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mens que l'on sent, et là renouveler souvent. Le meunier étant extrêmement goulu, et ayant la gueule grande, est assez facile à prendre. Cette pêche dure deux mois : il est avantageux de la pratiquer le plus matin possible. On peut néanmoins pêcher le soir, pendant les grandes chaleurs, de six à huit heures, lorsque la fraîcheur commence à se faire sentir.

On pêche encore la chevanne avec la ligne à la volée. Pour cela, on choisit un gravier où il n'y ait qu'une épaisseur d'eau d'un pied, mais vive et courante. On lance la ligne le plus loin possible, pour que toutes les flottes soient étendues sur l'eau, et on ne laisse que six pouces de fond entre l'hameçon et la première flotte. Il faut toujours avoir les yeux fixés sur cette flotte; et aussitôt qu'on la voit filer, il faut tirer pour piquer le poisson. Ce. qui rend cette pêche facile, c'est que la chevanne prend l'amorce et se sauve avec, ce qui fait qu'elle entraîne toutes les flottes.

On pêche ainsi le matin et le soir, et jamais dans la journée, ce qui serait perdre son temps. Cette pêche commence en juin, et on amorce, pendant ce mois, avec des hannetons et des chenilles, et pendant juillet et août avec des sauterelles vertes et grises, et

même des mouches noires. Il faut y observer une grande tranquillité; néanmoins, si le bord le permet, on peut se promener, ce qui est préférable, puisqu'il faut de temps en temps changer de place et qu'on ne jette jamais d'amorce. On prend assez souvent des vandoises à cette pêche, que l'on ne peut pratiquer lorsqu'il fait du vent.

En général, on prend les chevannes avec toutes les lignes; les petites avec la ligne à fouetter, en pêchant des ablettes; les moyennes avec des gardons, et les grosses, comme je viens de le dire. Quelquefois, dans l'arrièresaison, j'en ai pris avec les jeux, et avec la ligne à anguilles en amorçant avec du goujon. En pêchant à la ligne à soutenir, et amorçant avec de la viande ou des vers à queue, j'en ai pêché qui pesaient trois à quatre livres.

La chevanne abondant assez généralement partout, on la pêche assez facilement avee tous les filets.

DE LA BOUVIERE.

(Cyprinus Amarus.) Pl. 21, fig. 9, p. 214. Ce poisson, que les pêcheurs nomment encore péteuse, est un des plus petits du genre

cyprin. On compte dix rayons à la nageoire dorsale, et onze à l'anale. La queue est légèrement fourchue; sa tête est petite et cunéiforme; sa longueur n'excède jamais deux pouces, et sa largeur est d'un demi-pouce. Presque toutes ses parties sont transparentes. Ses écailles sont grandes, ses opercules sont jaunâtres, le dos est jaune, mêlé de verd, les côtés sont jaunes audessus de la ligne latérale, et d'un blanc éclatant au-dessous. La ligne latérale est noire ou d'un bleu d'acier; les nageoires dorsale et caudale sont verdâtres; une teinte rougeâtre est répandue sur les autres nageoires.

Ce poisson habite les eaux pures et courantes et les fonds de sable. On ne le voit que dans les lacs qui sont traversés par une rivière. On le trouve assez communément dans la Seine et la Marne. Sa chair est amère, et ceux qui la mangent, mettent un morceau de fer dans la friture, pour détruire cette amertume.

Ce poisson est peu recherché par les pêcheurs, qui ignorent même l'époque où il fraye. On ne le pêche jamais à la ligne; dans l'hiver on en prend assez dans la trouble et dans les nasses. Il paraît ne pas multiplier beaucoup, peut-être parce qu'il sert de nourriture à beaucoup de poissons.

DE L'ABLE, ou ABLETTE.

(Cyprinus Alburnus.) Pl. 21, fig. 5, p. 214,

Ce poisson, que l'on connaît encore, dans quelques contrées, sous les noms d'ovelle et borde, est du genre cyprin. Il a le museau pointu, la mâchoire supérieure plus courte que l'inférieure, dix rayons à la nageoire dorsale, et vingt-un à l'anale. Sa longueur varie de trois à six pouces; cependant Block assure qu'on en trouve, en de certains endroits, de huit à dix pouces. Sa forme est un peu aplatie, large vers le ventre, et étroite en approchant la queue; sa tête est petite et plate en dessus, ses écailles sont minces et peu adhérentes; le dos est d'un bleu verdâtre, les côtés sont argentés; l'anale est grise, les pectorales offrent des teintes rouges, et la ligne latérale est courbée. C'est de la matière nacrée qui recouvre ses écaillés que l'on forme l'essence d'orient, dont on se sert pour fabriquer les perles fausses.

Il abonde dans toutes les eaux douces de l'Europe; il multiplie beaucoup, et fraye en mai et juin; il se plaît dans les courans rapides et où l'eau est agitée, et vient, quand

la température est douce, constamment à la surface de l'eau.

Comme il est communément petit, il sert de nourriture aux oiseaux d'eau et aux poissons voraces, et peut être employé dans les étangs pour alimenter les gros poissons : on s'en sert pour amorcer les hameçons des lignes à anguilles, truites et brochets.

Sa chair est molle et peu savoureuse; cependant on la mange frite.

Pêche de l'Ablette.

Muni de la ligne dont j'ai parlé dans la première partie de cet ouvrage, on garnit les hameçons de vers de viande, et l'on choisit un endroit où l'eau soit peu profonde, vive et courante. On jette de temps en temps au courant quelques-uns de ces vers, mêlés avec du crottin de cheval, et peu de temps après les ables se rassemblent en quantité autour de la ligne. Il faut avoir soin de tenir la ligne de manière à ce que les vers qui garnissent les hameçons aient le même mouvement que ceux que l'on jette à l'eau. Cette pêche exige de la patience et du silence, et il ne faut pas se dégoûter parce que l'on n'aurait rien pris la première heure; il m'est sou

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