pour arracher du sein des eaux les poissons qui nous offrent une nourriture si saide et si abondante, et tant de ressources pour le commerce. Cet art, qui mérite une étude parti culière, sera l'objet de cette première partie. C'est après l'avoir pratiqué pendant plus de vingt ans, en recueillant chaque jour de nouvelles observations, que je vais essayer d'en démontrer les principes, qu'une longue expérience m'a mis à même de consacrer.

La pêche à la ligne, ce plaisir pur et simple, qui ne laisse après lui aucun regret, est le délassement de l'habitant des villes, et la récréation du solitaire à la campagne; elle procure ses jouissances au pauvre comme au riche, et n'en limite qu'à peine la durée, puisqu'on peut la pratiquer neuf mois de l'année.

Cette première partie contiendra la description des engins qui composent l'équipage d'un pêcheur, les appâts et amorces tant naturels qu'artificiels, et la manière d'en faire usage, et enfin les principes généraux des différentes pêches, me réservant, dans la troisième partie de cet ouvrage, de faire connaître la méthode à employer pour pêcher chaque poisson particulièrement.

CHAPITRE PREMIER.

Des Engins ou instrumens nécessaires à la pêche à la ligne.

POUR faciliter l'intelligence de cette première partie, il est essentiel de faire connaître les instrumens que l'on emploie pour la pêche à la ligne, et de donner une idée positive de leur forme, de leur composition, et de leur usage.

L'arsenal d'un pêcheur doit être approvisionné d'hameçons, de lignes, de cannes à pêche, d'une sonde, d'un plioir, d'un anneau à décrocher les lignes, d'une boîte en fer blanc pour les vers de terre, d'un sac en toile pour ceux de viande, d'une épuisette, d'une trousse en cuir pour renfermer les différens ustensiles, d'un sac ou d'un panier pour déposer le poisson, et enfin d'une calotte de chapeau, dont on a brûlé le poil intérieur pour empêcher les vers de monter le long des bords, et qui sert à les contenir pendant que l'on est occupé à pêcher.

Maintenant que nous avons fait l'énumération de ce qui compose l'équipage d'un pê

cheur, expliquons plus particulièrement ce que sont ces différens objets.

Des Hameçons.

Un hameçon est un crochet d'acier recourbé; la branche la plus courte est pointue et armée d'un dard formé par une languette détachée de l'épaisseur de cette branche, et dont la pointe a une direction opposée à celle qui termine la branche, afin que, lorsque celle-ci a pénétré dans la chair, le dard empêche qu'elle ne se dégage; l'autre branche, dont la longueur est ordinairement triple de celle de la première, est quelquefois terminée par un anneau, et le plus souvent par un aplatissement de son extrémité qui forme alors un évasement suffisant pour maintenir le nœud au moyen duquel on fixe l'hameçon à la ligne.

Son usage est d'être empilé au bout de la ligne, pour porter l'amorce qui doit attirer le poisson; et, au moment où celui-ci avale l'appât, il s'accroche dans les parties internes de sa bouche, et le retient ainsi au pouvoir du pêcheur.

On proportionne la force des hameçons au poids et à la grosseur des poissons, cé qui an

nonce qu'il y en a de diverses grandeurs et dé modèles différens. La pl. 1, p. 6, présente un assortiment complet d'hameçons simples, tels qu'on les trouve chez les marchands, et sous les numéros qu'ils portent dans le commerce. En faisant la description de chaque ligne, j'indique le numéro de l'hameçon qui y est convenable, et dans la troisième partie je détermine de même celui que l'on emploie à la pêche de chaque poisson: de cette manière il sera facile de reconnaître, san's crainte de faire erreur, l'hameçon qui convient dans chaque circonstance.

On fait encore des hameçons doubles, tels que ceux que représente la pl. 2, fig. 1.et 2, p. 8. Ces hameçons, principalement destinés à la pêche du brochet, ne sont autre chose que deux hameçons simples formés à chaque extrémité d'un même fil d'acier, qui, courbé dans son milieu, y forme une espèce d'anneau pour recevoir l'empile. Cet empile est ordinairement en fil de laiton simple, ou double, formé de deux parties entrelacées l'une dans l'autre par leurs anneaux. Les fig. 1 et 2 de la pl. 2, p. 8, représentent ce que je viens de dire.

On empile ordinairement les hameçons sur