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Il femble chanter pour les fous,
Pour les Anges & pour les Diables.

Après Milton, après le Tasse,
Parler de moi ferait trop fort;
Et j'attendrai que je fois mort,
Pour apprendre quelle eft ma place.

Vous en qui tant d'efprit abonde,
Tant de grace & tant de douceur,
Si ma place eft dans votre cœur,
Elle eft la premiére du Monde.

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STANCES.

I vous voulez que j'aime encore,
Rendez-moi l'âge des amours.

Au crépuscule de mes jours
Rejoignez, s'il fe peut, l'aurore.

Des beaux lieux, où le DIEU du vin
Avec l'amour tient fon Empire,

Le tems qui me prend par la main,
M'avertit que je me retire.

De fon infléxible rigueur
Tirons au moins quelque avantage.
Qui n'a pas l'efprit de fon âge,
De fon âge a tout le malheur.

Laiffons à la belle jeuneffe
Ses folâtres emportemens;
Nous ne vivons que deux momens,
Qu'il en foit un pour la fageffe.

Quoi! pour toujours vous me fuyez,

Tendreffe, illufion, folie,

Mélanges, &c.

I

Dons

Dons du Ciel qui me confoliez
Des amertumes de la vie.

On meurt deux fois, je le vois bien; Ceffer d'aimer & d'être aimable,

C'est une mort infuportable;
Ceffer de vivre, ce n'est rien.

Ainfi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans,
Et mon ame aux défirs ouverte
Regrettait fes égaremens.

Du Ciel alors daignant defcendre,
L'amitié vint à mon fecours;
Elle était peut-être auffi tendre,
Mais moins vive que les amours.

Touché de fa beauté nouvelle,
Et de fa lumiére éclairé,

Je la fuivis; mais je pleurai
De ne pouvoir plus fuivre qu'elle.

MADRIGAL.

A MADAME DE

P

SUR UN PASSAGE DE POPE.

Ope l'Anglais, ce fage fi vanté,

Dans fa morale au Parnaffe embellie,

Dit que les biens, les feuls biens de la vie,
Sont le repos, l'aifance & la fanté.

Il s'eft trompé. Quoi! dans l'heureux partage
Des dons du Ciel faits à l'humain féjour,
Ce trifte Anglais n'a pas compté l'amour?
Qu'il eft à plaindre! Il n'eft heureux, ni fage.

Q

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*

YLOR

En lui envoyant les Oeuvres myftiques de Fénelon..

Uand de la Guion le charmant Directeur

Difait au monde, Aimez DIEU pour lui-même,

Oubliez vous dans votre heureuse ardeur,

On ne crut point à cet amoue extrême :
On le traita de chimére & d'erreur.

On fe trompait; je connais bien mon cœur,
Et c'eft ainfi, belle Eglé, qu'il vous aime."

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INS

RD

D

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E votre esprit la force eft fi puiffante,
Que vous pourriez vous paffer de beauté;
De vos attraits la trace eft fi piquante,
Que fans efprit vous m'auriez enchanté.
Si votre cœur ne fait pas comme on aime,
Ces dons charmans font des dons fuperflus;
Un fentiment eft cent fois au deffus
Et de l'efprit, & de la beauté même.

A

C

MADAME DE **.

LES DEUX AMOURS.

Ertain enfant qu'avec crainte on careffe,
Et qu'on connaît à fon malin fouris,
Court en tous lieux précédé par les ris,

Mais trop fouvent fuivi de la trifteffe.

Dans les cœurs des humains il entre avec foupleffe,
Habite avec fierté, s'envole avec mépris.

Il est un autre amour, fils craintif de l'eftime,
Soumis dans fes chagrins, conftant dans fes défirs,
Que la vertu foutient, que la candeur anime,
Qui réfifte aux rigueurs & croît par les plaifirs.

De

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