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fage, fi raifonnable, & renferme des principes fi admirables, que celui qui l'a fait ferait digne de commander aux autres hommes, pourvû qu'il eût le courage de les mettre en pratique. S'il eft né Prince, il contracte un engagement bien folemnel avec le public, & l'Empereur Antonin ne fe ferait pas acquis la gloire immortelle, qu'il confervera dans tous les fiécles, s'il n'avait foutenu, par la justice de fon gouvernement, la belle morale, dont il avait donné les leçons fi inftructives à tous les Souverains.

Vous me dites des chofes fi flateufes pour moi, que je n'ai garde de les prendre à la lettre; mais elles ne laiffent pas de me faire un fenfible plaifir, parçe qu'elles font du moins une preuve de vôtre amitié. Je ferais infiniment touché, que Sa Majesté Pruffienne pût trouver dans ma conduite quelque conformité avec fes principes; mais du moins puis-je vous affùrer, que je fens, & regarde les fiens comme le modéle du plus parfait & du plus glorieux Gouvernement. . . . . . Je tombe fans y penfer dans des réflexions politiques, & je finis en vous affûrant, que je tâcherai de ne pas me rendre indigne de la bonne opinion que Sa Majesté Pruffienne daigne avoir de moi. Il a la qualité de Prince de trop, & s'il n'était qu'un fimple particulier, on fe ferait un honneur de vivre avec lui en fociété. Je vous porte envie, Monfieur, d'en jouïr ; & vous félicite d'autant plus, que vous ne le devez qu'à vos talens & à vos fentimens, &c.

REPON

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REPONSE

DE

MONSIEUR DE VOLTAIRE

A MONSEIGNEUR

LE CARDINAL DE FLEURY.

J'A

'Ai reçu, MONSEIGNEUR, votre lettre du 14. que Monfieur le Marquis de Beauveau m'a remife. J'ai obéi aux ordres que Votre Eminence ne m'a point donnés. J'ai montré votre lettre au Roi de Pruffe; il eft d'autant plus fenfible à vos éloges, qu'il les mérite; & il me paraît, qu'il fe difpofe à mériter ceux de toutes les Nations de l'Europe. Il eft à fouhaiter pour leur bonheur, ou du moins pour celui d'une grande partie, que le Roi de France & le Roi de Pruffe foient amis. C'est votre affaire. La mienne eft de faire des voeux, & de vous être toûjours dévoué avec le plus profond refpect.

A Berlin

ce 26. Novembre 1740.

LETTRE

LETTRE

DE

MONSIEUR

LE CARDINAL ALBERONI

A MR. DE VOLTAIRE.

A Rome

le 10. Février 1735.

L m'eft arrivé affez tard, Monfieur, la connaiffance de la vie que vous avez écrite du feu Roi de Suéde pour vous rendre bien des graces pour ce qui me regarde. Votre prévention & votre panchant pour ma perfonne vous a porté affez loin, puifqu'avec votre ftile fublime vous avez dit plus en deux mots de moi, que cè qu'a dit Pline de Trajan dans fon Panégyrique. Heureux les Princes, qui auront le bonheur de vous intéreffer dans leurs faits! Votre plume fuffit pour les rendre immortels. A mon égard, Monfieur, je vous protefte les fentimens de la plus parfaite reconnaiffance, & je vous affûre, Monfieur, que perfonne au monde ne vous aime, ne vous eftime & refpecte plus que le Cardinal ALBERONI.

REPON

REPONSE

DE

MONSIEUR DE VOLTAIRE,

L

MONSEIGNEUR,

A lettre dont Votre Eminence m'a honoré eft un prix auffi flateur de mes ouvrages, que l'eftime de l'Europe a dû vous l'être de vos actions. Vous ne me deviez aucun remerciment, Monfeigneur ; je n'ai été que l'organe du public en parlant de vous. La liberté & la vérité, qui ont toujours conduit ma plume, m'ont valu votre fuffrage. Ces deux caractères doivent plaire à un génie tel que le vôtre. Quiconque ne les aime pas, pourra bien être un homme puiffant, mais ne fera jamais un grand homme. Je voudrais être à portée d'admirer de plus près celui à qui j'ai rendu justice de fi loin. Je ne me flatte pas d'avoir jamais le bonheur de voir Votre Eminence. Mais fi Rome entend affez fes intérêts pour vouloir au moins rétablir les Arts, le Commerce, & remettre quelque fplendeur dans un pays, qui a été autrefois le maître de la plus belle partie du Monde ; j'efpére alors que je vous écrirai fous un autre titre, que fous celui de Votre Eminence, dont j'ai l'honneur d'ètre avec autant d'eftime que de refpect, &c.

PRE

PREMIERE LETTRE

D U

PRINCE ROYAL DE PRUSSE

A MONSIEUR DE VOLTAIRE.

Du 8. Août 1736.

MONSIEUR,

Quoique je n'aye pas la fatisfaction de vous connaî

tre perfonnellement, vous ne m'en êtes pas moins connu par vos ouvrages. Ce font des tréfors d'efprit, fi l'on peut s'exprimer ainfi, & des piéces travaillées avec tant de goût, que les beautés en paraiffent nouvelles chaque fois qu'on les relit. Je crois y avoir reconnu le caractère de leur ingénieux Auteur, qui fait honneur à notre fiécle & à l'efprit humain. Les Grands-Hommes modernes vous auront un jour l'obligation, & à vous uniquement, en cas que la difpute, à qui d'eux ou des anciens la préférence eft due, vienne à renaître, que vous ferez pancher la balance de leur côté.

Vous ajoutez à la qualité d'excellent Poëte, une infinité d'autres connaiffances, qui à la vérité ont quelque affinité avec la Poefie, mais qui ne lui ont été appropriées que par votre plume. Jamais Poete ne cadença des pensées métaphyfiques; l'honneur vous en était refervé

le

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