Images de page
PDF
ePub

coup; on ne saurait être trop leste à s'en servir, pour enlever le poisson, car celui-ci réunit toute sa force et son adresse pour échapper.

Quant aux petits poissons, on les tire de suite hors de l'eau, en portant la canne en arrière. Une vérité incontestable est qu'un poisson blanc, du poids d'une livre, en pèse réellement six quand on veut le tirer de l'eau; et les poissons de fond, principalement les truites et barbillons, sont deux fois plus lourds que les autres, et emploient dans leur résistance une force incroyable.

Pour les poissons qui vivent habituellement entre deux eaux, on pratique une pêche particulière avec la ligne à la volée que j'ai décrite dans le chapitre Ier. Cette ligne, ainsi que je l'ai dit, n'a point de plomb; sa longueur est de vingt-quatre pieds; elle est garnie de huit flottes pour la soutenir à la surface de l'eau. La première flotte n'est qu'à six pouces de l'hameçon, pour que celui-ci n'entre dans l'eau que de cette longueur. On choisit un endroit où l'eau coulant sur un fond rocailleux, n'ait qu'une profondeur d'un à deux pieds. On lance la ligne le plus loin qu'on peut, et on observe le mouvement des flottes; dès qu'on les voit filer, on tire la canne dans

la direction opposée à celle vers laquelle elles sont attirées.

Cette pêche se pratique particulièrement d'un rivage un peu élevé, et alors on proportionne la longueur de ligne, à laisser entre l'extrémité du scion et la première flotte de ce côté, à la distance qui existe du rivage à l'endroit où on lance la ligne. Pour cette pêche, on amorce les hameçons avec des insectes ou mouches. Comme on ne jette point d'appât dans l'endroit où l'on pêche, on peut changer souvent de place jusqu'à ce qu'on en trouve une qui abonde en poisson.

On fait encore une autre pêche, avec la ligne à fouetter, pour les petits poissons qui viennent à la surface de l'eau, tels que l'ablette et l'éperlan. La ligne dont on se sert porte cinq hameçons, sans plomb ni flotte. On choisit une eau vive, courante et peu profonde. On amorce les hameçons avec des vers de viande, et l'on en jette de temps en temps, au-dessus de l'endroit où l'on pêche, pour attirer le poisson. On tient presque toujours la ligne en mouvement, car, le courant l'entraînant, ọn la ramène à chaque instant; c'est ce qui lui a fait donner le nom de pêche à la ligne à fouelter. Cette pêche est assez récréative; et,

quand l'endroit est bien amorcé, on réussit presqu'à tout coup. Il faut également une grande vivacité pour piquer le poisson à la moindre attaque qu'il fait sur les amorces.

Lorsque l'on veut rendre la pêche plus lucrative, on y emploie un plus grand nombré de lignes que l'on attache chacune au bout d'une gaule placée presque horizontalement, de façon que le petit bout de la gaule ne soit qu'à deux ou trois pouces de la surface de l'eau. On plante en terre, sur le bord du rivage, le gros bout de la gaule, que l'on assujettit fortement, et que l'on rend encore plus solide en fichant dans le terrain une fourchette en bois qui forme arc-boutant relativement à cette perche, afin que, lorsque le poisson mord à l'hameçon, il ne puisse entraîner la ligne ni la gaule. On place ces gaules à une distance suffisante pour que les hameçons ne puissent s'entrelacer les uns dans les autres, et cependant pas trop éloignés, pour que le pêcheur puisse apercevoir tous les bouchons qui sont toujours ses guides. Aussitôt qu'il juge, par le mouvement d'un des bouchons, qu'il y a un poisson accroché, il relève la gaule, et si le poisson est fort, il emploie, pour le tirer de l'eau, les moyens que j'ai indiqués plus haut.

On amorce, à cette pêche, comme à celle ordinaire, et on sonde le terrain de la même manière; on la nomme pêche aux lignes dormantes avec des gaules. Pour que le pêcheur ne se trouve jamais embarrassé, il est convenable qu'il ne tende à la fois que six de ces lignes.

Je finis ces observations sur les pêches aux lignes flottantes, en recommandant au pêcheur d'avoir le soin de faire sécher chaque fois les lignes dont il vient de se servir, sans quoi elles se pourrissent très-vîte, et se rompent au moindre effort d'un poisson.

Des Pêches aux lignes de fond.

[ocr errors]

J'ai dit que les pêches aux lignes de fond étaient celles que l'on pratiquait avec des lignes dépourvues de corps légers, et garnies de plomb ou de pierres assez lourdes pour les maintenir au fond.

Parmi ces pêches on distingue celle dite à soutenir. On se sert du scion de baleine, fig. 4, pl. 2, p. 8, sur lequel est attachée une forte ligne que j'ai décrite sous le nom de ligne à soutenir. Le pêcheur choisit une eau vive et profonde, qu'il sonde comme je l'ai indiqué aux pêches aux lignes flottantes. Il place le plomb n° 2, fig. 5, planche 3, p. 10, ou un

plus lourd, si le courant l'exige, à deux pieds de l'hameçon qu'il amorce avec de la viande, du fromage de Gruyères, ou des vers à queue de rat, que l'on trouve en quantité dans les latrines.

le

Il jette alors le plomb le plus loin qu'il peut, et, tenant de la main droite le scion par le manche, il attend en silence que poisson morde à l'hameçon. Au moindre mouvement, il doit redoubler d'attention. Tant que le poisson ne fait sentir que des secousses peu prononcées et à intervalles inégaux, il ne faut pas encore piquer; mais aussitôt qu'il sent sur le scion un appui continuel et sans secousses interrompues, c'est l'instant de piquer ferme. Le poisson tient quelquefois beaucoup au fond, mais la ligne à soutenir étant très-solide, on peut tirer sans crainte.

Pour pêcher à soutenir dans les pelotes, on s'y prend de la même manière, à l'exception que l'on place le plomb à deux pouces de l'hameçon auquel on enferre le plus de vers de viande qu'il en peut contenir, et on enveloppe l'un et l'autre dans une pelote de terre grasse garnie de vers, que l'on renouvelle chaque fois que l'on s'aperçoit qu'elle est dis

soute.

« PrécédentContinuer »