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tilité. Je dis ici à tous que le gouvernement du Roi est absolument maître de la situation, et je le dis d'autant plus haut que j'en suis convaincu.

No 199

Signé: NIGRA.

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 5 juin 1866.

Govone vous mande ce qui suit :

J'arriverai le 8 matin. Bismarck a beaucoup insisté pour que l'Italie attaque la première, afin d'entraîner le roi de Prusse.

Je ne lui ai laissé aucun espoir à cet égard, mais il serait urgent aujourd'hui que la Prusse engageât la lutte, car avant deux semaines l'Autriche sera aussi forte qu'elle.

Les nouvelles de Berlin portent que le corps de Holstein (autrichien) sera bientôt transporté à l'armée du Nord. Bismarck fera tout son possible pour entraîner le Roi. Il a terminé en disant qu'à peine il aura déclaré la guerre il en préviendra Votre Excellence par télégraphe. Bismarck m'a avoué négociations secrètes avec l'Autriche, qui se poursuivent encore; mais il n'y attache pas grande importance.

Signé: NIGRA.

No 200

M. OLDOINI AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Munich, le 6 jnin 1866.

M. de Pfordten vient de me dire que dans nos entretiens il a parlé comme ministre bavarois, et comme tel il m'a autorisé à renouveler l'assurance qu'il n'est pas hostile à l'Italie, tant qu'elle respecte le territoire fédéral, et qu'en ce cas la Bavière, comme État indépendant, n'interviendrait pas dans le conflit austro-italien.

Mais comme membre de la Confédération, la Bavière doit respecter et accepter les votes de la Diète et défendre ses intérêts et ses droits, et que l'intérêt fédéral en cette occasion comme en 1859 pourrait bien voir dans la perte de la Vénétie un danger pour la sûreté des fron tières fédérales.....

L'opinion générale est que la guerre est inévitable, et les diplomates, même non Allemands, croient impossible pour le gouvernement bavarois, si même il le voulait, de rester neutre désormais.

M. Pfordten m'a dit que maintenant sa responsabilité était couverte par le Parlement.

Signé OLDOINI.

N 201

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 6 juin 1866,

Le ministre de Prusse à Vienne télégraphie au comte Bismarck: que le duc de Gramont est attendu aujourd'hui, porteur de nouvelles propositions relatives au Congrès.

Bismarck a immédiatement télégraphié à Paris : qu'il ne croyait pas possible de revenir là-dessus, et que ce serait contraire aux intentions de la Prusse.

Cet incident ne paraît pas avoir de portée sérieuse.

L'Autriche a contremandé l'envoi de troupes en Holstein, mais à maintenu la convocation des États pour le 11.

En même temps le ministre d'Autriche a déclaré hier au comte Bismarck que, par sa proposition à Francfort, l'Autriche ne croyait pas avoir violé le traité de Gastein.

Bismarck a décliné toute espèce d'explication, et a maintenu ses précédentes déclarations.

La situation reste donc la même, et le ministre d'Autriche fait ostensiblement ses préparatifs de départ.

L'on croit toujours que la guerre commencera sous peu, par des collisions en Holstein, qui va être occupé par de nombreuses troupes prussiennes, ou bien par ultimatum de la Prusse au sujet de la convocation des États.

Cependant Bismarck..... m'a dit encore au moment où je sortais : Vous nous rendriez un fameux service en attaquant les premiers.

Signé BARRAL.

N 202

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA A PARIS

Florence, le 6 juin 1866.

Tâchez de voir, ou de faire savoir à l'Empereur, que le comte d'Usedom vient de me lire un télégramme de Bismarck, d'après lequel les troupes prussiennes vont entrer dans le Holstein, et que, d'après le langage du comte Karolyi, les hostilités peuvent s'en suivre immédiatement.

Vous savez que le traité nous oblige à déclarer la guerre aussitôt après.

Nous ne pouvons plus différer de nous rapprocher de la frontière.

Signé LA MARMORA.

N° 203

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 6 juin 1866.

L'Empereur a l'intention de faire un Message aux Chambres, pour exposer ses tentatives pacifiques et les causes qui ont fait avorter le Congrès.

Dans ce Message, l'Empereur dirait qu'en désirant complète indépendance de l'Italie il ne convoite pas d'agrandissement pour la France.

Signé: NIGRA.

No 204

LE COMTE DE B'RRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 7 juin 1866.

La prétendue proposition dont le duc de Gramont devait être porteur n'existe pas.

Les troupes prussiennes entrent aujourd'hui dans le Holstein.

Le général Manteuffel, qui en donnera avis au général autrichien, a pleins pouvoirs pour agir suivant les circonstances, et pour s'opposer, même par la force, à la convocation des États sans une entente préalable entre les deux puissances.

Les Autrichiens se concentrent à Altona, avec l'intention d'y établir le siége du gouvernement.

Le ministre d'Autriche a donné à entendre au comte de Bismarck qu'à la moindre collision en Holstein l'Autriche y répondrait par l'entrée en Silésie.

Le Roi partira lundi pour Gorlitz en Silésie. Bismarck l'accompagne.

Le colonel Avet sera reçu demain par le Roi, qui a exprimé le désir de me, voir en même temps.

No 205

Signé BARRAL.

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 8 juin 1866.

Les princes sont repartis ce matin pour leurs destinations. Le départ du Roi, fixé d'abord à lundi, est retardé de quelques jours.

Sa Majesté m'a dit que le moment d'entrer en campagne n'était plus qu'une question de jours; qu'il avait pleine confiance dans la justice de sa cause et la bravoure de son armée; mais que la victoire était dans les mains de Dieu.

Heureusement, a-t-il ajouté d'un air ému et en portant la main sur son cœur, j'ai la conscience nette. Longtemps l'on m'a accusé de vouloir la guerre dans des vues ambitieuses; mais maintenant, après le refus de l'Autriche d'aller au Congrès, son indigne violation du traité de Gastein et les violences de sa presse, le monde entier sait quel est l'agresseur.

En me disant cela, le Roi m'a paru décidé à ne pas différer longtemps le commencement de la lutte. Toutefois il y avait dans sa voix quelque chose de triste, indiquant clairement la décision d'un homme résigné, qui ne croit pas pouvoir faire autrement.

Au moment où finissait l'audience, comme j'exprimais à Sa Majesté 'de La voir bientôt revenir victorieuse : La vie comme la victoire, me répondit-Elle en élevant les yeux, sont entre les mains de Celui qui est là-haut.

Les Prussiens sont entrés hier en Holstein.

Les Autrichiens s'étaient déjà retirés à Altona.

La question est maintenant de savoir si, contrairement à la protestation, on maintiendra la convocation des États pour lundi.

La Prusse ne peut accepter un pareil affront, et, en s'y opposant par la force, déterminera probablement une collision qui deviendrait le signal de la grande lutte sur la frontière de Saxe et de Silésie.

Signé: BARRAL.

N° 206

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 8 juin 1836.

L'Empereur ne m'a rien fait dire en réponse à mes communications sur le mouvement de nos troupes.

Il en parlé au prince Napoléon sans s'en montrer mécontent ou même étonné.

Le duc de Gramont a télégraphié qu'il n'a pas encore vu l'empereur François-Joseph, mais que le terrain lui paraît favorable.

Signé: NIGRA.

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