Au bord de cette mer où s'égarent mes yeux, Eft- il vrai que dans ces beaux lieux, Et que Et malgré les deux Clefs dont la vertu nous frape, Si j'étais ainfi pénitent Je ne voudrais point être Pape. Que le Chantre flatteur du Tyran des Romains Mon Lac eft le premier. C'eft fur fes bords heureux L'ame des grands travaux, l'objet des nobles vœux Avec égalité répandant tous les biens, Defcendre de Morat en habit de guerriére, A 2 Les d Le premier Duc de Savoye Amédée, Pape, ou Anti-Pape; fous le nom de Félix Les mains teintes du fang des fiers Autrichiens, Devant elle on portait ces piques & ces dards, On trainait ces canons ces échelles fatales Qu'elle même brifa, quand fes mains triomphales De Genève en danger défendaient les remparts. Un peuple entier la fuit: fa naïve allégreffe Fait à tout l'Apennin répéter fes clameurs; Leurs fronts font couronnés de ces fleurs que la Gréce Aux champs de Marathon prodiguait aux vainqueurs. C'est là leur Diadême; ils en font plus de compte Que d'un cercle à fleurons de Marquis & de Comte, Et des larges Mortiers à grands bords abatus, Et de ces Mitres d'or aux deux fommets pointus. On ne voit point ici la grandeur infultante Portant de l'épaule au côté Un ruban que la vanité A tiffu de fa main brillante, Repouffant avec fierté La priére humble & tremblante De la trifte pauvreté. On n'y méprife point les travaux néceffaires; Liberté, Liberté, ton Trone eft en ces lieux. La Grèce où tu naquis, t'a pour jamais perdue, Avec fes Sages & fes Dieux. Rome Rome depuis Brutus ne t'a jamais revûe. Et tes honneurs & tes faisceaux. Venife te conferve, & Génes t'a reprise. Ne va plus, fous les noms & de Ligue & de Fronde, Protectrice funefte en nouveautés féconde, Troubler les jours brillants d'un peuple de vainqueurs, Qu'a-t-il befoin de tes faveurs, Quand fon joug eft fi doux qu'on le prend pour toi-même ? L'union des fept Provinces. A 3 Dans Dans le vafte Orient ton fort n'eft pas fi beau. Chez tous les Lévantins tu perdis ton chapeau. Embelli ma retraite où l'Amitié t'appelle, L'Auteur de la liberté Helvétique. MM |