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On distingue en France plusieurs variétés de la truite, qui diffèrent entre elles par la couleur, les taches, etc., variations dont la diversité de la qualité d'eau est la seule cause.' On estime beaucoup les truites de Palluel et de la rivière de Robec en Normandie.

Pêche des Truites.

On pêche les truites à la ligne, en amorçant l'hameçon avec un gros ver de terre, une sangsue, une patte d'écrevisse, un véron, des chenilles, araignées, mouches, et mouches artificielles.

Quand l'eau est trouble, on peut pêcher les truites avec la ligne à perches, dont on remplace l'hameçon n° 5 par un no 1. On sonde la profondeur de l'eau, et on dispose la ligne de manière que l'hameçon soit soutenu à deux pouces du fond; on amorce ce dernier avec un gros ver de terre ou une sangsue, et on jette la ligne à l'eau : si l'on désire obtenir quelque succès, il faut observer un silence profond. Dans l'eau claire et limpide, ce moyen devient inutile, car la truite est extrêmement fine, et dès qu'elle aperçoit la moindre chose, elle se méfie tellement qu'il n'y a rien à espérer.

Pour la pêche des truites aux insectes artificiels, on se sert de la canne à moulinet dont j'ai fait la description pag. 20 et 21; on monte dessus la ligne à truites, décrite p. 16, et dont la longueur doit être de quarante à cinquante aunes: on se sert également d'un assortiment d'insectes artificiels, semblables › à ceux représentés pl. 5, 6 et 7.

Ainsi approvisionné, le pêcheur choisira un beau temps, et préférablement l'époque da lever et du coucher du soleil. Arrivé à l'endroit où il veut pêcher, il monte sa ligne sur la canne, après l'avoir passée dans tous les anneaux, placés le long de cette canne, et il la roule sur le moulinet jusqu'à ce qu'elle n'ait qu'une longueur égale à celle de la canne, pour avoir la facilité de lancer l'hameçon plus commodément. Cela fait, il se promène le long du rivage, et tâche d'attraper un des insectes qui y voltigent; lorsqu'il a réussi,-il I cherche dans ceux artificiels, dont il est porteur, celui qui a le plus de ressemblance, et attaché alors, au bout de la ligne, l'hameçon qui en est garni: cette attention, quoique minutieuse, est néanmoins essentielle, si l'on veut remarquer que la nature, qui a tant multiplié les êtres, leur a dotiné à chacun des

habitudes et un instinct particuliers, qui sont la cause que l'on ne voit pas, à toutes les heures du jour et dans tous les lieux, les mêmes insectes voltiger. Comme la truite en fait sa principale nourriture, et qu'elle est un des poissons qui leur font le plus la guerre, on ne saurait prendre trop de précautions pour la tromper.

Lorsque la ligne est garnie d'un insecte artificiel, on s'approche de l'eau, en observant le plus grand silence, et en s'efforçant de se dérober à la vue du poisson; si le bord est planté de saules, il ne faut pas négliger de s'en faire autant de remparts, à l'abri desquels on jette la mouche à l'eau, en ayant soin de la maintenir sur la surface. Comme il est facile de remarquer qu'un insecte ailé quelconque, qui tombe à l'eau, fait des efforts pour s'envoler, et qu'on le voit alors sauter cinq ou six fois, et retomber, parce que l'humidité qui charge ses ailes, l'empêche de les déployer, il faut que le pêcheur ait l'adresse d'imiter, par les mouvemens qu'il communique à son insecte artificiel, les efforts que fait le naturel pour s'arracher de l'eau; et il faut ensuite lui imprimer un léger mouvement, semblable à celui que fait encore l'insecte, lorsque

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n'ayant pas assez de force pour s'élancer hors de l'eau, il s'agite en différens sens pour s'efforcer de conserver sa vie.

Si une truite aperçoit l'insecte tomber dans l'eau, et que les sauts qu'elle lui voit faire lui paraissent bien semblables à ceux qu'elle remarque à chaque instant, elle sera bientôt montée à la surface de l'eau, d'où elle s'élancera même après l'insecte, si dans ce moment le pêcheur le fait sauter. Si elle le saisit, il faut se hâter de dérouler le moulinet, car elle s'efforcerait de rompre la ligne. Lorsqu'on a dévidé toute la ligne si cela est nécessaire, la truite, épuisée par ses efforts, et ayant inutilement cherché à couper la ligne avec les dents, ralentit ses mouvemens, s'affaiblit, et. se laisse bientôt entraîner, lorsque le pêcheur l'attire à lui, en roulant de nouveau la ligne sur le moulinet lorsque ce poisson a été amené à sa portée, le pêcheur, armé de l'épuisette, achève d'enlever sa proie, qui, sans toutes ces précautions, aurait échappé à son adresse, ou rompu la ligne.

On ne doit jamais rester long-temps à la même place : cette pêche se fait en se promenant sur le rivage, parce que, n'attirant le poisson par aucune amorce, il faut nécessai

rement changer de position souvent, si l'on veut obtenir quelque succès.

Pour pêcher la truite avec un véron, on se sert de la même ligne que pour le brochet, et on s'y prend-absolument de la même manière.

On pêche les truites avec un tramail, avec les louves et les nasses, dans lesquelles on met quelques morceaux de vieux linge imbibés d'huile de lin ou de chenevis.

DE LA TRUITE SAUMONÉE.

(Salmo Trutta salar.) Pl. 19, fig. 2, p. 172.

Ce poisson, qui a en portions égales les habitudes du saumon et celles de la truite, avait été long-temps regardé comme un métis de ces deux espèces, auquel on refusait la faculté de se reproduire.

Sa tête est petite et cunéiforme. Ses mâchoires sont égales; elles sont garnies de dents pointues et recourbées qui s'emboîtent réciproquement les unes dans les autres. Le palais a trois rangées de dents, et la langue deux; 1's yeux sont petits, les écailles aussi, et la ligne latérale est droite. Elle a quatorze rayons à la première nageoire du dos, onze à l'anale, et la queue én croissant.

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