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espèce de manteau à l'espagnole après cela, il en empoigne de sa main droite environ la moitié du reste; le surplus du filet reste pendant devant lui.

Ayant ainsi tout disposé, et étant au bord de l'eau, il retourne son corps vers la gauche, pour prendre un élan, et le rappelant avec vivacité vers la droite, il jette le plus fortement qu'il peut, tout le filet à l'eau, de façon qu'il se déploie en formant la roue, pl. 15, fig. 4, p. 112; la corde plombée entraîne au fond l'embouchure du filet qui enferme les poissons qui se trouvent sous le corps de l'épervier.

On relève l'épervier fort lentement, en se balançant de droite à gauche pour rassembler les plombs; ensuite on tire le filet le plus vite que l'on peut surtout lorsqu'il sort de l'eau.

Il est essentiel de choisir, pour jeter le filet, un endroit dont le fond soit uni, sans fortes herbes et sans grosses pierres ni pieux: autrement on courrait risque de déchirer le filet et de perdre beaucoup de poissons qui s'échapperaient par les endroits où la plombée ne porterait pas sur le fond.

Une autre attention bien importante, estque celui qui jette le filet n'ait ni boutons ni

agraffes à ses habits, car si quelque o jet semblable s'accrochait aux mailles du filet, il serait infailliblement entraîné dans l'eau, par suite de l'élan qu'il prend en avant.

Pour éviter cet inconvénient, et se garantir en même temps de la quantité d'eau qui découle de l'épervier, que l'on jette ordinairement plusieurs fois de suite, on revêt assez souvent, par dessus les habits, une espèce. de chemise de femme, faite avec une toile très-serrée. Quelques pêcheurs attachent en outre sur l'épaule gauche une peau de chèvre ou de mouton, le poil en dessus.

Les éperviers que l'on jette ne sont ni aussi grands ni aussi lourds que ceux que l'on traîne; il y a même des façons de pêcher pour lesquelles ces filets doivent être petits et légers.

Les pêcheurs qui s'adonnent particulièrement à cette pêche mettent quelquefois, aux endroits où ils veulent pêcher, des appâts de fond; mais comme il faut employer dans cette occasion des appâts qui coûtent peu, ils les font assez souvent avec du son, du millet et autres graines germées. On prétend que cet appât n'attire ni le saumon ni l'alose. Il convient d'observer encore que ces appâts deviennent inutiles dans les grandes rivières, telles

que la Seine, où les égoûts qui y aboutissent fournissent aux poissons des alimens en assez grande quantité, surtout quand on pêche audessous des grandes villes.

En général, la pêche à l'épervier n'est pas avantageuse pour prendre les poissons qui s'enfoncent dans la vase ou le sable; cependant quelquefois, effarouchés par les plombs, ces poissons nagent pour s'enfuir, et donnent dans le filet où ils s'engagent. Elle n'est point destructive, surtout quand on a l'attention de rejeter à l'eau tous les petits poissons.

Du Carrelet, Carré, ou Échiquier.

Le filet auquel on donne ces différens noms, est une nappe simple et carrée, qui a de quatre à six pieds de côté; elle est toujours bordée d'une corde de moyenne grosseur, mais qui doit être forte et bien travaillée. On fait ordinairement les mailles du milieu plus serrées que celles des bords; pour prendre des ables, ainsi que pour la menuise qui sert à amorcer les hameçons, on les fait très-serrées, pour que les petits poissons ne passent pas au travers. Mais quand on veut prendre des poissons un peu gros, il convient de faire les

mailles un peu plus larges; car il est important pour cette pêche, de pouvoir tirer promptement le filet hors de l'eau, et plus les mailles sont larges, moins on éprouve de résistance de la part de ce fluide. Autrefois on tenait la nappe presque plate; mais comme on a remarqué que les poissons un peu gros qui sautaient sur cette nappe en gagnaient fréquemment le bord et retombaient à l'eau, on a fait les nappes un peu en poche, et on augmente la profondeur de cette poche quand on prévoit qu'on ne sera pas maître de tirer promptement le filet hors de l'eau.

On forme à chaque coin de la nappe, avec la corde qui la borde, un œillet pour recevoir le bout des perches dont il va être question.

On prend deux perches légères et pliantes, ab, fig. 5, pl. 15, p. 112, plus longues que la ligne diagonale du carrelet; on les plie en portion de cercles pour en passer les bouts dans les œillets qu'on a formés aux angles de la nappe. On lie ensuite ces perches courbes, à l'endroit où elles se croisent, avec une corde qui sert en même temps à attacher le carrelet à l'extrémité d'une autre perche, faite d'un bois léger, et plus ou moins longue, suivant la profondeur de l'eau où l'on veut pêcher, et

la distance du bord, sur lequel on s'établit, jusqu'à l'endroit où l'on se propose de tendre le filet.

Quelquefois encore on attache le carrelet presque immédiatement à la perche, ou bien on le suspend à une corde plus ou moins longue.

On s'en sert principalement dans les endroits où quelques insectes nagent sur l'eau, ou entre deux eaux, et dans une anse, où il y a peu de courant, et où l'eau, échauffée par le soleil, invite les poissons à se rassembler. On plonge le carrelet dans l'eau, de manière qu'il s'étende sur le fond. Aussitôt que l'on voit des poissons qui nagent au-dessus du filet, il faut le relever promptement, car lorsqu'ils aperçoivent le mouvement des perches ab, ils veulent plonger, et se précipitent ainsi sur le filet; mais dès que celui-ci quitte le fond, ils sautent, font des efforts pour s'échapper, et s'échappent en effet, si l'on ne relève pas promptement le carrelet. Le poisson trouve d'autant plus de facilité à s'échapper, qu'il faut plus de temps pour faire sortir le filet de l'eau; c'est pourquoi on pratique ordinairement cette pêche dans les endroiss où l'eau a peu de profondeur.

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