Un autre moyen qui facilite beaucoup leur engraissement, est la castration.

C'est en Angleterre qu'on a pratiqué pour la première fois cette opération : elle fut essayée, non seulement sur les carpes, mais encore sur les brochets et quelques autres poissons; mais il ne paraît pas qu'on l'ait employée souvent en France pour en tirer quelques avantages; on l'a plutôt considérée comme un objet de curiosité.

Quoi qu'il en soit, cette opération consiste à fendre le ventre de l'animal, depuis les nageoires ventrales jusqu'à l'anus; à écarter ensuite l'ouverture, de manière à pouvoir couper les ovaires sans blesser les intestins, et on recoud après cela le ventre: on la fait aussi sur les mâles. L'époque la plus favorable est celle qui avoisine le frai, parce qu'alors les ovaires et les laites étant remplis, sont plus faciles à distinguer. Elle réussit mieux sur les poissons qui ont la vie dure et qui peuvent vivre quelque temps hors de l'eau; aussi voiton la carpe, après cette opération, nager presque aussi librement qu'avant.

Telles sont les idées générales que nous avons cru pouvoir intéresser les amateurs de la pêche. Si le cadre étroit que nous nous som

mes imposé l'avait permis, nous aurions indiqué les ressources qu'offre la classe nombreuse des poissons; les avantages prodigieux que les arts en retirent; leurs écailles, produisant ces perles fausses dont l'éclat le dispute aux naturelles; leur chair fournissant une huile abondante, si répandue dans le commerce, ou se transformant en colle, employée à divers usages; mais tous ces objets étaient étrangers à notre sujet; nous nous sommes bornés à dire ce qui était nécessaire pour l'intelligence des articles suivans, et ce qui pouvait donner quelques idées aux personnes qui joignent à l'amusement de la pêche le plaisir de reproduire les espèces, et de les améliorer dans les étangs.

Histoire particulière de chaque espèce de Poissons, et de leur pêche.

DE LA CARPE.

(Cyprinus Carpio.) Pl. 19, fig. 3.

CE poisson, un des plus généralement connus en Europe, est du genre cyprin, qui comprend toutes les espèces de poissons qui n'ont que quatre rayons au plus à la membrane des branchies, point de dents aux mâchoires, une seule nageoire dorsale.

La carpe a vingt-quatre rayons à la nageoire dorsale, neuf à celle anale, le troisième rayon de ces nageoires dentelé, quatre barbillons à la mâchoire supérieure; la tête grosse, plate en dessus, les lèvres épaisses, jaunes, susceptibles de s'allonger; les yeux noirs, avec une ligne jaune qui entoure la 'prunelle, les ouïes recouvertes d'un opercule cannelé, et d'une membrane soutenue par trois rayons.

Son corps forme un ovale allongé, ses écailles sont grandes, arrondies et rayées dans leur