que présentent vos fastes, rapproché des modeles et des secours mes premiers sentiments, après la reconnoissance, ne doivent-ils pas être ceux de la plus noble émulation, et tous mes regards ne s'arrêtent-ils pas nécessairement sur les exemples illustres qui m'apprennent l'emploi du temps sur la nécessité de se rendre utile à son siecle, et sur la gloire d'apprendre à la postérité qu'on a vécu ?

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Tels furent, messieurs, et les principes et les exemples de l'homme estimable que vous venez de perdre : toute sa vie fut appliquée, remplie, et digne de ses modeles; né avec un esprit facile et fécond, un talent heureux pour la poésie, une ame faite pour saisir et peindre les idées élevées et les sentiments nobles,

un jugement toujours maître du talent, monsieur

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Danchet avoit joint à ces dons de la nature tous les secours de l'art, toute la culture de l'étude et de la réflexion, les richesses des muses d'Athenes et de Rome, et tous les nouveaux trésors dont le Parnasse de l'Europe est enrichi depuis la fin des siecles barbares et la naissance des lettres; instruit, formé par les oracles de la poésie, rempli de leurs beautés, animé de leur esprit, il mérita de parler leur langue, et de partager leurs lauriers.

Je ne m'arrêterai point à caractériser ses différents écrits, ni à rappeler le succès des Tyndarides, des Cyrus, de Nitétis, couronné plusieurs fois sur la scene tragique, et le rang distingué qu'Hésione, Tancrede, et les Fêtes Vénitiennes, tiendront toujours sur la scene lyrique c'est aux ouvrages à parler de leur auteur; tout autre témoignage est suspect ou superflu. Mais il est un tribut plus cher que je puis payer à la mémoire de M. Danchet avec toute l'autorité du témoignage public et avec cette satisfaction du cœur qui accompagne la vérité; un tribut dont je ne dois rien omettre pour sa gloire et celle des talents même; un titre plus honorable que les succès et que le frivole mérite de n'avoir que de l'esprit ; un éloge fait pour intéresser également et celui qui le donne et ceux qui l'écoutent: avantage bien rare pour la louange !

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